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« Je donne mon avis non comme bon mais comme mien. » — Michel de Montaigne

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26 avril 2008

Drôles d’animaux

Classé dans : Actualité, Musique, Nature — Miklos @ 17:11

L’Angleterre est le pays de l’expression retenue et des bonnes manières. Et pourtant : le très sérieux Guardian rapportait, en 2005, que Barney, un perroquet âgé de cinq ans et pensionnaire du Nuneaton Warwickshire Wildlife Sanctuary, avait insulté le maire et le vicaire, lançant au premier un « Fuck off » et au second « You can fuck off too ». On taira ce qu’il a dit à deux policiers. Depuis cet incident, il n’est plus montré au public que sur demande et passe son temps enfermé dans une cage, condamné à écouter la chaîne Radio 4, et, le soir, à regarder les nouvelles et des documentaires à la télévision. Son maître, Geoff Grewcock, propriétaire du sanctuaire, espère que ce traitement améliorera le vocabulaire de son protégé qui est, par ailleurs, très poli : il dit « Thank you » chaque fois qu’on lui donne une friandise.

Trois ans plus tard, c’est au tour d’une autre pensionnaire de cette réserve de se distinguer : selon la tout aussi sérieuse BBC, Pippa, une cacatoès femelle frustrée âgée de dix-sept ans, s’est mise à couver des œufs de chocolat qu’elle a aperçus sur une table. Elle en est très protectrice, et attaque toute personne qui s’en rapproche, surtout si c’est un homme. On espère pour elle qu’ils écloront bientôt malgré leur nature ou fondront un jour de canicule : la durée de vie d’animaux de son espère étant de soixante-dix ans, elle pourrait attendre longtemps.

La vie est dure dans le Warwickshire. Non seulement on peut s’y faire insulter par un perroquet, mais piétons, cyclistes et conducteurs y sont exposés à des dangers bien plus réels : ces derniers jours, plus de 150 regards de chaussée en métal, ont été dérobés en l’espace d’une semaine, dont plus d’une trentaine en une nuit. Serait-ce l’affaire d’un gang de pies voleuses hébergées au Sanctuaire ? La police enquête.

Il y a tout de même quelques occasions de sourire et de se rincer l’œil en écoutant de la bonne musique dans ce comté. Selon le Coventry Telegraph, cinq musiciens de l’Orchestra of the Swan (établi à Stratford-upon-Avon, toujours dans le Warwickshire) ont participé à l’enregistrement de l’émission télévisée How To Look Good Naked (diffusion le 20 mai sur Channel 4, pour les amateurs de musique, rien que de musique). Cette émission aidera-t-elle à renflouer l’orchestre, qui s’était vu signifier, quelques jours plus tôt, l’arrêt de sa subvention la plus importante que lui versait le British Arts Council ? On le leur souhaite, d’autant plus que cet orchestre encourage régulièrement la création contemporaine : le 29 avril, il créera Broken Lute, œuvre commandée au compositeur Alexander Goehr.

Enfin, pour les amateurs de sport, on signalera que la ville de Rugby, où a été inventé le sport éponyme, se trouve dans ce comté. Elle a d’autres états de gloire : c’est là que sont nés le poète Rupert Brooke (que Yeats – écrivain, poète et dramaturge, prix Nobel de littérature – avait qualifié de « plus beau jeune homme de tout l’Angleterre ») et le scientifique Norman Lockyer, qui a découvert le hélium et fondé la revue Nature.

15 avril 2008

Ellul, Anders, Illich – inconnus au bataillon ?

Classé dans : Environnement, Sciences, techniques, Société — Miklos @ 2:10

« Dans l’immensité de cette forge monstre, c’était un mouvement incessant, des cascades de courroies sans fin, des coups sourds sur la basse d’un ronflement continu, des feux d’artifice de paillettes rouges, des éblouissements de fours chauffés à blanc. Au milieu de ces grondements et de ces rages de la matière asservie, l’homme semblait presque un enfant. » — Jules Verne, Les Cinq cents millions de la Bégum, 1879.

« Mais il faut en tout cas retenir le fait essentiel que c’est toujours, dans toutes les branches, la technologie la plus moderne, la plus avancée qui détermine la tendance. Ici encore nous retrouvons l’automatisme du choix qui se fait imman­quablement. » — Jacques Ellul, Le Système technicien, 1977 (réed. 2004).

Si certains grands singes semblent savoir utiliser des objets en tant qu’outils – voire en fabriquer –, « la technique est une compétence fondamentale de l’homme »1 depuis la nuit des temps. Elle occupe dans sa vie une place croissante, notamment depuis la révolution industrielle, et inéluctable depuis l’entrée dans l’ère numérique.

Le constat de la sujétion de l’homme à la machine n’est pas récent : il suffit de relire la description de la Cité de l’Acier dans Les Cinq cents millions de la Bégum de Jules Verne ou de revoir Les Temps modernes de Charlie Chaplin. Mais c’est après la Seconde guerre mondiale, avec le développement de l’informatique puis de la cybernétique2 vers 1948 qu’une approche théorique permet d’analyser la technique en tant que système3 et de penser son autonomie et son asservissement de l’homme.

C’est ce que fera Jacques Ellul dès 1954 avec La Technique ou l’enjeu du siècle (traduit en anglais dix ans plus tard grâce à sa découverte par Aldous Huxley, et récemment republié en français), puis dans nombre d’autres ouvrages parmi lesquels on citera son maître-livre4 Le Système technicien.

En 1956 – deux ans après la sortie de l’ouvrage fondateur de Jacques Ellul –, Günther Anders (qui ne semble pas avoir eu connaissance de l’œuvre d’Ellul) publie L’Obsolescence de l’homme, qui n’aura été traduit en français que près de 50 ans plus tard. L’un comme l’autre – sous une approche différente, Ellul plus sociologique et Anders plus philosophique – s’inscrivent contre l’utopie technicienne, dans laquelle ils perçoivent la perte de la liberté de l’homme pour l’un, de son humanité pour l’autre. Dix ans plus tard, Ivan Illich5 (ami de Jacques Ellul) développera une approche pédagogique à sa critique de la technique et du capitalisme.

En cette époque de prise de conscience croissante de la finitude des ressources et de la gabegie croissante induite par leur surconsommation, suscitée par une course en avant nécessaire à la survie des entreprises engagées dans la bataille de plus en plus féroce d’une « destruction créatrice » accélérée (phénomène identifié par l’économiste Joseph Schumpeter dans les années 1940), l’œuvre de ces trois penseurs est plus que jamais d’actualité.


1 François Jourde.
2 À laquelle la WP attribue, fort curieusement, la genèse de l’électronique et de l’informatique, bien que celles-ci l’aient précédée : « Sous l’impulsion de Norbert Wiener, la cybernétique fut créée en tant que “théorie de la communication” dans les années 1940 et donna naissance à l’électronique, l’informatique (…) » (article « Systémique »), tout en écrivant que l’électronique est apparue en 1904 dans l’article qu’elle lui consacre ; quant au premier ordinateur, il date de 1941, la cybernétique ayant été fondée en 1948…
3 Dont l’âme serait l’information… ?
4 Selon Jean-Luc Porquet.
5 À propos duquel la WP française écrit confusément : « Il devient ensuite, entre 1956 et 1960, vice-recteur de l’Université catholique de Porto Rico, où il met sur pied un centre de formation destiné à former les prêtres à la culture latino-américaine. En 1956, il est nommé vice recteur de l’université catholique de Porto Rico. » Quant à Günther Anders, elle ignore totalement son œuvre pour ne parler brièvement que d’un aspect méthodologique secondaire, qu’elle agrémente d’une bibliographie. Elle est mieux fournie, toutefois, que celle en anglais, qui ne lui consacre qu’une ligne (plus facile à trouver que l’article français, du fait de l’établissement d’une page de désambiguation). Il faut se rabattre sur la version allemande pour y trouver des informations utiles sur la richesse de son œuvre et son influence (notamment sur la pensée de Jean-Paul Sartre). Étonnant pour cet élève de Husserl, mari de Hannah Arendt, cousin de Walter Benjamin et l’un des tous premiers critiques de Heidegger (Sur la pseudo-concrétude de Heidegger), et dont l’analyse de la modernité aborde Auschwitz et Hiroshima, la technique déshumanisante comme finalité en soi et la faculté prométhéenne et autonome des machines (voire des systèmes) créées par l’homme.

27 janvier 2008

Futurs antérieurs

Classé dans : Environnement, Religion, Sciences, techniques — Miklos @ 12:13

« Ce qui a été, c’est ce qui sera ; ce qui est arrivé arriva encore. Rien de nouveau sous le soleil. Quand on vous dit de quelque chose : “Venez voir, c’est du neuf”, n’en croyez rien ; la chose dont il s’agit a déjà existé dans les siècles qui nous ont précédés. Les hommes d’autrefois n’ont plus chez nous de mémoire ; les hommes de l’avenir n’en laisseront pas davantage chez ceux qui viendront après eux. » — Eccl. I (trad. Ernest Renan)

«C’est un rêve de scientifiques qui devient de plus en plus réalité : recréer la vie, pièce par pièce, de novo ! Des chercheurs du Craig Venter Institute, à Rockville (Etats-Unis), sont parvenus à fabriquer pour la première fois un génome de manière totalement synthétique. Autrement dit, comme en jouant aux Lego, ils ont réussi à reconstruire brique par brique l’ensemble du matériel génétique d’un organisme, en l’occurrence celui d’une bactérie. Leurs résultats, qualifiés de cruciaux dans le milieu, avaient été évoqués à demi-mot en octobre dernier lors d’une fuite dans la presse britannique. Ils sont publiés aujourd’hui dans la revue Science. Et ouvrent la voie à des applications potentielles phénoménales (Le Temps, 25/1/2008). Comme on peut s’en douter, les recherches entreprises soulèvent de nombreuses questions d’ordre éthique (…), y compris dans le cadre du bioterrorisme (Futura-Sciences).

I.24…il dit : Faisons homme à notre image, semblable à nous, qui seigneuriera et poissons aquatiques, et oiseaux de l’air, et bétail, et toute la terre, et tout ce qui bouge sur terre. 27 Si créa Dieu l’homme à son image. II.15 Si prit le Seigneur Dieu l’homme et le logea au verger d’Eden, pour le cultiver et le garder, 16 et fit le Seigneur Dieu à l’homme un tel commandement : Tu pourras bien manger de tous les arbres du verger ; 17 mais de l’arbre de science de bien et de mal, tu n’en mangeras point, car lorsque tu en mangeras, tu mourras. III.4 Et le serpent dit à la femme : Vous n’en mourrez point, 5 mais Dieu sait bien que, lorsque vous en mangerez, vous aurez les yeux ouverts et serez comme dieux, sachant bien et mal. 6 Et la femme, » voyant que l’arbre était beau à manger, et beau à voir, et plaisant pour faire apprendre, en prit du fruit et en mangea, et en donna aussi à son mari, lequel en mangea (Gen. III, trad. Castellion).

« Lors d’une visite sur le continent de l’Antarctique, Jen Stoltenberg, le premier ministre norvégien, a tenu à rappeler le danger de fonte rapide des glaces du continent qui ferait monter le niveau des océans du globe. « C’est alarmant. Les sonnettes d’alarme retentissent. Les décideurs qui feignent d’ignorer ces signaux sont irresponsables », a estimé M. Stoltenberg dans une entrevue accordée à Reuters dimanche dernier dans la station scientifique norvégienne Troll, dans l’est de l’Antarctique (Canoë Infos, 21/1/2008). Car, si certains ergotent encore sur la réalité du réchauffement climatique, plus personne ne remet en cause la montée des eaux. Les mesures du niveau des océans opérées depuis une cinquantaine d’années montrent, sans aucun doute possible, que ce niveau augmente. Et surtout que cette montée s’accélère sensiblement depuis quinze ans, preuves par images satellites à l’appui (RMC, 22/1/2008). Seulement quelques centaines d’années auraient été suffisantes pour une élévation du niveau des océans de six mètres. Plus précisément, la vitesse estimée est de 1,6 mètre par siècle, ce qui est presque trois fois plus rapide que les estimations fournies par le GIEC pour la montée du niveau des océans à la fin de ce siècle (Futura-Sciences, 3/1/2008).

17 puis fut un tel déluge durant quarante jours sur terre 18 que la force de l’eau emporta l’arche et la leva de terre, 20 et crût l’eau sur terre de telle force que l’arche s’en alla par-dessus l’eau. Et tant et tant crûrent les eaux qu’elles couvrirent toutes les plus hautes montagnes de dessous le ciel universel et les couvrirent de quinze coudées par-dessus. 21 Si fut éteinte toute créature qui bougeait sur la terre, tant volataille que bêtes privées et sauvages, et tout ce qui se traîne sur terre et tous les hommes. 22 Tout ce qui avait au nez haleine de vie, de tout ce qui était en terre, mourut. 23 Parainsi» fut défait et raclé de la terre tout ce qui était, tant hommes que bêtes et serpents, et oiseaux de l’air, sans rester autre que Noé, et ce qui était avec lui en l’arche (Gen. VII, trad. Castellion).

13 janvier 2008

Sydney vu de Paris

Classé dans : Géographie, Lieux, Photographie — Miklos @ 21:04

Zoomer : double-click. Dézoomer : majuscules + double-click. Déplacer : souris ou flèches.

Autres vues de Sydney.

10 janvier 2008

Protégé : Ouessant à bicyclette

Classé dans : Lieux, Nature, Photographie — Miklos @ 22:37

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