Miklos
« Je donne mon avis non comme bon mais comme mien. » — Michel de Montaigne

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24 avril 2005

In illo tempore : George Fridric Handel : Israel in Egypt :בזמן הזה

Classé dans : Judaïsme, Musique — Miklos @ 9:47


 

 
Now there arose… And the children of Israel…
 

 

 
He rebuked the Red Sea…
 

 

 
But the waters overwhelmed their enemies…
 

 

 
And Miriam, the prophetess… Sing ye to the Lord…

19 avril 2005

Une de Chouchou

Classé dans : Humour — Miklos @ 22:24

- Tu chausses du combien ?
- Du 46,5.
- Mais c’est les pieds de Damoclès, ça !

Après Les Survivants, ou pourquoi je voterai “oui”

Classé dans : Littérature, Politique, Société — Miklos @ 0:25

C’est précisément parce qu’il pouvait dire “Wo ich bin, ist die deutsche Kultur” que Thomas Mann devait écrire Le Docteur Faustus, le roman dans lequel il tentait de montrer les liens existant entre le fascisme et sa chère culture allemande. Pour George Steiner, la même chose est vraie. Parce que, plus que quiconque, il est chez lui dans la culture européenne, une grande part de son œuvre, à commencer par Langage et silence, se caractérise par des questions comme : Pourquoi la trahison des clercs ? Pourquoi le lien indéniable entre esthétisme et barbarie ? Pourquoi l’éducation libérale n’a-t-elle pu empêcher la torture, les camps de la mort, l’Holocauste ?

Nous n’avons pas besoin d’évoquer, une fois encore, Heidegger et ses tendances fascistes, ni l’officer ss rentrant chez lui jouer du Schubert après sa journée de boucherie1. Nous refaisons sans cesse cette constatation, que ni la connaissance intellectuelle ni l’éducation libérale n’offrent la moindre garantie d’un bon jugement moral, sans parler d’une meilleure moralité. Des esprits érudits peuvent cultiver le nihilisme et nombreux sont les intellectuels qui, obsédés par des concepts abstraits comme “mondialisme” ou “capitalisme”, n’hésitent pas à légitimer la violence terroriste. Là encore, rien de nouveau. Dostoïevski a décrit cela dans Les Possédés : l’hypocrisie, la corruption intellectuelle, la fascination de la violence, la soif de pouvoir et un conformisme sans borne caractérisent un trop grand nombre d’intellectuels.

Tout cela est vrai. Mais ce qui est vrai aussi, c’est la longue liste des poètes et des penseurs qui n’ont pas été la proie de cette corruption intellectuelle, qui sont restés fidèles à leurs obligations morales envers le monde de l’esprit. Pour n’en nommer que quelques-uns : Thomas Mann, Ossip et Nadejda Mandelstam, Arnold Schönberg, Dietrich Bonhoeffer, Joseph Brodsky, Hermann Broch, Albert Camus, Paul Celan, René Char, Andreï Tarlovski, Václav Havel et George Steiner lui-même. Steiner, à contre-courant, est resté fidèle à son code moral et intellectuel personnel, à sa vocation d’“inviter autrui au sens” sans céder au nihilisme, au populisme ni à la politisation.

Qui plus est, les chefs-d’œuvre de l’héritage culturel européen portent eux-mêmes témoignage de ce qu’ils signifient pour la vie humaine. Qui n’a encore jamais fait l’expérience du pouvoir de l’art peut lire, dans le livre de Primo Levi, comment celui-ci a trouvé le courage de vouloir survivre à Auschwitz en se rappelant le Canto d’Ulysse dans La Divine Comédie de Dante. Alexander Watt écrit dans Mon siècle2 qu’il eut soudain la certitude de pouvoir supporter la Loubianka, la prison de Staline à Moscou, lorsque, par un petit matin de printemps, il entendit au loin un fragment de la Passion selon saint Matthieu, de Bach. Ces deux exemples célèbres montrent bien que si quelque chose — en dehors de l’amour et de l’amitié — est capable de donner un sens à la vie, c’est la beauté de l’art.

La culture n’est qu’une invitation, une invitation à cultiver la noblesse de l’esprit. La culture parle à voix douce : “Du sollst dein Leben ändern.” La sagesse qu’elle propose n’est pas révélée par les mots, mais par les actes. Être “cultivé” demande bien plus que de l’érudition et de l’éloquence. Avant tout, cela signifie courtoisie et respect. La culture, pas plus que l’amour, n’a la capacité de contraindre. Elle n’offre aucune garantie. Et pourtant, la seule chance d’atteindre et de protéger notre dignité humaine nous est offerte par la culture, par l’éducation libérale.

Il ne faut pas que les artistes et les intellectuels soient rois. Il ne faut pas même qu’ils s’efforcent de devenir rois ou de faire partie d’une élite au pouvoir. Mais une société qui ignore l’ennoblissement de l’esprit, une société qui ne cultive pas les grandes idées humaines finira, une fois de plus, dans la violence et l’autodestruction.

Bob Riemen,
Fondateur et directeur
de l’institut Nexus
3


1 Gitta Sereny, Au fond des ténèbres: de l’euthanasie à l’assassinat de masse, un examen de conscience. Denoël, 1973. (note de Miklos)
2 Alexander Wat, Mon siècle. Confession d’un intellectuel européen. Préface de Czesław Miłosz, trad. G. Conio et J. Lajarrige, Paris-Lausanne, De Fallois/L’Âge d’homme, 1989.
3 Extrait de l’introduction à George Steiner, Une certaine idée de l’Europe. Essai traduit de l’anglais par Christine Le Bœuf. Actes Sud, 2005.
L’institut Nexus est un groupe de réflexion qui se donne pour tâche de stimuler le débat culturel et philosophique européen.

17 avril 2005

Odes au chat

Classé dans : Humour, Littérature, Musique, Nature — Miklos @ 22:25

« Hâtez-vous d’ouïr et d’entendre, car ceci fut, arriva, devint et survint, au temps où les bêtes apprivoisées étaient encore sauvages… Mais le plus sauvage de tous était le chat. Il se promenait seul et tous lieux se valaient pour lui. » Rudyard Kipling, « Le Chat qui s’en va tout seul », in Histoires comme ça. L’édition originale de ces textes — dans un anglais très abordable avec des illustrations aussi amusantes que le texte, se trouve ici.

Les chats de l’Internet sont souvent moins amusants et intelligents que ceux de Geluck.

« Dans l’École des Femmes de Molière, lorsqu’Arnolphe revient dans sa maison, s’informe de ce qui a pu se passer en son absence et demande anxieusement : « Quelle nouvelle ? » Agnès, la naïveté, l’innocence, l’âme en fleur, encore blanche comme un lys, ne trouve que ceci à lui répondre : « Le petit Chat est mort. »1 Théodore de Banville, Le Chat, 1882. Beau petit texte sur cet animal si… tellement… essentiel.

Le petit chat est mort
Il est tombé du toît
C’est comme ça
Il a glissé sur j’sais pas quoi
Et patatras
On l’enterr’ra demain j’te jure
Dans un joli carton à chaussures
 
Le petit chat est mort
Et toi et moi on va couci-couça
À cause de quoi ? À cause que c’est
Chaque fois comme ça
Pourquoi c’est toujours les p’tits chats
Et jamais les hommes qui tombent des toits ?

Renaud, Le petit chat est mort, 1994.


1 Qui n’est pas sans rappeler l’amusante nouvelle d’Alphonse Daudet Le Pape est mort (dont j’avais cité un extrait ici bien avant les événements récents qu’on sait), incluse dans « Les Contes du Lundi ».

Il est terrible…

Classé dans : Littérature, Peinture, dessin, Sciences, techniques — Miklos @ 7:59

 

 
Jacques Prévert : « La Grasse matinée », in Paroles
dit par Serge Reggiani

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