Miklos
« Je donne mon avis non comme bon mais comme mien. » — Michel de Montaigne

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1 septembre 2009

Le tableau

Classé dans : Photographie, Récits — Miklos @ 21:33


Au fil des ans, l’homme se tassait et se voûtait, son pas devenait plus hésitant, ses promenades plus courtes. Puis il n’eut plus le courage de sortir de chez lui, l’effort était trop grand. Il passait le clair de ses journées dans son vieux fauteuil de cuir usé, enfoncé de plus en plus profondément, à tel point qu’il semblait parfois y disparaître. Il relisait inlassablement les livres qu’il avait aimés, il y en avait partout ; ils l’emmenaient, lui qui avait tant aimé voyager, dans de lointaines contrées, en d’autres temps, à y faire connaissance d’hommes et de femmes aux langues et aux mœurs étranges, à s’imaginer déguster les plats exotiques que des esclaves plaçaient devant eux, à deviner le son aigre et le rythme lancinant d’instruments de musique aux formes aussi sinueuses que les volutes d’encens qui voilaient parfois le paysage. À la fin d’un chapitre, il posait le livre sur ses genoux et poursuivait dans une sorte de rêve éveillé l’aventure, devenu lui-même l’un des personnages.

Ses yeux faiblissaient et ses lectures se faisaient plus rares, il écoutait alors la radio ou dodelinait de la tête. Il aimait encore tirer quelques bouffées d’Amsterdamer de sa pipe culottée. Elle s’éteignait rapidement sans qu’il s’en aperçoive, il ne la rallumait que rarement. Quand on lui apportait un repas – il ne reconnaissait pas la personne, était-ce celle de la veille ou une autre, était-ce le déjeuner ou le dîner, qu’importe – il se redressait, enfonçait dans l’encolure de sa chemise le coin d’une grande serviette blanche et mangeait lentement le repas posé sur la petite table devant lui.

Le soir, il se retrouvait au lit, bordé, un grand oreiller sentant bon la lavande sous le dos. Sur la table de chevet, il y avait autrefois un livre, c’était quand il pouvait encore lire. Maintenant, la table était vide. De temps à autre, machinalement, sa main tâtonnait de ce côté-là, effleurait à l’aveuglette la surface de bois lisse où s’accumulait la poussière. Un jour il n’eut plus la force de lever le bras.

Le lendemain on le retrouva mort dans son lit. Sur la table de nuit, un magnifique tableau était dessiné là où ses doigts avaient laissé des traces comme celles d’un fusain. C’était la campagne, une belle journée de printemps. Sur le chemin caillouteux qui la traversait de gauche à droite entre deux rangées d’arbres espacés, un petit garçon avançait en sautillant, seul. Plus loin devant lui, un homme dans la force de l’âge, un havresac à l’épaule, marchait d’un pas régulier. Ils semblaient se diriger vers une petite maison proprette qu’on apercevait à droite du tableau. À travers la haie, on distinguait une fenêtre ouverte, encadrée de vieux volets délavés. Dans la pièce, il y avait un lit sur lequel un vieillard était étendu la main posée sur la table de chevet. Au loin, les montagnes contemplaient, impassibles, la scène.

Alla breve. XV.

Classé dans : Actualité, Alla breve, Musique — Miklos @ 0:45

[107] 35% des ventes de musique aux US : en ligne. Selon une étude du NPD Group (aucun rapport avec un certain parti allemand), les disques compacts ont encore la cote aux US : ils constituent 65% des ventes dans la première moitié de 2009, les autres 35% reflétant les téléchargements payants, en croissance constante (20% en 2007, 30% en 2008). Selon leur projection, ils arriveront à égalité en 2010. La part du lion des ventes en ligne va à iTunes. (Source)

[108] Apple va faire des annonces musicales. Si ses ventes de musique croissent via iTunes, celles des iPods se sont ralenties avec le développement des ventes d’iPhones. Le 9 septembre, Apple fera des annonces – peut-être de nouveaux iPods pour booster leurs ventes, et, croit-on savoir, la disponibilité du catalogue des Beatles sur iTunes. Vous iSuivez ? (Source)

[109] Vente en ligne : de la piste à l’album. Les systèmes actuels de vente en ligne n’offrent que des « pistes », ce qui ne convient pas par exemple à la distribution d’œuvres classiques qui en comprennent plusieurs, et ne comprend pas ce qu’on peut trouver dans un CD : couverture et documentation (paroles, photos, etc.). C’est pourquoi quatre majors (Sony, Warner, Universal et EMI) se sont alliés pour créer un nouveau format de téléchargement, appelé CMX (et rejeté par Apple, qui développe le sien, code Cocktail) qui comprendra aussi des vidéos. Il sera testé sur le public en Novembre, peut-être sur un album de U2. (Source, source)

[110] Opéra pour TGV. Sans crier gare est une nouvelle création de la compagnie nationale de théâtre lyrique et musical de Franche-Comté, Justiniana, inspirée par le roman fantaisiste d’Alessandro Barrico Châteaux de la colère (dans lequel l’un des personnages veut se faire construire sa propre voie de chemin de fer, toute droite, de 200 km), et « reposant sur deux repères historiques », La Vie parisienne d’Offenbach et… le chantier de la ligne grande vitesse Rhin-Rhône. On leur souhaite que ça roule ! (Source)

[111] Nouveaux directeurs aux conservatoires nationaux. Pascal Dumay et Géry Moutier, tous deux pianistes, et âgés de 52 ans, ont été nommés directeurs respectivement du Conservatoire national supérieur de musique et de danse (CNSMD) de Paris et de celui de Lyon. (Source)

[112] Disparition de Joe Maneri. Ce musicien talentueux avait fait des études très sérieuses avec un élève d’Alban Berg, puis enseigne le contrepoint et la composition au Conservatoire de Brooklyn tout en composant, ce qui ne l’empêche pas d’avoir une carrière parallèle de clarinettiste et de saxophoniste dans des musiques traditionnelles et pop, puis jazz. Intéressé par la microtonalité, il l’enseigne à ses élèves et invente un clavier électronique de cinq octaves composées de 72 notes chacune. (Source)

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