Avoir le premier mot
« Hay savait qu’en politique il n’est jamais bon d’avoir le dernier mot. Il savait maintenant qu’il n’était pas bon non plus d’avoir le premier mot. » — Gore Vidal, Empire. L’Âge d’Homme, 1993.
Les médias, à l’opposé de bien des humains en général et des confesseurs en particulier veulent à tout prix avoir le premier mot. Un événement se produit-il ? Il leur faut arriver à en parler avant tous leurs concurrents. Certains y arrivent, et comme le dit Maurice dans L’Adversaire d’Alfred Capus, « mais dans quel état ! » : il faut publier vite – soit en reprenant telle quelle l’information provenant d’une des quelques agences de presse qui fournit tous les médias – on ne s’étonne plus de la ressemblance de leurs contenus – soit en écrivant en quatrième vitesse un article, qui n’a pas le temps de passer par les mains des correcteurs avant d’être publié en ligne (pour le papier, il aurait fallu attendre l’édition suivante).
C’est ainsi que Le Monde, rapportant la relaxe de Dominique de Villepin dans la microseconde qui l’a suivie, en est amené à faire de la prescience :
L’ancien premier ministre souhaite avoir dorénavant un futur ? Le Monde le lui prédit long, très long.