Miklos
« Je donne mon avis non comme bon mais comme mien. » — Michel de Montaigne

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26 février 2014

Life in Hell : Akbar achète le Groenland !

Classé dans : Lieux, Littérature, Nature, Sciences, techniques, Économie — Miklos @ 20:17


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Akbar adore le Groenland – sauf les mouches, moucherons, mous­tiques et autres insectes volants qui n’hésitent pas à envahir la bouche au moindre bâillement ou, à défaut, les oreilles et l’espace entre les verres des lunettes et les yeux –, pays dont il n’a visité qu’un (tout) petit bout en compagnie de Jeff, de Dr Dne et de son mari le Professeur Lin, mais assez pour en être fasciné. Et pour le reste du pays, il se délecte à la lecture des racontars de Jørn Riel.

Et voilà qu’il découvre dans l’ECUVESEncyclopédie de la Connaissance Universelle Vraie Et Solide que ce pays est à vendre (ainsi d’ailleurs que le Cameroun, Ifni, le Togoland ou un bout de l’Inde, propriétés qui, elles, devraient intéresser Jeff).

Ni une ni deux, il se précipite dans sa banque pour en retirer toutes ses économies. À son conseiller clientèle étonné qui lui en demande la raison, il explique ce qu’il compte en faire, ce que son interlocuteur approuve : ce ne sera pas un inves­tis­sement à fonds perdus, rajoutant bancai­rement : « Sa vaste calotte [celle du pays ou celle de son cardinal ?, sussure Akbar] regorge de matières premières stratégiques pour l’avenir de la croissance mondiale : or bleu avec de l’eau en abondance, or noir avec le pétrole, or vert grâce aux terres rares, or tout court et uranium. » Akbar sourit poliment tout en se disant in peto que ce qu’il préfère, c’est la neige et les icebergs (mais pas comme FionaSi vous ne savez pas de qui il s’agit, c’est que vous n’avez pas cliqué sur l’un des deux liens hypertextes ci-dessus.).

Akbar enveloppe soigneusement ses sous – en fait, des lingots, c’est plus facile à emballer – dans du papier journal bien froissé puis dans du papier bulle, et les sépare ensuite par des frites en poly­styrène pour éviter que le timbre si particulier de leur entre­choquement ne mette la puce à l’oreille d’un postier indélicat. Il dépose le tout dans un carton idoine qu’il expédie par courrier recommandé avec accusé de réception à… Il n’est pas sûr du destinataire, alors à toutes fins utiles il adresse le paquet à Monsieur le Secrétaire général des Nations Unies en le priant de bien vouloir le faire parvenir, si nécessaire, au souverain actuel du Danemark.

Une fois le titre de propriété reçu, il compte se faire construire un grand igloo – il y aura une chambre d’amis, avis aux amateurs – pour passer ses étés dans la partie du Groenland la plus peuplée d’ours blancs, de phoques, de baleines franches (au moins c’est clair, murmure-t-il) et de rorquals, de bernaches cravant, de guillemots de Brünnich, d’eiders à duvet (ça peut toujours servir, se dit Akbar in peto) et de mergules nains.

Jeff et Akbar sont les personnages d’une série de bandes dessinées de Matt Groening, qui est aussi le père de la fameuse – et infâme – famille Simpson.

25 octobre 2013

We are all sorcerer’s apprentices


Walt Disney’s Fantasia (1940)

I discovered Nick Carr’s intelligent and lucid critical analyses of the impacts of ever-increasing omnipresence of digital technology years ago, in 2005. Ever since, I have found that his views aren’t that far from mine on the subject. Needless to say, they aren’t rooted in rueful longings for a paradise lost, nor are we neo-Luddites or, worse, Unabombers.

Take for example his 2008 Atlantic Monthly paper, Is Google Making Us Stupid? What the Internet is doing to our brains: decrease in capacity for concentration [on a single task] and contemplation, trouble reading in-depth long articles or books (if you can read his whole paper uninterruptedly and in one sitting, you haven’t been yet that much affected), change in the style of writing (Twitter is to writing what surfing is to reading), increased reliance or dependence on search engines (or is it on a search engine). He justly quotes Richard Foreman who writes: “I see within us all (myself included) the replacement of complex inner density with a new kind of self—evolving under the pressure of information overload and the technology of the ‘instantly available’.”

In a paper published yesterday in the Atlantic Monthly, “All Can Be Lost: The Risk of Putting Our Knowledge in the Hands of Machines”, he describes how we react to computer failure, e.g., pilots in airplanes: not only those systems are so complex that it is sometimes difficult to gauge what happens when they start failing, but overreliance on them has made us less able than in the past to take over when they do so (can you still mentally figure out how much you’ll pay when you exit a supermarket?). In his words, “Overuse of automation erodes pilots’ expertise and dulls their reflexes, leading to what Jan Noyes, an ergonomics expert at Britain’s University of Bristol, terms ‘a de-skilling of the crew’”.

This isn’t new. Without going back to Plato who bemoaned the negative influence that the invention of writing would have on human memory which Carr quotes it in his 2005 article, this increased dependence and its long-term mental and physical debilitating effects are reminiscent of H.G. Wells’ description of the humans of the future, in his 1895 novel The Time Machine: “The Eloi, like the Carolingian kings, had decayed to a mere beautiful futility.”

Except that our future is likely not to be beautiful. Yes, it is true that while we loose (some?) skills we gain a lot: but as we go higher and faster and live longer, we are also much more tracked and controlled than before by a myriad of the eyes and ears of ever-increasing world-wide complex and interlocked systems in which local failures may cause global harmful repercussions much farther and faster than ever before. And now that we know that the Earth resources aren’t infinite and that a much larger system is breaking down due to our combined negligent and sometime willful actions and inactions, and without not only our technical but also political will and ability to fix or to stop its disruption, we may be less apt to face the unexpected.

Is the future still in our hands? Definitely so, but probably not the way we hoped it would be.

23 octobre 2013

Droit du sol en question, ou, Boutons ces étrangers-là hors de France

Classé dans : Actualité, Nature, Photographie, Politique, Société — Miklos @ 17:06

« L’Éternel dit à Abram : Va-t-en de ton pays, de ta patrie, et de la maison de ton père, dans le pays que je te montrerai. » — Gen. XII:1.

« Lève-toi ; prends l’enfant et sa mère, et fuis en Égypte. » — Matt. II:13.

Vous craignez encore d’écoper du Copé ? Alors faisons court mais faisons bien : c’est çui qui dit qui est. Plus bref que ça tu meurs.

En moins bref : on ne sait si la famille de l’individu en question, composée d’immigrés (dont le grand-père, originaire de Roumanie, le pays d’où des hordes seraient en train d’envahir la France ; dont la mère, originaire du continent d’où des hordes envahissent toute l’Europe par Lampedusa) a bénéficié du droit du sol qu’il veut remettre partiellement en question, tandis que la madone du parti auquel le sien fait du pied veut l’éliminer entièrement comme l’avait fait un certain maréchal-nous-voilà.

Quoi qu’il en soit, on trouverait alors logique qu’il propose de dénaturaliser tous les descendants d’immigrés clandestins en France, à commencer (on ne va pas remonter plus loin) par les Francs (hordes qui avaient envahi la France, heu, la Gaule, à partir de la Pannonie, très proche de la Roumanie actuelle, comme quoi…).

Et les Bretons, prenons la peine d’en parler, Madame Le Machin Truc : que ce soient les hordes de Bretons en provenance de l’actuelle Grande Bretagne ou les Celtes, hordes dont le berceau se trouverait en Autriche (elle-même pas si éloignée de la Roumanie, comme quoi…) qui aient peuplé votre notre Bretagne à tous, leurs descendants sont devenus Français soit du fait du mariage sous contrainte d’Anne de Bretagne à Charles VIII, soit du fait du droit du sol : ne serait-il pas temps de vous rendre votre liberté ?

Pour ma part, né sur ce sol d’une immigrée et d’un étranger, je n’ai, moi, aucun problème avec ce droit ni avec ceux qui en bénéficient en France. En fait, nous sommes tous des immigrés ou des descendants d’immigrés. Il y en a toujours eu, depuis la nuit des temps – que ce soit sur ordre divin ou poussés par la nécessité – et jusqu’à ce jour, et il y en aura toujours, autant se faire à l’idée, non ? Et si vous voulez arrêter un flot qu’on ne pourra bientôt plus endiguer, réellement, ce serait celui des mers ; alors combattez plutôt le réchauffement climatique, au moins ça sera utile aux générations futures.


Street art. Autres photos ici.
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13 septembre 2013

Un ubuesque lauréat

Classé dans : Actualité, Littérature, Nature — Miklos @ 14:11

On vient d’apprendre que le lauréat de l’édition 2014 d’un concours mondial de beauté est l’australien Psychrolutes Marcidus. Comme la presse ne s’est empressée de nous montrer que son charmant minois, nous vous présentons ici en exclusivité mondiale son portrait de pied en cap (ci-dessus) et de profil (ci-dessous).

26 août 2013

Chauve qui peut !

Classé dans : Actualité, Littérature, Musique, Médias, Nature — Miklos @ 17:48


Sourire à ce suceur de sang, et en sus source de virus ?

«Longtemps y a qu’on a mis en doute, à savoir si la sourichauve devait être mise au nombre des oiseaux, ou au rang des animaux terrestres. Parquoi ayant trouvé lieu à propos entre nos oiseaux de nuit, nous a semblé bon ne passer outre sans en faire quelque petit discours : car la voyant voler, et avoir ailes, l’avons avouée oiseau. Pline ayant traduit, ce qu’il en a écrit, d’Aristote, et Aristote aussi, ont fait entendre qu’ils n’ont ignoré qu’elle allaite ses petits des deux mamelles de sa poitrine, qui sont en elle, comme en l’homme. Aussi au livre premier de l’histoire, chapitre premier, il la nombre entre les bêtes qui ont deux pieds. Et nous, qui en avons observé quelque chose, ajouterons ce qu’en avons trouvé. Les Grecs l’ont nommée Nicteris, et les Latins, Vespertilio : mais pour l’affinité que lui voyons avec une souris, l’avons nommée

Nicteris en grec, Vespertilio en latin, Souris chauve en Français,
l’on dit aussi
Rattepenade, quasi Mus pennatus.

Sa principale pâture est de mouches : combien qu’elle mange aussi la chair pendante au plancher, et la chandelle, et telles autres choses grasses, se ressentant quelque chose de la nature des souris. C’est ce en quoi elle est différente aux oiseaux : car elle n’a bec ni plumes, mais participe des deux. Elle a dents, et la langue à délivreAgile.. Aussi à machoires, et lèvres, et est couverte de poil.

Les auteurs en font de diverses espèces, nommant l’une d’Assyrie, qu’ils disent être de plus grande corpulence que la nôtre. Disent aussi qu’il y en a d’autres, qui vivent ès confins des paluds d’Arabie, qui donnent empêchement aux habitants de cueillir la casseFruit du cassier.. Mais pour ce que ne les avons vues, n’en dirons autre chose. Et si bien la chauve-souris se repaît de nuit, toutefois elle ne vole le long de la nuit, mais seulement le soir et le matin. Et cherchant l’obscurité à se cacher surjour, se contient en diverses manières, selon les pays ou elle doit vivre : car en pays de montagne elle se tient entre les gros rocs, ou bien en une cave. Celles qui se logent en la grande Pyramide d’Egypte, portent la queue longue comme font les souris, et rendent les crottes aussi dures, et de même façon. Nous arrivâmes en l’île de Crète au temps qu’elles avaient leurs petits, et étant entrés, dedans une perrière, que le vulgaire appelle de faux nom, le Labyrinthe, qui est située entre les ruines de Gnosos et de Gortina, en laquelle on peut aller sans torche, en trouvâmes si grand nombre léans, qu’à peine pouvions porter nos torches allumées, tant elles volent autour de la lumière en grand troupe. Mais plus grande nouveauté nous fut de les voir attachées au roc, où elles se tenaient pendues par deux petits crochets qui sont en leurs ailes, qui est une marque que nous ne trouvons point en celles de deçà.

Chacune fait deux petits, et ne se trouvent jamais passer ce nombre, et le plus souvent n’en ont qu’un seul : car nature ne leur a octroyé que deux mamelles. Chose que savons pour en avoir tranché une vingtaine des prégnantes, et pour avoir vu leurs anatomies, que maintenons être comme celle d’une souris. Cette chauve-souris porte ses petits en la matrice enveloppés de leurs arrières-faix. Elle ne fait aucun nid, et lorsqu’elle rend ses petits, ne se tient appuyée contre aucune chose. Mais se pend par les pieds et par les crochets de ses ailes et demeurant pendue est renversée, et tient ses petits sur sa poitrine les allaitant comme un animal terrestre. Et au bout d’un jour ou deux, les pend par les crochets de leurs ailes, à fin qu’ils demeurent là, pendant qu’elle va au pourchas de sa pasture. Mais puisqu’elle les rend enveloppés de leur arrière-faix, il est nécessaire qu’elle ait l’industrie de les dénouer avec les dents, et les séparer d’avec le nombril. N’est-ce donc pas grande bénignité de la sagesse de nature en l’endroit des animaux, que les amusant à rendre leurs petits, et les détenant quelques jours sans leur donner loisir de pourchasser leur pâture, lorsqu’ils ont plus grand affaire de nourriture pour les allaiter, a su prévoir à ce qu’ils ont défaut ? Ce qu’elle leur a appris à manger leurs arrières-faix, ou secondines, est à fin qu’elles s’en nourrissent deux ou trois jours, pendant le temps qu’ils sont amusésOccupés. à faire leur gésine. Mais celles de ce pays-ci, et autre d’Europe, que nature a dénués de crochets, se tiennent ès fendacesFentes. des poutres, ou des soliveaux , où elles élèvent leurs petits en autre manière. L’on ne trouve point que les chauve-souris emportent leurs petits en volant. L’exemple est en plus de quatre mille dedans la pierrièreCarrière. de Crète, qui toutes les avaient laissés pendus, dont n’y en eut pas une qui bougeât son petit pour notre arrivée.

Les chauve-souris sont quasi aussi noires que rats, ayant les oreilles beaucoup grandes, dont y en a qui en ont quatre. Toutes les ont noires, comme aussi sont les prunelles de leurs yeux. Elles ont le bec bien grand, les naseaux à la manière d’un veau, et les mâchoires entourées de poil long, et noir, bien garnies de dents jusques au nombre de trente et quatre, desquelles dix-huit sont en la mâchoire d’en bas, et seize en celle d’en haut. Les dents sont rondes, et longuettes, et entre autres y en a deux dessus, et deux dessous à la manière des canines, chose qui n’advient aux rats, et souris. Sa langue est longue comme celle des animaux qui vivent de chair. La voix qu’elle fait en criant est claire et plus aérée que d’une souris. Ses ailes sont faites de membranes qui ne contiennent point de sang, et lui commençant depuis l’épaule, leurs prennent tout le long des ailes : et entournent les jambes, qui ont quatre articulations, dont se servent au lieu de pieds, tant de devant que derrière. Elles ont cinq doigts en chaque pied, assez bien munis d’ongles crochus, ayant une paume ouverte ès pieds de derrière, ressemblant à une main. Leur queue est toute entournée de membranes, au moins en Europe : car elle passe outre en celles d’Afrique. Au reste les autres parties intérieures conviennent totalement avec celles d’une souris. »

Pierre Belon du Mans, L’Histoire de la nature des oyseaux, avec leurs descriptions, et naïfs portraicts retirez du naturel, livre II ch. XXXIX (« De la Sourichauve »). Paris, 1555.


Johann Strauss II, La Chauve-souris, ouverture.

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