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« Je donne mon avis non comme bon mais comme mien. » — Michel de Montaigne

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8 novembre 2017

« Bien des gens se mêlent d’enseigner ce qu’ils devraient encore étudier » (Gabriel Girard)

Classé dans : Histoire, Langue, Société — Miklos @ 1:27

Extrait de l’ouvrage Histoire d’un livre de Charles Delon.
Extrait de Histoire d’un livre de Charles Delon.

Cette citation, provenant de l’article « enseigner, apprendre, instruire, informer, faire savoir » du Dictionnaire universel des synonymes de la langue française (que l’on peut retrouver ci-dessous) s’applique quelque peu à Charles Delon (1839-1900), l’auteur de Histoire d’un livre, ouvrage de vulgarisation à l’intention de la jeunesse. Dans le paragraphe qu’il consacre très brièvement à l’hébreu, l’exemple qu’il en donne (cf. image ci-dessus) comprend trois fautes de transcription indiquant sa méconnaissance de l’alphabet hébraïque et sa confusion entre des lettres de formes distinctes même si quelque peu semblables pour toute personne ignorant cette langue : le ו (correspondant à notre v ou u) et le ן (n en fin de mot), le י (correspondant à notre i) et le tiret, le ן (n en fin de mot) et le ך (k ou kh en fin de mot).

Ainsi, au lieu de בן-דוד (fils de David, troisième mot à partir de la droite), il écrit בוידוד (ce qui ne veut rien dire), et au lieu de להבין (comprendre, qu’il traduit par « donner l’intelligence ») on lit להביך (induire en confusion, ce qui n’est non seulement l’opposé, mais ce qu’il réussit à faire ici).

Quelques lignes plus haut, n’écrivait-il pas « Ainsi le nom de Salomon (en hébreu Salomoh)… », ce qui est faux de façon patente : ce nom se prononce en hébreu Chelomo. Cette erreur démontre que l’auteur ignorait la différence entre le שׁ (ch, première lettre du nom hébraïque de Salomon) et le שׂ (s).

À se demander quelles confusions se retrouvent dans les autres langues anciennes dont il parle et pour lesquelles il donne des exemples…

Pour finir, voici l’article dont est tirée la citation en titre.

«Enseigner, c’est uniquement donner des leçons. Apprendre, c’est donner des leçons dont on profite. Instruire, c’est mettre au fait des choses par des mémoires détaillés. Informer, c’est avertir les personnes des événements qui peuvent être de quelque conséquence. Faire savoir, c’est simplement rapporter ou mander fidèlement les choses.

Enseigner et apprendre ont plus de rapport à tout ce qui est propre à cultiver l’esprit et à former une belle éducation; c’est pourquoi l’on s’en sert très à propos lorsqu’il est question des arts et des sciences. Instruire a plus de rapport à ce qui est utile à la conduite de la vie et au succès des affaires ; ainsi il est à sa place lorsqu’il s’agit de quelque chose qui regarde ou notre devoir ou nos intérêts. Informer renferme particulièrement, dans l’étendue de son sens, une idée d’autorité à l’égard des personnes qu’on informe, et une idée de dépendance à l’égard de celles dont les faits sont l’objet de l’information ; c’est par cette raison que ce mot est à merveille lorsqu’il est question des services ou des malversations de gens employés par d’autres, et de la manière dont se comportent les enfants, les domestiques, les sujets, enfin tous ceux qui ont à rendre raison à quelqu’un de leur conduite et de leurs actions. Faire savoir a plus de rapport à ce qui satisfait simplement la curiosité, de sorte qu’il convient mieux en fait de nouvelles.

Le professeur enseigne, dans les écoles publiques, ceux qui viennent entendre ses leçons. L’historien apprend à la postérité les événements de son siècle. Le prince instruit ses ambassadeurs de ce qu’ils ont à négocier : le père instruit aussi ses enfants de la manière dont ils doivent vivre dans le monde. L’intendant informe la cour de ce qui se passe dans la province; comme le surveillant informe les supérieurs de la bonne ou mauvaise conduite de ceux qui leur sont soumis. Les correspondants se font savoir réciproquement tout ce qui arrive de nouveau et de remarquable dans les lieux où ils sont.

Il faut savoir à fond pour être en état d’enseigner. Il faut de la méthode et de la clarté pour apprendre aux autres ; de l’expérience et de l’habileté pour bien instruire, de la prudence et de la sincérité pour informer à propos et au vrai; des soins et de l’exactitude pour faire savoir ce qui mérite de n’être pas ignoré.

Bien des gens se mêlent d’enseigner ce qu’ils devraient encore étudier. Quelques-uns en apprennent aux autres plus qu’ils n’en savent eux-mêmes. Peu sont capables d’instruire. Plusieurs prennent la peine, sans qu’on les en prie, d’informer les gens de tout ce qui peut leur être désagréable. Il y en a d’autres» qui, par leur indiscrétion, font savoir à tout le monde ce qui est à leur propre désavantage. (G.)

Gabriel Girard (1677-1748), Dictionnaire universel des synonymes de la langue française : contenant les synonymes de Girard… et ceux de Beauzée, Roubeaud, d’Alembert, Diderot, etc.. Tome 1. Benoît Morin, éditeur scientifique. 1855.

7 novembre 2017

Hiérogrammates alors et aujourd’hui

Le Scribe accroupi, il y a 4500 ans et aujourd’hui. © Michel Fingerhut.
Le Scribe accroupi (4e ou 5e dynastie, 2600-2350 avant J.-C., musée du Louvre) après s’être, lui aussi comme nous tous, laissé tenter par les mirages de la modernité.

«C’est le nom que les Égyptiens donnaient aux Scribes sacrés chargés de l’administration des revenus des temples. Les villes avaient des idéogrammes comme les temples. Les premiers formaient des collèges, et ils pouvaient joindre d’autres dignités à celle d’hiérogrammate. Une palette de scribe,» le kasch ou roseau taillé, un papyrus ouvert ou roulé, sont les signes auxquels on les reconnaît sur les monuments.

Ange de Saint-Priest (éd.), Encyclopédie du dix-neuvième siècle : répertoire universel des sciences, des lettres et des arts, avec la biographie de tous les hommes célèbres. 1836-1853.

«C’est aux prêtres de cet ordre qu’était réservée l’administration des choses sacrées, et l’on m’excusera peut-être de dire en passant que l’habitude de poser sa plume sur le haut de l’oreille droite n’est pas une invention du génie bureaucratique moderne : il y a trois mille ans qu’on a peint dans les monuments de Thèbes des scribes de divers ordres paperassant librement de leurs deux mains au moyen de ce secours emprunté à leurs oreilles. Le schenti était leur habillement habituel, courte tunique que l’on» a réservée vraisem­bla­blement pour l’intérieur ; la calasiris, plus longue et plus ample, couvrait le schenti.

Jacques-Joseph Champollion-Figeac, Égypte ancienne. 1839.

«Dans les marais d’Égypte, au bord du Nil, croit en abondance une plante aquatique, qui offre à peu près l’aspect d’un roseau. Sa tige, allongée, ronde, verte, lisse et molle porte à son extrémité un bouquet de feuillage grêle. C’est la plante qu’on nomme papyrus (voir le frontispice). Les Égyptiens coupaient la tige au pied ; enlevant l’écorce verte, ils trouvaient dessous plusieurs couches superposées d’une sorte d’écorce blanche, mince, fine, et qui se détachait facilement en feuillets déliés, semblables à des bandelettes légères, asses larges. On étalait sur une table ces bandelettes encore humides de sève ; on en couchait plusieurs les unes près des autres et se joignant, de manière à former une certaine largeur; puis sur ces bandelettes on en étendait d’autres en travers, pour réunir et maintenir les premières. Puis on les dressait, on les collait ; il en résultait une sorte de feuille mince, légère, assez large, blanche : une véritable feuille de papier enfin ; car c’est du nom de la plante, du papyrus, que nous est venu notre mot de papier. Sur cette mince et fragile matière, le scribe égyptien, l’écrivain ou le copiste, traçait ses caractères déliés à l’aide d’un pinceau, d’un mince et léger roseau semblable à une frêle tige de jonc, effilé à son extrémité. Avec son roseau, il avait pour instrument principal une palette de bois, une planchette de forme rectangulaire, dans laquelle étaient ordinairement creusés deux petites cavités rondes en forme de godets. L’un de ces godets contenait une tablette d’encre noire solide, l’autre une tablette semblable d’encre rouge : ces tablettes étaient absolument pareilles aux pastilles de couleurs de nos boites à couleurs pour l’aquarelle. Une petite fiole, de verre le plus souvent, contenant de l’eau, complétait son attirail. Le scribe trempait son pinceau dans l’eau, puis délayait un peu de couleur sur l’une ou sur l’autre des deux tablettes. D’autres» délayaient à l’avance leurs couleurs et les conservaient liquides dans de petits encriers, où ils trempaient leurs roseaux pour écrire.

Charles Delon, Histoire d’un livre, 7e éd. 1902.

Combien de scribes ?.
M. Josseaume, Arthmétique universelle, Ou, Le calcul développé par l’arithmétique sans le secours de l’algèbre ni des équations. Paris, 1754.

1 novembre 2017

Quelques alternatives toujours éprouvées au courrier électronique

Classé dans : Musique, Peinture, dessin, Photographie, Sciences, techniques, Société — Miklos @ 12:57


« Offrir une tournée à un facteur ne manque pas d’à-propos. » — Frédéric Dard
Cliquer pour agrandir.

Quand un facteur s’envole
S’envole, s’envole
C’est qu’il est trop léger
Alors pour voyager
Au-dessus des platanes
Il plane, il plane
Au-dessus des maisons
Il chante une chanson
Les oiseaux à la ronde
Lui font bonjour
Autant d’oiseaux au monde
Autant de lettres d’amour
Que le facteur apporte
Et glisse sous les portes
C’est le courrier du cœur
Le courrier du bonheur
C’est le courrier du cœur
Le courrier du bonheur
Joie sans pareille
Pour le facteur
Comme il fait bleu
Qu’il fait bon dans son cœur !
Il s’émerveille
Ô liberté
Joli soleil
Amour clarté !

Quand un facteur s’envole
S’envole, s’envole
Il voit le monde petit
Les gens comme des fourmis
Le clocher du village
Bien sage bien sage
L’école et la mairie
Et la gendarmerie
Sa fiancée toute rose
Dans un jardin
Comme une fleur éclose
Au milieu du chemin
Alors vite il se repose
Et cueille cette rose
Qu’il emporte avec lui
Seul dans son paradis
Qu’il emporte avec lui
Seul dans son paradis
Et c’est ainsi
Ainsi que finit
La chanson folle
Du facteur qui s’envole.

Charles Trénet

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