Miklos
« Je donne mon avis non comme bon mais comme mien. » — Michel de Montaigne

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23 mai 2025

Untraceable Parcel Saga, or, Ultimate Procrastination Service

Classé dans : Actualité, Progrès, Sciences, techniques, Économie — Miklos @ 13:57

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Version française ci-dessous.

A small parcel I had ordered online was supposed to be delivered to me yesterday by UPS.

Around noon, I found an email from UPS stating that they hadn’t been able to deposit the parcel at my address – which is incom­pre­hen­sible, since I had been at home during all that morning, and no one rang the bell nor called by phone –, and that therefore it would be available at a private pickup location – i.e., someone’s flat (I’d never heard of such private delivery points) nearby.

The email specified that this delivery point would be open that afternoon from 2pm until 5pm, I went there at 2:45pm. There were already 3 people waiting in front of the building – they had arrived at 2pm – and no one had answered their ringing.

As I told them UPS didn’t deliver the parcel to me as it should’ve, they all said it was also the case for them: it became clear that the delivery man had found it easier to drop all the parcels at this one pickup point rather than deliver them to each separate recipient.

One of these people had come once more, before lunch, and had managed to get into the building and up to the flat: not only no one answered his ringing, but there was a large pile of UPS packages on the landing (see photo). Obviously, there had been no one around when the UPS delivery person came to deposit them, so he left them outside, totally unprotected. Anyone could’ve come and freely helped himself. It turns out that sometime in the afternoon – around 4:30pm (when we weren’t there) – the daughter of the delivery woman came for a short while and put all these parcels inside their flat.

I tried calling the woman in charge of this delivery point, as her name had been in the email and her land number in the phone directory: to no avail, no one replied.

After a while, a young woman entered the building. We asked her if she knew of the delivery point. Oh, did she know it! First off, UPS doesn’t bother delivering her parcels which she ordered, but deposits them at this delivery point, in the same building! Moreover, the woman running this delivery point is often absent at the hours this delivery point is supposed to operate, and many angry people stand in front of the building or in its corridors. But luckily, she managed to get us the phone number of one of the sons of the said woman.

We called him. He said that his mother was away on vacation (!), and as to he – he was working and couldn’t be at the announced opening hours. He added that he would be back home at 5:15pm.

So we left. I returned at 5pm, two of the three other people a few minutes later. The son never showed up, and refused to reply to phone calls. We ended up sending him WhatsApp messages, to which he replied that it was not his business but his mother’s, and that he didn’t give a damn about it.

We politely asked if he could provide us with his mother’s number, which he finally did, but she never replied to phone calls. I sent her a text message, saying we urgently needed the parcels – no reply.

So I left at around 6:30pm.

At 8:30pm, I got a message from one of the people who had been waiting with me: he forwarded me a message he had gotten from that woman, saying another one of her sons would be there tomorrow at 11am.

So I went there today at 11am, and lo and behold, someone answered my ringing. I reached the said flat, a young man looked at the UPS code of my notice, went back in the flat almost closing the door and leaving me on the landing, to search for the parcel. I heard him and a young woman – his sister – discussing as to where it could be. It took them well over 10 minutes to find it. They handed it to me without checking my ID, asking for my signature, nor scanning the barcode of the parcel.

All in all, I lost more than three hours in waiting for the delivery service, and recuperated my parcel 24 hours after its scheduled delivery.

Un petit colis que j’avais commandé en ligne devait m’être livré hier par UPS.

Vers midi, j’ai trouvé un mail d’UPS indiquant qu’ils n’avaient pas pu déposer le colis à mon adresse – ce qui est incompréhensible, puisque j’étais chez moi toute la matinée, et que personne n’avait sonné ni appelé par téléphone –, et que par conséquent il serait disponible dans un point de retrait géré par un particulier (je n’avais jamais entendu parler de tels points de livraison privés) à proximité, me fournissant le prénom de la gestionnaire.

Le courriel précisait que ce point de livraison serait ouvert cet après-midi-là de 14h à 17h. Je m’y suis rendu à 14h45. Trois personnes attendaient déjà devant le bâtiment – ​​elles étaient arrivées à 14h – et personne n’avait répondu à leurs sonneries.

Comme je leur ai dit qu’UPS ne m’avait pas livré le colis chez moi comme il aurait dû le faire, ils ont tous dit que c’était également le cas pour eux : il est devenu clair que le livreur avait trouvé plus simple de déposer tous les colis à ce seul point de retrait plutôt que de les livrer à chaque destinataire séparément.

L’un d’eux était revenu avant le déjeuner et avait réussi à pénétrer dans l’immeuble et à monter jusqu’à l’appar­tement : non seulement personne n’avait répondu à sa sonnerie, mais il y avait une pile de colis UPS sur le palier (voir photo). De toute évidence, il n’y avait personne dans l’appar­tement lorsque le livreur UPS était venu les déposer, il les avait donc laissés dehors, dans les parties communes de l’immeuble, sans aucune surveillance. N’importe qui aurait pu venir se servir librement. Il s’avère que dans l’après-midi – vers 16 h 30 (alors que nous n’étions pas là) – la fille de la gestionnaire était passée brièvement rentrer tous ces colis dans leur appartement.

J’ai essayé d’appeler la gestionnaire de ce point de livraison, car son nom était dans le mail et son numéro de téléphone dans l’annuaire téléphonique : en vain, personne n’a répondu.

Au bout d’un moment, une jeune femme est entrée dans l’immeuble, d’évidence une résidente. Nous lui avons demandé si elle connaissait ce point de livraison. Oh que oui ! UPS ne se donne pas la peine de lui livrer les colis qu’elle a commandés, mais les dépose à ce point de livraison, dans le même immeuble ! De plus, la gestionnaire de ce point de livraison est souvent absente aux heures d’ouverture, et de nombreuses personnes en colère se pressent devant l’immeuble ou dans les couloirs. Heureusement, elle a réussi à nous obtenir le numéro de téléphone d’un des fils de ladite gestionnaire.

Nous l’avons appelé. Il nous a dit que sa mère était en vacances (!) et que lui, il travaillait et ne pouvait pas être présent aux horaires d’ouverture annoncés. Il a ajouté qu’il serait de retour à 17h15.

Nous sommes donc partis. Je suis revenu à 17 h, et deux des trois autres personnes quelques minutes plus tard. Le fils n’est jamais venu et a refusé de répondre aux appels. Nous avons fini par lui envoyer des messages WhatsApp, auxquels il a répondu que ce n’était pas son affaire mais celle de sa mère, qu’il n’avait ni le scanner UPS ni l’appli et ne savait même pas si les colis étaient chez eux, et d’ailleurs qu’il s’en foutait complètement.

Nous lui avons poliment demandé s’il pouvait nous donner le numéro de sa mère, ce qu’il a finalement fait, mais elle n’a jamais répondu à nos appels. Je lui ai envoyé un SMS pour lui dire que nous avions un besoin urgent des colis, SMS resté sans réponse.

Je suis donc reparti vers 18h30.

À 20h30, j’ai reçu un message d’une des personnes qui avait attendu avec moi, me transmettant un message reçu de cette femme absente, disant qu’un autre de ses fils serait là demain à 11h00 (alors qu’ils sont supposés ouvrir à 9h00).

Le lendemain (aujourd’hui), je m’y suis donc rendu à 11 heures du matin et, ô surprise, quelqu’un a répondu à ma sonnerie. Arrivé à l’appartement, un jeune homme a entr’ouvert la porte, regardé le code UPS de mon avis, puis rentré à la recherche de mon colis en fermant presque totalement la porte et me laissant sur le palier. Je l’ai entendu discuter avec une jeune femme – sa sœur – pour savoir où il pouvait bien se trouver. Il leur a fallu plus de dix minutes pour le localiser et me le remettre, sans vérifier mon identité ni demander une signature.

Au total, j’ai perdu plus de trois heures  à attendre en vain pour finalement récupérer mon colis avec plus de 24 heures de retard.

13 mai 2025

Peachy Coup: President Impeached via Fruit-Based Constitutional Crisis

Classé dans : Actualité, Humour, Peinture, dessin, Politique, Sciences, techniques — Miklos @ 13:18

Source: ChatGPT, by detailed request and some subsequent enrichments.

WASHINGTON, D.C. — In a juicy turn of events that historians are already calling “a sticky first,” the President of the United States has been officially impeached—not by the usual Congressional process, but by being physically submerged into a colossal heap of ripe peaches that flooded the Oval Room early Tuesday morning.

At precisely 9:00 AM, aides reported hearing a series of sloshing sounds and muffled presidential expletives before the Resolute Desk was swallowed by a rolling tsunami of stone fruit. Eyewitnesses claim the peaches poured in from the presidential seal on the carpet, which had evidently been converted into a high-volume fruit chute.

White House insiders confirm the operation, dubbed “Operation Stone Fruit”, was the brainchild of a bipartisan coalition fed up with gridlock, scandal fatigue, and an unusually intense national surplus of Georgia peaches. “We decided to interpret ‘impeachment’ literally,” said Rep. Flora Pitman (D-GA), casually eating one of the fruits as she briefed the press. “If the Constitution won’t move fast enough, maybe fiber will.”

The President, reportedly trapped waist-deep in nectar and surrounded by aides wielding juice-resistant clipboards, issued a frantic TruthSocial post:

“This is a WITCH HUNT. I love peaches, maybe more than anyone, but this is fruit tyranny. I was winning so much they had to drown me in produce. Sad!”

Legal scholars are at odds over the legitimacy of the method. Some argue it’s a clear violation of Article II, while others insist the Founders “probably would have loved the symbolism.” Chief Justice John Roberts, upon being asked for comment, simply sighed, wiped a smear of peach flesh off his robe, and walked away whispering, “We were warned about this in Federalist No. 65.”

Public reaction has been sharply divided. Supporters of the President gathered outside the White House holding signs that read “UNPEACH THE PEACHING” and “STOP THE STONE FRUIT COUP”. Meanwhile, critics praised the action as “refreshing,” “vitamin-rich,” and “finally making Congress look productive.”

As for the Oval Room, it has been declared a “syrup zone” and is expected to ferment into a minor wine cellar by next week.

Stay tuned as America watches what’s next: a Senate trial, or possibly a cobbler.

— ChatGPT

6 mai 2025

Ce que Victor Hugo n’a pas dit (ou aurait dit, mais autrement)

Classé dans : Littérature, Sciences, techniques, Société, Éducation — Miklos @ 22:59


École et mairie du Fidelaire.
Cliquer pour agrandir.

L’inscription que l’on voit sur un mur de ce bâtiment est souvent attribuée à tort à Victor Hugo – sans aucune mention de la source, et avec de nombreuses variantes – phénomène que les copier-coller en ligne intempestifs ne font que démultiplier (et ainsi « tromper » les IA, qui se convainquent de la véracité de la citation). Mais, comme on peut le voir ci-dessous, la multiplicité des attributions – Chopinet, Gambetta, Jules Ferry, Jean Macé, Jules Simon, Victor Duruy, Louis Jourdan, Lord Macaulay, Thiers, François Guizot, Condorcet, et même Jean-Jacques Rousseau – précède aussi la naissance de l’Internet, et remonte au XIXe siècle…

L’article – intéressant de par ailleurs – d’Armand Erchadi (2010), démonte ces erreurs tout en analysant la réflexion de Hugo sur « cette question sociale dont la pénalité et l’éducation sont les deux versants ». Quant à la source de la citation, il accepte l’attribution qu’en fait Pierre Larousse : ce serait Louis-Charles Jourdan (sans citer de source primaire). On a effectivement trouvé deux articles de Jourdan, datant de 1863, dans lesquels il exprime cette idée avec deux formulations différentes (celle du 13 octobre plus réaliste que l’autre).

Mais on a aussi trouvé des sources primaires de variantes remontant à 1838 (« Une école de plus, une prison de moins », – formulation la plus concise d’entre toutes celles qu’on a trouvées –, titre d’un mémoire primé de Louis-Clément Houry), voire à 1837 (« Ouvrir des écoles, c’est fermer les prisons »), cette dernière dans un recueil de Pensées et maximes de Félix Bogaerts.

En est-il l’auteur ? Mystère. Une page de Dicocitations affirme qu’« elle serait plutôt [de la plume] de Jules Simon et attestée sous la forme au singulier Ouvrir une école c’est fermer une prison in Pensées et Maximes de Félix Guillaume Marie Bogaerts. » Sauf que Bogaerts ne mentionne nulle part Jules Simon et qu’il (Bogaerts) semble bien être l’auteur de l’ensemble des pensées et maximes de son ouvrage…

Enfin, quant aux autres attributions mentionnées ci-dessus, on n’en a pas encore trouvé les sources premières, notamment celle de Guizot, .

On trouvera ci-dessous quelques-unes de ces attributions au fil des années. Enfin, on trouvera là notre « conversation » avec ChatGPT à ce propos.

On concluera en espérant que, une fois qu’on aura signalé à cette école l’attribution erronée, elle aura à cœur non seulement de la corriger, mais d’enseigner à ses élèves comment citer correctement en cette ère du copier-coller à l’aveuglette.

« Ouvrez une école et vous fermerez une prison ». Victor Hugo proclame ainsi, dans Les Misérables, sa confiance inébranlable dans les vertus de l’éducation au service du progrès.
Thomas Ernoult : « L’école depuis la Révolution : quelques jalons historiques », in Regards croisés sur l’économie, 2012/2 n° 12, pp. 50-53. [Disponible en ligne]

« Ouvrez des écoles, vous fermerez des prisons » : qui a fait mentir Victor Hugo ?
Titre d’un article de Natacha Poloni, in Le Figaro, 13 juin 2013. [Disponible en ligne]

« Ouvrir une école aujourd’hui, c’est fermer une prison dans vingt ans ! », disait François Guizot en 1832.
Josette Demory et al. : Les Palmes académiques. Une histoire de l’école publique, 4e de couverture. Altipresse, 2016. [source]

« Ouvrir une école, c’est fermer une prison », cette formule devenue slogan a suscité tout au long du XXe siècle l’interrogation des hugoliens, et pour cause, car elle ne se trouve nulle part dans l’œuvre de Victor Hugo. […] En réalité, la solution de ce problème se trouve sans doute dans le Grand dictionnaire universel du XIXe siècle de Pierre Larousse, qui, aux tomes VII (article « Ecole », 1870) et XIII (article « prison », 1875), donne cette citation de Louis Jourdan : « Ouvrir une école aujourd’hui, c’est fermer une prison dans vingt ans. » Larousse n’étant guère avare en citations hugoliennes, il semble bien que Louis-Charles Jourdan (1810-1881), rédacteur au Siècle, soit l’auteur véritable de la formule.
Armand Erchadi, « Retour sur la pensée éducative de Hugo: le pédagogue déguenillé et les enfants d’éléphant », communication au Groupe Hugo du 18 décembre 2010. [Disponible en ligne]

“Open a school and close a prison,” Horace Mann was fond of saying.
Samuel J. Braun & Esther P. Edwards: History and Theory of Early Childhood Education, p. 88. 1972. [Disponible en ligne]

Parents have, perhaps unconsciously, fallen prey to the fallacy propounded by those intelligentsia who, to cover up their own reactionary theories, call themselves “progressives.” This group has led parents to believe that evil, sin and crime are due to ignorance, and that if we educate by imparting knowledge we will abolish crime. Typical of this was Guizot, who when non-religious education began said: “He who opens a school, closes a prison.”
Fulton J. Sheen: Seven Pillars of Peace, p. 80. 1944. [Disponible en ligne]

Un grand orateur a dit, il y a un mois passé, que « chaque fois qu’une école est créée, cela est une prison fermée »
« Encore une prison fermée à Porto-Novo », in Le Phare du Dahomey, 13 mai 1937, p. 1. [Disponible en ligne]

Education is a subject upon which everybody has had—and has—views from the days of John Bright’s famous “Open a school and close a prison”; but the author’s lucid account of the complicated machinery of Local Administration and the thousand and one other problems with which a Permanent Secretary is confronted may make critics of this particular Department at any rate feel that reforms are sometimes easier to advocate than effect.
The Publishers’ Circular and Booksellers’ Record, vol. 126, p. 599. 1927. [Disponible en ligne]

People liked repeating with Jean Macé, the founder of “La Ligue de l’enseignement,” that to open a school was to close a prison.
Paul Bureau: Towards moral bankrupcy, p. 455. London, 1925. [Disponible en ligne]

« Ouvrir une école, c’est fermer une prison », disait et répétait Thiers. On en est revenu, et quelques-uns disent : « Fermer un couvent, c’est ouvrir une prison », en songeant à Clairvaux, à la Santé, à Cherche-Midi, à Saint-Lazare et à la plupart des colonies pénitentiaires.
« En quête d’une conscience », in La Croix, 22 août 1925, p. 5. [Disponible en ligne]

We should like to subscribe to the famous saying of the French stateman, Leon Michel Gambetta: “Every time we open a school we close a prison.”
P. Corbinian: The Laurentianum: Its Origin and Work, 1864-1924, p. 54. 1924. [Disponible en ligne]

Avez-vous vu le dessin qu’un grand artiste comme Forain a publié dans le Figaro du 21 décembre [1923] pendant le procès Germaine Breton ? [...] D’abord, en haut, à gauche, en manchette, une pensée célèbre dont on connaît surtout la magnifique paraphrase que Victor Hugo en a donnée : « Ouvrir une école, c’est fermer une prison. » (Louis Jourdan)
Paul Crouzet : « L’Art, diffamateur de l’Ecole », in L’École et la vie, 12 janvier 1924, p. 5. [Disponible en ligne]

Pendant la première période, Victor Hugo avait dit : « Ouvrir une école, c’est fermer une prison ! »
Victor Brudenne : « Un péril pour la race française, un remède pour le conjurer », La Revue, vol. 113, p. 191. 1er – 15 octobre 1915. [Disponible en ligne]

Victor Hugo écrivait : « Toute école qui s’ouvre ferme une prison. »
J. R. : « Sanctions terrestres », in Le Mémorial des Pyrénées. Organe de défense sociale et religieuse, n° 89, 30/3/1914.

Or donc, ces jours derniers, le député Chopinet assistait, à Saintines, à l’inauguration d’une mairie et d’une école et, subitement, il parla. Il se laissa aller, naturellement, à exalter ses sentiments d’anticléricalisme. « Construire une école, dit-il, c’est le meilleur moyen de faire de la bonne défense laïque ! Ouvrir une école, c’est fermer une prison ! Pourquoi donc, les prisons regorgent-elles de jeunes gens ? Dans chaque commune, il y a une lumière : l’instituteur ! et un éteignoir : c’est le curé !
« Un muet qui parle. C’est M. Chopinet, député de l’Oise », in L’Éclair, 20/10/1913, p. 3. [Disponible en ligne]

Jules Ferry disait : « Ouvrir une école c’est fermer une prison. »
« Chronique locale », in Journal du Cher, 24/5/1912, p 2. [Disponible en ligne]

Criminality is not a natural result of illiteracy, since it does not follow that because a person knows how to read and write he is less apt to commit a crime. Such is the opinion of Signor Calojanni, a Sicilian investigator, who has sought to confute the axiom of the jurist Filangieri, that when a school is opened a prison is closed.
The Medical Times, v. 39, October 1911, p. 314. [Disponible en ligne]

It is cheaper to secure public order, respect for property and morality through the school than through the police court. Every time we open a school we close a prison cell. [...] – Mr. J. H. Yoxall, M.P.
J. M. Knight: “IV.–The Right Hon. John Burns, M.P., L.C.C.”, in The Milligate Monthly. A Popular Magazine Devoted to Association, Education, Literature, & General Advancement, vol. 1, no. 4, p. 199. January 1906. [Disponible en ligne]

Lorsque les législateurs, il y a vingt ans, proclamèrent l’instruction publique et obligatoire, ils étaient persuadés avec Condorcet, qu’« une instruction universelle est le seul remède aux maux des hommes », et qu’« ouvrir une école, c’est fermer une prison ».
Une Passante : « L’École où l’on s’amuse », in La Fronde, 3 octobre 1899, p. 1. [Disponible en ligne]

On nous avait dit, il y a vingt ans : Ouvrir une école, c’est fermer une prison.
G. L. : « Pour les écoles libres de Paris », in Le Moniteur universel – Gazette Nationale fondée en 1789, 3 mai 1899, [p. 2].

Mais il fallait aller plus loin. Me Cortichiatto nous demandait de faire de la prison une école. Nous avons réalisé son désir. Je n’irai pas jusqu’à dire avec lui qu’ouvrir une école c’est fermer une prison, car si cet aphorisme était vrai, tous les coupables devraient être illettrés.
Discours de M. Conte, in Discours prononcés à la séance de rentrée tenue en la grand’chambre du conseil du tribunal le 21 janvier 1895, p. 22. [Disponible en ligne]

Ces faits peuvent se multiplier pour confirmer les paroles de Victor Hugo : « Quiconque ouvre une école, ferme une prison. »
Sir John Lubbock : « Discours d’ouverture », in Annales de l’Institut international de sociologie I. Travaux du premier congrès, Paris, 1895.

Rien de plus illusoire que l’adage « Ouvrez une école, vous fermerez une prison ». Peut-être même est-ce le contraire qui serait le plus vrai.
Jules Rochard (dir.) : Encyclopédie d’hygiène et de médecine publique. Tome premier, livre I, p. 297. Paris, 1890.

Sous le gouvernement de Juillet, on fit un pas en avant. Guizot s’était, un jour, écrié à la tribune : « Ouvrir une école aujourd’hui, c’est fermer une prison dans vingt ans. »
Edmond Neukomm : Mœurs et coutumes du bon vieux temps (temps présent, temps passé), p. 34. Paris, 1887.

J.-J. Rousseau écrivait : « Ouvrir des écoles, c’est fermer les prisons, c’est aussi fermer les hospices. » On a modifié cela. Chaque fois que l’on créera une école, il faudra, paraît-il, créer à côté un hospice pour y traiter les jeunes victimes du surménage intellectuel.
L’Abeille des Vosges, p. 2, 14 août 1887. [Disponible en ligne]

C’est encore à un lord, – lord Macaulay, si je ne me trompe, –qu’appartient la paternité de cette autre formule : « Ouvrir une école, c’est fermer une prison. »
Franck d’Avert : « L’École et la nation. Notes sur l’histoire nationale et pédagogique de la Suisse », in Revue internationale de l’enseignement, v. 12, p. 22. 1886. [Disponible en ligne]

Il est à présumer qu’en multipliant les écoles, on arrivera à diminuer le nombre des condamnations judiciaires : ouvrir des écoles, c’est fermer les prisons.
Eugénie Guinault, lauréat de la Société nationale d’Ecouragement [sic] au Bien : « L’influence des établissements philanthropiques sur la moralité du peuple », in Le Phare : autrefois la Prime : revue bi-mensuelle de la littérature, de l’industrie et des beaux-arts, p. 83, 1er janvier 1878.

Samedi, le citoyen Frébault, député de la Seine, a fait, au cercle du quinzième arrondissement, une conférence sur l’instruction publique aux États-Unis. […] Au point de vue moral, ouvrir des écoles, c’est fermer des prisons.
La Lanterne, journal politique quotidien, p. 4, 15 mai 1877.

Ouvrir une école aujourd’hui, c’est fermer une prison dans vingt ans. (L. Jourdan.)
Pierre Larousse : Grand dictionnaire universel du XIXe siècle, t. 13, p. 169. Paris, 1875. [Disponible en ligne]

M. Louis Blanc vient de publier une remarquable lettre où il proteste contre la prétention étrange de mettre les républicains en dehors des gens de bien. [...] Et s’adressant à M. de Broglie : « Si M. le duc veut dire que nous croyons à la perfectibilité des sociétés comme à celle des individus ; que la société actuelle ne nous paraît pas fermée au progrès ; que nous y voudrions plus d’écoles afin d’y avoir moins de prisons  [...]
Pierre Véron : « Bulletin politique », in Le Charivari, 25 juillet 1873, p. 1. [Disponible en ligne]

Un philanthrope anglais a dit ce mot célèbre : « Ouvrez une école, vous fermez une prison. »
Gaston Lavalley : « Une Poignée de vérités »Mémoires de l’Académie royale des sciences, arts et belles-lettres de Caen, p. 218. 1871. [Disponible en ligne]

Déja, M. Duruy avait posé en fait, qu’ouvrir une école, c’est fermer une prison.
« Chronique économique », in Journal des économistes, t. 45, 1/1/1865, p. 489. [Disponible en ligne]

Ouvrir cent écoles aujourd’hui, c’est fermer dix prisons dans vingt ans.
Louis Jourdan : Le Siècle, 13 octobre 1863, p.1. [Disponible en ligne]

Nous l’avons dit bien des fois : ouvrir une école aujourd’hui, c’est fermer une prison dans vingt ans.
Louis Jourdan : Le Siècle, 8 août 1863, p. 2. [Disponible en ligne]

Jean-Jacques Rousseau disait : « Ouvrir des écoles, c’est fermer des prisons. » M. Jules Lecomte dit que c’est aussi fermer des hospices…
Pierre de l’Estoile : « L’Histoire en pantoufles », in La Presse, 17 mars 1861, p. 2. [Disponible en ligne]

[…] ouvrez des écoles afin de pouvoir diminuer le nombre des prisons […]
Émile Marco de Saint-Hilaire : Histoire des conspirations et des exécutions politiques, t. 4, pp. 128-129. Paris, 1849. [Disponible en ligne]

Je ne dirai pas avec Rousseau : « Souviens-toi, souviens-toi sans cesse que l’ignorance n’a jamais fait de mal, que l’erreur seule est funeste….. » Il suffit de répondre que le nombre des crimes croît en raison de l’ignorance. Mais il est vrai que certains crimes, et les plus dangereux, se multiplient aussi en raison de l’instruction. Je sais le mal de l’ignorance, mais je connais aussi la plaie du faux savoir et du demi-savoir. Oh ! que ce problème est difficile : ouvrir une bonne école, c’est fermer la porte d’une prison et d’un hôpital ; ouvrir une mauvaise école, c’est préparer le vice et l’émeute !
Augustin Cochin : Essai sur la vie, les méthodes d’instruction et d’éducation et les établissements d’Henry Pestallozi, p. 96, 1848. [Disponible en ligne]

Une école de plus, une prison de moins, par M. Houry.
M. Allard : « Livres pour tous les établissements d’instruction primaire », in Recueil méthodique des lois, ordonnances, règlements, arrêtés et instructions, relatifs à l’enseignement, à l’administration et à la comptabilité des écoles normales primaires, p. 270. Paris, 1843. [Disponible en ligne]

Une école de plus, une prison de moins, ou des Avantages de l’instruction primaire et de la fréquentation des écoles pendant toute l’année
Titre du livre de Louis-Clément Houry, Lons-le-Saunier, 1838. Mémoire primé par la Société d’émulation du Jura. [Disponible à la BnF] [À propos de l’auteur]

Ouvrir des écoles c’est fermer les prisons.
Félix Bogaerts, Pensées et maximes, p. 125. Bruxelles, 1837. [Disponible en ligne]

Grande nouvelle ! éclatante nouvelle ! incroyable nouvelle ! Si elle se confirme, ce sera, dans toute la Belgique, une fête nationale : le canon tonnera de ville en ville, et le carillon volera de clocher en clocher jusque sur les tours de la cathédrale de Bruxelles. Léopold sortira processionnellement de son palais, et marchera de sa personne jusqu’aux portes de sa capitale, suivi d’un brillant cortège. Il y aura, le soir, illumination générale et spectacle gratis. On ouvrira les prisons et on fermera les écoles. Bref, ce sera, dans tous les Pays-Bas, une jubilation universelle  et à cette occasion, tous les cœurs seront pleins et tous les pots de bière seront vides.
« Le neuf août a compté la dot de Léopold ? », in Le Charivari, 20 juin 1835, p. 2. [Disponible en ligne]

Quand le plus grand nombre de vos administrés aura reçu l’instruction primaire, il vous sera plus aisé de les gouverner, car alors ils comprendront mieux leurs devoirs aussi bien que leurs droits. Il vous faudra moins de gendarmes, moins de prisons, moins de dépôts de mendicité, car plus l’instruction se répand dans les classes inférieures, plus on voit diminuer la mendicité, les délits et les crimes
Le Patriote, 22 octobre 1831, p. 1. [Disponible en ligne]

Des écoles sont ouvertes pour l’enfant, pour l’adolescent et même pour l’adulte, encore plongé dans l’ignorance ; on attaque le vice sur toutes ses formes, on soulage la misère partout où elle se rencontre ; on sait tirer des châtimens mêmes un moyen de réforme morale, et la prison est transformée en école [...]
« Introduction », in Journal des missions évangéliques, 1 janvier 1826, p 9. [Disponible en ligne]

À ce stade, on concluera que Félix Bogaerts est, à ce jour, le premier auteur documenté (en 1837) de cette formulation concise d’un concept apparemment apparu (au moins) une dizaine d’années plus tôt (1826), selon lequel l’instruction réduirait la criminalité. Aucune preuve ne montre que Guizot l’ait ainsi exprimée en 1832, ni Hugo (avant ou après).

28 avril 2025

Mal citer un auteur, c’est ajouter au malheur de ce monde (bis)

Classé dans : Littérature — Miklos @ 15:34

Cette citation apocryphe attribuée à M. Proust se trouve quasiment à l’infini (on n’a pas compté) sur l’Internet et n’a de cesse de s’y reproduire, jusqu’à en arriver dans des publications sérieuses, à l’instar du Bulletin mensuel de l’Académie des sciences et lettres de Montpellier, dans l’article « Analyse du paysage » de Jean-Paul Legros (t. 48, année 2017, p. 9)1.

Ce que Proust a réellement écrit, in « La Prisonnière » (t. 5 de La Recherche) – et non pas dans « Du côté de chez Swann », comme le fait une autre citation apocrypheest ceci : « Le seul véritable voyage, le seul bain de Jouvence, ce ne serait pas d’aller vers de nouveaux paysages, mais d’avoir d’autres yeux, de voir l’univers avec les yeux d’un autre, de cent autres, de voir les cent univers que chacun d’eux voit, que chacun d’eux est ; et cela, nous le pouvons avec un Elstir, avec un Vinteuil ; avec leurs pareils, nous volons vraiment d’étoiles en étoiles. »

Non seulement cette citation apocryphe raccourcit consi­dé­rablement l’original, mais le dénature : pour Proust, le « bain de Jouvence » n’est pas dans la recherche de nouveaux paysages (tel bien de touristes contemporains) ni de nouveaux regards (un nouveau regard ne fait pas forcément voir autrement, il peut confirmer le regard précédent), mais dans la pose d’autres regards – le sien propre et celui d’un ou de cent autres – sur l’univers qui nous entoure.

Ce que je comprends fort bien pour ma part : je fais régulièrement des parcours quasi identiques dans Paris, mais jamais je ne m’ennuie. Je comprends maintenant que je les vois, à chaque fois, quelque peu autrement – et ce d’autant plus quand je suis accompagné et que le regard de l’autre me fait voir ce que je n’aurais pas forcément remarqué, ou que j’aurais remarqué différemment.

Pour conclure, j’aurais pu citer Camus : « Mal nommer les choses, c’est ajouter aux malheurs du monde », sauf que ce n’est pas ce qu’il avait écrit

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1. L’Académie des sciences et lettres de Montpellier s’est empressée de corriger son exemplaire numérique de l’article en question.

17 avril 2025

La fin de « selfie »

Classé dans : Langue, Photographie, Sciences, techniques — Miklos @ 17:26

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«Le vocabulaire propre aux nouvelles technologies progresse rapidement. L’exercice de votre profession vous amène sûrement à constater ce phénomène.

À titre d’exemple, le mot selfie apparaît en 2004 sur la plateforme Flickr. Il renvoie à l’idée de se prendre en photo à l’aide d’un téléphone intelligent, d’une tablette ou d’un appareil photo numérique. L’usage de ce mot se répand en 2012 grâce aux réseaux sociaux populaires. En 2013, le terme selfie connaît une croissance de 17 000 %, selon le Oxford Dictionary. Guy Bertrand,» premier conseiller linguistique à Radio-Canada, vous suggère de remplacer cet anglicisme par « auto­photo­graphie », « auto­photo », « auto­portrait » ou « égo­portrait ».

Benoît Béland, Guide de communication orale et écrite, 2015.

«Polyphoto, Autophoto, Photomatic, etc…. sont des noms donnés à des appareils destinés à produire auto­ma­ti­quement plusieurs poses ou, livrant presque instan­ta­nément un nombre déterminé d’épreuves.

Si vous n’avez pas été « qualifié » pour obtenir d’un démarcheur une démons­tration d’un de ses appareils, peu importe ! Nous n’avons pas la prétention de nous substituer à un courtier, mais tout simplement de vous mettre en garde contre l’exploitation des dits appareils.

Les Sociétés (la plupart étrangères) qui font le négoce des appareils Polyphoto ou similaires s’intéressent bien plus de trouver des clients chez les photographes ou même chez ceux qui ne sont pas du métier, que de savoir si les appareils placés avec contrat ou non, répondent aux besoins de la clientèle.

À cela naturel­lement et en bon commerçant vous nous» répondrez que ce n’est pas votre affaire, que les curieux ont toujours tort et que les Photographes Qualifiés n’ont besoin de personne pour leur donner des conseils.

L’Objectif, 1er novembre 1935.

«Cette année, le vrai succès est pour le camelot en plein vent ; le camelot, installé sur une table qu’éclaire une bougie dans du papier. Celui-là est le centre de groupes toujours nombreux qu’attirent son boniment et souvent l’originalité de la marchandise qu’il débite.

‒ Demandez, crie l’un d’eux, demandez l’autophoto ! Pour dix centimes vous aurez un appareil photo­graphique au moyen duquel vous obtiendrez votre portrait comme celui de toutes vos connaissances. Mon appareil est mon exclusive propriété, j’en suis le seul et unique inventeur. L’autophoto et la manière de s’en servir pour deux sous ! Et tenez, messieurs, ne croyez pas, vu la modicité de son prix, qu’il soit imparfait, quant au fonc­tion­nement.» Y a-t-il dans l’honorable assistance une personne qui veuille ce soir, offrir sa photo­graphie à un parent, un ami ? Pour cette fois seulement, j’expé­rimente gratui­tement.

Le Petit Marseillais, 2 janvier 1889.

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