Miklos
« Je donne mon avis non comme bon mais comme mien. » — Michel de Montaigne

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31 mars 2019

Back to the future, ou, Il est vraiment temps de vendre les aéroports de Paris

Classé dans : Actualité, Littérature, Progrès, Sciences, techniques — Miklos @ 22:55

Aéroplane, Le Petit Journal 1912.

Un ami devant prendre demain un vol Pékin – Paris, je me connecte au site des aéroports de Paris pour être alerté sur ce vol, service bien utile qui informe d’éventuels retards.

Quand ça marche.

Là, d’évidence, rien ne marche.

Je commence par chercher le vol par son numéro.

Le site répond : « Aucun vol ne correspond à votre recherche. Veuillez modifier vos critères. »

Alors je cherche par sa provenance – Beijing.

Le site répond : « Aucun vol ne correspond à votre recherche. Veuillez modifier vos critères. »

J’essaie « Pékin ».

Le site répond : « Aucun vol ne correspond à votre recherche. Veuillez modifier vos critères. »

Finalement je cherche par le nom de la compagnie.

Le vol – avec le numéro et la provenance (« Pekin » sans l’accent ; avec l’accent – qui est l’orthographe correcte – le site ne connaît pas) que j’avais indiqués – s’affiche.

Je clique alors sur « Être alerté sur ce vol ».

Le site répond : « Impossible de créer un assistant sur un vol passé. ».

C’est une blague du 1er avril par anticipation (nous sommes encore pour quelques heures le 31 mars) ?

Je vais (façon de parler) sur la page « Contacts » pour signaler ce curieux fonctionnement.

La page « Contacts » affiche :

Vous pouvez nous contacter en utilisant le formulaire ci-dessous. Paris Aéroport s’engage à vous répondre dans les meilleurs délais. Si vous êtes membre du programme de fidélité connectez-vous sur votre tableau de bord pour accéder à votre formulaire dédié.

Le formulaire est en cours de maintenance et sera de nouveau disponible dans les prochains jours. 

Par une curieuse association d’idées, ces événements me rappellent « Une vraiment trop drôle » d’Édouard Osmont (1874-1922), qui n’a rien à voir avec les aéroports, mais qui décrit un enchaînement… un enchaînement inéluctable (même si dans mon cas la conclusion fut différente que dans le sien).

La voici (et c’est bien la première fois qu’elle apparaît en ligne) :

UNE VRAIMENT TROP DRÔLE

Comme il devait se battre en duel le lendemain matin, et qu’il tenait spécialement à tuer son adversaire, M. Tapinois s’exerçait au pistolet dans la salle à manger.

Comment fit-il son compte ? Il est assez difficile de le savoir. Toujours est-il qu’au lieu d’aller faire vibrer la plaque de fonte, une balle s’en fut tuer net la bonne à tout faire, occupée pourtant assez loin, dans la cuisine, au fond d’un couloir, sur la cour.

Très embêté, M. Tapinois commença par verser quelques larmes sur le malheureux sort de la bonne à tout faire. Il avait une véritable affection pour cette fille, qui lui était, en réalité, très précieuse.

Puis, il s’effraya des conséquences possibles de son action.

La présence d’une bonne à tout faire chez un célibataire encore vert peut donner lieu à pas mal de commentaires. Des cancans plutôt malévoles étaient à craindre dans le quartier. On ne manquerait pas, sans doute, de glisser peu à peu de fâcheuses insinuations tendant à faire croire à un crime passionnel. Et le geste tout involontaire de M. Tapinois pouvait être travesti en meurtre prémédité.

M. Tapinois eut froid dans le dos.

Le plus simple lui parut de chercher à dissimuler le cadavre et de faire croire à un enlèvement.

Dans le placard ad hoc, il alla chercher une forte malle, dévissa soigneusement la plaque de cuivre qui portait son nom gravé en majuscules, prit dans ses bras le cadavre de la bonne à tout faire, l’installa aussi confortablement que possible dans la malle, rabattit le couvercle, boucla étroitement les courroies et ferma les deux serrures à double tour, pour plus de sûreté.

Je ne sais si vous avez remarqué, mais rien ne donne plus soif que de tuer une bonne à tout faire, même sans le faire exprès.

Ayant soif, M. Tapinois descendit donc dans la rue et alla s’attabler devant des bocks à la proche brasserie.

Là il réfléchit.

Il commença par se demander dans quels pays lointains il allait bien pouvoir porter sa malle pour la soulager de son contenu.

Puis il pensa non sans amertume qu’il n’aurait personne pour lui apporter son chocolat le lendemain matin.

Il se dit encore que s’il était blessé dans son duel, le médecin, la garde, les gens qui ne manqueraient pas de l’entourer pourraient fort bien découvrir le cadavre de la bonne à tout faire et que, certainement, il en résulterait pour sa tranquillité de fâcheux désagréments.

La perspective d’avoir à cirer lui-même ses souliers le lendemain lui valut de même quelques soucis.

C’est plutôt plongé dans un certain marasme qu’il regagna pensivement ses pénates.

Avant de se coucher, il voulut revoir sa victime.

Il déboucla donc les courroies, ouvrit la malle et, prenant sa lampe pour mieux voir, se pencha sut l’ouverture.

Damnation !

Le cadavre de la bonne à tout faire avait disparu.

M. Tapinois étouffa un cri de terreur et laissa échapper la lampe qui se brisa en mille morceaux.

Il dut rallumer une autre lampe.

Puis, pensant que quelque cambrioleur pouvait s’être introduit chez lui pendant sa courte absence, il fit le tour de l’appartement.

Il ne trouva rien.

En passant devant une glace, il se vit.

Il avait vieilli de dix ans.

N’y comprenant plus rien et éprouvant le besoin de se reposer un peu en prévision de son duel, il résolut de se coucher.

Il entra dans sa chambre et s’approcha du lit pour le préparer.

Horreur !

Le cadavre de 1a bonne à tout faire était dedans.

M. Tapinois laissa échapper un cri de terreur et étouffa ta lampe qui se brisa en mille morceaux.

N’ayant jamais eu que deux lampes, il dut se munir d’un bougeoir.

Il revint près du lit. Le cadavre de la bonne à tout faire avait disparu.

M. Tapinois se regarda dans la glace.

Il avait encore vieilli de dix ans.

Puis il se déshabilla.

Je ne sais pas si vous avez remarqué, mais beaucoup de gens ont l’habitude, avant de se coucher, de prendre quelques petites précautions.

M. Tapinois voulut sacrifier à cette habitude.

Il ouvrit la table de nuit et en sortit un récipient de faïence grossière.

Horreur!

Le cadavre de la bonne à tout faire était au fond.

M. Tapinois étouffa un cri de terreur et laissa échapper le récipient qui se brisa en mille morceaux.

Déjà le cadavre de la bonne à tout faire avait disparu.

M. Tapinois se regarda dans la glace.

Il avait encore vieilli de dix ans.

Minuit sonna.

M. Tapinois frissonna.

Puis il lui souvint qu’il avait oublié de monter sa montre.

Il alla la quérir dans son gousset.

C’était une vieille montre à clef, héritage de son grand-père.

M. Tapinois ouvrit le. boîtier.

Horreur !

Le cadavre de la bonne à tout faire était dedans.

M. Tapinois étouffa un cri de terreur et laissa échapper la montre qui se brisa en mille morceaux.

Déjà le cadavre de la bonne à tout faire avait disparu.

M. Tapinois se regarda dans la glace.

Il avait encore vieilli de dix ans.

Ne pouvant plus dormir, il se promena de long en large dans l’appartement.

Mais ses pensées étaient lugubres.

Il ne s’amusait pas follement.

Il s’ennuyait même beaucoup.

Tellement qu’il bâilla.

En bâillant il ouvrit la bouche.

Horreur !

Le cadavre de la bonne à tout faire· était dedans.

M. Tapinois étouffa un cri de terreur et laissa échapper sa bouche qui se brisa en mille morceaux.

Déjà le cadavre de la bonne à tout faire avait disparu.

M. Tapinois se regarda dans la glace.

Il avait encore vieilli de dix ans.

Se voyant si vieux, si vieux, il résolut de faire son testament.

Il s’assit à sa table, prit une plume et écrivit :

« Devant me battre en duel demain et redoutant une issue fatale, je crois devoir faire mon testament. Avant de mourir …

Ici, il ouvrit une parenthèse. ·

Horreur !

Le cadavre de la bonne à tout faire était dedans.

Cette histoire pourrait sans doute durer encore très longtemps, chers lecteurs. Mais, comme je vous ai assez vus, je préfère m’en tenir là et terminer ma soirée avec des femmes de mauvaise vie.

Édouard Osmont (1874-1922)

Si M. Tapinois cherchait à se débarrasser du cadavre de la bonne à tout faire, moi ce serait plutôt de celui de ce service des aéroports de Paris…

28 mars 2019

Pas si simple, le passé simple, ou, Parfait usage de l’imparfait (du subjonctif)

Classé dans : Langue, Littérature — Miklos @ 22:25

Le délicieux poème qu’on va lire ci-dessous (et que l’on peut écouter dans une jolie interprétation de ce drôle de Dranem) circule dans les journaux et les magazines depuis la fin du XIXe siècle. Attribué en général à Alphonse Allais, un contributeur de l’Intermédiaire des chercheurs et curieux du 10/2/1898 indique l’avoir entendu chanter par Paul Bonjour en 1849, quelques années avant la naissance d’Alphonse Allais, et donne son titre comme Les Confessions d’un gram­mai­rien. Ailleurs, on trouve plutôt Déclaration d’amour d’un gram­mai­rien à Mlle M. M…

    Oui, dès l’instant que je vous vis
Beauté farouche vous me plûtes.
    De l’amour qu’en vos yeux je pris
Sur le champ vous vous aperçutes !
    Mais de quel air froid vous reçutes
Tous les soins que je vous rendis !
    Combien de soupirs je perdis !
De quelle cruauté vous fûtes !
    Et quel profond dédain vous eûtes
Pour les vœux que je vous offris !
    En vain je priai, je gémis,
Dans votre dureté vous sûtes
    Mépriser tout ce que je fis,
Même un jour je vous écrivis
    Un billet tendre que vous lûtes,
Et je ne sais comment vous pûtes
    Voir de sang froid ce que j’y mis.
Ah ! fallait-il que je vous visse
    Fallait-il que vous me plussiez
Qu’ingénument je vous le disse,
    Qu’avec orgueil vous vous tussiez !
Fallait-il que je vous suivisse
    Pour que vous me condamnassiez,
Et qu’à vos genoux je me misse
    Pour que de mes pleurs vous rissiez !
Et qu’à vos pieds je soupirasse
    Pour que vous me repoussassiez !
Fallait-il que je vous aimasse,
    Que vous me désespérassiez,
Et qu’en vain je m’opiniâtrasse,
    Qu’à vos pieds je me prosternasse
Et que je vous idolâtrasse
    Pour que vous m’assassinassiez !


Une recette pour faire la cour, 21.12.1805.
Cliquer pour agrandir.

3 mars 2019

Quelques compositrices d’hier et d’aujourd’hui

Classé dans : Musique — Miklos @ 20:46

Cliquer pour agrandir.

De gauche à droite, puis de haut en bas :

  1. Florence Baschet (née en 1955) – Dame Ethel Smyth (1858-1944) – Emma Sophie Amalie Hartmann (1807-1851) – Hildegard von Bingen (1098-1179) – Josina Anna Petronella van Boetzelaer (1733-1797) – Olga Neuwirth (née en 1968) – Lucrezia Orsina Vizzana (1590-1662) – Sofia Gubaildulina (née en 1931) – Pascale Criton (née en 1954) – Tekla Bądarzewska-Baranowska (1834-1861).

  2. Chaya Czernowin (née en 1957) – Catherina Assandra (c.1590-1618) – Leonora Duarte (1610-1678) – Thea Musgrave (née en 1928) – Françoise Barrière (née en 1944) – Nadezhda Rimskaya-Korsakova (1848-1919) – Francesca Caccini (1587-1640) – Cassienne (810-865) – Suzanne Giraud (née en 1958).

  3. Pauline Oliveros (1932-2016) – Anne Louise Boyvin d’Hardancourt Brillon de Jouy (1744-1824) – Henriette Adélaïde Villard de Beaumesnil (1748-1813) – Elena Firsova (née en 1950) – Betsy Jolas (née en 1926) – Amy Beach (1867-1944) – Anna Amalie von Preußen (1723-1787) – Isabelle Aboulker (née en 1938) – Dora Pejacevic.

  4. Fanny Mendelssohn (1805-1847) – Louise Farrenc (1804-1875) – Clara Schumann (1819-1896) – Wilhelmine von Preußen (1709-1758) – Élisabeth Jacquet de La Guerre (1665-1729) – Édith Canat de Chizy (née en 1950) – Unsuk Chin (née en 1961) – Kaija Saariaho (née en 1952) – Mary Ann Wrighten Pownall (1751-1796) – Graciane Finzi (née en 1945) – Nina Makarova (1908-1976).

  5. Bettina von Arnim (ou Bettina Brentano) (1785-1859) – Michèle Reverdy (née en 1943) – Clara Iannotta (née en 1983) – Cécile Chaminade (1857-1944) – Pauline Viardot (1821-1910) – Missy Mazzoli (née en 1980) – Elena Gnessina (1874-1967) – Lyudmila Lyadova (née en 1925) – Tsippi Fleischer (née en 1946) – Georgia Spiropoulos (née en 1965).

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