Miklos
« Je donne mon avis non comme bon mais comme mien. » — Michel de Montaigne

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10 novembre 2018

Le charabia de la rubrique littéraire de Libé

Classé dans : Actualité, Langue, Littérature, Médias — Miklos @ 10:52

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Sans faire de paranoïa, on espère que la qualité du français de la traduction de cette œuvre de Nevo soit meilleure que celle, quelque peu perturbante (pour reprendre un de ses termes) de la critique de Libé la louant…

12 septembre 2018

Mes langues – mélanges.

Classé dans : Langue, Littérature, Politique — Miklos @ 13:46

Cadeau de Miriam, 1955.
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Avant-hier, je tombe par hasard sur un livre en hébreu. Il se trouvait dans une des nombreuses piles de livres qui parsèment mon appartement telles des montagnes russes, livres lus pour certains, en attentede lecture pour d’autres. Il m’arrive de prendre une de ces piles, au hasard, et de regarder ce qui s’y trouve. Ce livre, qui porte à son dos une pastille « Livre Paris » – pourtant récent puisque publié en 2015 –, je ne me souviens même pas l’avoir acheté. Le nom de l’auteur, Sayed Kashua, ne me dit quasiment rien, sinon qu’il est Arabe.

J’avais commencé à apprendre à lire l’hébreu au jardin d’enfants, en Israël, pays où j’étais arrivé à l’âge de 6 mois et quitté quelque six ans plus tard. Le cahier de dessins que m’ont offert mes camarades de ma première classe à l’école à mon départ en comprend un : un petit personnage – moi ? – y est assis à une table près de laquelle se trouve un meuble, on dirait une bibliothèque remplie de livres. Il y en avait beaucoup chez nous. En français mais aussi en russe et quelques-uns (notamment des Agatha Christie) en anglais – ceux de ma mère avec laquelle je parlais le français –, en hébreu et en yiddish, ceux de mon père qui me parlait en hébreu.

C’étaient, techniquement parlant, leurs secondes, voire troisièmes langues. Ma mère, née à Odessa, était arrivée seule à Paris à l’âge de 14 ans, envoyée par ses parents qui avaient tout perdu à la Révolution d’Octobre. C’est là qu’elle apprend le français – mais aussi l’anglais, le latin, et sans doute aussi un peu d’allemand –, placée dans une institution catholique pour jeunes filles « de bonne famille » (elle se convertira d’ailleurs plus tard au catholicisme), puis commençant des études à la Sorbonne.

Quant à mon père, né dans un shtetl de Galicie, à l’est de la Pologne, il parle le yiddish à la maison, le polonais à l’école – il n’en fera que les six premières classes – puis l’hébreu, d’abord celui du culte, la famille étant pratiquante, puis comme langue vivante, dans le mouvement de jeunes sionistes religieux de gauche qu’il fréquente. Il part en Palestine par idéal vers les années 1933 (ce qui le sauvera), est envoyé après la guerre en Turquie où il passe un an à aider à l’immigration alors illégale des juifs dans le pays occupé par le mandat britannique, puis en France. Il arrive à se débrouiller en français qu’une collègue et amie turque avait commencé à lui enseigner, ainsi qu’en anglais, appris je ne sais où et qu’il connaîtra pendant longtemps mieux que le français.

Mes parents.

Ils se rencontrent fortuitement : l’organisme d’immigration clan­des­tine dans lequel mon père œuvre alors se trouve apparemment dans le même bâtiment que l’agence de voyages familiale où travaille ma mère. Rencontre plus qu’improbable entre une très belle jeune femme issue d’une famille d’industriels juifs assimilés de la pharmacie et devenue entre temps catholique et le fils d’une famille juive pratiquante et fort modeste, n’ayant à l’origine aucune langue en commun. C’est en français qu’ils communiqueront, langue avec laquelle mon père aura toujours du mal, autant pour la prononciation que pour l’orthographe. Comme il était un homme de peu de paroles – à l’opposé de ma mère –, ce n’aura pas été un problème majeur…

Mon premier livre de français : La grammaire nouvelle et le français des petits (classe enfantine des lycées et collègues), par A. Souché. Librairie Fernand Nathan, 1949.
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Revenu à Paris à l’âge de 6 ans, j’y reprends mes études en 11e, mais cette fois en français. J’ai bien du mal avec le porte plume – en Israël on utilisait à cet âge le crayon – et me mets souvent de l’encre jusqu’au coude, mais en ce qui concerne la lecture, que ma mère avait commencé à m’enseigner avant notre retour, je suis un as : notre instituteur me demande, quand c’est mon tour de la faire à haute voix, de lire plus lentement pour que les autres puissent suivre.

C’est au lycée à Paris que je commence à apprendre l’anglais, puis l’espagnol. « Apprendre » bien malgré moi : les instituteurs de ces matières, contrairement à ceux des mathématiques – étaient nuls, donc je l’étais aussi : 4/20 pour l’anglais dans mon livret scolaire, c’est pour dire. Quant à l’espagnol, je me souviens uniquement du ¡Burro! ¡Cambia de sitio! que lançait périodiquement notre instituteur à tel ou tel élève trop bavard : toute la rangée se levait, ledit instituteur étant affecté d’un strabisme grave qui lui donnait un regard panoramique.

David Sipress: Man Eating Book.

Vers mes 14-15 ans, nous repartons en Israël. En prévision du retour, mon père me trouve une jeune professeure particulière qui m’enseigne la grammaire de l’hébreu à l’aide d’une méthode géniale, simple, intuitive et logique, celle de Uzi Ornan, intitulée (en hébreu) La grammaire de la bouche et de l’oreille. Au lycée que je rejoins à Haïfa, même si mon vocabulaire est relativement limité – je ne le parlais vraiment qu’avec mon père, à la maison –, ma connaissance de la grammaire est la meilleure de la classe, et elle l’est encore aujourd’hui. Quant à la lecture, j’y arrive, mais je préférerai toujours lire en français ou en anglais, ce qui me permettait de dévorer des livres en un clin d’œil, quasiment. Ainsi, lorsqu’on nous a demandé de lire la première partie de Guerre et paix en classe de littérature (en hébreu), je me suis lancé dans l’édition française en Livre de poche et ai lu tout le roman d’une traite. C’est pour dire qu’il m’avait passionné. De mémoire, le seul livre que j’ai lu à l’époque en hébreu, par plaisir, était… La Grève (Atlas Shrugged) d’Ayn Rand, que m’avait prêté une cousine après m’en avoir mis l’eau à la bouche. Depuis, je suis bien revenu de la pseudo moralité de « l’égoïsme rationnel », de Rand, bien heureusement.

Eadweard Muybridge: The Horse in Motion: Sallie Gardner. 1878.
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J’avais de la chance dans les cours d’anglais : grandi avec l’alphabet latin et le français, je lisais et comprenais plus facilement que mes condisciples. Tout est relatif, mais je ne pense pas avoir été une lumière à l’époque. Ce n’est que deux ans plus tard que je tombe sous la férule d’un instituteur qui en avait vu d’autres : il détecte rapidement que j’ai des facilités pour les langues mais que je suis assez paresseux question études – du moins pour ce qui ne m’intéresse pas : ainsi, je m’investissais corps et âme dans les mathématiques, et ce depuis ma plus tendre enfance, et puis, selon tel ou tel instituteur qui savait éveiller mon intérêt, dans une matière pendant l’année où j’étais son élève, à l’instar de la biologie, par exemple. Tel un cavalier averti qui stimule sa monture avec ses éperons équipés de molettes à dents, cet instituteur me lance à bride abattue dans l’étude effrénée de la langue ; ce n’étaient pas uniquement ses remarques acerbes à mon intention qui ont fait de l’effet en titillant intelligemment mon orgueil, sans me bloquer, mais surtout : c’était un instituteur rigoureux, excellent et passionnant : il n’enseignait pas que le vocabulaire, la grammaire et la syntaxe, mais la langue et la littérature dont j’apprenais à ressentir quasi littéralement le goût jouissif des mots et des phrases, à voir la splendeur des paysages et à en découvrir les chefs-d’œuvre.

Si j’étais un élève médiocre au début de cette année-là, je l’ai terminée excellent et ai passé l’été à dévorer la cinquantaine de pièces de théâtre de George Bernard Shaw (on avait étudié, entre autres, son Caesar and Cleopatra ; soit dit en passant, il serait enfin temps que j’en vois le film dont la Cléopâtre est Vivien Leigh..) – en anglais, s’il vous plaît. Je ne suis pas sûr d’avoir tout compris, mais qu’importe ? Puis je me suis mis aux mots croisés du Jerusalem Post, le quotidien israélien de langue anglaise. Et ma bibliothèque personnelle a commencé à s’enrichir de livres en anglais de toutes sortes, qu’il était facile de trouver en Israël.


« You say To-maah-to, I say To-may-to… ». Fred Astaire et Ginger Rogers dans Shall We Dance (L’Entreprenant Monsieur Petrov), 1937.

C’est ainsi que, bien après le bac (passé en hébreu), bien après mes études de premier cycle (en hébreu), bien après quelques années de travail (en hébreu) que je pars aux États-Unis pour y effectuer un troisième cycle dans une bonne université. Je m’aperçois d’abord que l’anglais que j’avais appris était plutôt britannique, et que question accent, prononciation et vocabulaire, c’était quelque peu différent de ce que j’avais entendu jusque là, la télévision et les séries américaines n’occupant aucune place à la maison durant mon adolescence et jeune vie d’adulte. Mais aussi, que certains mots qui m’étaient devenus familiers par la lecture ou l’écrit ne sonnaient pas du tout de la façon dont je me l’était imaginé. Après une brève période de résistance à l’accent ambiant, je surmonte mes préjugés et me laisse envahir par l’américain tel qu’il se cause.


« You say To-maah-to, I say To-may-to… ». Gene Kelly dans Un Américain à Paris, 1951.

Et c’est ainsi qu’à mon retour à Paris quelques années plus tard – ville (et pays) que j’avais quitté adolescent –, je suis replongé dans le français que je me retrouve parler avec un certain accent américain, ce à quoi se rajoutent mes lacunes du vocabulaire – non seulement quotidien, mais professionnel (qui devinerait que computer se dit ordinateur ?) – et mon prénom officiel qui font qu’on me prend – quelle honte ! – pour un Américain à Paris. Je me forcerai à corriger au moins cet accent et à en adopter un plus neutre. Et si j’ai finalement comblé certaines des lacunes de vocabulaire, en fin de journée il m’arrive encore maintenant de ne plus trouver un mot plus que commun en français mais uniquement en anglais (qui est, je le rappelle, ma troisième langue) ; le pire, ce sont les confusions sonores entre librairie et library, travel et travail, ou alors les noms des fruits et légumes : zucchini me vient plus facilement que courgette (alors qu’enfant en Israël et maintenant derechef c’est plutôt courgette que kishu qui me vient en premier à l’esprit), berry que baie…

Illustration de Tarakan (Le Cafard) de Korneï Ivanovitch Tchoukovski.
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Mais qu’en est-il des langues maternelles de mes parents ? Ma mère avait commencé à m’apprendre le russe. Ma facilité pour les langues, combinée à ma paresse naturelle, ont fait que je peux le lire (et l’écrire) quasi couramment, que mon accent en tromperait plus d’un surtout lorsque je récite l’amusant et long poème Tarakan (Le Cafard) de Korneï Ivanovitch Tchoukovski, mais je ne peux faire illusion longtemps : mon vocabulaire et ma grammaire sont nuls…

Ma voisine de classe de yiddish.

Quant au yiddish, langue que mon père parlait (avec quelques proches) encore couramment et lisait avec plaisir, ma mère considérait que c’était un patois inintéressant. Si j’entendais la musique de cette langue – et de bien d’autres en cet Israël polyglotte où j’avais grandi –, je n’y comprenais presque rien, même si je savais en imiter l’accent fort bien. Ce n’est qu’une dizaine d’années après mon retour en France des États-Unis que je m’inscris à un cours pour débutants. Or si j’étais bien un débutant question vocabulaire et grammaire, je pouvais, contrairement aux autres élèves, lire le yiddish couramment : bien que ce soit une langue d’origine germanique (avec imports slaves et hébraïques), elle s’écrit avec l’alphabet hébreu que je connaissais parfaitement. Ne devant faire aucun effort de déchiffrage, ma paraisse congénitale m’a aussi induit à ne pas en faire pour les autres aspects de la langue. J’éprouvais pourtant un profond plaisir, un indicible plaisir, à l’entendre, à en écouter la musique surtout lorsque parlée par ce grand yiddishisant qu’était l’un de nos maîtres, Yitskhok Niborski, un des rares spécialistes mondiaux de cette langue, de sa littérature et de sa culture, dans laquelle il baigne depuis sa naissance. J’en ai tout de même tiré un bénéfice inattendu : en classe, j’étais assis à côté d’une élève bien plus assidue que moi – elle fait du théâtre, et donne des récitals de chant en yiddish, maintenant –, avec laquelle nos premiers échanges se résumaient à : « Ferme la fenêtre ! », « Ouvre la fenêtre ! » (devinez qui disait qui). Nous sommes devenus meilleurs amis.

Sayed Kashua en entretien (en anglais) avec Rachel Harris à l’Université d’Illinois
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Avant-hier, donc. J’ouvre alors le livre de Sayed Kashua, et dès les premières lignes j’y suis inexorablement aspiré. Ce sont des chroniques hebdomadaires que cet écrivain et scénariste palestinien a écrit pendant une dizaine d’années dans l’excellent quotidien israélien Haaretz (dont le nom signifie « Le pays », d’où le jeu de mots intra­duisible du titre en hébreu de ce livre, qui signifie « Fils du pays/du journal Haaretz »). Au-delà de la forme qui m’en rend la lecture plus facile qu’un long essai ou un roman – deux à trois pages chacune (leur brièveté me rappelle celle des nouvelles d’Edgar Keret, tiens ! Je devrai me mettre à les lire en hébreu maintenant) –, son style d’apparence léger et discrètement humoristique, parfois à son encontre et à celui de ses proches, sa langue tout à la fois riche et simple me frappent comme un mets délicieux dont je ne peux me rassasier : il aborde pourtant des sujets graves voire dramatiques, finalement, même si avec cette légèreté qui aide à respirer : le quotidien d’un Arabe et de sa famille en Israël, qui, même lorsqu’ils possèdent à perfection tous les « codes » (à commencer par la langue), resteront toujours « des Arabes » pour les juifs ; ses critiques de l’occupation des territoires, de l’inégalité, ne seront pas lues comme celles d’Israéliens (sous-entendu : juifs, pas comme lui) même si mot à mot identiques, mais comme celles d’un Arabe, donc d’un ennemi potentiel. Eux, ce sont les autres : il n’existe pas de possibilité d’avoir une identité complexe, Israélien et Arabe, Israélien et juif, mais uniquement Arabe ou Israélien (ce même problème identitaire se retrouve là où le nationalisme existe). Non pas que Kashua veuille effacer ses racines, bien au contraire : il veut pouvoir les vivre à l’égal de ses concitoyens juifs et à leurs côtés, dans ce pays dont il se sent citoyen à part entière : c’est d’ailleurs ainsi qu’il se définit dans la tribune qu’il publie en 2015 dans Haaretz et traduite dans Libération.

En 2014, Kashua part avec sa famille pour un an aux États-Unis (douce ironie : au département d’études juives à l’Université d’Illinois…), la vie en Israël devenant trop insupportable : d’un naturel sensible (il lui arrive souvent de pleurer lorsque l’émotion le submerge), il ne peut plus avoir le recul nécessaire pour parler avec légèreté de la souffrance de ce qu’il faut bien appeler l’apartheid que lui et les siens subissent au quotidien. Il y était encore, en 2018, ne sachant si ni quand il reviendra en Israël : la nouvelle loi votée récemment par le parlement israélien, définissant de jure Israël comme le pays des juifs, déclassifiant l’arabe, pourtant parlé par quelque 20 % de la population, comme langue nationale qu’elle était à l’égal de l’hébreu, encourageant les colonisations des territoires palestiniens occupés, ne faciliteront certainement pas son souhait de retrouver son village natal, ses proches.

Peu après la guerre de Six jours (1967), qui suscita la (re)naissance puis le développement d’un nationalisme expansionniste, mon père me disait avec tristesse qu’il ne reconnaissait plus le pays dans lequel il était venu par idéal quelque trente ans plus tôt. Je me dis aujourd’hui avec tristesse que l’Israël d’aujourd’hui n’est plus celui dont j’étais parti il y a bientôt 40 ans.

J’ai fini ce livre de plus de 200 pages en quelques heures, moi qui n’avais pas lu un livre entier en hébreu depuis des décennies. Au-delà du mérite qu’il a de m’éclairer sur ce pan tragique de la réalité israélienne, il m’a rouvert à la lecture en hébreu, cadeau improbable d’un Arabe vivant aux États-Unis à un Israëlien à Paris. Journaliste, écrivain, cinéaste, Sayed Kashua mérite d’être connu. Lisez-le.

21 août 2018

Masculin/féminin

Classé dans : Langue — Miklos @ 16:47

Matthäeus Merian, Danse macabre. Bâle, 1700-1725. Cliquer pour agrandir.

Définitions du Larousse pour tous en deux volumes, publié entre 1907 et 1912 sous la direction de Claude Augé ; on ne peut manquer d’être saisi notamment (mais pas que) par ce passage : « La loi civile distingue entre les femmes célibataires, veuves ou divor­cées, et les femmes mariées. Les premières ont en principe la même condition juridique que l’homme. Quant à la femme mariée, elle se trouve frappée d’une inca­pacité générale. Elle doit obéis­sance à son mari. En se mariant, elle perd sa natio­nalité, son domicile, son nom, la libre dispo­sition de sa personne. » En somme, elle devient la chose de son mari. Ce qui est malheureusement encore le cas en bien de pays, même ceux où l’égalité des sexes est légalement indépendante du statut matrimonial.

femme [fa-me] n. f. (lat. femina). Compagne de l’homme. Ensemble des personnes du sexe féminin : la femme est une puissance. Jeune fille nubile : elle n’est pas encore femme. Celle qui a connu l’homme, par opposition à la vierge. Celle qui est mariée, en puissance de mari ; épouse : Marie-Louise fut la seconde femme de Napoléon Ier. Personne du sexe féminin, attachée au ser­vice d’une autre personne : princesse entourée de ses femmes. Femme de chambre, femme atta­chée au service intérieur d’une personne de son sexe. Femme de journée, femme employée pour un travail payé à la journée. Femme de charge, celle qui a soin du linge, de l’argenterie, etc., d’une maison. Femme de ménage, femme char­gée du soin d’un ménage dans une famille, en dehors de laquelle elle vit ; maîtresse de maison qui sait prendre soin de son intérieur. (On dit plutôt, dans ce dernier sens, femme d’intérieur, ménagère.) Femme de lettres, femme qui écrit. Bonne femme, femme simple et bonne ; vieille femme ; femme du peuple, de la campagne. Femme publique ou absolum. femme, prosti­tuée : aller chez les femmes. Prov. et loc. prov. : Qui femme a, guerre a, la paix est impos­sible dans un ménage. Le diable bat sa femme et marie sa fille, se dit quand il pleut et qu’il fait du soleil en même temps. Ce que femme veut, Dieu le veut, les femmes en viennent toujours à leurs fins. Prendre maison faite et femme à faire, il est plus avantageux d’acheter une maison toute bâ­tie et d’épouser une jeune fille dont on formera soi-même le caractère. Allus. littér. :

Et je sais même sur ce fait
Bon nombre d’hommes qui sont femmes,

vers de la fable de La Fontaine : les Femmes et le Secret (VIII, 6). Ils s’emploient par allusion à certains défauts de la femme, desquels l’homme n’est pas exempt.

Oh! n’insultez jamais une femme qui tombe,

célèbre vers de V. Hugo, par lequel débute la quatorzième pièce des Chants du crépuscule. V. : 1° César ; 2° varium et mutabile semper.

Encycl. Anat. Sauf par les organes génito-urinaires, l’anatomie de la femme diffère peu de celle de l’homme. Cependant, les os sont moins gros, le crâne moins volumineux, la colonne ver­tébrale est plus longue par rapport aux membres, qui sont plus courts. La peau est douce, le sys­tème pileux est peu développé, sauf à la tête, où les cheveux sont longs et fins, aux aisselles et au pubis. Les différences sexuelles s’accentuent surtout à la puberté.

Physiol. La physiologie de la femme est tout entière dominée par ses fonctions de repro­duction ; elle devient plus nerveuse, plus irri­table lors des menstrues. Son organisme tout en­tier est atteint pendant la grossesse, et l’on constate fréquemment alors des gastralgies, des palpitations, des névralgies.

Hyg. La jeune fille ne doit pas abuser de l’hydrothérapie, ni faire des exercices nécessi­tant des efforts violents Les vêtements doivent être lâches ; lorsqu’elle sera réglée, elle devra, au moment des menstrues, éviter toute fatigue. Plus tard, sauf indications médicales, la femme ne devra pas abuser des injections vaginales. En­fin, des mictions plus fréquentes et une sur­veillance de la constipation lui éviteront bien des maladies abdominales.

Dr. La loi civile distingue entre les femmes célibataires, veuves ou divor­cées, et les femmes mariées. Les premières ont en principe la même condition juridique que l’homme. Quant à la femme mariée, elle se trouve frappée d’une inca­pacité générale. Elle doit obéis­sance à son mari. En se mariant, elle perd sa natio­nalité, son domicile, son nom, la libre dispo­sition de sa personne.

Durant le mariage, la puissance paternelle sur les enfants appartient au père seul ; le père peut, par testament, donner un tuteur à ses enfants mi­neurs, en excluant la mère. Relativement à l’ad­mi­nis­tration de ses biens, la femme, même sépa­rée de biens, ne peut ester en justice, don­ner, aliéner, hypo­théquer, acqué­rir à titre oné­reux ou gratuit sans le concours ou le consente­ment du mari ou, à son défaut, l’auto­risation de la justice. Le mari administre les biens de la commu­nauté, qui est le régime légal établi par le Code à défaut de contrat ; toutefois, une loi du 13 juillet 1907 a accordé à la femme, sur les pro­duits de son travail personnel et sur les écono­mies en provenant, des droits spéciaux d’admi­nistration et de disposition.

La femme commerçante ne peut s’établir en son nom sans le consentement de son mari, et la justice n’a pas à se substituer à lui. Une fois éta­blie, elle s’oblige libre­ment pour tout ce qui concerne son commerce. Elle prend part aux élections consulaires La femme majeure peut être témoin dans les actes de l’état civil, mais le mari et la femme ne peuvent être témoins dans le même acte. Elle peut être, sous la même ré­serve, témoin dans les actes instrumentaires en général.

La loi lui permet de tester, de révoquer les dona­tions qu’elle a faites à son mari pendant le mariage, de consentir ou non au mariage de ses enfants et d’accepter les dona­tions dont ces der­niers bénéfi­cieraient, de faire tous les actes n’ayant d’autre but que d’assurer la conservation de ses biens (par exemple, prendre une hypo­thèque). Elle a la faculté de déposer de l’argent à la caisse d’épargne ou d’effectuer des verse­ments à la caisse des retraites pour la vieillesse, à moins d’opposition de la part du mari.

Une femme abandonnée par son mari peut obtenir du juge de paix de saisir-arrêter et de toucher les appointements ou salaires de son conjoint dans la proportion de ses besoins et du nombre de ses enfants. Le même droit est recon­nu au mari, au cas d’existence d’enfants, si la femme ne contribue pas volon­tairement aux charges du ménage. La contribution des époux aux charges communes de l’asso­ciation conju­gale a d’ailleurs été réglementée par la loi du 13 juillet 1907.

La femme séparée de corps recouvre sa capa­cité juridique, qu’elle avait perdue en se mariant.

La femme séparée de biens (soit par son contrat de mariage, soit par un jugement) peut faire tous les actes d’administration. Lorsque des actes de dis position ont été accomplis sans auto­risation, la nullité peut en être demandée par le mari, pour la femme de bonne foi, et par leurs héritiers, tant que l’action en nullité des contrats n’est pas prescrite (10 ans), ou les jugements de­venus définitifs faute d’appel ou d’opposition.

homme [o-me] n. m. (lat. homo). Spécialem. Animal raisonnable, ou d’une manière plus pré­cise, mam­mi­fère bimane, à station verticale, doué d’intelligence et de langage articulé : l’homme n’est ni ange ni bête. (Pasc.) Le mâle de l’espèce humaine : l’homme et la femme. Ce­lui qui est parvenu à l’âge viril : dans l’enfant, l’homme est en germe. En général : l’espèce hu­maine : l’homme est sujet à la mort. L’être hu­main, considéré au point de vue moral : un brave homme ; un méchant homme. Soldat, ou­vrier : armée de dix mille hommes ; équipe de six hommes. Individu courageux, stoïque : dans l’adversité, soyez homme. Dépouiller le vieil homme, se défaire de ses mauvaises habitudes. Voilà mon homme, celui qu’il me faut, dont j’ai besoin. Bon homme, homme plein de bonhomie. Pauvre homme, celui que son génie, ses œuvres, ses actions couvrent de gloire, placent très haut. Le premier homme, Adam. Le Fils de l’homme, Jésus-Christ. Homme de paille, prête-nom. L’homme des bois, l’orang-outan. Homme du monde, qui vit dans la société distinguée, qui en connaît les usages et en a les manières. Homme de bien, de bonnes mœurs, charitable. Homme d’armes, autrefois cavalier armé de toutes pièces. Homme de lettres, écrivain, littérateur. Homme de qualité, illustre par sa naissance, qui a des sentiments élevés. Homme de loi, magis­trat, officier ministériel, avocat, etc. ; tout homme instruit dans la jurisprudence. Homme de robe, magistrat. Homme d’épée, de guerre, militaire. Homme de cheval, qui s’occupe d’équitation, de courses. Homme d’église, ecclé­sistique. Homme de mer, marin. Homme d’État, politique qui dirige l’État. Homme d’affaires, agent qui s’occupe des intérêts d’autrui ; inten­dant. Homme d’argent, homme avide, intéressé. Adjectiv. Qui a des qualités viriles ou humaines : de tous les rois, le moins roi est le plus homme. (Volt.) Allus. hist. : L’homme malade, le sul­tan, l’empire turc. (Cette expression fut em­ployée dans le langage diplomatique en 1853, à la veille de la guerre de Crimée.) Allus. litt. :

Ah ! pour être dévot, je n’en suis pas moins homme !

C’est la réponse de Tartufe à Elmire, surprise de l’entendre lui faire des propositions honteuses. (Moli., le Tartufe, III, 3).

Et je sais même, sur ce fait,
Bon nombre d’hommes qui sont femmes.

vers de La Fontaine, dans les Femmes et le Se­cret (VIII, 6) ; il y est question d’un secret qu’une femme est incapable de garder; mais, dans les allusions, on l’applique à des circons­tances diverses. (V., en outre, agiter, masque, roseau, style.) Le mot homme entre encore dans nombre de vers souvent cités, tel celui de Molière :

L’homme est, je vous l’avoue, un méchant ani­mal.

ou celui de Lamartine :

L’homme est un dieu tombé, qui se souvient des cieux.

Prov. : Tant vaut l’homme, tant vaut la terre, les terres rapportent en proportion du mérite de ce­lui qui les fait valoir. V. Dieu.

Encycl. Physiol. Suivant les doctrines, l’homme est un simple genre de l’ordre des pri­mates ou, au contraire, il occupe un rang à part dans la nature. Quoi qu’il en soit, la structure anatomique de l’homme le rapproche des mam­mifères supé­rieurs, et ses fonctions physiolo­giques s’accom­plissent de la même façon que chez ces derniers.

Les caractères spécifiques de l’homme sont ; la station verticale, les dimensions considérables de son crâne et, par suite, le poids de son cer­veau, en fin, le langage articulé. Sa peau est presque dépourvue de poils, ses cheveux sont abondants, ses mains sont dans le prolongement du bras, tan­dis que ses pieds forment un angle droit avec la jambe. Enfin, ayant l’habitude de se tenir et de marcher debout. il a les muscles fes­siers et jumeaux extrêmement développés.

On divise le corps de l’homme en deux ré­gions : la tète et le tronc, cette dernière compre­nant le thorax et l’abdomen. Les membres, dé­pendance du tronc , sont thoraciques (bras) , ou abdominaux (jambes).

La taille est variable ; elle atteint 1m,40 chez les négritos et dépasse 1m,70 dans d’autres races, sans tenir compte des nains et des géants.

On reconnaît chez l’homme trois sortes de fonctions: de nutrition, de relation, de reproduc­tion. (V. ces mots.)

Homme fossile ou préhistorique. L’époque de l’apparition de l’homme sur la terre est difficile à préciser ; on a soutenu que nos ancêtres exis­taient à la tin de la période tertiaire.

En tout cas, l’homme vivait en Europe à l’époque quaternaire ; on a trouvé des squelettes, des armes, des outils qui ne laissent aucun doute sur ce point. On distingue chez les hommes qua­ternaires les races de Chelles et de Saint-Acheul, celles du Moustier, de Cannstadt ou du Néander­thal, celles de Solutré, de la Madeleine et de Cro-Magnon. Ces hommes ont traversé l’âge de la pierre polie, l’âge de bronze, puis l’âge de fer pour entrer dans la période historique.

Races humaines actuelles. Les populations du globe ont été classées, d’après la couleur de la peau, en trois grandes divisions ou troncs : le tronc blanc ou cauca­sique, le tronc jaune ou mongo­lique, le tronc noir ou éthiopien. La race rouge dérive du tronc jaune. Mais ces mots n’ont rien d’absolu ; les Hindous de race caucasique sont noirs et certains nègres ont une teinte café au lait.

Le tronc caucasique comprend des races à teint clair, à cheveux fins non laineux, noirs, blonds ou roux. Ces blancs sont brachicéphales ou doli­cho­céphales ; ils habitent l’Europe, le nord de l’Afrique, le sud-ouest de l’Asie, l’Amé­rique et sont au nombre de 510 millions

Le tronc mongolique comprend des races à teint variant du blanc au vert olive, mais le jaune dominant toujours ; les individus de type mon­golique occupent l’Asie, sauf le Sud-Ouest, le nord de l’Amérique, l’Océanie ; ils sont au nombre de 556 millions.

Le tronc éthiopien comprend des races à teint variant du brun clair au noir, qui habitent l’Afrique, l’Australie, l’Océanie ; on en ren­contre aussi en Amérique et en Asie ; le tronc éthiopien comprend 136 millions d’individus.

femelle [mè-le] n. f. (lat. femella ; de femina, femme). Animal du sexe féminin : la biche est la femelle du cerf. Femme (s’emploie dans le lan­gage populaire et dans quelques expressions ju­ridiques). Techn. Partie qui en reçoit une autre : branche femelle d’un forceps. Adjectiv. Qui est du sexe féminin : hérisson femelle. Fleurs fe­melles, fleurs sans étamines, et dont le pistil de­vient fruit. Prov. Les effets sont des mâles, les promesses sont des femelles, une promesse est une chose à qui l’on ne peut se fier, il n’y a de sûr que l’acte ou l’effet. Ant. Mâle.

mâle adj. (lat. masculus). Qui est du sexe au­quel appartient, dans la génération, le pouvoir fécondant : l’oie mâle se nomme jars. Qui sert à la fécondation : les organes mâles. Fig. Qui an­nonce de la force : visage mâle. Énergique : style mâle. Fleur mâle, fleur qui ne porte que des étamines. Partie d’un instrument, d’un or­gane qui entre das un autre. N. m. Individu du sexe mâle : le mâle et la femelle. L’homme, par opposition aux individus de sexe féminin : cou­ronne héréditaire de mâle en mâle. Fam. Un beau mâle, un bel homme. Prov. Mariage d’épervier, la femelle vaut mieux que le mâle, se dit d’un ménage où la femme est plus forte que l’homme.

compagne [kon-pa-gne] n. f. Fém. de compa­gnon. Femme qui vit ordinairement avec une autre personne : Antigone fut la compagne dé­vouée d’Œdipe aveugle et errant. Épouse. Par ext. Femelle d’un animal. Fig. Objet lié à un autre : la maladie est souvent la compagne du vice.

compagnon [kon-pa-gnon] n. m. (du lat. cum, avec, et panis, pain). Camarade, associé. Qui fait quelque chose avec un autre : compa­gnon d’armes, d’exil. Ouvrier affilié jadis à une société de compagnonnage : les compagnons faisaient en général de conserve le tour de France. Auj., simple ouvrier. Bon compagnon, bon vivant. Se dit des animaux qui vivent avec l’homme : saint Roch et son compagnon [le chien]. Le compagnon de saint Antoine, le porc. (Loin que ce porc légendaire fût l’ami du saint, comme on le croît communément, il personnifie le démon dompté par l’impassible anachorète.) Se dit aussi d’un objet lié à un autre : l’orgueil est le compagnon de l’ignorance. Prov. : Qui a compagnon, a maître, s’associer, c’est perdre sa liberté.

5 août 2018

Poème hanté

Classé dans : Langue — Miklos @ 18:44

Poème hanté. © Michel Fingerhut 2018
Poème hanté. Cliquer pour agrandir.

Tata
T’as
Ta
Tétée ?
Titi
Toto
Tout
Toutou
Tutu
Taie
Té !
Thon
Tonte
Tu
T’y
Tues
Tôt.

Ton thé t’a-t-il ôté ta toux ?

An example of floccinaucinihilipilificative sesquipedalianism

Classé dans : Langue, Lieux — Miklos @ 12:34


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