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« Je donne mon avis non comme bon mais comme mien. » — Michel de Montaigne

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31 octobre 2013

Comment se préparer à la grande panne

Classé dans : Histoire, Peinture, dessin, Progrès, Sciences, techniques, Société — Miklos @ 22:29


« Dites-donc, Duschmoll, c’est ce que vous appelez réseauter ? »
Source : Publicité IBM, Network World, 4 décembre 1989.

Pour ceux qui identifient l’internet avec le Web, on rappellera que l’émergence du premier, accompagnée de fonctions de courrier électronique, de forums, de chats et de transferts de fichiers, précède d’une vingtaine d’années l’invention du second au début des années 1990.

Ce qu’on sait un peu moins, c’est que le streaming audio a été développé dans les années 1920, bien avant l’apparition des réseaux informatiques, pour diffuser de la musique de fond à des grands magasins ; cette technologie, appelée ulté­rieurement Muzak, utilisait le multi­plexage de lignes télé­phoniques pour ce faire. Et si l’on remonte un siècle plus tôt, c’est en 1836 que Morse (et d’autres) invente le télé­graphe électrique.

Quant aux plus récents moyens de communication rapide, le tout premier SMS a été envoyé en décembre 1992 et Twitter a été créé en 2006.

Mais comment ferons-nous pour com­muniquer quand il n’y aura plus d’élec­tricité (d’autres questions se poseront alors aussi, mais on les laisse pour de futurs billets) ? À défaut de télé­pathie, on pourra évi­demment utiliser la méthode illustrée ci-dessus, mais sa portée est limitée. On rappellera donc d’autres technologies éprouvées : le sémaphore (1806), le porte voix (vers les années 1650), le pigeon voyageur (il y a environ 3000 ans) et les signaux de fumée (utilisés depuis l’antiquité en Chine sur la Grande Muraille jusqu’aux derniers Indiens d’Amérique avant leur colo­ni­sation). Faites vos réserves !


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source)

Life In Hell : Super U se lance dans le fast food

Classé dans : Actualité, Cuisine, Économie — Miklos @ 0:44


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Spirou est non seulement un pastaphile convaincu, mais aussi un caséophile averti (l’un et l’autre se combinant à perfection à l’aide d’une des trois petites rapes – toutes identiques – que possède Akbar pour ce faire). C’est pourquoi il veille à se fournir en grandes quantités de fromages de tous ordres qu’il consomme avec délectation.

Mais quelle n’est pas la surprise d’Akbar de constater qu’une belle tranche de 350 gr. de comté aop lc 32% usav. 18/21ms (rien que le nom lui donne l’eau à la bouche), encore hermétiquement emballée et conservée à 4° (bon, à 5°) comme le recommande l’étiquette, exhibe des tâches de moisissure. Je me demande si c’est une caractéristique d’une production spéciale du Fort des Rousses destinée à la gamme « Saveurs U », murmure-t-il in peto.

Il en parle à Spirou. Ils exa­minent l’étiquette, et constatent qu’il y est indiqué qu’il fallait consommer ce fro­mage le jour-même de son embal­lage. Spirou affirme, indigné, qu’il n’aurait jamais été capable d’ingérer ces 350 gr. si rapi­dement, même s’il lui arrive de fréquenter de temps à autres des fast foods : il n’a pas encore atteint ce niveau de consom­mation express, mais je ne désespère pas d’y arriver, ajoute-t-il avec son enthou­siasme habituel.

Akbar lui demande alors ce qu’il faut faire de ce fromage. Après un moment de réflexion, Spirou propose de le garder et de voir si après quelques mois d’affinage supplémentaire, il se transformera en roquefort (Akbar, lui, aurait préféré du bleu de Gex, mais ce n’est pas ses oignons son fromage). Comme ça, il n’y aura pas de gaspillage et on saura si c’était du vrai ou de la gomme.

Jeff et Akbar sont les personnages d’une série de bandes dessinées de Matt Groening, qui est aussi le père de la fameuse – et infâme – famille Simpson.

28 octobre 2013

Le Parisien innove

Classé dans : Actualité, Langue, Musique, Médias, Peinture, dessin, Société — Miklos @ 20:55


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Au cœur de notre culture, le français est une langue ancienne qui a régulièrement besoin d’être époussetée et rendue plus accessibles aux masses laborieuses qui peinent avec sa syntaxe et sa sémantique. C’est à quoi Le Parisien s’est évertué – dans un article concernant la vie culturelle, « Booba papa ? La rumeur qui enflamme Twitter » – en prenant des libertés avec l’orthographe et le sens souvent trop précis des mots de notre belle langue, dans le plus pur style rap (à propos, vous avez remarqué ce que donnent les trois premières lettres du nom de ce journal en verlan ?).

Ainsi, on peut y lire : « Depuis dimanche, Twitter est inondé de photos de Booba entouré d’une jeune femme. Cette jolie brune pose également avec un ventre arrondi. » Si ce ventre est celui de la jolie brune – ce que le journal ne précise par discrétion –, on peut se demander quelle est sa taille (en largeur) pour lui permettre, dotée d’un tel embonpoint, d’entourer ainsi son Booba qui pourtant n’a pas l’air filiforme. Mais là aussi le journal reste discret.

Mystère pour mystère, il rajoute que « Personne ne sait d’où viennent ses clichés, ni leur véracité est avérée. » Clin d’œil à la lectrice avertie (c’est la rubrique La Parisienne, après tout) qui saura lire entre les lignes : puisque ce sont ses clichés, ils doivent venir de sa poche, c’est avéré ça !

Plus loin, notre Parisien nous informe : « Au départ, une série de photos a affolé les fans, sans que l’on cinnaisse leur provenance, ni leur véracité. […] Booba, loin des textes hardcorde de certains de ses morceaux, coule des jours heureux avec une jolie brunette aux formes voluptueuses. […] on le voit souriant […] au côté d’une très jolie jeune femme. » On en déduirait que la brune voluptueuse n’a, comme une bande dessinée de Möbius, qu’un seul côté. Quoi qu’il en soit, on espère que son compagnon ne l’attachera pas avec une corde plutôt hard avant qu’ainsi naisse (remarquez-en la nouvelle orthographe) le fruit de leurs amours.

Tous nos vœux au jeune couple et à leurs fans.

En deux ou trois mots…

L’encyclopédie de la parole/Joris Lacoste : Suite n° 1 « ABC ».

Au début était le mot. Un magma originel, une foison de mots que pro­noncent vingt-deux personnes debout sur une estrade faisant face à un chef d’orchestre. Ici et là se détache briè­vement une parole ou une bribe de phrase pour retomber aussitôt dans la masse.

Puis ce brouhaha se transforme, se métamorphose, en une série incroyable, sidérante, d’extraits de bandes annonces, de conversations télé­phoniques à une voix, de cours de langue anglaise avec un accent russe, d’une répétition d’orchestre ou d’un accouchement sans douleur : les interprètes, seuls ou en groupe – le plus cocasse étant sans doute ce groupe d’hommes et de femmes qui parlent à l’unisson de la voix de la femme qui accouche… – reproduisent le rythme, le phrasé, l’intonation, l’accent, la musique présents dans les matériaux originaux. Ce faisant, ils lui donnent une dimension très particulière : on les entend, on les écoute autrement, comme on écoute les dialogues appa­remment banals de La Cantatrice Chauve Ionesco ou la mélodie des phrases – non seulement prononcées mais écrites ! – de The Cave de Steve Reich.

Et si vous ne l’avez encore vu en octobre au Centre Pompidou, courrez voir ce spectacle à Montreuil en novembre.

Trisha Brown: For M.G. – Homemade – Newark

J’avais découvert Trisha Brown – et la danse postmoderne en général – en voyant, dans les années 1980, le film documentaire Making Dances: Seven Post-Modern Choreographers de Michael Black­wood (j’en avais précé­demment parlé plus longuement), mais n’avais pu voir que peu de ses choré­graphies. Fort heureusement, le Festival d’Automne à Paris et le Théâtre de la Ville – qui nous donnent souvent l’occasion d’assister à des merveilles de danse contemporaine (bon, il y a des exceptions, mais elles confirment la règle) – nous proposent deux spectacles de la Trisha Brown Dance Company en guise de rétrospective de six de ses créations entre 1966 et 1994. Il faut dire qu’elle a décidé de mettre fin à sa carrière extraordinaire (plus de 90 œuvres à son actif) pour des raisons de santé et fait ses adieux avec ses deux dernières œuvres (datant de 2011) présentées cette année de New York à Lyon.

Dans le premier de ces spectacles, For M.G. (1991) et Newark (1987) sont exécutés par sept danseurs, hommes et femmes, habillés en collants qui leur sont comme une deuxième peau. L’abstraction et la fluidité de leurs mouvements sur une scène nue et sous un jeu de lumières discret mais efficace est tout simplement fascinante. Quant à Homemade (1966), comment ne pas penser à Dance (1979) de Lucinda Childs ? Ces deux grandes œuvres combinent danse et film de cette même danse, d’une façon si semblable et si différente ! Ici, c’est un solo de danseuse qui porte sur son dos le projecteur du film : l’image évoluera sur le mur du fond ou vers la salle en fonction de ses propres mouvements, se déformera, disparaîtra pour réapparaître. Amusant, magique, intelligent. Ces chorégraphies d’une modernité intemporelle n’ont pas pris une ride et, on ose l’imaginer, n’en prendront pas de sitôt.

Et si vous n’avez encore vu son œuvre, le second spectacle se donne cette semaine au Théâtre de la Ville.

Francis Poulenc : La Voix humaine.

On a pu assister au Conservatoire de Paris à la représentation d’un chef-d’œuvre coup-de-poing, La Voix humaine de Francis Poulenc. L’ar­gu­ment : une femme se fait larguer au téléphone. Quoi de plus banal, de nos jours, où le téléphone est l’intermédiaire inévitable dans nos vies, de l’amour à la rupture ? D’abord, la pièce de théâtre de Jean Cocteau que Poulenc a adaptée date de 1930, et si les communications filaires d’alors étaient aléatoires, celles cellulaires d’aujourd’hui le sont souvent aussi dans leur genre. Ensuite, c’est un dialogue dont on n’entend que l’un des correspondants, en l’occurrence la femme, dont la souffrance est loin d’être banale – la souffrance n’est jamais banale pour celui qui souffre – et qui passe par toutes les phases de l’exaltation, de la légèreté et de la tendresse au désespoir le plus profond. Mais tel que le texte est écrit, comment ne pas entendre aussi en creux l’homme, tour à tour doucereux, menteur, manipulateur ?

Cette tragédie est en soi un chef d’œuvre, et la partition qu’a écrite Poulenc est remarquable et particulièrement difficile pour la voix musicalement parlant (le français est, en soi, déjà difficile à chanter !) : « Butterfly et Tosca c’est très facile à côté de ça, j’ai chanté les deux », disait Denise Duval, dont on ne peut oublier l’interprétation extraordinaire qu’elle en avait donnée. C’est elle qui a créé l’œuvre en 1959, il en existe un fameux enregistrement (et un film). Et à ce propos, voyez donc ce qu’elle en dit des années plus tard lors d’une master class (elle avait alors 78 ans, remarquable !).

Ici, c’est Raquel Camarinha, élève au Conservatoire, qui en a donné une fort belle interprétation musicale – timbre, phrasé, intonation, agilité et expressivité – sans apparent effort malgré la grande complexité de l’œuvre. Quant à l’élocution et la prononciation, elles étaient quasiment parfaites, à l’exception de quelques voyelles ici et là qui « sonnaient » étranger. Le jeu corporel (visage, mains, corps…), lui, semblait moins convaincant, voire étrangement inexpressif : après tout, c’est encore une très jeune femme, il lui faudra du temps pour se mettre dans la peau d’une femme probablement plus âgée et expérimentée, autant dans l’amour que dans la souffrance… Au piano, Yoan Hereau, qui a su se jouer, lui aussi, des difficultés de la partition (et parfois aussi de la mise en scène, quand la femme l’enlace tandis qu’il continue imperturbablement à jouer…). La mise en scène d’Aleksi Barrière est simple – aucun mobilier (le lit apparaît brièvement dans une vidéo qu’on aime ou non sur le mur du fond de la scène), deux objets : le téléphone, la boîte de cachets, et innove (ou trahit ?) : on peut se demander si c’est réellement un dialogue déchirant ou un monologue délirant… Quoi qu’il en soit, c’est une tragédie.

Et si vous voulez vous changer les idées et remonter le moral, voyez donc Francis Poulenc et Denise Duval (elle n’est pas la seule à chanter !) dans une performance particulièrement cocasse d’un passage des Mamelles de Tirésias… Les féministes apprécieront.

26 octobre 2013

Quand La Une aurait dû passer à la trois et inversement…

Classé dans : Actualité, Médias, Sciences, techniques — Miklos @ 11:33


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