Miklos
« Je donne mon avis non comme bon mais comme mien. » — Michel de Montaigne

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30 novembre 2009

Le texte dans sa plus simple expression, selon Google

Classé dans : Langue, Musique, Sciences, techniques — Miklos @ 2:33

“There’s nothing more fascinating and beautiful to our ear than to hear someone speak English with a French accent. It just gives it a charm which is unparalleled.” — Jud Hurd, Cartoonist Profiles: Charles Schulz, 1979.

“French chic, glamour, beauty and sophistication. . .” — William Leiss, Stephen Kline and Sut Jhally, “Semiology and the Study of Advertising”, in Clive Seale, Social Research Methods: A reader, London, 2004.

« La corruption du siécle, de la mode, de la coûtume & et de l’usage commun où l’on vit aujourd’hui, est telle, qu’il n’y a plus de mesure, plus d’ordre, plus de distinction : tout le monde s’en fait accroire, & personne ne se rend justice ; les petits veulent imiter les grands : & ce qui étoit autrefois un ornement pour une Princesse, est devenu par la corruption & la vanité, un ajustement commun & ordinaire pour une simple Bourgeoise. » — L’instruction des filles, cité par Vincent Houdry, S.J., La Bibliothèque des prédicateurs, Lyon, 1715.

L’accent français a, pour les Américains, un charme tout aussi irrésistible et indéniable que la mode de notre pays. Mais la variété de nos accents (de l’aigu au grave, en passant par le tréma et le circonflexe) et autres signes bien de chez nous (la cédille) n’est pas sans causer des problèmes à l’informatique née outre-Atlantique : l’alphabet ne s’y encombre pas de signes diacritiques. Leurs logiciels déferlent allégrement sur la face de la Terre ignorant langues et particularismes, tel McDonald’s à l’assaut des gastronomies locales. On est alors parfois contraint de supprimer tous ces signes de textes avant de les passer à ces logiciels, l’homme illustré transformé au passage en un homme illustre, le pêcheur confondu avec le pécheur

Pour effectuer cette transformation, on tâchera de ne pas réinventer la roue, et de trouver un bout de programme qui le fait. On cherchera donc (en anglais, bien entendu) quelque chose qui ôte les accents dans une chaîne de caractères, soit Remove accents from a string. Et voici la page que Google nous affiche :

On y remarque vers le bas (surligné en jaune) le début de la solution. Mais surtout, on remarque au-dessus et à droite les publicités que Google nous fourgue (encadrées en rouge) : « Vous cherchez un string ouvert ? Comparez les prix des strings ! » ou, plus osé, « Cherchez String transparent Venez Vite les Découvrir ! ».

comme ailleurs, Google a fait fi du sens du contenu de la page qu’il nous a renvoyée, dans laquelle string signifie chaîne (de caractères). Voyant une requête provenant de France, et supposant qu’on y est plus intéressé par la mode, et d’autant plus si elle est coquine (c’est notre réputation), il nous a prestement proposé de nous (dés)habiller.

Il est vrai que cet accoutrement est souvent réduit à sa plus simple expression : une cordelette, string, en anglais ; mais cet élément de lingerie y est appelé G-string (aucun rapport avec le point G – le terme dénotait au 19e s. un élément vestimentaire indien, le geestring). À ne pas confondre, pour un anglophone, avec ce que Bach célébrait dans son célèbre air éponyme (quoique ?) :

Tout ceci ne nous fera pas oublier l’interprétation qu’en ont donnée les Swingle Singers en leur temps.

Pour finir, on citera à propos de la mode ce qu’écrivait en 1658 le R.P. du Bosc (« conseiller et prédicateur ordinaire du Roi ») dans L’honneste femme, divisée en trois parties – il s’agit de la division de son texte – texte qui ne manque pas de nous surprendre pas sa « modernité » :

Il est certain que de quelque façon que nous puissions être vêtus, difficilement plairons nous à toute sorte de personnes ; ou les vieux ou les jeunes y trouveront à redire : & il est presque impossible d’éviter ou la risée des uns ou la censive [censure] des autres. Il y a des esprits hypocondres qui ne sauraient souffrir qu’on fasse rien à la mode, & qui trouveront infailliblement une chose injuste, si on ne leur prouve qu’il y a mille ans qu’elle est inventée. C’est bien mépriser le temps présent pour faire de l’honneur au passé :sans considérer qu’il faut souffrir ce qu’on ne peut empêcher, & qu’il y a souvent moins de vanité à suivre les modes reçues, qu’à se tenir aux anciennes. Véritablement les fols les inventent, mais les sages s’accommodent au lieu de les contredire ; les habits aussi bien que les paroles se doivent conformer au temps.

28 novembre 2009

Biographies de quelques compositeurs contemporains

Classé dans : Musique, Sciences, techniques — Miklos @ 19:56

Pour voir cette animation, l’exécution de Javascript doit être autorisée et Flash 9 installé.

25 novembre 2009

« Certaines annonces qui sont affichées sur le Crédit Lyonnais sont des escroqueries. » (Google)

Classé dans : Actualité, Langue, Sciences, techniques — Miklos @ 3:18

On a récemment parlé de Craigslist, ce service international de petites annonces. La facilité d’y publier anonymement n’importe quoi, sa gratuité, le volume astronomique d’annonces qui s’y rajoutent chaque jour, contribuent à la croissance des abus de tous genre (du virtuel au réel, de l’escroquerie – le plus communément – au viol, voire au meurtre, heureusement plus rares… pour le moment). Il n’est donc pas étonnant de lire dans de nombreux forums des messages indignés à propos de ces phénomènes.

Dans l’un d’eux, anglophone, on pouvait lire : “Some ads which are posted on CL are scams”. Il est évident pour tout lecteur, à partir du contexte de la discussion, que « CL » est une abréviation qui désigne Craigslist. Eh bien, ça n’est pas aussi évident pour Google, pour qui le contexte n’est pas le texte dans sa langue et son pays d’origine, mais ceux de l’internaute qui utilise son système de traduction automatique, dont le résultat est cité dans le titre de ce billet. Google, lecteur vorace s’il en est, a dû certainement tomber récemment sur cet article.

23 novembre 2009

Quand la réalité rejoint la fiction

Classé dans : Actualité, Cinéma, vidéo, Littérature — Miklos @ 21:31

“And he knew what they were doing too. (…) They were forcing him to be silent. They didn’t want to hear him. They weren’t interested in anything but getting him off their minds.” — Dalton Trumbo, Johnny Got His Gun, 1938.

On vient d’apprendre le cas tragique de Rom Houben : il y a 23 ans, ce beau jeune homme sportif s’est retrouvé entièrement paralysé – y compris la capacité à parler – suite à un accident de la route. Le handicap qui en a résulté est tellement profond qu’il a été diagnostiqué alors comme étant plongé dans un coma profond, la conscience éteinte. Vingt ans plus tard, on découvre que son esprit « fonctionne toujours complètement normalement », qu’il entend tout ce qui se dit autour de lui, mais qu’il ne peut réagir ni par le geste ni par la parole (ce dont sa mère était la seule à ne pas douter). Un ordinateur lui permet dorénavant de communiquer avec son environnement. On se souviendra du célèbre cas de Jean-Dominique Bauby, victime d’un locked-in syndrome (syndrome d’enfermement), et qui a pu écrire, lettre à lettre, Le Scaphandre et le papillon. Il est décédé peu après.

La presse rapporte que Rom Houben aurait écrit, une fois qu’il lui a finalement été donné de communiquer : « J’ai crié, mais personne ne pouvait m’entendre. » Cette phrase fait écho au long cri muet que pousse Joe Bonham quand finalement il arrive à communiquer avec son environnement en tapant en Morse avec sa tête sur le lit :

“He began to tap that he wanted out. His mind ran way ahead of his tapping but he kept on tapping just the same. What did he want? He’d tell them what he wanted the goddam fools. He’d tell them he’d tap it out to them word by word he’d remember every bit of it and put it down in dots and dashes and then they would know. As he tapped he thought faster. He grew angrier and more excited and he tapped faster and faster trying to keep up with the words that were pounding on the inside of his mind the words he could finally use all the words he had thought of in all the years he had lain silent for he was talking now for the first time he had learned how and he was talking to someone outside.”

Ce jeune Américain est mutilé par un obus durant la Première Guerre mondiale. Il en perd les quatre membres, les yeux, le nez, la bouche, les oreilles. Ce tronc humain ne peut que percevoir les vibrations de son lit, la caresse du soleil ou le toucher de l’infirmière sur sa peau. Dans l’hôpital où il se trouve, il n’est pour le personnel qu’un objet inerte qu’ils entretiennent. Sauf pour une nouvelle infirmière, qui écoutera enfin son long hurlement, sa prière où il supplie qu’on l’aide à sortir de cet enfermement – au soleil et à l’air, avec les gens. “He began to tap again and to tell them pleadingly haltingly humbly that please he wanted out. He wanted to feel air against him the fresh clean air outside a hospital. Please understand. He wanted the feel of people of his own kind free and happy. There really wasn’t any good reason except that.”

Johnny Got His Gun (Johnny s’en va-t-en guerre) est un texte extraordinaire (il est tristement ironique que le livre ait été frappé de mutisme – la censure MacCarthyiste – en son temps) : il relate pour l’essentiel ce qui se passe dans la tête de Joe, ses souvenirs, sa nostalgie, sa frustration croissante, la perception qu’il a de son environnement qui a tout du carcéral ; c’est pourquoi le film qui en a été fait – par l’auteur, qui est surtout un réalisateur – ne peut en rendre la dimension intensément tragique : il ne peut y avoir d’images et de voix que celles de ses souvenirs, tout est dans la parole écrite, silen­cieuse et pourtant si évo­catrice, tour à tour élé­giaque et mélan­colique, frustrée ou confuse. La réponse qui le frappe – littéralement – est celle de toute administration : What you ask is against regulations.

Rom Houben ne guérira pas, mais contrairement à Joe, un canal s’est enfin ouvert, et, on l’espère pour lui, ne se refermera pas.

Voilà pourquoi je ne fais plus de dons au Sidaction

Classé dans : Actualité — Miklos @ 18:39

Lettre envoyée le 12 septembre 2008, en recommandé avec accusé de réception, au directeur général de Sidaction. L’accusé de réception a été retourné signé, la lettre est restée sans réponse.

Monsieur,

Cela fait des années que je contribue à la cause de la lutte contre le sida, et en particulier à Sidaction/Ensemble contre le sida (je pense aussi avoir été la première personne à créer un site web francophone d’information sur ce sujet, en 1994).

Lors de votre campagne de mars 2008, j’ai tenté de payer en ligne à trois reprises, sans succès. Craignant d’avoir été débité autant de fois, j’ai immédiatement envoyé des courriels aux adresses indiquées sur le site, signalant le problème que j’avais eu, et demandant d’être informé s’il y avait eu facturation ou non.

J’ai reçu une confirmation électronique que mes messages avaient été lus par leurs destinataires (entre autres, X*** à sidaction.org et Y*** [chez la] société ayant mis en place le serveur ?), mais je n’ai jamais reçu une réponse à mon interrogation de ces personnes ou de qui que ce soit d’autre. J’ai donc envoyé une télécopie le 7 avril à votre intention, restée aussi sans réponse.

N’êtes-vous qu’une boîte à encaisser les dons (et à les distribuer, ce que je ne conteste pas) et ne sommes-nous pour vous que des comptes en banque ? Venant de recevoir deux nouveaux appels, je vous demande de rayer mon nom (qui apparaît donc au moins deux fois) de vos fichiers et de ne plus me solliciter : je saurai trouver bien d’autres débouchés à mes dons.

Berger, mets de l’ordre dans ta bergerie avant de crier haro sur le loup.

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