Miklos
« Je donne mon avis non comme bon mais comme mien. » — Michel de Montaigne

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19 janvier 2010

Google avant Google

Classé dans : Langue, Publicité — Miklos @ 9:10


“Google, google, google – google, google, goo, goo, GOO!” babilla le bébé. (Life Magazine, 3 novembre 1947)


“Barney Google” est le nom d’une bande dessinée américaine créée en 1919 par Billy DeBeck. Ci-dessus, publicité, Popular Mechanics, décembre 1925.


« Mes chers auditeurs – Je suppose que vous savez qu’il y a un nombre incalculable de langues sur Terre, plus que vous ne pourrez en dénombrer en une décade. Il y a toutes sortes de charabias, du Cherokee au Chaldéen – pour ma part, je considère que notre bon vieil anglais est le meilleur de tous ; il est aussi simple que l’alphabet, à tel point qu’on peut le lire couramment [en anglais : jeu de mots sur un contre-sens dans la traduction anglaise de Habacuc 2:2] et comprendre précisément de quoi il s’agit. Toutes les autres langues ne sont que des caquetages. Leurs locuteurs ne peuvent se faire comprendre sans se tortiller et remuer la tête de haut en bas comme une oie. Ils arrivent finalement à se débrouiller d’une façon ou d’une autre – et peuvent ainsi parler Turc, Tonga-wanga ou Bas néerlandais, je n’en ai rien à cirer. Entre nous, mes amis – une langue n’est pas toujours nécessaire pour exprimer des idées. Il y a des langues partout, sur la Terre comme au ciel et en dessous aussi – sauf chez les crustacées et dans la mélasse. Les oiseaux, les animaux et les insectes s’entendent entre eux, comme cul et chemise. Les Naïades batifolent dans les rivières – le vieux Neptune ronchonne sur l’océan — Diane chante dans la forêt – et Flore, la blonde patronne des fleurs, enseigne à ses jeunes filles en fleur comment parler avec l’homme dans une langue mystérieuse mais pourtant aisément compréhensible par celui qui tendra l’oreille à leur éloquence silencieuse. Oui, chers auditeurs – chaque fleur exprime un sentiment qu’elle veut partager ; et si vous ne piquez pas du nez, je me permettrai de développer ce point. » — Dow, Jr. [pseudonyme de Elbridge Gerry Paige], Short Patent Sermons, New York, 1841.

18 janvier 2010

Life in Hell: services publics hors service

Classé dans : Actualité — Miklos @ 15:14

Les services publics de l’État veulent réduire la quantité de papier qu’ils envoient à Akbar ? ils veulent réduire le personnel chargé de répondre à ses questions téléphoniques ? Ils font donc la publicité pour leurs services en ligne dans tous les relevés et communiqués qu’ils envoient à Akbar. Celui-ci se décide donc à les essayer.

Il commence par l’assurance maladie : comme il part à l’étranger fin janvier, vers la mi-décembre il décide de demander la carte européenne d’assurance maladie. La demande de code de connexion en ligne doit se faire en ligne, mais sa fourniture, curieusement, se fait par l’entremise de la Poste, sur papier : il ne la reçoit que quelques semaines plus tard, moins d’une semaine avant son départ, à croire que ce code est encore tapé sur une veille machine à écrire Olivetti ou Underwood par un rond-de-cuir.

Il décide donc de s’occuper d’Ameli. Il s’y connecte, Ameli lui demande à deux reprises le code provisoire (elle a un grave problème de mémoire, sans doute ; Akbar espère qu’elle est bien assurée), puis lui propose de choisir le sien, ce qu’il fait volontiers. Ameli râle (ça rappelle à Akbar le monde réel) en disant que le code n’est pas bon, mais comme elle l’affiche à côté du code provisoire, il ne se rend pas compte que c’est le code qu’il a fourni qui ne plaît pas à la dame : contrairement au célèbre jeu télévisé, elle ne digère que les chiffres.

Une fois passé cette étape, il arrive à déposer sa demande de carte. Ameli l’informe que cela prendra trois jours pour transmettre sa demande (par l’entremise d’un autre rond-de-cuir ?) qui sera alors traitée. À cette allure, je l’aurai pour mon voyage de vacances de Noël 2010, se dit Akbar.

Lorsqu’il se sépare d’Ameli, celle-ci lui propose de se connecter au site mon.service-public.fr, qui devrait répondre à tous ses besoins administratifs. Tiens, justement, j’ai besoin d’un extrait d’acte de naissance, se dit Akbar, qui s’y rend de ce pas.

Il entame la démarche. Elle le téléporte sur le site paris.fr, puisque c’est dans cette commune qu’il est né. Il clique, remplit des cases, clique encore, et finalement tombe sur une page remplie de code informatique indiquant une « erreur java ». C’est bien le cas, se dit Akbar, quelle java !

En clair et en novlang, ça a beugué. Il cherche le moyen d’écrire à la Mairie de cette commune pour lui demander comment faire, mais, bien maligne, elle ne fournit aucune coordonnée pour ce faire. Il ne doit plus y avoir de fonctionnaires, il n’y a que des ordinateurs, et ils ne veulent pas être dérangés (c’était l’heure de la pause déjeuner, justement).

Il retourne donc sur le site mon.service-public.fr pour leur indiquer que la démarche qu’il avait engagée chez eux n’a pas abouti. Il y a deux boutons pour communiquer avec eux dans la page Questions fréquentes : mais quand Akbar clique sur le premier, il tombe sur une page qui lui dit Erreur : cette page n’existe pas ou a été supprimée, il essaie alors le second, et derechef ce message à la couleur sanglante et au ton comminatoire lui saute aux yeux. Mais ce n’est pas ma faute, ce n’est pas ma faute, murmure Akbar incertain.

Heureusement, le site lui propose de Faire une remarque sur cette page. Il ne s’en prive pas, et se voit dire qu’on lui répondra dans un délai de un à sept jours…

Ô temps, tu as bien suspendu ton vol, hein ?, soupire Akbar.

Jeff et Akbar sont les personnages d’une série de bandes dessinées de Matt Groening, qui est aussi le père de la fameuse – et infâme – famille Simpson.

Le fauteuil

Classé dans : Récits — Miklos @ 0:26

« Cette cause, je la devinais en comparant ces diverses impressions bienheureuses et qui avaient entre elles ceci de commun que je les éprouvais à la fois dans le moment actuel et dans un moment éloigné, jusqu’à faire empiéter le passé sur le présent, à me faire hésiter à savoir dans lequel des deux je me trouvais ; au vrai, l’être qui alors goûtait en moi cette impression la goûtait en ce qu’elle avait d’extra­tem­porel, un être qui n’apparaissait que quand, par une de ces identités entre le présent et le passé, il pouvait se trouver dans le seul milieu où il pût vivre, jouir de l’essence des choses, c’est-à-dire en dehors du temps. » — Marcel Proust, À la recherche du temps perdu.

Depuis la mort de son père, le fauteuil était resté inoccupé. Lorsque l’homme passait à proximité, il y jetait toujours un regard, par habitude. Il était alors brièvement saisi d’inquiétude de ne pas y voir s’y dessiner la silhouette courbée du vieillard lisant ou somnolant. Il s’en serait rapproché pour s’assurer qu’il n’avait besoin de rien, pour échanger quelques mots ou pour partager silencieusement un long moment de complicité affectueuse.

Carré et confortable, ni trop bas ni trop profond, entièrement recouvert d’un velours de qualité mais fatigué, son siège et son dossier gardaient encore la trace du corps qui l’avait occupé chaque jour, et les accoudoirs étaient frayés là où les bras s’étaient posés si souvent. Le tapis, juste devant le fauteuil, était usé jusqu’à la corde, les semelles de cuir des chaussures de son père y avaient inlassablement creusé leur sillon.

Car son père était toujours habillé comme s’il allait recevoir du monde, même si les visiteurs se faisaient rares : costume gris anthracite croisé qui devenait plus flottant au fur et à mesure que son propriétaire s’effaçait, gilet à gousset, chemise blanche fraîchement repassée et amidonnée aux manchettes repliées et fixées par les boutons nacrés, cadeau de ses beaux-parents pour son mariage avec leur fille, cravate à pois sobre nouée à la perfection, chaussures en cuir noir étincelant cirées quoti­dien­nement. Ce n’était que le soir qu’il ôtait la veste et les chaussures, et enfilait une robe de chambre et des pantoufles.

Un jour, l’homme s’arrêta devant le fauteuil et le contempla longuement. Il passa délicatement ses doigts sur l’accoudoir de gauche, là où auparavant il posait sa main sur le bras décharné de son père, comme pour lui transmettre un peu du trop-plein d’énergie et de force qu’il sentait en lui et qu’il voulait désespérément lui donner, surtout quand il le voyait si épuisé. Mais le fauteuil était maintenant vide.

C’est alors qu’il décida de s’y asseoir. Le fauteuil l’accueillit, moulant son corps à la perfection. Il fut soudain saisi par l’impression de commettre une transgression qui le poussait à se relever, mais il résista, et graduellement se sentit envahi par une curieuse sensation, chaude et familière et inconnue et effrayante à la fois, celle d’une transmutation dont il ne comprenait pas encore le sens.

Le lendemain, la femme de ménage découvrit dans le fauteuil un vieillard engoncé dans un costume désuet et qui semblait dormir.

17 janvier 2010

Alla breve. XXVI.

Classé dans : Actualité, Alla breve, Musique — Miklos @ 17:11

[183] La Passion selon MacMillan. Le Boston Symphony Orchestra va donner la création américaine de la Passion selon Saint Jean, commande du chef d’orchestre Sir Colin Davis, qui va la diriger, à l’occasion des 80 ans du compositeur. Comment composer une telle œuvre après Bach ? Comment être fidèle à une tradition séculaire tout en utilisant la palette des formes d’expression musicale qui ont émergé après sans pourtant tomber dans des effets de mode ? C’est ce dont discute cet article du Boston Globe. On pourra écouter et voir ici un extrait de la création allemande en mars 2009.

[184] Bach toujours d’actualité. La musique de Bach – le style, la forme, les mélodies – n’a eu de cesse d’influencer les compositeurs, petits et grands (de Mendelssohn à Webern), qui lui ont succédé, comme lui d’ailleurs s’inspirait de ses prédécesseurs et de ses contemporains. La différence entre les uns et les autres ? Pour l’exprimer, on peut reprendre pour le compte de la musique ce que T.S. Elliott disait au sujet de la poésie : “Immature poets imitate; mature poets steal.” Les musiciens interprètes l’ont aussi mis à toutes les sauces et fait entendre certains… aspects de son œuvre à un public qui ne l’aurait jamais écoutée autrement, on pense par exemple à l’excellent ensemble vocal Swingle Singers, et, avec l’apparition des synthétiseurs, au Switched-on Bach de Walter Carlos, les uns comme les autres fidèles au style et novateurs dans l’instrumentation. Le quatuor Bach to the Future, lui, adapte le genre et fait de la fusion entre le style de Bach et le modern jazz, les rythmes latino, africains ou afro-cubains, le hip-hop. Leurs fondateurs, le pianiste, Michael Silverman et son frère Rob aux percussions, ont de qui tenir : leur mère enseignait le piano, et leur père était violoncelliste dans l’orchestre symphonique de St. Louis. (Source).

[185] John Adams, un maître avec un très petit marteau. Devinez qui a exprimé ainsi son opinion de ce compositeur populaire ? Indice : il a ajouté que c’était un mannériste, un compositeur de musique de genre, et que son opéra The Death of Klinghoffer était de la mauvaise musique de film. Encore un indice ? Dans un précédent Alla breve, on a cité un entretien avec lui, dans lequel il disait que les responsables de la radio française d’après-guerre étaient des nouilles. Dernier indice : un maître avec un marteau ? et quid du Marteau sans maître ? (il s’agit d’une personnalité vivante, pas de René Char). Bravo ! Dans un nouvel entretien, anniversaire oblige, il s’exprime sur sa relation à l’orchestre en général et celui de Chicago en particulier.

[186] L’histoire de l’histoire de la musique. Dans un très bel article, l’organiste David Yearsley, organiste et professeur à l’Université Cornell, parle de deux Histoires de la musique occidentale, très différentes l’une de l’autre et chacune d’un intérêt particulier. Il s’agit d’abord de celle de Donald Jay Grout (un ami de son grand-père, et, lui aussi, professeur à Cornell des années plus tôt – il est décédé en 1987). Cet ouvrage de référence a été publié en 1960 et est depuis régulièrement réédité et mis à jour. L’autre est… une série de poèmes d’August Kleinzahler, intitulée elle aussi A History of Western Music, que cet auteur écrit depuis un certain nombre d’années. Ces poèmes ne sont pas forcément tous consacrés explicitement à un sujet musical, mais ils reflètent, dans un style très libre, léger et profond en même temps, la variété des intérêts musicaux et artistiques de l’auteur, que l’on retrouvera dans son récent ouvrage d’essais Music: I-LXXIV.

[187] The glory of the human voice, ou le culte de l’amateur, ou encore un cul-de-sac culturel. Neil McCormick analyse dans un récent article du Telegraph (suivi d’un autre, le lendemain, au vu des réactions épidermiques au premier) le phénomène Susan Boyle. Elle a certaines qualités vocales – mais sans comparaison avec les « réellement » grandes : Bessie Smith, Billie Holiday, Aretha Franklin, Dusty Springfield, voire Amy Winehouse. Artistiquement, sa plus grande réussite aura été I Dreamed a Dream, qui est déjà émouvant en soi, et son histoire personnelle – femme d’un certain âge au physique ingrat, ignorée par les hommes – a rajouté à cette émotion, mais n’a aucun rapport avec ses qualités musicales. Enfin, le contexte : d’une part, la démocratisation des médias par l’internet et la starification de l’amateur (ce n’est pas récent : cf. notre Web comme hégémonie de l’amateurisme en 2005) – ce qui nécessitait avant l’internet bien plus de moyens (on se souvient de la cantatrice amateur Florence Foster Jenkins) – et, d’autre part, la stratégie des industries des médias visant à récupérer ces tendances, que ce soit à la télévision (téléréalité et boys-bands) ou sur disque : selon l’auteur, le nombre phénoménal de disques de Boyle (éditée par Sony, bien malins) achetés en 2009 (plus de 6 millions) et le peu de téléchargements indiqueraient que ce serait un public plutôt âgé (et féminin, rajoute-t-il, en rentrant la tête entre les épaules) qui s’y intéresse, qui se détourne des icônes siliconées et botoxées qui occupent la scène et des musiques actuelles. Pour résumer Neil McCormick : no future.

[188] Valse pour téléphone portable. Le pianiste et compositeur québécois Marc-André Hamelin (que la Wikipedia en langue française ignore presque totalement, contrairement à sa contrepartie en anglais, une insulte pour le Québec, libre ou non) vient de composer une valse inspirée par la sonnerie Nokia. Nulle doute que sa mélodie (celle de Hamelin) hantera votre mémoire plus agréablement que le harcèlement d’un portable ! L’histoire ne dit pas si le public a dû éteindre ses téléphones avant le récital. (Source).

[189] Écrivez vos partitions en ligne avec vos amis. Noteflight, une petite société américaine vient d’annoncer la prochaine mise en ligne d’un service hébergé qui permet de créer, seul ou en collaboration (« réseau social », disent-ils ils – à l’instar du Concerto du Fleuve Jaune, composé dans la Chine de Mao par un comité sous la direction de Jiang Qing en 1969 ?) des partitions à l’aide d’un logiciel d’édition interactif et d’en écouter le résultat. Le compositeur peut se créer des gabarits (par exemple : pour des œuvres pour piano solo ou pour quatuor). Il y en aura une version gratuite (et donc une version payante avec plus de fonctionnalités). On peut dorénavant le tester en ligne (cliquer sur la partition qui s’affiche ou sur “Try it now”).

Un grand organiste

Classé dans : Musique, Sciences, techniques — Miklos @ 2:32

Helmut Walcha était, selon la Wikipedia de langue française, un « claveciniste allemand » et un « organiste classique ». On peut se demander pourquoi la nationalité est attachée au clavecin et la période à l’orgue, mais bon, passons. La Wikipedia en anglais est plus cohérente, le classant dans les catégories “German harpsichordists” et “German classical organists”. On peut encore se demander pourquoi il fallait spécifier “classical” pour l’orgue et pas pour le clavecin (instrument pour lequel il existe un répertoire contemporain fort respectable et des interprètes fameux, à l’instar d’Elisabeth Chojnacka). On ne peut que supputer que c’est destiné à distinguer l’orgue à tuyaux des orgues et claviers électroniques.

Encore une différence entre les deux versions : « Il devint aveugle à l’âge de seize ans » dans l’une, “Walcha was blinded at age 19” dans l’autre. C’est cette seconde version que fournissent les Wikipedias en allemand et en tchèque, tandis qu’un ouvrage, Musik mit Blinden (« musique avec aveugles ») de Fraujke Saupendahl s’accorde avec la version française. De quoi perdre son latin (mais la Vicipædia Latina n’en parle pas). C’était, pour l’organiste, tout à fait secondaire : un article du livret accompagnant le magnifique coffret d’Archiv Produktion L’œuvre pour orgue de J.S. Bach et qui comprend la seconde intégrale que Walcha en a effectué, précise :

Helmut Walcha a plus d’une fois donné à entendre le peu d’importance qu’il accordait aux conséquences de la cécité irrémédiable qui l’atteignit en son jeune âge. (…) Nous en serions resté là si, au cours d’un entretien radiophonique, Walcha n’avait déclaré que la maladie qui lui ravit à tout jamais la vue du monde extérieur, en revanche lui avait ouvert et facilité la voie de l’univers intérieur. Quiconque est protégé de cet excès d’impressions visuelles auxquelles l’homme moderne se trouve exposé sans contrôle, ressentira la primauté organique de son ouïe et la représentation auditive se changera chez lui en un univers intime d’une immense richesse. Si, de plus, il est, à l’instar de Helmut Walcha, doué d’un tempérament musical au-dessus du commun, il sentira naître cette faculté d’adaptation et de communion à l’égard de structures musicales complexes, bien différent en cela de celui qui, séduit par l’aspect visuel de l’exécution musicale – par exemple la fascination exercée par le chef d’orchestre ou par le virtuose – ne jouit que des beautés superficielles de la Musique, comme il en est dans les compositions d’une valeur douteuse. — Karl Grebe

La Wikipedia italienne a adopté la même approche discrète que ce texte, “Affetto fin da bambino da una grave malattia agli occhi” sans même parler de cécité.

La version française n’a pas fini de nous interpeller. On y lit : « Après la Seconde Guerre mondiale, il fonda l’Institut de musique religieuse (Institut für Kirchenmusik) ». Si l’on cherche des précisions sur cet institut, on constate qu’il y en a un certain nombre en Allemagne et dans les autres pays de langue allemande… La Wikipedia allemande d’ailleurs ne référence que l’un d’eux, celui de Mayence. En comparant de nouveau les pages consacrées à Walcha dans les diverses Wikipedias, on constate que l’italienne indique qu’il est nommé directeur de l’institut de musique religieuse au conservatoire de Frankfort sans préciser s’il l’a créé ou non, ce qu’indique la Wikipedia allemande. Est-ce un institut indépendant ou un département du conservatoire (où enseignait Walcha) ? L’a-t-il créé ou non ? Tant de questions, si peu de réponses…

C’est une collègue qui vient de me donner le fin mot de l’histoire. Elle me cite un extrait du livret accompagnant la première édition des œuvres pour orgue de Bach par Walcha chez Archiv (je possède la seconde) :

“He also taught at the local conservatory (German: Konservatorium), where he was appointed to a professorship in 1938. In 1947 he assumed direction of the Depart­ment of Church Music at the city’s Musik­hochschule (Kirchen­musik­abteilung der Frankfurter Hoch­schule für Musik)”. — Martin Elste

La Wikipedia en français est donc dans l’erreur : il s’agissait de la direction du département de musique d’église au conservatoire municipal de Frankfort (auquel je viens d’écrire pour demander les circonstances de sa création), et pas d’un institut d’ailleurs inexistant.

Et pour se consoler de ce marasme, écoutons Walcha au clavecin dans un extrait des Variations Goldberg ou à l’orgue dans le Prélude et fugue en sol majeur, BWV 550. Quel art de la registration, quelle lecture posée et claire sans afféteries ni « beauté superficielle », comme le dit si justement Karl Grebe et qui va ainsi à l’essentiel : la musique. Et quelle musique… !

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