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« Je donne mon avis non comme bon mais comme mien. » — Michel de Montaigne

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19 juin 2005

Sources

Classé dans : Littérature — Miklos @ 22:00

Le Portrait de Dorian Gray est condamné par les juges lon­do­niens pour des rai­sons stu­pides mais, du point de vue de l’ori­gi­na­lité lit­té­raire, malgré tout le char­me qu’il a, il se ré­duit à une imi­tation de La Peau de chagrin de Balzac, et à un copiage impor­tant (fût-il indi­rec­tement avoué) du À rebours de Huysmans. Praz notait que Dorian Gray doit aussi énor­mément à Monsieur de Phocas de Lorrain, et que même une des maximes fonda­men­tales de Wilde esthète (« Aucun crime n’est vulgaire, mais la vul­garité est un crime ») est une variante de Baudelaire : « Un dandy ne peut jamais être un homme vulgaire. S’il commettait un crime, il ne serait pas déchu peut-être, mais si ce crime naissait d’une source triviale, le dés­honneur serait irré­parable ».

Umberto Eco, “Wilde. Paradoxe et aphorisme”

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  1. "A rebours" est directement évoqué dans le portrait de Dorian Gray et non, d’après moi, une usurpation… malgrès tout, le portrait à cette qualité de pouvoir être lu à divers degrés mais j’en profite pour recommander un autre versant de l’œuvre de Wilde qui elle n’est due qu’à l’expérience abyssale de l’homme, "De Profondis" et les poèmes de la geôle de Reading, des textes souvent épistolaires écrits depuis la dureté d’une prison du 19ième siècle où l’écrivain a été enfermé durant 2 années de travaux forcés pour avoir perdu un procès contre le père d’un jeune homme qui fut sans doute son amant, Bosie dont on peut noter les ressemblances avec Dorian. Des textes qui ont la qualité de ne faire plus qu’un avec la vie déchue de l’homme.
    Dernière phrase de "De profondis" qui est en fait une lettre que l’écrivain adresse à Bosie : " Peut-être suis-je choisi par le destin pour t’enseigner quelque chose de bien plus merveilleux : le sens de la douleur et sa beauté. "

    Commentaire par dop — 19 juillet 2005 @ 15:20

  2. Adolescent, j’ai lu tout Wilde, ou presque. J’ai été bouleversé par De Profundis, stimulé par ses aphorismes, enchanté par son humour pince-sans-rire.

    Bien plus tard, j’ai pris un certain recul de ce dandyisme parfois forcené, où prime le geste sur son intention et sa finalité, et finalement froid et sans aucune émotion. C’est ainsi que j’ai relu De Profundis : la plainte larmoyante d’un esthète, voire un drame et non pas une tragédie : à mes oreilles, ça ne "sonne" pas. Quant au Portrait de Dorian Gray, il n’a plus sur moi cette fascination qu’il avait alors – non pas que j’en sois blasé, mais la fin me semble finalement très moraliste et convenue.

    J’ai conservé le plaisir à lire ou entendre son théâtre (et notamment Dame Edith Evans dans "The Importance of Being Earnest", classique parmi les classiques de la fine fleur de l’humour british que j’aime tant).

    Commentaire par miklos — 19 juillet 2005 @ 19:16

  3. Tout à fait d’accord, le Portrait est un marchepied de qualité vers la lecture, le théâtre de Wilde est savoureux effectivement et tu as raison, une fraîcheur d’esprit permet de lire "De Profondis" pour ce qu’il est : le courrier -personnel- d’un homme qui cherche à sauver la salubrité de sa raison en parlant à une lueur de vie, une occupation de l’esprit et du cœur depuis le fond d’une cellule. je veux bien croire dans ce cas précis que l’on puisse tantôt être larmoyant tantôt inspiré parfois aigre, humain surtout, d’autant que la vie nous avait habitué aux douceurs du satin, aux mondanités. Wilde était un dandy enfant gâté et talentueux du siècle, justement. :o )

    Commentaire par dop — 21 juillet 2005 @ 3:35

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