Miklos
« Je donne mon avis non comme bon mais comme mien. » — Michel de Montaigne

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6 octobre 2018

Life in Hell : Et la RATP ? Je vous hais aussi, pardi.

Classé dans : Actualité, Peinture, dessin, Société — Miklos @ 1:03

Foin du bus. Cliquer pour agrandir.

Akbar doit se rendre à l’autre bout de Paris, au fin fond du XVIe arrondissement. Le moyen de transport le plus efficace, question distance, est le bus 72. Akbar préfère d’ailleurs le bus au métro : cela lui permet de voir le paysage, et il a constaté que, sauf de très rares exceptions, les conducteurs (ou machinistes-receveurs, comme ils sont officiellement appelés) sont prudents et attentionnés envers les passagers et la circulation autour d’eux. Et il a un faible pour le 72 : c’est la ligne qu’il prenait pour aller à l’école (je vous parle d’un temps que les moins de vingt ans ne peuvent pas connaître, fredonne-t-il mélancoliquement). Allons-y, se dit-il.

Aller

Il se rend donc au début de la ligne, à Hôtel de Ville. Le bus s’y trouve, portes ouvertes. Akbar y entre et s’installe après avoir consulté l’affichage de l’heure du départ : dans 2m10s, précisément. Par la fenêtre, il voit le conducteur bavarder sur le trottoir avec un collègue, tout en fumant une cigarette.

L’heure de départ arrive : un message l’annonce d’une voix suave. Le conducteur continue imperturbablement à cloper. Quelques minutes plus tard, il écrase le mégot, grimpe dans la voiture et s’installe au volant. Mais ce n’est pas encore le départ : son inter­lo­cuteur l’a suivi et ils échangent encore quelques mots. Le bus se met finalement en marche.

La circulation, rue de Rivoli, étant assez chargée, le conducteur klaxonne à tout bout de champ en utilisant la tonitruante corne de bus (qui délivre 105 décibels, comme Akbar vient de l’apprendre), alors qu’il pourrait – comme la plupart de ses collègues le font – donner un léger coup de gong. Pire : une voiture étrangère hésitant quelque peu place de Rivoli, le conducteur s’écrier Putaaaaaaaaaaain ! tout en donnant de la corne. Akbar se dit que ce n’est que lui et les autres voyageurs qui peuvent entendre cette exclamation, et si le malheureux conducteur de la voiture incriminée l’avait ouïe, il ne l’aurait sans doute pas comprise.

Un couple âgé et étranger monte. L’homme tend un billet au conducteur. Celui-ci lui lance impatiemment : « Vous voulez un ticket ? Deux tickets ? Trois tickets ? ». L’homme s’excuse et répond au mieux qu’il peut en français qu’il en veut deux, ce qui était évident pour Akbar sans qu’il n’ait suivi de formation de conducteur d’autobus ; il se dit que c’est peut-être du fait que le dit conducteur en veut aux étrangers… Mais non : il ne répond quasiment jamais ou alors par un grommellement indistinct aux passagers qui le saluent en entrant dans le bus.

Plus tard, place de l’Alma, le bus s’arrête à un feu rouge peu après la station qu’il venait de quitter. Une dame « d’un certain âge » comme on dit s’approche de la porte et demande au conducteur, d’un geste de la main, de bien vouloir la laisser entrer. Ce qu’il fait… puis il commence alors à l’engueuler violemment la tancer vertement de l’avoir ainsi sollicité : tout le monde fait ça, ça retarde le bus (et sa clope, alors, ça ne le retarde pas ? se demande Akbar in peto) ! À se demander pourquoi il l’a laissé monter, s’étonne Akbar silen­cieusement. La dame s’excuse, ce qui n’empêche pas le conducteur de continuer à déverser ses récriminations.

C’est sans doute pour rattraper ce retard que le conducteur décide de griller un feu rouge avenue de Versailles, feu devenu rouge avant que le bus ne s’engage – à une vitesse bien inférieure que celle de la lumière, constate Akbar – sur le passage clouté qu’il protégeait.

Arrivé à destination sans autre incident majeur, Akbar s’échappe de l’autobus.

Retour

Le 72 qu’Akbar prend pour revenir est assez bondé. Le trajet semble se passer normalement. Mais soudain, arrivé place de la Concorde, alors que le bus aurait dû s’engager quai des Tuileries, voilà qu’il tourne à gauche et s’engage dans la place, direction Madeleine dirait-on. Tout le monde est étonné, d’autant plus qu’aucune annonce n’est faite. Akbar aperçoit le conducteur tenant le volant d’une main et un téléphone de l’autre.

La place étant noire de véhicules, la progression du 72 est lente. Il arrive finalement à la hauteur de la rue de Rivoli, et tourne à gauche – ouf ! Il ne va pas à Madeleine, c’est déjà ça, murmure Akbar à l’oreille d’une passagère outrée par le changement de parcours et ce voyage vers l’inconnu –, passe devant l’hôtel de Crillon, puis tourne à nouveau à gauche, comme s’il repartait vers sa direction d’origine… Mais il s’arrête le long du jardin où se trouve l’Espace Cardin et ouvre ses portes. Toujours aucune information. Akbar se dit que le conducteur ne doit pas être muet, puisqu’il utilise un téléphone, il lui dit donc en sortant – comme d’autres le feront après lui – qu’une annonce aurait été la bienvenue. Mais ces paroles tombent dans l’oreille d’un sourd (enfin, pas quand il utilise son téléphone, il est peut-être équipé d’un audiophone, se dit Akbar).

Il se rend à la plus proche bouche de métro. C’est celle qui se trouve devant l’hôtel de Crillon. En y descendant, il se demande pourquoi le bus ne s’est pas arrêté là, d’évidence c’était le seul moyen de transport qui permettrait à tous les passagers de continuer leur trajet dans la bonne direction… Sans doute ce conducteur-ci ne se préoccupait pas le moindre du monde de ses passagers, occupé qu’il était par son interlocuteur (ou -trice ?) téléphonique, suppute Akbar.

Bref, se dit Akbar, raté, RATP…

Jeff et Akbar sont les personnages d’une série de bandes dessinées de Matt Groening, qui est aussi le père de la fameuse – et infâme – famille Simpson.

4 octobre 2018

Life in Hell : Banques, je vous hais (suite)

Banques, je vous hais ! Cliquer pour agrandir.

Akbar en a assez de ses démêlés avec sa banque, Haches Baissées. Il a donc décidé de migrer l’essentiel de son compte (et surtout : de ses débiteurs – taxes et impôts, assurances, syndic, gaz, électricité, internet, téléphone… et il en passe) vers AfterBank, banque toute numé­rique.

Chez AfterBank

Le passage s’effectue sans grandes douleurs, mais rapidement Akbar s’aperçoit que la carte Visa Premier de sa nouvelle banque a des ratées : certains des paiements en ligne qu’il effectue par son entre­mise sont rejetés, d’autres non, et le paiement par contact cesse de fonc­tionner (c’est énervant, ça, mais pas dramatique, au moins comme ça on ne pourra pas la pirater à distance, se dit Akbar in peto). Le service client (non entièrement numérique, lui) lui dit de réini­tialiser la carte, ce qu’il fait. Sans succès.

Chez Trésoreo

Sur les recommandations de Jeff qui l’encourage vivement à ne pas garder son épargne dans un livret mais dans une assurance-vie, Akbar en ouvre une chez Trésoreo, autre banque toute numérique : il remplit les formulaires adéquats et les dépose en ligne. Puis il attend. Au bout de quelques jours, il essaie de joindre le support pour demander ce qu’il en est. On ne peut le faire en ligne, et le numéro de téléphone indiqué pour ce faire est loin d’être gratuit. Après avoir appuyé sur quelques dizaines de touches pour répondre au robot qui veut le diriger sur le bon interlocuteur, il s’entend répondre qu’il y a un problème informatique, et que sa demande en ligne est peut être perdue, qu’il l’envoie par courrier papier s’il n’a pas de réponse la semaine suivante… Tentant de contrôler ses pressions systolique et diastolique, Akbar se dit qu’il attendra. Et finalement, une lettre lui parvient avec les informations pour se connecter à son nouveau compte.

Il lui faut maintenant alimenter cette nouvelle assurance-vie. Le site de Trésoreo propose une page pour ce faire, intitulée « Effectuer un versement sur votre contrat d’assurance-vie », mais le contenu de cette page annonce… « Veuillez nous excuser pour cette anomalie survenue lors du traitement de votre demande. Pour accéder à la page d’accueil de Trésoreo cliquer ici. » Une fois, deux fois, le matin, le soir… pas de changement.

Toujours contrôlant ses pressions, Akbar essaie de joindre le support client (même topo que ci-dessus, Akbar vous passe les détails) et s’entend répondre qu’il y a un (autre) problème informatique qui sera résolu la semaine prochaine. Entre temps, il peut virer de l’argent à partir d’une autre banque vers le compte courant qui « accompagne » le compte assurance-vie, puis remplir un formulaire (papier) qui demande à la banque de virer la somme arrivée sur le compte courant vers l’assurance-vie (vous suivez ? Plus compliqué tu meurs, grommelle Akbar).

Chez AfterBank

Pour effectuer le virement en question, Akbar retourne vers son compte en ligne AfterBank. Il doit d’abord rajouter le compte courant Trésoreo à la liste de ses bénéficiaires (de virements ! de rien d’autre, hein ?) : il renseigne l’IBAN, et arrive sur la page qui lui annonce qu’un code de confirmation lui sera envoyé par SMS. Il clique « OK », et alors… et alors s’affiche « Le service d’envoi SMS est momentanément indisponible, merci de réessayer ulté­rieu­rement »…

Calmement, Akbar essaie de joindre le support téléphonique. Après 4 minutes d’attente, un robot fort aimable lui annonce que « Tous nos agents sont occupés. Souhaitez-vous être rappelé ? ». Akbar opine, et choisit, parmi les créneaux, celui de 9h-12h et se rend disponible pour répondre à l’appel. Qui ne vient pas. . . À 13h30, Akbar rappelle, et tombe finalement sur un « conseiller » qui, à sa question concernant le non-rappel, lui dit qu’ils sont en sous-effectifs (ce n’est pourtant pas un organisme public, s’exclame Akbar silencieusement), et lui conseille de faire la demande d’ouverture dudit bénéficiaire par mail, ce qui sera plus rapide que via le site, même quand celui-ci refonc­tionnera.

Dont acte : Akbar remplit un n-ième formulaire, l’envoie… Et attend toujours ce rajout, plus de 36 heures plus tard. Le lendemain, il rappellera le support téléphonique ; après avoir tapé sur 19 touches du téléphone, il aurait dû tomber soit sur un conseiller (cela tient du miracle) soit sur le robot annonçant qu’ils sont tous occupés : que nenni, ce robot doit l’être aussi, Akbar n’entend qu’une musique de fond répétitive. Au bout de plusieurs minutes il raccroche.

Chez Haches Baissées

Le nouveau conseiller de la banque d’origine d’Akbar (nouveau, parce que le précédent en était parti sans qu’Akbar n’en soit informé) souhaite rencontrer Akbar. Officiellement : pour se présenter, faire connaissance (Akbar se demande s’il doit lui faire part de ses hobbies, et si c’est le cas, il lui demandera les siens). Mais Akbar suspecte aussi que c’est parce que le dit conseiller a dû s’apercevoir que le compte d’Akbar est devenu quasi inactif depuis les déboires de juillet : pas de virements, pas de prélèvements, pas de dépenses…

Lors de ce rendez-vous où Akbar évite de ressasser les griefs qu’il a contre cette banque, le conseiller évoque une assurance-vie qu’Akbar détient depuis des années chez Admirali par l’intermédiaire de Haches Baissées. Il (le conseiller) lui demande d’obtenir les détails du contrat, lui-même n’ayant aucune information sur ce contrat ni de moyens d’en avoir, bien qu’il représente Admirali auprès d’Akbar…

Chez Admirali

Après ce rendez-vous, Akbar cherche à se connecter sur le site de l’assureur, ce qu’il n’avait jamais fait auparavant. En cherchant sur l’internet ce site, il en trouve un qui est dysfonctionnel (« Un problème est survenu : Le code apporteur de cette boutique n’est pas renseigné, aucun client ne peut être ajouté. ») ; puis un autre, qui ne le laisse pas créer un compte en ligne parce qu’il ne reconnaît pas son numéro de contrat (Akbar frémit) et lui propose d’appeler son robot téléphonique intelligent. Mais son intelligence doit être limitée, puisqu’il finit par dire qu’il ne comprend pas ce dont Akbar a besoin…

Chez Haches Baissées

En désespoir de cause (non, Akbar n’est jamais désespéré), il ne lui reste plus qu’à se retourner vers son conseiller chez Haches Baissées, celui qui lui avait demandé de se connecter chez Admirali. Celui-ci contacte Admirali, qui envoie finalement à Akbar un mail, complété par une lettre recommandée avec accusée de réception lui fournissant le moyen de se connecter à son compte.

Conclusion (toute temporaire)

Akbar se dit qu’il devrait sans doute faire comme Alécaki. Et puis, malèche !

Panait Istrati : Les récits d’Adrien Zograffi, t. IV, p. 57. Bibebook, 1926. Cliquer pour agrandir.

Jeff et Akbar sont les personnages d’une série de bandes dessinées de Matt Groening, qui est aussi le père de la fameuse – et infâme – famille Simpson.

29 septembre 2018

Ici et là


Façade du château de Versailles.
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Façade latérale du palais Garnier.
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Plafond de la chapelle royale du château de Versailles.
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Grand foyer du palais Garnier
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Pierre Laviron et Louis Le Conte : Bacchanale. 1679-1682. Château de Versailles. Cliquez pour agrandir.


Georges Clairain : Bacchanales. Plafond de la rotonde du Glacier, palais Garnier. Cliquez pour agrandir.


René-Antoine Houasse : Allégorie de la Magnanimité et de la Magnificence royales inspirant et récompensant les Arts. Plafond du sale de l’Abondance, château de Versailles. Cliquez pour agrandir.


Diane Chasseresse dite Diane à la biche ou Diane de Versailles. Cliquez pour agrandir.


Peinture murale de Georges Clairain, 1878. Rotonde du Glacier, palais Garnier. Cliquez pour agrandir.

Autres photos ici.

23 septembre 2018

Qui a vraiment dit : « Si la route est belle… » ?

Classé dans : Littérature, Peinture, dessin, Sciences, techniques, Société — Miklos @ 14:42


« William’s Cañon », in William Makepeace Thayer (1820-1898), Marvels of the new West: a vivid portrayal of the stupendous marvels in the vast wonderland west of the Missouri River : comprising marvels of nature, marvels of race, marvels of enterprise, marvels of mining, marvels of stock-raising, and marvels of agriculture, graphically and truthfully described, p. 23. 1887. (source) Cliquer pour agrandir.

« Si la route est belle à parcourir, qu’importe qu’elle soit sans issue ? Et si elle est d’un accès difficile, n’est-ce pas une raison pour priser plus haut encore l’habileté de ceux qui y font les premiers pas ? »
— Joseph Bertrand (1822-1900), Éloge de M. de Senarmont. Paris, 1863.

« [S]’il y a du vent ou de la pluie, dit encore saint Thomas, s’il fait froid ou chaud, si le chemin est beau ou s’il est fangeux, s’il y a abondance de biens sur la terre, ou si quelque orage en fait le dégât , toutes ces choses grandes et petites ne sauraient pour lors, eu égard aux desseins de Dieu, être mieux faites ; et Dieu les commence, les continue et les achève toutes pour des motifs très-saints et très-hauts, qui sont non pour chercher sa commodité, mais purement et principalement pour montrer l’excès de son éternelle et démesurée bonté, et toujours par rapport au profit des hommes et des anges. »
— Jean-Baptiste Saint-Jure, De la connaissance et de l’amour du Fils de Dieu, Notre-Seigneur Jésus-Christ. Paris, 1873.

« Aller vite est charmant, si le chemin est beau,
Mais n’en lisez pas moins les avis du poteau. »
— L. D., « Dits et proverbes rimés », La Gazette du village 3e année n° 52, 30 décembre 1866.

« Savez-vous comment, dans le département de l’Yonne, les marchands de bestiaux, quand ils dînent en ville, font remarquer qu’on ne leur donne plus à boire ?
  Ils disent tout simplement : “ La route est belle. ”
  En effet, si la route est belle, on ne verse pas. »
— A. de B., « Par-ci, par-là », in Le Voleur. Journal pour tous, n° 876 , 17 avril 1874.

« Eh ! qu’importe si la route est belle, si l’on avance allègrement, si chaque étape recule une frontière, si l’on aperçoit au lointain, dans le miroitement des horizons nouveaux, se profiler l’aspect de la cité future. Qu’importe les traînards, les réfractaires, les impatients ou les dissidents, si l’on approche, si l’on arrive… »
— T. Steeg, « Les majorités », in Le XIXe siècle, n° 13889, 30 ventôse an 116 – samedi 21 mars 1908.

« Allons au bord de l’eau, allons dans les bois encore nus. Oublions, pour un jour, les menaces et les trahisons. Oublions, pour une heure, que la justice n’est plus juste, et n’est pas forte ; essayons d’oublier que le duc Pozzo di Borgo est au vert, lui aussi, et que le C.S.A.R. reprend sa meurtrière vigeur.
  Printemps qui chante, un bol d’air, un bain de lumière douce. Profitons-en.
  Pour une vie propre, saine et joyeuse, dans la liberté reconquise est bien gardée.
  La grande lutte qu’il ne faut pas oublier, même si le ciel est pur et si la route est belle. »
— Claude Martial, « Printemps », in L’Humanité, 35e année, n° 14323, lundi 7 mars 1938.

« La vérité est que le monde inconnu, c’est, non pas aux magiciens et aux spirites, mais aux romanciers et aux poètes qu’il faut en demander le chemin. Eux seuls ont la clef d’or du palais des rêves ». Anatole France, La Vie littéraire, tome I, 124.

« Si le chemin est beau, ne nous demandons pas où il mène ».
— Anatole France (BrainyQuote)

« Si le chemin est beau, n’essayons pas de savoir où il mène. »
—Anatole France (page Nantua ma ville, Facebook)

« Si le chemin est beau, ne demandons pas où il mène. »
— Anatole France (maximelagace.com)

« Si le chemin est beau, nous ne devons pas demander où elle conduit. »
— Anatole France (Pinterest)

« Si le chemin est beau, demander où elle conduit à. Mais si la destination est belle, jamais l’esprit sur le chemin, continuer à marcher. »
— Patrick Idowu (Potdecitations.com)

« Si le chemin est beau, ne demandez pas où il mène, avancez, appréciez. »
(page Amour émotion & vie, Facebook)

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20 juillet 2018

Life in Hell : Coïncidences

Classé dans : Actualité, Peinture, dessin — Miklos @ 9:29

Bartholomet Jo-Jo (dit Bart) ayant entendu Akbar parler, et pas qu’une fois ni in peto, de The Party, le fameux et hilarant film de Blake Edwards sorti en 1968 qu’il avait vu au moins deux fois mais il y a fort longtemps, remarque qu’il passe à Paris ces jours-ci au Grand Action (allez-y, courrez le voir). Il propose donc à Akbar de s’y retrouver à 16 heures après son quart (Bart dit plutôt « taf », mais Akbar traduit automatiquement en français).

1. Quelque peu avant l’heure dite, Akbar se rend à la station d’autobus – et remarque d’abord que celui qu’il doit prendre vient de lui filer sous l’nez. Le suivant devrait passer dans une douzaine de minutes. Ce n’est pourtant pas le week-end, ronchonne Akbar en se demandant ce qu’il allait faire en attendant. Et soudain il aperçoit, assise sur le banc dans la station, la Madone des réseaux, elle-même en personne ! Cela faisait un certain nombre d’années qu’ils ne s’étaient vus, alors qu’ils se fréquentaient, à une période, assez souvent : elle avait une tendance croissante à annuler leurs rendez-vous au dernier moment pour voyages et autres « causes imprévues ». Il l’interpelle, elle le regarde un instant d’un air interloqué puis le reconnaît. Et là, il n’y a plus de problème pour meubler les 12 minutes. Comme il s’avère qu’ils doivent prendre le même bus, ils continuent à bavarder à bâtons rompus – ils en profitent pour se fixer un rendez-vous déjeunatoire deux jours plus tard. Akbar se demande in peto s’il aura vraiment lieu1 – puis continuent dans le véhicule quand, enfin, il arrive. Pas trop tôt, se dit Akbar qui n’a pas envie d’arriver en retard au cinéma.

2. À la station suivante, nombre de passagers envahissent l’autobus. Et voilà qu’une dame approche d’un pas hésitant du quatuor de sièges où la Madone des réseaux et Akbar s’étaient installés. Akbar la reconnaît tout de suite : c’est une fort sympathique ex collègue d’un organisme parent au sien d’alors qu’il avait dû croiser pour la première fois il y a une bonne vingtaine d’années, puis de temps à autre, mais plus depuis une quinzaine d’années. Il lui tend la main pour l’aider à rejoindre le siège vide à ses côtés, et commence à lui parler en la tutoyant. Elle met un peu plus longtemps que la Madone à reconnaître Akbar, qui, élégamment, fournit mine de rien des éléments d’identification au cours de la conversation. Et clic, ça y est ! À part leurs noms respectifs qu’ils ont oubliés, le reste est là, et quand elle lui demande son numéro de téléphone avant qu’Akbar ne descende, cette lacune est comblée respectivement. Nul doute que la Madone des réseaux qui descend avec l’ex collègue à la station suivante, et dont le carnet d’adresse est aussi épais que l’Oxford English Dictionary (en 20 volumes), n’aura aussi obtenu ses coordonnées.

3. Akbar et Bartholomet Jo-Jo (dit Bart) se retrouvent comme convenu devant le cinéma. Comme il a encore un bon quart d’heure avant le début de la séance, le premier propose au second d’aller prendre un café au bistrot du coin, au nom très distingué : c’est le Royal-Jussieu, qui fait aussi « restaurant français spécialisé en viandes d’Aubrac », des affiches sur les murs en vantant la qualité. Ceci ne tombe pas dans l’œil d’un aveugle, en l’occurrence dans celui de Bart, originaire de l’Aveyron. Il se met à interroger le serveur qui l’informe que les patrons s’avèrent aveyronnaisContrairement à ce que l’on pourrait croire, les habitants de ce département ne sont pas tous juifs, du moins de la sorte de ceux pour lesquels leur judaïté s’avère au nez., eux aussi ; puis, discutant avec la caissière qui avoue être leur fille, arrive à bien mieux localiser leurs patelins respectifs. Quelle joie !

4. Sortant du film où ils se sont fort réjouis des déboires de l’attachant Hrundi V. Bakshi joué par le génialement ineffable Peter Sellers, déboires (sans compter ceux du serveur qui sifflait tous les verres destinés aux invités) qui se termineront bien, on ne doute pas que Hrundi viendra chercher son caloquet, Akbar et Bart se rentrent à pied. Ils passent devant le fort impressionnant collège des Bernardins, et arrivent à jeter un coup d’œil à sa splendide nef gothique éminemment bien restaurée, puis s’offrent des glaces (chez Berthillon, voyons) et rejoignent la terre ferme sur la rive droite. Au feu, deux adultes et deux enfants semblent un peu perdus. Leurs échanges ne tombent pas dans l’oreille d’un sourd : c’est de l’hébreu pour Akbar, langue qu’il s’avère parler aussi couramment que possible après des décennies d’abstinence. Ils engagent la conversation. Les paumés désirent rejoindre Montmartre, et essayaient en vain d’arrêter les taxis qui passaient, mais aucun d’eux ne voulait s’arrêter. Akbar leur explique que ce n’est pas dû au BDSBoycott, Divestment and Sanctions, campagne de boycott organisée par des ONGs palestiniennes contre Israël. mais au fait qu’ils étaient tous pris, comme l’indiquait la lumière rouge sur leur toit… Aucun de libre ne passant, Akbar leur indique comment arriver en métro à leur destination. En passant, justement, ils échangent des informations biographiques respectives de façon fort sympathique.

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1. Eh bien non, la Madone des sleepings n’est pas venue au rendez-vous – faut-il s’en étonner ?, ronchonne Akbar – et n’a répondu que quelques heures plus tard aux messages d’Akbar en s’excusant de ne pas s’être réveillée…

Jeff et Akbar sont les personnages d’une série de bandes dessinées de Matt Groening, qui est aussi le père de la fameuse – et infâme – famille Simpson, dont Bart est l’un des membres.

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