Miklos
« Je donne mon avis non comme bon mais comme mien. » — Michel de Montaigne

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16 janvier 2009

Panorama express de la sculpture classique à Rome

Classé dans : Lieux, Photographie, Sculpture — Miklos @ 0:39


Place d’Espagne


Quartier Saint-Jean-de-Latran


Fontaine de Trevi

«Dégoûtés des arts du dessin par l’effet des mauvaises statues et des croûtes sur lesquelles nous sommes tombés ce matin et qui nous ont empoisonnés, nous sommes descendus du mont Quirinal à la rue du Cours, en passant devant la fontaine de Trevi et une petite église bâtie par le cardinal Mazarin. M. Agostino Mauni nous disait ce matin que, près le palais Sciarra, on a trouvé le pavé de la Rome antique à vingt-trois palmes au-dessous du pavé actuel.

Madame de Staël dit que, lorsque les eaux de la fontaine de Trevi cessent de jouer par suite de quelque réparation, il se fait comme un grand silence dans tout Rome.» Si cette phrase se trouve dans Corinne, elle suffirait à elle seule pour me faire prendre en guignon toute une littérature. On ne peut donc obtenir d’effet sur le public, en France, que par une plate exagération !

Stendhal, Promenades dans Rome, 1er mai 1828.

19 juin 2008

Tirer la langue ou la raccourcir ?

Classé dans : Langue, Progrès, Sciences, techniques, Société — Miklos @ 4:38

Notes tironiennes Système de sténographie en usage chez les Romains et dans le haut Moyen Âge, inventé par Tiron, l’affranchi de Cicéron. — Trésor de la langue française.

Sténographie Écriture abrégée utilisant des signes conventionnels, destinée à transcrire la parole à mesure qu’elle est prononcée. — Trésor de la langue française.

« 2b or nt 2b, dat is da q » — Shkspr.

En novembre 2006, l’Autorité de qualification néo-zélandaise (NZQA1) avait annoncé que les élèves du secondaire pour­raient utiliser des SMS lors des exa­mens nationaux, tant que leurs réponses seraient intelligibles et démon­treraient une compré­hension du sujet ; une exception à cette auto­risation concer­nerait les épreuves destinées à vérifier leur connais­sance de la langue et de la litté­rature. Cette décision révo­lu­tionnaire est pourtant bien plus conservatrice que celle de l’organisme correspondant en Écosse (SQA) qui, une semaine auparavant, avait déclaré que ceux de ses élèves qui répondraient à des questions concernant William Shakespeare, Wilfrid Owen ou John Steinbeck en utilisant ce langage seraient notés pour autant que les réponses fussent correctes.

Il serait injuste de réduire le SMS à un épiphénomène des nouvelles technologies : la nécessité d’écrire toujours plus rapidement (pour transcrire une parole au fur et à mesure d’un discours ou par raison des matériaux et des encres utilisés dans l’écriture) et/ou sur une surface contrainte ou réduite (dans les manuscrits sur parchemin dont il fallait respecter les marges, par exemple) a toujours existé et conduit à utiliser des abréviations de tous ordres : omissions de lettres (souvent voyelles, mais aussi consonnes), confusion de lettres ou de groupes de lettres ayant des sonorités proches, fusion de groupes de lettres en un signe simplifié (à l’instar du tilde au Moyen Âge) : « Comme dans l’Antiquité, les scribes du xvie siècle disposent, outre les sigles, de trois moyens habituels pour abréger les mots : les abréviations par suspension, par contraction ou par usage des signes particuliers, les notes tironiennes. »2 Les manuscrits de cette époque-là sont autrement plus difficiles à déchiffrer qu’un SMS contemporain, ainsi que le montrent les exemples ci-dessous tirés d’une correspondance épiscopale datant de 14962 :

D’ailleurs, on retrouve certains de ces types d’abréviations aussi dans des textes imprimés, tel celui-ci qui date de 1612 :

(où ingeniiq; abrège ingeniique, etc.).

Si le terme de sténographie remonte, en français, à 17923 – et en anglais à 16024 –, sa définition ne convient-elle pas parfaitement à ce phénomène finalement banal des temps modernes ? Ici aussi, rien de neuf sous le soleil : les réactions qui ont suivi les déclarations des ministères en question rappelaient, par leur virulence, les débats récurrents autour de la réforme de l’orthographe. Les langues ne cessent d’évoluer d’une époque à la suivante, d’un milieu social à l’autre : doit-on résister à, prendre acte de, ou devancer ces changements ? Notre ministère va-t-il rajouter au programme des écoles les célèbres fables que nous avions appris dans notre enfance dans une novlang du xxie siècle : le corbô É le renar, le ch’N É le rozô, la grenou’ye ki v’E se f’R Ø’6 gro ke le b’Ef, la 6’gal É la foumi, le lou É l’aÑô, lê 2 kok’, le labour’Er É sê enfan5… ?

S’il le fait, ce ne sera pas une innovation : la Ville de Montréal propose sur son site, depuis plusieurs années, un « akey ki s’adrês o pêrsone ki on dê z’inkapasité intélêktuêl ». Je me demande si cette « ortograf altêrnativ », encore plus pleine d’accents et d’apostrophes que l’ortographe « normale » (cf. le rajout d’un circonflexe dans personne sans aucun rapport phonétique avec la perte du ne final), en rend la lecture plus aisée à ceux qui ont des difficultés à lire. Voici leur explication, qui est loin de me convaincre :

En plus de simplifier le texte, l’ortograf altêrnativ réduit la complexité de l’écriture. Cette façon différente d’accéder à la communication écrite mise sur une correspondance orthographique stable entre les lettres (graphèmes) et les sons (phonèmes). L’ortograf altêrnativ utilise seulement 35 correspondances graphèmes/phonèmes alors que l’orthographe conventionnelle en compte plus de 4000.

Imaginez la difficulté de saisir des messages SMS en cette ortograf altêrnativ qui prétend « réduire la complexité de l’écriture »… On peut douter que les prescripteurs de cette orthographe arriveront à leurs fins : la langue ne se laisse pas faire et ne va pas forcément dans le sens qu’on veut lui imposer, comme on l’a vu par exemple pour l’espéranto. En tout cas, le phénomène SMS intéresse évidemment les linguistes : le CENTAL (centre de traitement automatique du langage de l’université catholique de Louvain) a lancé un projet de recherche, Faites don de vos SMS à la science ! ;-) (souriard y inclus, bien évidemment), concernant « la linguistique, la sociolinguistique et les aspects liés à l’ingénierie linguistique et à l’enseignement ». Deux ouvrages ont déjà été publiés dans ce cadre.

Quoi qu’il en soit, rien n’est perdu. En déambulant ce soir dans la rue, je me trouvais à quelques pas d’un jeune homme qui avançait tout en envoyant un SMS. M’apercevant du coin de l’œil, il se tourne vers moi et me demande :

— « “Chère inconnue”, ça s’écrit c, h, e, r, e avec un e ? »

Ne sachant s’il voulait écrire chère inconnue ou cher inconnu, je lui réponds :

— « Si c’est pour un homme, non. Si c’est pour une femme, oui. »

Si l’on pouvait être surpris ou amusé par l’incertitude grammaticale qu’il éprouvait (il n’avait pas de doute sur le genre de la personne), il était finalement fort encourageant de constater l’effort qu’il faisait pour écrire correctement. Même en SMS.


1 Agence nationale chargée de l’évaluation et de la qualification des écoles en Nouvelle-Zélande et d’assurer la qualité des programmes éducatifs offerts par les écoles publiques et privées et des examens qui y sont administrés.
2 Gabriel Audisio et Isabelle Bonnot-Rambaud : Lire le français d’hier. Manuel de paléographie moderne xve-xviiie siècle, Armand Colin, 1991. Cf. la définition de notes tironiennes en exergue.
3 Selon le Trésor de la langue française.
4 Selon le Oxford English Dictionnary. C’est la date à laquelle John Willis publiera la première édition de son manuel de sténographie, The Art of Stenographie. Whereunto is annexed a direction for steganographie. Cet étonnant personnage consacrera aussi un ouvrage à la mnémotechnique, The Art of Memory : So Far Forth as it Dependeth Upon Places and Ideas. Écrire rapidement et mémoriser sont deux compétences fort utiles dans le développement intellectuel, or rien n’est moins sûr que les nouvelles technologies contribuent à la seconde.
5 In Phil Marso : la font’N j’M ! Les fables de La Fontaine en PMS (la Phonétique Muse Service), Megacom-IK, Paris.

24 mai 2008

Un record de l’informatique

Classé dans : Sciences, techniques — Miklos @ 13:24

Cornell est une grande université américaine, membre de la Ivy League, située dans une région splendide par sa faune et par sa flore au bord d’un des plus beaux lacs Finger, le Cayuga. Elle excelle dans de nombreux domaines : sciences, arts, droit, services… La réputation de ses centres de recherche – en médecine, en exploration de l’espace, en astronautique, en physique fondamentale – n’est plus à faire. Nombre de lauréats de prix Nobel (40), Turing, Fields, Pulitzer… y enseignent ou y ont enseigné, ainsi que de grands écrivains et essayistes, tels Vladimir Nabokov (qui, en sus des œuvres sulfureuses pour lesquelles il est connu, a aussi traduit Alice au pays des merveilles en russe) ou Allan Bloom. Parmi ses anciens élèves on compte Pearl Buck et Toni Morrison (toutes deux lauréates du prix Nobel), E. B. White, Thomas Pynchon et Kurt Vonnegut Jr. pour la littérature, le compositeur Steve Reich et Robert Moog, l’inventeur des célèbres synthés éponymes, l’architecte de l’Empire State Building (Richmond Shreve), le Dr Spock – non pas celui de Star Trek, mais le pédiatre auteur du Comment soigner et éduquer son enfant, depuis cinquante ans la bible universelle de générations de mères inquiètes…

Les anciens élèves de cette prestigieuse institution occupent ou occupaient en général des postes importants : politiciens – présidents de Cuba et de Taiwan, premier ministre d’Iran, ministres américains (le controversé Paul Wolfowitz et Janet Reno, première femme à avoir occupé le poste de ministre de la justice aux États-Unis) –, juges de la Cour suprême (Ruth Ginsburg) –, acteurs – le superhomme Christopher Reeve –, hommes d’affaires – fondateurs et/ou à la tête de sociétés nationales ou internationales (on ne leur fera pas de la pub)… Il n’est donc pas surprenant qu’ils soient la cible des campagnes provenant de leur alma mater, dont le but est de récolter quatre milliards de dollars sur dix ans.

Il est, par contre, quelque peu curieux de constater que, lorsque l’on clique sur le lien indiqué dans l’appel afin de se désinscrire de leur liste de bienfaiteurs en puissance, la réponse qui s’affiche est : “Your form has been successfully submitted. Please allow 4-6 weeks for your information to be updated in our system.” Quatre à six semaines pour que l’informatique se mette à jour, quand on sait que, depuis 1985, l’université possède un centre de supercalcul ? On proposera donc une nouvelle variante de son hymne célèbre :

Far above Cayuga’s waters
There’s an awful smell:
It’s Cornell alums’ computers.
They’re as slow as snail.

22 décembre 2005

Lorsque la Chine s’éveille

Classé dans : Littérature, Livre, Sciences, techniques — Miklos @ 10:34

La bibliothèque nationale de Chine va coopérer avec… Google … pour offrir gracieusement des contenus numériques en ligne : il s’agit de quelque 80 millions de pages « principalement hors copyright », comprenant 25.000 estampages d’œuvres anciennes sur pierre, 100.000 écrits parvenant des grottes de Dunhuang, 5000 anciens livres du royaume Xixia (de la dynastie occidentale Xia, 1038-1227) et 6 millions de périodiques de la république de Chine. Il y aura aussi environ 330.000 œuvres de la littérature classique occidentale. Aucune date n’a été annoncée pour l’ouverture de ce nouveau service. (Sources : Shanghai Daily, China Central Television)

18 décembre 2005

La terre est-elle réellement ronde ?

Classé dans : Philosophie, Sciences, techniques, Société — Miklos @ 13:11

L’Espagne, comme la Grèce, est le pays du tragique. C’est le onze août 1934, à cinq heures du soir, juste à cinq heures, que le taureau Granadino blesse à mort Ignacio Sánchez Mejías qui décède de gangrène deux jours plus tard à l’âge de 43 ans. Après de nombreuses années d’absence de l’arène, il n’y était revenu que pour quelques combats, et celui qui lui fut fatal était un remplacement d’un collègue blessé. Ce n’était pas qu’un excellent torero : ami des grands poètes et écrivains de sa génération, il est aussi conférencier, acteur de cinéma, poète, écrivain, auteur de plusieurs œuvres pour le théâtre et du livret d’un spectacle musical Les rues de Cadiz1 pour sa maîtresse, la célèbre danseuse et chanteuse Encarnación López Júlvez, dite La Argentinita2.

C’est au poète Federico García Lorca – dont on possède des enregistrements où il accompagne au piano L’Argentina – qu’il revient d’assurer le souvenir éternel de son ami, dans le saisissant chant funèbre Llanto por Ignacio Sánchez Mejías. Llorca avait une relation particulière à la musique ; son frère Francisco témoigne d’ailleurs qu’elle l’attirait plus que la littérature, au début. Après des études de piano et de théorie, il rencontre en 1919 Manuel de Falla, avec lequel il partage l’amour de la chanson populaire espagnole, et en particulier du flamenco et du canto jondo, passion qu’on ne manque d’entendre dans le rythme et la musicalité de ses textes. Le Llanto s’ouvre avec la description de l’arrivée de la Mort, dans une sorte de marche funèbre marquée par la répétition martelée d’un seul vers, qui indique l’heure fatale :

À cinq heures du soir.
Il était juste cinq heures du soir.
Un enfant apporta le blanc linceul
à cinq heures du soir.
Le panier de chaux déjà prêt
à cinq heures du soir.
Et le reste n’était que mort, rien que mort
à cinq heures du soir.
 
Le vent chassa la charpie
à cinq heures du soir.
Et l’oxyde sema cristal et nickel
à cinq heures du soir.
Déjà luttent la colombe et le léopard
à cinq heures du soir.
Et la cuisse avec la corne désolée
à cinq heures du soir.

Il n’est donc pas étonnant que des musiciens s’en soient saisi, à l’instar de Maurice Ohana (1914-1992), dont le premier chef-d’œuvre est le Llanto por Ignacio Sánchez Mejías (1949-1950). Mais Lorca était aussi proche des surréalistes français et espagnols (et particulièrement de Dalí) dont l’imagerie étrange participe aux autres influences profondes dont il s’inspire : baroque espagnol, romantisme, symbolisme… – et qui s’allie, avec le temps, à une vision de plus en plus tragique et morbide de la vie, qui n’est pas sans rappeler celle de Goya. Signe des temps ou prémonition ? Il mourra assassiné par les franquistes en 1936.

Le Théâtre de la Ville donne ces jours-ci dans sa salle des Abbesses le Llanto, sur une musique de Vicente Pradal et la mise en scène de Michel Rostain : sous-titré oratorio, c’est un spectacle bouleversant qu’il ne faut pas manquer3. Le texte est chanté en partie par les trois messagers porteurs de la nouvelle tragique à La Argentinita, qui en interprète le reste, accompagnés par quelques musiciens. Flamenco et musique gitane, parfois jazz (avec quelques influences klezmer) s’intègrent avec bonheur au texte pour en illustrer tout le tragique, le déchirement pour la disparition de la personne si tendrement aimée, la présence de la mort inéluctable et dévoreuse :

Sur la pierre est couché Ignacio le bien né.
C’est fini. Qu’y a-t-il ? Contemplez sa personne :
La mort l’a recouvert de pâles fleurs de soufre
Elle lui a fait une tête de sombre minotaure
 
C’est fini. La pluie pénètre par sa bouche.
L’air comme affolé fuit sa poitrine creuse,
et l’Amour, imprégné de larmes de neige
se réchauffe au sommet des terres d’élevage.
 
Que dit-on ? Un silence empuanti s’installe.
Nous sommes en présence d’un gisant qui s’estompe,
près d’une forme claire qui eut des rossignols
et devant nous se crible de cavités sans fond.

Vicente Pradal, fils du peintre andalou Carlos Pradal, exilé en France, est né à Toulouse en 1957. « Federico, c’est ainsi que ses fervents admirateurs appellent toujours Lorca, a toujours été très présent dans ma vie. J’aime rappeler que don Antonio Rodriguez Espinosa, mon arrière grand-père, fut son instituteur à Fuente Vaqueros, près de Grenade, et que des liens étroits unissaient sa famille à la mienne. Dès mon plus jeune âge, enfant de l’exil, j’entendais prononcer son nom, réciter ses poèmes, évoquer sa mémoire lumineuse, son génie et sa fin tragique. Plus tard, à maintes reprises, j’ai travaillé sur l’ œuvre théâtrale, musicale et poétique de ce poète qui m’est familier, naturel. Ma musique prétend agir comme un lance-pierres qui propulse ses vers haut et fort. »

Des quatre chanteurs, il faut reternir surtout l’interprétation de la splendide María Luna (beauté méditerranéenne classique, dans le rôle de La Argentinita) : elle y est tout simplement excellente, autant pour son jeu de scène – altier et réservé, tragique et intense – que pour sa voix, rauque et puissante, à qui sont attribués les plus bouleversants passages musicaux, et qui fait pendant à celle du cantaor gitan Luis de Almería, toute aussi caractéristique. Le jeune Juan Carlos Echeverry, ténor d’origine colombienne, possède une très belle voix (et pour cause) mais trop travaillée pour ce genre de répertoire. Enfin, Vicente Pradal s’est surtout fait remarqué à la guitare, qu’il joue de façon remarquable (comme il le fait dans le disque Angélique Ionatos chante Frida Kahlo). Quant aux musiciens, ils étaient uniformément bons, mais on aura particulièrement remarqué Hélène Arntzen aux saxophones, qu’elle joue avec virtuosité, intensité, chaleur et passion. L’instrumentation n’est d’ailleurs pas conventionnelle pour ce genre de musique : on y entend aussi piano (Jean-Luc Amestoy), violoncelle (Emmanuel Joussemet), flûtes (Luis Rigou) et percussions (Arntzen, Rigou). Vicente Pradal le refera dans une autre de ses créations musicales sur une œuvre de Lorca, le Romancero gitano (donné l’année dernière au Théâtre de la Ville), où il utilise accordéon et violoncelle.

Les notes de programme distribuées dans la salle, comprennent le texte intégral et sa traduction (par Claire et Vicente Pradal). Un surtitrage aurait facilité le suivi de l’œuvre, pour ceux qui ne comprennent l’espagnol. Et on aurait pu faire l’économie d’amplification sonore : dans cette salle, les voix et les instruments n’y auraient rien perdu, bien au contraire.

Le disque (chez Virgin) de cette œuvre de Pradal a été enregistré en public. Si on y retrouve les voix de Pradal et de Almería, ainsi que les saxos d’Arntzen et les flûtes de Rigou, j’y déplore l’absence de María Luna : Raquel Villar y chante avec plus d’effets dramatiques (avec une insistance sur les mouvements de glotte ; trop sonores) que tragiques ; sa voix est moins rauque que celle de Luna. L’équilibre sonore, entre les instruments et les voix, n’est pas toujours assuré – un problème de mixage ? Quoi qu’il en soit, c’est le seul témoignage de l’œuvre, et il en vaut la peine, malgré ces quelques défauts.

Rien ne remplace le spectacle vivant : allez le voir.


1 Textes de García Lorca d’inspiration populaire, musique de Falla.

2 « La petite argentine », née à Buenos Aires en 1898 quelques années après Antonia Mercé, La Argentina, elle-même amie de Falla. Toutes deux sont considérées comme les principaux acteurs de la modernisation et la promotion internationale de la danse espagnole au XXe s. Elle décède en 1945.

3 Dates disponibles ici.

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