Télérama et la Culture
Le magazine de la culture bon chic bon genre rapporte l’histoire – ahurissante il est vrai – de l’œuvre d’une artiste ôtée à la hâte peu après son accrochage sur la façade de l’École des Beaux-Arts de Paris, « à la demande de son directeur Henry-Claude Cousseau ». Ce dernier devait être paniqué par son caractère subversif, voire révolutionnaire, puisqu’il consistait en quatre mots choc : « travailler moins gagner plus » répartis sur quatre panneaux à fond noir comme un faire-part de décès de notre art de vivre si vanté par le passé et qui, malgré sa disparition annoncée, attire encore des touristes qui s’imaginent le trouver ici. À chacun ses fantasmes.
Monsieur le directeur craignait-il l’ire de l’ultra-gauche qui n’aurait manqué de sauter sur l’occasion d’occuper l’école comme en ce bon vieux temps de 1968, sous prétexte que l’École servirait de panneau publicitaire à l’Élysée ? Ou alors, pensait-il que le Palais allait le limoger pour avoir utilisé une formule brevetée sans en avoir payé les droits, et de surcroit pour l’avoir laissé être dénaturée par cette découpe ? Il est probable qu’on ne saura jamais le fin mot de l’histoire. L’article explique qu’il est encore traumatisé – il y a de quoi – par une poursuite pour « diffusion d’images pornographiques de mineurs » à l’occasion d’une exposition d’art contemporain, il y a dix ans. Certains trouveront que ce slogan-ci a effectivement un côté pornographique.
Mais rassurez-vous, Français et Françaises de droite comme de gauche (et du centre, s’il en reste), Télérama nous annonce, dans une mise à jour de l’article, qu’« à la demande du ministre de la Culture François Mitterrand (…) les bannières ont été raccrochées sur la façade ». François Mitterrand, dites-vous ? Un de ces dinosaures qui lisent Télérama même outre-tombe ?