Miklos
« Je donne mon avis non comme bon mais comme mien. » — Michel de Montaigne

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30 juillet 2018

La panne SNCF ? « Une tempête dans un verre d’eau », comme dirait Macron.

Classé dans : Actualité, Médias, Sciences, techniques — Miklos @ 15:34

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La panne affectant la gare Montparnasse n’est pas si importante que ça, selon Le Monde, puisqu’elle n’aurait « plongé dans l’incertitude » que quelques « dizaines de voyageurs »… Une tempête dans un verre d’eau, verre bien nécessaire par cette canicule, soit dit en passant.

26 juillet 2018

« Salut, Toto ! C’est bien la Terre, ici ? », ou, Mars attaque !

Classé dans : Actualité, Littérature, Médias, Nature, Sciences, techniques — Miklos @ 12:27

(source)

Selon Libé, la planète Mars se serait rapprochée jusqu’à 50 kilomètres de la Terre. Cela ne vous rappelle-t-il pas quelque chose ? Non ? Alors on vous le rappelle :

« … Un coup fut frappé à la porte.

Il la regarda avec stupéfaction avant de poser son verre et de se lever. Dans le silence du soir, il aurait forcément entendu une auto, et à pied, personne ne se serait promené par ici.

Il y eut un nouveau coup, plus fort.

Luke alla ouvrir et regarda dehors au clair de lune. Il ne vit rien. Il regarda ensuite à ses pieds.

— Oh… non ! exhala-t-il. C’était un petit homme vert, d’environ soixante-quinze centimètres de haut.

— Salut, Toto, fit le petit homme vert. C’est bien la Terre ici ? »

On ne peut que s’écrier, à l’instar de Fredric Brown, Martiens, Go Home! Parce que Mars en juillet, en plus avec leur sale caractère :

« [...] tous, autant qu’ils étaient, se montraient acariâtres, arrogants, atra­bilaires, barbares, bourrus, contrariants, corrosifs, déplai­sants, diabo­liques, effrontés, exas­pérants, exé­crables, féroces, fripons, gla­pis­sants, grincheux, gros­siers, haïs­sables, hargneux, hostiles, inju­rieux, impu­dents, iras­cibles, jacas­seurs, korri­ga­nesques. Ils étaient lassants, malfai­sants, malhon­nêtes, maus­sades, nui­sibles, odieux, offen­sants, perfides, perni­cieux, pervers, querel­leurs, railleurs, revê­ches, rica­nants, sarcas­tiques, trucu­lents, ubi­quistes, ulcé­rants, vexa­toires, wisi­go­thiques, xéno­phobes et zélés à la tâche de faire vaciller la raison de qui­conque entrait en leur contact… [...]

Il y avait, bien sûr, les sourds et aveugles qui n’avaient jamais eu de preuve sensorielle de leur exis­tence et devaient s’en rapporter à ce qu’on leur en disait. Si certains n’y croyaient pas réellement, on ne pouvait les en blâmer. Il y avait aussi les millions de gens – sains d’esprit ou non – qui admettaient leur existence, mais refusaient de voir en eux des Martiens. La plupart étaient les super­stitieux et les fana­tiques religieux, selon qui c’étaient en réalité, au choix : des anges du mal, des banshees, des chimères, des diablotins, des doppel­gängers, des élé­mentals, des elfes, des esprits, des en­chanteurs, des fantômes, des farfa­dets, des génies, des gnomes, des goblins, des kobolds, des korrigans, des lepre­chauns, des lutins, des magiciens, des maudits de l’enfer, des péris, des puis­sances des ténèbres, des sorciers, des spectres, des trolls et des je ne sais quoi encore. [...]

Harassé, hébété, harcelé, horrifié, le citoyen moyen de chaque pays considérait d’un œil halluciné et hagard le hideux futur qui l’hypnotisait, et hoquetait de honte en pensant qu’aux heures heureuses dont le souvenir le hantait, il avait pu trouver des motifs de hargne dans la maladie et les impôts et juger que la bombe à hydrogène était la fin des haricots. »

et avec la canicule… Trop, c’est trop !

Génial, absolument génial ! À lire sans surseoir !

17 juillet 2018

Apostrophons Libé !

Classé dans : Actualité, Langue, Médias — Miklos @ 9:06

Libé, le 16/7/2018. Cliquer pour agrandir.

Est-ce vrai que en français il existe une apostrophe, et qu’on doit écrire qu’en et non pas que en ?

11 mai 2018

« Je suis pour l’élitisme pour tous » (Jean-Marie Rouart, ce matin sur Radio Classique, dans l’émission « Accords/désaccords »)

Classé dans : Langue, Médias, Société — Miklos @ 15:27

On est tous les premiers à avancer en même temps. © Miklos 2007.Street art. Paris, 2007. Cliquer pour agrandir.

« Élitisme n. m. xxe siècle. Dérivé d’élite. Tendance à favoriser la formation d’une élite ou à conforter le pouvoir des élites en place. L’élitisme d’un système scolaire. Ce projet est entaché d’élitisme. » (Dictionnaire de l’Académie française, dont Rouart fait partie – il est vrai qu’il a dû s’y reprendre à cinq fois pour que sa candidature soit acceptée)

« Élite n. f. xiie siècle. 1. Ensemble de ceux qui, dans un groupe, une société, sont considérés comme les meilleurs. 2. Qui, par ses qualités exceptionnelles, domine les autres ; supérieur. » (id.)

12 décembre 2017

En Brabant

Classé dans : Humour, Langue, Littérature, Médias, Peinture, dessin — Miklos @ 16:00

«Plusieurs lecteurs m’ont témoigné qu’ils goûtaient fort les échantillons de style belge qui leur furent soumis à plusieurs reprises ; en outre, lors d’un tout récent voyage à Bruxelles, j’ai pu me convaincre que ces citations ne laissaient point indifférents les sujets du roi barbu que l’aimable ballerine qui porte un bandeau de plus que l’Amour appelle « Sa Majesté Léopold II » et qu’ils nomment, eux, plus familièrement : « Popol. » Pour la plupart, d’ailleurs, ils accueillent de la meilleure humeur du monde nos innocentes taquineries et sont les premiers, «  Je dois une fois rire avec ça » , à se divertir de leurs belgicismes ; seuls, de rares grincheux crient à la diffamation et accusent de trahison les confrères bruxellois qui, ayant reproduit avec commentaires aimables les facéties sans fiel du Journal. Amusant, se sont rendus coupables d’introduire le loup dans la bergerie. Négligeons ces Stoeffer (« stouf-er ») Un vantard, quelqu’un qui aime se mettre en avant. Ex. : Ça c’est un vrai stoeffer tu sais ! De là vient aussi l’expression, faire de son stoef (« stouf ») !, action de se vanter, d’en remettre une couche. Ex. : Ça y est, il est encore en train de faire de son stoef ! Le féminin de stoeffer est stoefesse. (source)stoeffers pour ne retenir que leur plaisante formule de protestation :

« On veut pas fransquillonner ; mais on connaît quand même parler français. »

Voici l’Annonce brabançonne, gazette hebdomadaire. On y re­com­mande le sieur Léopold Messe, de la Vau, « pour tuer les cochons à domicile (sic) » ; on y loue la maison Joseph Bruy­ninckx « qui porte le numéro 50 et n’est pas sur un coin » (sic) pour la coupe irré­pro­chable de ses « uni­formes de gardes civiques, pompiers et tram­ways » ; je ne sais si l’on trou­verait, dans notre Paris tant vanté, un tailleur capable de vêtir, tour à tour, des mili­taires et des voitures publiques. La « prise des mesures » d’un tramway et l’essayage doivent être des opé­rations bien compliquées.

Le même journal annonçait pour le dimanche 15 janvier « un concours au jeu de cartes pour lapins et coqs, chez Mme veuve Maurice Laune, rue du Château ». Que dites-vous de ces matches entre animaux si diffé­rents ? quel dressage pré­ala­ble ils supposent et quelle intel­ligence chez ces humbles bêtes ! Ce ne sont point des galli­nacés vul­gaires qui peuvent ainsi cartonner ; et, quant aux lapins, ce sont de fameux lapins !…

Pour finir, revenons à ce manuel de conversation édité pur Bernardin-Béchet, dont nous avons donné l’autre jour de trop brefs essais : qualifié de « français-anglais, » il s’atteste « belge-anglais » indéniablement. Monsieur rentre à midi, pour se mettre à table ; Madame, d’humeur charmante, lui signifie qu’elle a préparé le repas à son intention :

J’ai soigné pour vous, dit-elle.

Et lui, satisfait :

— Mangeons, alors. Le temps passera entretemps.

Il explique ainsi son bel appétit :

Cela provient de se promener.

Après le repas, pour récompenser sa ménagère, il s’offre à lui lire le journal (j’espère que c’est l’Amusant) ; la proposition est acceptée avec enthousiasme :

Je suis très curieuse pour apprendre quelque chose.

La lecture terminée, le couple va se ba­lader dans la campagne ; monsieur témoigne de con­nais­sances botaniques :

— Voyez comme ces fruits sont beaux. Ce sont des pommes de terre en fleurs.

On arrive devant un château ; madame souhaite le visiter :

C’est une petite peine pour moi, assure monsieur (qui veut dire : « rien de plus facile »), parce que j’ai connaissance avec le jardinier.

À la servante accourue au coup de sonnette, il demande :

Ne serait-ce pas possible de causer avec le jardinier ?

Avec celui-ci s’engage une conversation au cours de laquelle on apprend que « le château date de monsieur son grand-père » (il a été question, un quart d’heure avant, du maître absent) et que « madame est de descendance noble », car « elle est une duchesse ». Cependant, on fait le tour du… jardinier, sinon du propriétaire, la visite se termine devant une volière qui contient « des oiseaux étrangers » et sur cette réflexion :

Cela sont des oiseaux chers.

Terminons, nous, sur celle-ci que le malheureux Anglais qui recourra au manuel Bernardin »passera bientôt aux yeux de nos compatriotes pour avoir étudié le français, non dans un ouvrage belge, mais à l’école d’une génisse espagnole.

Willy, « En Brabant », in Le Journal amusant : journal illustré, journal d’images, journal comique, critique, satirique, etc., 18/2/1905. Paris. Dessins de Benjamin Rabier.

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