Let’s go native, ou, Le sens (bien) caché…
Ani’qu Ne’chawu’nani’, chant Arapaho (source)
Cliquer pour agrandir.
C’est en regardant sur Mezzo l’étonnante et souvent poétique et magique (et parfois curieusement kitsch) chorégraphie Voyageurs immobiles de P. Gentry et M. Underwood que j’ai été surpris d’entendre une chanson apprise dans mon enfance, sans que j’en aie compris alors les paroles : le web n’existait pas comme moyen universel de recherche de sens et de vérité.
Mais maintenant… Quelques clics m’ont permis de trouver deux sources francophones très estimées sur l’Internet – Wikipedia et YouTube – indiquant qu’il s’agissait d’une chanson en iroquois (langue que je ne pratiquais pas alors ; ni, d’ailleurs, maintenant, mais quoi doit être d’une ambiguïté extrême, les dites sources consultées en fournissant des traductions qui ne semblent pas avoir de rapport entre elles (sauf peut-être à en faire des analyses métaphysiques profondes pour en extraire les sens cachés) :
« Iroquois » |
Traduction Wikipedia |
Traduction YouTube |
Ani’qu ne’chawu’nani’ (´2) Awa’wa biqana’kaye’na (´2) Iyahu’h ni’bithi’ti (´2) |
Quand le soir descend au village indien Le sorcier apparaît dans la vallée Et le voilà qui arrive ! |
Père, aie pitié de moi, |
La source commune à ces citations – et à toutes celles qu’on a pu trouver – semble être un rapport scientifique datant de 1897 (cf. image ci-dessus) dans laquelle cette chanson est décrite comme un des plus tristes chants des danses des esprits des Arapahos – tribu amérindienne qui n’a rien à voir avec les Iroquois – et dont la signification correspond à celle fournie dans YouTube. Quant à la Wikipedia, même le lien vers l’enregistrement sonore de la dite chanson ne fonctionne pas. Et pourtant, ce n’est pas si sorcier que ça.
Pour en revenir à la chorégraphie, j’y ai retrouvé une autre chanson de mon enfance aux paroles quelques peu mystérieuses : « Koukaboura rit dans l’eucalyptus… ». Si je savais alors ce qu’était un eucalyptus – il y en avait plein là où j’avais grandi – je n’avais aucune idée qui (ou quoi) était ce fameux Koukaboura. En tout cas, ça faisait très tribal.
Et là aussi les clics m’ont révélé qu’il s’agissait d’une chanson australienne composée un beau dimanche de 1932 par une professeure de musique, Marion Sinclair (et qui n’a donc rien de particulièrement tribal). Le K. en question (Kookaburra dans l’original) est un oiseau australien, sorte de martin-chasseur (ça m’éclaire bien, ça), appelé Dacelo en français (tout aussi clair comme explication). Que ce soit en anglais (langue utilisée dans cette chorégraphie) ou en français, il y a bien un côté rigolard dans l’affaire, en tout cas bien plus que notre triste mélopée iroquoise arapaho : pas étonnant, cet oiseau aime bien se fendre la poire.