Miklos
« Je donne mon avis non comme bon mais comme mien. » — Michel de Montaigne

This blog is © Miklos. Do not copy, download or mirror the site or portions thereof, or else your ISP will be blocked. 

14 décembre 2008

Life in Hell: A Food Drama in Five Acts, a Prelude and a Happy Epilogue

Classé dans : Cuisine — Miklos @ 1:37

Prélude

La Dame de chez Maxim Tartine :

— « À propos de ce restaurant de tartes flambées alsaciennes à volonté… »

Akbar :

— « J’y vais ce soir, attention…!

— Un samedi soir ? Je préviens la brigade de faction !

— C’est fait, Akbar est attendu, avec ou sans la Cantatrice, ils sont prêts !

— C’est avec Jeff. On apporte parapluies, extincteurs, piles de mots croisés et paquets de chips pour faire passer le temps, en attendant, au cas où.

— Que la force soit avec Jeff et Akbar ! »

Acte I

Le restaurant est plein à craquer. Une table dans un recoin plus calme les accueille. Zeimer (Al, de son prénom) s’approche.

— « Bonsoir. Vous êtes prêts à commander ? »

Akbar :

— « Oui, on commence par une bouteille de Gewurtztraminer. Peut-on l’avoir pour l’apéro, avant l’entrée ? », demande-t-il italiquement. Puis ils commandent entrées et plats. Al disparaît. Akbar à Jeff :

— « Je ne sens pas le truc, Al n’écoutait pas, va oublier… »

Acte II

Le vin tant attendu n’arrive pas. Akbar le redemande. Finalement, un serveur leur apporte deux verres et une carafe d’eau. Akbar reredemande le vin.

Plus tard, il aperçoit au loin Al s’approcher, les mains vides. Il lui lance son regard le plus noir, et lui rappelle télépathiquement sa demande. Al fait demi-tour et revient avec la bouteille en question.

Le vin est parfait et correspond à ce qu’en dit son étiquette : « puissant et typé, ample et rond, avec des notes épicées (poivre, coriandre…) et florales (rose, pivoine). » Akbar dit plus simplement que c’est ‘achement bon. Question fleurs justement, un indien, un bouquet à la main, descend à la cave d’où proviennent des vagues de brouhaha réjoui d’une foule d’étudiants en goguette. Il en remonte bien plus tard avec le même bouquet.

Acte III

Les entrées arrivent. Celle de Jeff, du jour, est très diététique : bien que calorique en principe, il y en a tellement peu qu’il la termine longtemps avant celle d’Akbar, qui pourtant mange bien plus rapidement que lui. Quant au pain, même topo que pour le vin : après plusieurs rappels, un regard noir fait l’affaire.

Long entr’acte.

Acte IV

Al :

— « Voulez-vous commander les plats ? »

Akbar :

— « On l’a déjà fait, avec les entrées. Voici ce qu’on a demandé : … »

Al l’interrompt avant qu’il finisse et s’éloigne. Akbar à Jeff :

— « Je t’avais dit… »

Les plats arrivent. Jeff et Akbar sont contents, c’est chaud, c’est bon. Ils dégustent en bavardant.

Al :

— « Que voulez-vous reprendre ? »

Akbar :

— « Moi, je reprends la même chose. »

Al disparaît avant que Jeff n’ait eu son mot à dire.

Les plats arrivent. Celui de Jeff est annoncé comme « champignons gratinés », mais il n’y a pas de champignons. Ça ne fait rien, Jeff est bien plus accommodant qu’Akbar, et trouve sa tarte bonne.

Acte V

Le patron, toujours attentionné, amical et aimable, mais quelque peu inquiet (il connaît ces clients et a dû remarquer les regards sombres d’Akbar) :

— « Nous sommes débordés, avec ce groupe d’étudiants arrivés une heure en retard… Tout se passe comme vous le voulez ? »

Akbar, doucereux :

— Oui, sauf que la tarte aux champignons sans champignons… », laissant la phrase suspendue.

Jeff reçoit sa dernière portion. Champignons, fromage, gratinage, tout y est. Il est content.

Épilogue

Akbar est un râleur. En fait, ils ont passé une bonne soirée. Après tout – ou avant tout –, l’atmosphère est sympathique, le patron est chaleureux, la nourriture est bonne ; que demande le peuple ?

Jeff et Akbar sont les personnages d’une série de bandes dessinées de Matt Groening, qui est aussi le père de la fameuse – et infâme – famille Simpson.

13 décembre 2008

(Re)cherchez la femme

Classé dans : Langue, Médias — Miklos @ 14:25

« Petite, et dabitur vobis : quaerite, et invenietis : pulsate, et aperietur vobis. » (« Demandez et il vous sera donné ; cherchez et vous trouverez ; frappez et l’on vous ouvrira »). — Matt. VII:7.

« L’habitude fait les faux amis comme l’occasion fait les faux amants. » — Paul Léautaud

Une lettre d’information (professionnelle et payante) consacrée à l’enseignement supérieur et à la recherche titrait hier : « Harvard va geler les salaires et suspendre les projets de recherche de sa principale faculté ». Si c’est le cas, c’est la fin annoncée de la prestigieuse université : une partie de son financement (et celui de ses consœurs) provient justement de la recherche.

Heureusement qu’il n’en est rien. L’auteure de cet article (qui a publié ultérieurement un correctif) avait fait un contre sens dans sa traduction de l’annonce originale. Celle-ci parlait de “a hold on the bulk of current searches for tenure-track and tenured faculty”, soit « la suspension de l’essentiel des recrutements sur postes de professeurs permanents ».

La confusion entre search (action de chercher – pour trouver – quelqu’un ou quelque chose d’existant, selon le TLF) et research (action de chercher pour trouver, pour dévoiler, quelque chose de caché, d’ignoré, toujours selon le TLF) est courante en France : nous ne possédons que recherche pour traduire ces deux termes. Attention aux faux amis…

Perles du vendredi

Classé dans : Humour, Langue — Miklos @ 0:57

— « J’ai appris la grammaire selon la méthode Ogino. » — Un jeune homme probablement abstinent

— « Avez-vous un appareil de téléphone fixe sans fille que vous pouvez me donner ? »Petite annonce outrageusement sexiste

12 décembre 2008

Life in Hell: “There is no sincerer love than the love of food” (G. B. Shaw)

Classé dans : Cuisine — Miklos @ 22:56

Akbar aime manger (il est bien élevé). Akbar aime bien manger (ça se voit). Ce qui l’empêche souvent d’essayer de nouveaux plats, c’est qu’il ne se lasse jamais de ceux qu’il connaît déjà : le tartare de saumon ou le saumon mariné sur galette de céleri chaude, par exemple. Aujourd’hui, Emma se rapproche avec un regard allumeur : « Nous avons un très bon potage aux poireaux et à la Fourme d’Ambert… », sussure-t-elle d’un air entendu. Akbar ne dit ni une ni deux, il dit oui. La Fourme d’Ambert, il aime. Il en fait d’ailleurs une excellente tarte, avec des cerneaux de noix (il ne révèle pas les autres ingrédients).

La soupe arrive, fumante. Elle a du corps, ce n’est pas le genre nouvelle cuisine (un peu d’eau tiède avec une pelure d’oignon disposée élégamment au centre, selon Akbar). La cuisinière est généreuse autant du légume qui épaissit que du fromage qui lie et ajoute une saveur persillée. Akbar fait chabrot. Il est ravi : le corps se réchauffe et ses papilles sont flattées. Les quelques tranches de pain légèrement grillé agrémentent la potée. Ce n’est pas de la grande cuisine, c’est de la bonne cuisine. Copieuse, elle suffirait pour un repas.

Mais c’est sans compter sur Mumu : « Nous avons mis les brownies à la carte », dit-elle d’un air faussement négligent. C’est le coup de grâce : elle avait fait goûter Akbar au prototype, quelques jours auparavant. Coup de foudre : immatériel, ce n’était presque que du goût pur, un goût qu’Akbar apprécie d’autant plus qu’il est fan de chocolat noir. D’ailleurs, ici, ils font le meilleur pavé au chocolat qu’il ait mangé. Mais ce brownie… un nuage de chocolat, un rêve ! Aujourd’hui, il se rend : adieu, veaux, vaches, calories, vivement le brownie. Et la saveur reste suspendue dans son palais bien après le déjeuner…

Jeff et Akbar sont les personnages d’une série de bandes dessinées de Matt Groening, qui est aussi le père de la fameuse – et infâme – famille Simpson.

3 décembre 2008

Lettres, mots, livres

Classé dans : Littérature, Photographie — Miklos @ 22:27

Paris, années 1980 – Barcelone, 2008

The Blog of Miklos • Le blog de Miklos