Miklos
« Je donne mon avis non comme bon mais comme mien. » — Michel de Montaigne

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20 octobre 2012

Une femme laissant tomber sa tasse de thé d’horreur et autres choses curieuses et belles

Classé dans : Judaïsme, Livre, Musique, Photographie, Santé, Sciences, techniques — Miklos @ 9:07


Une Femme laissant tomber sa tasse à thé d’horreur en découvrant le contenu monstrueux d’une goutte d’eau grossie de la Tamise révélant l’impureté de l’eau potable à Londres.
Cliquer pour agrandir. (Source)

Le titre complet – et amusant – de cette eau-forte datant de 1828 et concernant une eau fortement polluée prouve, si besoin en est, que les préoccupations environnementales et sanitaires ne datent pas d’hier ni de l’émergence de l’intérêt pour le vert ou le bio. L’original fait partie du fonds de la Wellcome Library, dont les très importants fonds sont consacrés à l’histoire de la médecine. Ils ont pour cœur la collection que Henry Solomon Wellcome (1853-1936), magnat de l’industrie pharma­ceutique, avait réunie durant des dizaines d’années. Son accès en ligne est le fruit d’un programme de numé­ri­sation de la bibliothèque qui permet d’accéder d’une façon bien trop limitée (des extraits, et de si petite taille que même avec la loupe fournie il est souvent impossible de lire les textes, mais uniquement d’en voir les remar­quables illus­trations mais là aussi sans pouvoir en examiner les détails) à d’anciens – parfois fort anciens – documents. Quel dommage.

Heureusement, ce document-ci est aussi accessible par l’entremise de la Bibliothèque numérique mondiale, qui, elle, fournit le moyen d’agrandir de façon quasi illimitée les documents qui s’y trouvent, et de les examiner jusqu’au plus infime détail (tel le grain du papier !), ce qui permet de distinguer dans l’eau-forte en question le petit personnage de forain en bas à gauche et de lire ce qu’il dit. Cette réalisation vraiment internationale de la Biblio­thèque du Congrès aux États-Unis, avec la contri­bution d’insti­tutions parte­naires dans de nombreux pays et le soutien de l’Unesco et d’orga­nismes privés, donne accès à un relativement petit nombre de documents (quelques milliers) choisis de par le monde, mais avec une qualité incomparablement meilleure aussi bien en qualité de numérisation qu’en documentation (les documents sont accompagnés de notices détaillées en sept langues) que les grandes bibliothèques numériques (Hathi Trust, Gallica ou Google Books, par exemple ou les portails tels qu’Europeana), qui ont privilégié la quantité à la qualité.

On peut y effectuer des recherches, y naviguer par lieu, période ou thème, et trouver ainsi de réels trésors, mais on peut tout de même se demander quels sont les critères qui ont présidé aux choix : la rubrique « musique » ne comprend à ce jour que 31 documents (contre 144 dans « Sports, jeux et loisirs », ce qui laisse rêveur), dont la majorité sont des photographies… On y trouve seulement 9 manuscrits d’intérêt variable : une lettre à Eisenhower signée par trois amoureuses d’Elvis aux côtés des manuscrits d’un des quatre exemplaires des Cantigas de Santa Maria datant des 13e-14e s., de L’Oratorio de Noël de Bach et de La Flûte enchantée de Mozart… Quant aux trois enregistrements sonores qui s’y trouvent, n’en parlons pas.

Ne boudons toutefois pas notre plaisir et admirons ce qui nous y plaît vraiment, à l’instar de ce manuscrit unique de l’intégrale du Talmud de Babylone.

4 septembre 2012

J’en connais un qui sera ravi (tout en trouvant cela normal)

Classé dans : Livre, Politique — Miklos @ 1:10


La recherche de « Saint Jacques » dans le catalogue de la bibliothèque nationale renvoie, comme toute première réponse, « Jacques Attali ».
À force de tirer dessus à boulets rouges, il a fini par être canonisé.

3 septembre 2012

Life in Hell : chi va piano va sano parce que sinon on devient fou

Classé dans : Actualité, Livre, Progrès, Sciences, techniques — Miklos @ 22:30

Akbar est convaincu, comme tout le monde, que « l’internet abolit le temps et l’espace » affirmation péremptoire qu’il avait lue en 2000, c’est pour dire. Soit c’était une erreur due au célèbre bug de cette année-là, soit l’abolition du temps et de l’espace a été elle-même abolie depuis. Quoi qu’il en soit voici une belle cause de coup de sang, voire d’embolie.

Devinette : à combien estimez-vous la durée du trajet entre le centre de Paris (disons : le centre Pompidou) et le site François-Mitterrand de la bibliothèque nationale, la recherche d’un document qui ne fait qu’une page, sa copie, et le retour ?

Un élément objectif de réponse est fourni par le site de la Ratp, quand il n’est pas planté comme il l’est actuellement :


Panne de recherche d’itinéraire (cliquer pour agrandir)

Quand il ne l’est pas, il indique que cet aller prend 22 minutes :


Itinéraire de Beaubourg à la BnF (Tolbiac) et sa durée (cliquer pour agrandir)

Après un rapide calcul mental, Akbar en conclut que l’aller-retour prend moins d’une heure.

L’inconnue de l’équation est le temps qu’il faut pour localiser le document en question, « réputé présent » selon le catalogue de la BnF (quand celui-ci n’est pas planté), et le photocopier. Disons 24 heures ? 36 heures ? Auxquelles s’ajoutent les 44 minutes de l’aller-retour.

Mais comme notre bibliothèque nationale propose de commander en ligne un exemplaire numérisé de cet ouvrage – qui, on le rappelle, ne fait qu’une page –, Akbar se dit qu’il va s’économiser ce temps en passant la commande en ligne.

Le formulaire pour ce faire propose une case dans laquelle il faut cliquer pour avoir une estimation de la durée que prendra le temps de faire le devis tout en précisant que le prix minimum est de 6 €, comme quoi s’il économise du temps, il le payera cher surtout pour une seule page… ça commence à sentir le roussi, se dit Akbar in peto. Il clique. Rien ne se passe, la case reste vide. Il finit malgré tout par remplir ledit formulaire.

Le lendemain, il reçoit une réponse automatique – c’est lent, leur automate, se dit Akbar in peto – et bilingue, s’il vous plaît, qui l’informe qu’un devis pour la numérisation de cette seule et unique page lui sera envoyé « dans un délai de 10 à 12 semaines » (il n’en croit pas ses yeux qui se mettent du coup à papilloter), le temps d’aller de chez lui à Tolbiac en faisant un détour par Saint Jacques de Compostelle (Jeff lui conseille plutôt d’invoquer les mânes de Sainte Rita). Quant à la version anglaise de la réponse, l’automate avait dû avoir trop honte et a laissé un blanc là où la durée aurait dû être spécifiée, et dans sa confusion n’a pu traduire les numéros de commande et de client dans cette langue. Il a de bonnes raisons d’avoir honte, se dit Akber in peto, en plus il a fait une grosse faute d’orthographe !


Le temps nécessaire à la BnF pour la préparation d’un devis de numérisation d’une page (cliquer pour agrandir)

Après en avoir conclu que ce numérique-là n’économise ni temps ni argent, Akbar fait son baluchon et se met en route. Il a tout son temps devant lui, la bibliothèque nationale venant de fermer ses portes pour deux semaines.

Oh miracle ! le devis arrive le surlendemain, avant même qu’Akbar ne se soit éloigné de Paris. Mais comme le disait déjà Lao-Tseu, « Le malheur est caché au sein du bonheur » : le montant de la numérisation de cette page unique – sans précision sur la durée de sa réalisation – et son expédition par Internet n’est pas de 0,70 €, il n’est pas de 6 €, il est de 13,41 €, ce qui doit être le prix d’une course aller-retour en taxi de chez Akbar jusqu’à la bibliothèque François-Mitterrand, soupire-t-il. Se remboursent-ils ainsi du dur labeur de préparation de l’annonce de l’arrivée future de ce devis puis du devis lui-même en temps plus que record (tout est relatif) et de leurs expéditions respectives par Internet, se demande-t-il ?


Cliquer pour agrandir.

Jeff et Akbar sont les personnages d’une série de bandes dessinées de Matt Groening, qui est aussi le père de la fameuse – et infâme – famille Simpson.

28 août 2012

Tout un programme

Classé dans : Histoire, Livre — Miklos @ 21:16

le grand dictionnaire
historique,

ou

le mélange curieux
de
l’histoire sacrÉe
et profane,

qui contient en abbregé

les vies des patriarches, des Juges et des rois
de l’Ancien Testament ; des Souverains Pontifes de l’Eglise ; des saints Peres & Docteurs Orthodoxes, des Evêques des quatre Eglises Patriarchales, des Cardinaux, des Prelats celebres ; & des Heresiarques :

Celles des Empereurs de Rome, de Grece, d’Alemagne,

Chrétiens, Payens & Ottomans : des Rois, des Princes Illustres & des grands Capitaines ; des Auteurs Grecs & Latins anciens & modernes ; des Philosophes, des Inventeurs des Arts, & des autres Personnes de toute sorte de Profession, renommées par leur Erudition, par leurs Ouvrages, ou par quelque action éclatante.

Il fait aussi remarquer

Les plus importans Traitez des Auteurs ; les Opinions particulieres des Philosophes ; & les principaux Dogmes des Heresiarques ;

et comprend

La Description des Etats, Empires, Royaumes, Provinces, Villes, Isles, Montagnes & Fleuves considerables de l’ancienne & nouvelle Geographie, où l’on remarque exactement les bornes, la situation & les qualitez des Païs ; les Mœurs, les Coûtumes, le Gouvernement & la Religion des Peuples ;

Avec l’Histoire des Conciles Generaux & particuliers, des Synodes, des Conciliabules, & des autres Assemblées Ecclesiastiques, en parlant des Villes où elles ont été tenuës :

Le nom, l’établissement, la propagation des Ordres Religieux & Militaires, la Vie de leurs Fondateurs ;
Les Genealogies, & les actions memorables de plusieurs Familles Illustres ;

Et l’Histoire fabuleuse des Dieux, & des Heros de l’Antiquité Payenne.

Le tout enrichy de Remarques & de Dissertations curieuses, tant pour l’éclaircissement des difficultes de la Chronologie, que pour la decision des controverses Historiques.

Troisième Edition, corrigée et divisée en deux Tomes.

Par Mre LOUYS MORERI, Prêtre, Docteur en Theologie.

A LYON,
Chez JEAN GIRIN, & BARTHELEMY RIVIERE, ruë Merciere, à la Prudence.
Et se vend A PARIS,
Chez DENIS THIERRY, ruë S. Jacques, vis-à-vis la ruë du Plastre.

M. DC. LXXXIII.
AVEC PRIVILEGE DU ROY

Page de garde de l’édition de 1683 (transcription)
 


Page de garde de l’édition de 1740 (cliquer pour voir en détail)

14 juillet 2012

De quelques bibliothèques numériques (II)

Classé dans : Langue, Livre, Sciences, techniques — Miklos @ 20:29


Page 546 du vol. 6 du Dictionnaire de Trévoux (éd. de 1771)
dans Gallica (à gauche, original
ici) et dans Archive.org (original ).
Cliquer sur l’image pour la voir en détail.

Voulant trouver le sens d’un terme provenant de l’« ancienne jurisprudence grecque » dont on attribue une définition précise au Dictionnaire de Trévoux (il s’agit de paratilme, qu’on vous laissera l’y découvrir), on a recherché une version en ligne dudit dictionnaire, qui, jusqu’à ce moment, nous était inconnu (non, il n’a pas été rédigé par Trévoux). Voici ce qu’on a trouvé dans les principales bibliothèques numériques.

Pour Google Books, cet ouvrage doit encore être protégé par le droit d’auteur (bien que les exemplaires qui s’y trouvent sont tous datés du XVIIIe siècle), on ne peut donc en consulter le contenu, même pas un extrait ou un fragment, à part celui du quatrième volume (alors que le mot en question se trouve dans le sixième).

On trouve bien dans Gallica l’ensemble de l’ouvrage, mais sa numérisation laisse à désirer, autant du fait de manque d’indexation en texte intégral que – surtout – de la qualité du résultat, parfois difficilement lisible. Et on ne reviendra pas sur les particularités de l’interface d’accès.

Ce n’est que dans Archive.org que se trouve une version intégrale, claire à lire et si agréable à feuilleter (l’étroitesse des marges intérieures – due à la reliure –, est explicitement signalée dans la notice de l’ouvrage). Et de surcroît indexée en texte intégral (même si la recherche est lente, au moins. En sus, cet exemplaire provient de la bibliothèque personnelle de John Adams (déposée depuis 1894 à la Boston Public Library).

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