Miklos
« Je donne mon avis non comme bon mais comme mien. » — Michel de Montaigne

This blog is © Miklos. Do not copy, download or mirror the site or portions thereof, or else your ISP will be blocked. 

15 septembre 2006

Nous sommes tous des serial killers

Classé dans : Environnement, Politique, Sciences, techniques, Société — Miklos @ 23:30

Un récent reportage rediffusé à la télévision tentait de cerner le profil des serial killers, ces individus qui, souvent sous l’emprise d’un besoin irrépressible et d’une froide détermination, torturent et tuent avec un plaisir total et une jouissance absolue ; ils ne vivent vraiment qu’à ces moments-là et pour ces moments-là. Interviewés dans leurs prisons, ils ont l’air de Monsieurs Tout-le-monde, semblent reconnaître l’horreur de leurs actes – mais en sont-ils vraiment convaincus, dans leur for intérieur, et récidiveront-ils, s’ils étaient libérés ? on en doute, eux aussi.

En regardant cette émission, je ne pouvais m’empêcher de penser aux récents avertissements des dangers du réchauffement climatique dont le caractère de plus en plus alarmiste ne peut laisser indifférent : James Lovelock est loin d’être le seul à en parler ; James Hansen, directeur de l’institut Goddard des études de l’espace de la Nasa affirme qu’il ne reste que dix ans pour réagir avant que les cataclysmes ne se déchaînent sur la terre :

« Les glaces y fondront rapidement, faisant monter le niveau de la mer au point que la plus grande partie de Manhattan sera sous l’eau. Les sécheresses prolongées et les périodes de canicule se multiplieront, de violents ouragans se formeront dans des régions où ils étaient jusque là inconnus et il est à prévoir que 50% des espèces disparaîtront. ».

Ses thèses – qui ne sont pas récentes et qui ne font que se préciser dans le temps – ne font pas plaisir aux industriels et donc aux politiciens qui en dépendent : dès 1981, l’administration Reagan avait réagi à ses avertissements sur le réchauffement en lui coupant équipe et fonds, tandis que les fonctionnaires politiques de la Nasa le censurent et lui limitent l’accès aux médias.

Demain est presqu’aujourd’hui. Même si le futur est ce qu’il est le plus difficile de prédire avec certitude, il semble acquis – du moins pour le commun des mortels qui n’a pas d’intérêts politiques ou industriels particuliers – qu’il faut agir ici, partout et maintenant.

Mais est-ce vraiment le cas ? Le monde occidental est pris dans une logique d’hyperconsommation et de course en avant qui ne pas prêtes de s’arrêter par la seule volonté du consommateur de mettre fin à sa fringale, et par celle de ceux qui la nourrissent d’en tirer les bénéfices à court terme, financiers ou politiques : « ce que la science donne d’un côté en espérance de vie, l’hyperconsommation enlève de l’autre en dévorant les ressources de la planète » (Miklos), phénomène connu depuis plus de cinquante ans.

Mais il ne suffit pas de savoir pour vouloir ni pouvoir : qui est disposé à réduire ici et maintenant son train de vie et son confort – qui dépassent de loin le minimum vital, pour une bonne partie de la population du monde occidental ? Et comme il ne suffit pas de l’action de personnes isolées pour que cela ait un quelconque effet – d’abord sur l’industrie et donc sur l’économie – et sur le système global, il y en a qui se demandent, avec fatalisme ou cynisme, à quoi bon. Les autres, mañana.

Où sont les médias, qui relèguent souvent ce genre d’informations dans leurs pages intérieures, et mettent à la une ce qui attirera les regards et augmentera les ventes ? Ils pourraient mobiliser l’opinion, s’ils s’y mettaient. Où est le politicien qui fera fi des promesses mensongères d’un avenir toujours plus confortable nécessaires à assurer son élection, et qui saura entraîner tout un peuple, toute une planète, vers la sobriété et l’abstinence nécessaires à sa survie ? S’il est si difficile pour l’individu de renoncer à des comportements compulsifs nocifs (tabac, alcool, drogue…), comment ne le serait-il pas pour tout le monde ? Eh bien, l’émulation mutuelle pourrait jouer, une fois l’étincelle allumée.

La satisfaction du plaisir et le besoin de pouvoir de l’individu sont des moteurs éminemment humains. C’est, finalement, ce qui nous différentie des animaux, qui ont un comportement souvent bien plus social. Et nous continuons tous à consommer avidement, serials killers des générations qui grandissent sous nos yeux désabusés ou aveuglés.

4 commentaires »

  1. [...] l’on commence à réfléchir – réchauffement climatique oblige – au recyclage de nos déchets, il serait grand temps de penser aussi au nettoyage des poubelles [...]

    Ping par Miklos » Douze étagères de livres… — 18 février 2009 @ 19:16

  2. [...] Live Science). Ce ne serait pas la pre­mière fois : James Hansen, de la Nasa, affirme avoir été muselé depuis les années 80 par l’admi­nis­tration amé­ri­caine [...]

    Ping par Miklos » Être informé de tout et condamné ainsi à ne rien comprendre, tel est le sort des imbéciles. — 30 juin 2009 @ 21:13

  3. super votre site

    Commentaire par mendes — 3 juillet 2009 @ 12:51

  4. Merci !

    Commentaire par Miklos — 3 juillet 2009 @ 17:25

Flux RSS des commentaires de cet article. TrackBack URI

Laisser un commentaire

XHTML: Vous pouvez utiliser ces balises : <a href="" title=""> <abbr title=""> <acronym title=""> <b> <blockquote cite=""> <cite> <code> <del datetime=""> <em> <i> <q cite=""> <strike> <strong>

The Blog of Miklos • Le blog de Miklos