Life in Hell: A Food Drama in Five Acts, a Prelude and a Happy Epilogue
Prélude
La Dame de chez Maxim Tartine :
— « À propos de ce restaurant de tartes flambées alsaciennes à volonté… »
Akbar :
— « J’y vais ce soir, attention…!
— Un samedi soir ? Je préviens la brigade de faction !
…
— C’est fait, Akbar est attendu, avec ou sans la Cantatrice, ils sont prêts !
— C’est avec Jeff. On apporte parapluies, extincteurs, piles de mots croisés et paquets de chips pour faire passer le temps, en attendant, au cas où.
— Que la force soit avec Jeff et Akbar ! »
Acte I
Le restaurant est plein à craquer. Une table dans un recoin plus calme les accueille. Zeimer (Al, de son prénom) s’approche.
— « Bonsoir. Vous êtes prêts à commander ? »
Akbar :
— « Oui, on commence par une bouteille de Gewurtztraminer. Peut-on l’avoir pour l’apéro, avant l’entrée ? », demande-t-il italiquement. Puis ils commandent entrées et plats. Al disparaît. Akbar à Jeff :
— « Je ne sens pas le truc, Al n’écoutait pas, va oublier… »
Acte II
Le vin tant attendu n’arrive pas. Akbar le redemande. Finalement, un serveur leur apporte deux verres et une carafe d’eau. Akbar reredemande le vin.
Plus tard, il aperçoit au loin Al s’approcher, les mains vides. Il lui lance son regard le plus noir, et lui rappelle télépathiquement sa demande. Al fait demi-tour et revient avec la bouteille en question.
Le vin est parfait et correspond à ce qu’en dit son étiquette : « puissant et typé, ample et rond, avec des notes épicées (poivre, coriandre…) et florales (rose, pivoine). » Akbar dit plus simplement que c’est ‘achement bon. Question fleurs justement, un indien, un bouquet à la main, descend à la cave d’où proviennent des vagues de brouhaha réjoui d’une foule d’étudiants en goguette. Il en remonte bien plus tard avec le même bouquet.
Acte III
Les entrées arrivent. Celle de Jeff, du jour, est très diététique : bien que calorique en principe, il y en a tellement peu qu’il la termine longtemps avant celle d’Akbar, qui pourtant mange bien plus rapidement que lui. Quant au pain, même topo que pour le vin : après plusieurs rappels, un regard noir fait l’affaire.
Long entr’acte.
Acte IV
Al :
— « Voulez-vous commander les plats ? »
Akbar :
— « On l’a déjà fait, avec les entrées. Voici ce qu’on a demandé : … »
Al l’interrompt avant qu’il finisse et s’éloigne. Akbar à Jeff :
— « Je t’avais dit… »
Les plats arrivent. Jeff et Akbar sont contents, c’est chaud, c’est bon. Ils dégustent en bavardant.
Al :
— « Que voulez-vous reprendre ? »
Akbar :
— « Moi, je reprends la même chose. »
Al disparaît avant que Jeff n’ait eu son mot à dire.
Les plats arrivent. Celui de Jeff est annoncé comme « champignons gratinés », mais il n’y a pas de champignons. Ça ne fait rien, Jeff est bien plus accommodant qu’Akbar, et trouve sa tarte bonne.
Acte V
Le patron, toujours attentionné, amical et aimable, mais quelque peu inquiet (il connaît ces clients et a dû remarquer les regards sombres d’Akbar) :
— « Nous sommes débordés, avec ce groupe d’étudiants arrivés une heure en retard… Tout se passe comme vous le voulez ? »
Akbar, doucereux :
— Oui, sauf que la tarte aux champignons sans champignons… », laissant la phrase suspendue.
Jeff reçoit sa dernière portion. Champignons, fromage, gratinage, tout y est. Il est content.
Épilogue
Akbar est un râleur. En fait, ils ont passé une bonne soirée. Après tout – ou avant tout –, l’atmosphère est sympathique, le patron est chaleureux, la nourriture est bonne ; que demande le peuple ?
Jeff et Akbar sont les personnages d’une série de bandes dessinées de Matt Groening, qui est aussi le père de la fameuse – et infâme – famille Simpson.