Miklos
« Je donne mon avis non comme bon mais comme mien. » — Michel de Montaigne

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30 janvier 2005

[Traçabilité]

Classé dans : Progrès, Sciences, techniques, Société — Miklos @ 20:05

Dès qu’il y a connexion, il y a possibilité de traçabilité entre le poste qui se connecte et le serveur, en interne comme en externe (via des logs TCP/IP, des logs de cache, etc., pour ceux qui connaissent la techique). Le numéro IP (qui apparaît aussi dans les mails) permet de remonter souvent à l’auteur…

Pour ceux qui étudient l’évolution de la technique (et plus généralement de systèmes formels), ce qui arrive est inévitable : le développement du numérique et de la massification imposent une traçabilité accrue, et à la clé l’identification de l’individu, comme mode de contrôle de « la machine » et de ses rouages. C’est aberrant quand on pense qu’il y a 60 ans on tatouait déjà des individus…

(Texte publié originalement dans un forum et recopié ici verbatim sans les commentaires outrés qu’il a suscités).

25 janvier 2005

Tom Paxton : We didn’t know (1965)

Classé dans : Musique, Shoah — Miklos @ 8:53

We didn’t know, said the burgermeister
About the camp on the edge of town.
It was Hitler and his crew
That tore the German nation down.
We saw the cattle cars, it’s true;
Maybe they carried a Jew or two.
They woke us up as they rattled through.
But what did you expect me to do?

We didn’t know at all, we didn’t see a thing.
You can’t hold us to blame, what could we do?
It was a terrible shame but we can’t bear the blame.
Oh no, not us, we didn’t know.

We didn’t know, said the congregation
Singing a hymn in their church of white.
The press was full of lies about us,
Preacher told us we were right.
The outside agitators came–
They burned some churches and put the blame
On decent southern people’s name
To set our colored people aflame.
And maybe some of our boys got hot
And a couple of niggers and reds got shot.
They should have stayed where they belong,
The preacher would have told us if we’d done wrong.

We didn’t know, said the puzzled voter,
Watching the president on T.V.
I guess we got to drop those bombs
If we’re going to keep south Asia free.
The president is such a peaceful man
I guess he’s got some kind of plan.
They’re saying we’ve tortured prisoners of war,
But I don’t believe that stuff no more.
Torturing prisoners is a communist game,
And you can bet they’re doing the same.
I wish this war was over and through,
But what do you expect me to do?

24 janvier 2005

Paul Celan : Fugue de mort (Todesfuge)

Classé dans : Littérature, Shoah — Miklos @ 22:07

Lait noir de l’aube nous le buvons le soir
nous le buvons midi et matin nous le buvons la nuit
nous buvons nous buvons
nous creusons une tombe dans les airs on n’y est pas couché à l’étroit
Un homme habite la maison il joue avec les serpents il écrit
il écrit quand vient le sombre crépuscule en Allemagne tes cheveux d’or Margarete
il écrit cela et va à sa porte et les étoiles fulminent il siffle ses dogues
il siffle pour appeler ses Juifs et fait creuser une tombe dans la terre
il ordonne jouez et qu’on y danse
Lait noir de l’aube nous te buvons la nuit
nous te buvons midi et matin nous te buvons le soir
nous buvons nous buvons
Un homme habite la maison il joue avec les serpents il écrit
il écrit quand vient le sombre crépuscule en Allemagne tes cheveux d’or Margarete
Tes cheveux de cendre Sulamith nous creusons
une tombe dans les airs on n’y est pas couché à l’étroit
Il crie creusez la Terre plus profond vous les uns et vous les autres chantez et jouez
de son ceinturon il tire le fer il le brandit ses yeux sont bleus
plus profond les bêches dans la terre vous les uns et vous les autres jouez jouez pour qu’on y danse
Lait noir de l’aube nous te buvons la nuit
nous te buvons midi et matin nous te buvons le soir
nous buvons nous buvons
un homme habite la maison tes cheveux d’or Margarete
tes cheveux de cendre Sulamith il joue avec les serpents
Il crie jouez doucement la mort la mort est un maître venu d’Allemagne
il crie assombrissez les accents de violons
alors vous montez en fumée dans les airs
alors vous avez une tombe au creux des nuages on n’y est pas couché à l’étroit

Lait noir de l’aube nous te buvons la nuit
nous te buvons midi la mort est un maître venu d’Allemagne
nous te buvons soir et matin nous buvons nous buvons
la mort est un maître venu d’Allemagne son œil est bleu
elle te frappe d’une balle de plomb précise elle te frappe
un homme habite la maison tes cheveux d’or Margarete
il lance sur nous ses dogues il nous offre une tombe dans les airs
il joue avec les serpents et il songe la mort est un maître venu d’Allemagne
tes cheveux d’or Margarete
tes cheveux de cendre Sulamith

À lire :
Enzo Traverso : « Paul Celan et la poésie de la destruction », in L’Histoire déchirée. Auschwitz et les intellectuels, Les Éditions du Cerf, 1997.

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