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« Je donne mon avis non comme bon mais comme mien. » — Michel de Montaigne

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1 mars 2023

Wars, wars, wars…, or, The state of human nature

Classé dans : Actualité, Philosophie, Politique, Société — Miklos @ 17:19

Plate numbered 28 of Tim Bobbin [pseudonym of John Collier], Human Passions Delineated, 1773, with two men fighting (source).
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In the nature of man, we find three principal causes of quarrel. First, competition; secondly, diffidence; thirdly, glory; the first makes men invade for gain; the second, for safety; and the third, for reputation… hereby, it is manifest that during the time men live without a common power to keep them all in awe, they are in that condition which is called war; and such a war as is of every man against every man… Whatsoever therefore is consequent to a time of war, where every man is enemy to every man, the same consequent to the time wherein men live without other security than what their strength and their own invention shall furnish them with. In such condition there is no place for industry, because the fruit thereof is uncertain: and consequently no culture of the earth; no navigation… no society; and which is worst of all, continual fear, and danger of violent death; and the life of man, solitary, poor, nasty, brutish, and short… To this war of every man against every man, this also is consequent; that nothing can be unjust. The notions of right and wrong, justice and injustice, have there no place. Where there is no common power, there is no law; where no law, no injustice… The passions that incline men to peace are: fear of death; desire of such things as are neces­sary to commodious living; and a hope by their industry to obtain them.

Thomas Hobbes, Leviathan, pp. 81-84. 1651.

15 novembre 2020

Apéro virtuel II.14 – dimanche 15 novembre 2020

Classé dans : Arts et beaux-arts, Philosophie, Progrès, Sciences, techniques — Miklos @ 23:59

L’arrière-plan de Michel ayant suscité de l’étonnement chez Jean-Philippe (qui pense à Matrix) et Françoise (C.), il leur parle du premier ordinateur1 sur lequel il a travaillé professionnellement, à partir de 1972 (son premier cours d’informatique remontant à 1966) : alors qu’un ordinateur portable n’a que quelques centimètres d’épaisseur, et un téléphone portable se met dans une poche, cet ordinateur, d’une capacité de mémoire 100.000 fois moindre, nécessitait une armoire pour héberger ses circuits : à l’époque, la mémoire était composé de tores magnétiques, petits anneaux visibles à l’œil nu autour desquels étaient enroulés des fils électriques qui servaient soit à les magnétiser dans un sens ou dans l’autre (ce qui correspondait à un 0 et un 1, respectivement), soit à lire le champ magnétique qui y était présent. Ce type de mémoire était évidemment aussi très volumineux en taille en comparaison par exemple à une carte SIM actuelle, mais permettait d’y garder l’information enregistrée pendant plusieurs années sans aucune alimentation électrique… Faculté d’autant plus nécessaire que cet ordinateur ne possédait pas de disque dur, et qu’on chargeait le programme initial à l’aide d’une bande de papier perforée (chaque trou correspondant à 0 ou 1), à l’instar des télex de l’époque3, et ultérieurement des cartes perforées. Malgré la taille très réduite de sa mémoire et l’aspect « primitif » de cet ordinateur, il était extrêmement rapide et permettait de réaliser en temps réel des simulations graphiques complexes sur 6 écrans en interaction avec 6 personnes.

Michel continue en expliquant à quoi servent ces 0 et 1, en montrant comment ils peuvent servir à compter2 et à calculer tout aussi bien qu’avec les chiffres de 0 à 9 – c’est d’ailleurs le cas des bouliers, où chaque boule n’a qu’une position, en haut ou en bas, ou des doigts de la main (qui peuvent être soit pliés soit redressés). C’est ce qu’on appelle le système binaire, et il est encore utilisé dans tous les ordinateurs d’aujourd’hui (mais évidemment dans des circuits électroniques qui n’ont rien à voir avec ceux d’alors), et pas que pour coder des nombres, mais aussi des lettres et tout signe qui « entre » dans l’ordinateur. Françoise (C.) demande alors que veulent dire « 2 puissance 2, 4 puissance… », à quoi Michel répond que « 2 puissance 2 » (ou « 2 au carré ») est un raccourci pour dire « 2 multiplié deux fois par lui-même » (donc 2 x 2), « 2 puissance 3 » (ou 2 au cube ») voulant dire « 2 multiplié 3 fois par lui-même »(donc 2 x 2 x 2), « 4 puissance 2 » étant « 4 multiplié 2 fois par lui-même » (4 x 4), etc. Et 25 x 25 est donc appelé « 25 puissance 2 » ou « 25 au carré » (rappelant ainsi que la surface d’un carré de 25 cm de côté est de 25 x 25 cm²). Françoise (P.) dit avoir bien compris, mais ne sent pas qu’elle pourrait l’expliquer à d’autres, à quoi Michel répond que c’est normal pour tout apprentissage – il faut laisser du temps au temps pour qu’une fois appris on puisse restituer.

Jean-Philippe raconte alors que ceci lui rappelle son instituteur en 6e qui avait enseigné le système binaire à ses élèves à l’aide d’une petite boîte avec commutateurs et deux types de lumières qu’il avait fabriqué lui-même. Il rajoute que certaines de ces anciennes tech­niques deviennent obsolètes, à l’instar du Morse (pas l’animal, mais le code – binaire, lui aussi – permettant dans le passé de coder des messages télégraphiques) dont l’usage aurait été supprimé par une convention internationale signée l’année dernière4. Il rajoute que non seulement le Morse est un système binaire (il n’a que deux signes basiques, représentés par le point et le trait), mais le Braille aussi. Michel rajoute un autre exemple d’un « usage binaire » : les images dans la presse (ou ailleurs). Si on les regarde à la loupe, on voit qu’elles sont composées d’une alternance de points (microscopiques) blancs et noirs – donc, ici aussi, deux signes uniquement pour « coder » une image qui peut être très riche et semble tout à fait lisse.

Enfin, à propos de miniaturisations, Michel mentionne son admiration pour des peintures miniatures du passé, faites à la main, où les détails – personnes, animaux, plantes, paysage…- font à peine quelque millimètres, ce qu’on retrouve pour la gravure sur des camées, précise Jean-Philippe.

Michel explique alors le choix de son arrière-plan : il avait brièvement mentionné hier une nouvelle dystopique d’Asimov, écrite en 1955, qui prédisait l’usage absurde des sondages pour déterminer le résultat de l’élection du président américain grâce à un superordinateur (cela ne s’appelait pas comme ça à l’époque) appelé Multivac (en écho du premier ordinateur commercial créé aux US, Univac). Cet arrière-plan illustre quelque peu ces monstres, réels comme fictifs. Il rajoute que la critique de la technique n’est pas récente, et a dû sans doute commencer avant même la Deuxième guerre mondiale (on pense aux Temps Modernes de Charlie Chaplin, ou à Metropolis de Fritz Lang), et mentionne l’incontournable Jacques Ellul (1912-1990), sociologue et théologien protestant, qui a écrit des ouvrages remarquables sur la technique, à l’instar de Le Système technicien5. ouvrage qu’il détient parmi d’autres d’Ellul. Jean-Philippe montre alors son exemplaire de Jacques Ellul, l’homme qui avait (presque) tout prévu de Jean-Luc Porquet. Bien qu’ayant enseigné longtemps en France, il est surtout célèbre… aux États-Unis et ailleurs.

Françoise (P.) demande à la cantonade ce qu’ils ont « visité » (virtuellement) dans la nuit des musées, à quoi Françoise (C.) répond : « Le musée Galliera » où se tient l’exposition Dior, qu’elle n’a regardée que d’un œil, ayant voyagé toute la journée en train de Milan à Paris.

Occupé qu’il était à écrire le compte-rendu d’hier, Michel n’avait pu participer à ces visites, et il avait donc décidé de présenter aujourd’hui sa visite (réelle) au musée Zadkine, il y a quatre ans.

En préliminaire, il identifie « La sentinelle » présente sur la première photo de l’album de Khor Virap (Arménie) qu’il avait montrée l’avant-veille, information que lui a fournie un ami arménien qu’il a interrogé : il s’agit de Kevork Chavush (1870-1907), milicien arménien dont l’action visait à améliorer le sort de la paysannerie arménienne face aux harcèlements des Turcs et des Kurdes (on le voit de plus près sur cette photo tirée de Wikipedia).

Puis au moment où il commence à montrer son album de photos du petit musée en question, Sylvie se joint à l’apéro et s’exclame qu’elle avait, elle aussi, prévu de parler du même musée… C’est donc à deux qu’ils commenteront les quelques photos sur lesquelles Michel s’attarde – en général de très expressives – et modernistes – sculptures de personnages dans des variétés de bois, mais parfois d’autres matériaux.

Sylvie souhaite alors montrer une vidéo (d’une durée de 4 minutes) du musée Antoine-Lecuyer à Saint-Quentin (Aisne, pas Yvelines), consacrée au portrait. Mais hélas, les capacités de sa connexion à l’internet ne lui permettent pas de partager le visionnage de la vidéo par Zoom. La voici donc :

Elle parle ensuite de l’excellente exposition consacrée à Pierre Dac au musée d’art et d’histoire du judaïsme, qu’elle a pu visiter quelques jours avant le début du confinement actuel. Le site du musée permet de visionner sept vidéos de, ou sur, Pierre Dac, avec, entre autres, Le Biglotron :

ainsi que Le Parti d’en rire :

_______________

1. C’était le modèle Sigma 2 de la marque SDS (ou Scientific Data Systems), dont on peut voir une photo ici.

2. Avec les chiffres de 0 à 9 on compte ainsi jusqu’à 999 (par exemple) : _ _ 0, _ _ 1, _ _ 2, …, _ _ 8, _ _9 – puis on remet le 9 à zéro et rajoute un chiffre à gauche : _ 1 0, et l’on recommence avec le zéro le plus à droite : _ 1 1, _ 1 2, …, _ 1 8, _ 1 9 – puis on remet le 9 à zéro, et augmente le 1 : _ 2 0, _ 2 1, …, _ 9 9 – et on remet tous les 9 à zéro et on rajoute un 1 à gauche : 1 0 0, 1 0 1… jusqu’à 9 9 9.

Pour le binaire, exactement la même démarche, mais on n’utilise que 0 et 1, et donc on aura : _ _ 0, _ _ 1 – et comme on ne peut augmenter le 1 (puisqu’on n’a pas le droit d’utiliser d’autres chiffres), on le remet à zéro et rajoute un chiffre à gauche : _ 1 0, _ 1 1 – et encore une fois, on remet les 1 à zéro, rajoute un chiffre à gauche, et recommence à incrémenter à partir de la droite : 1 0 0, 1 0 1 – là on remet le 1 à droite à zéro et à sa gauche on passe à 1 : 1 1 0, 1 1 1.

On n’a pu écrire ainsi que 8 nombres, de 000 à 111 – ils correspondent donc aux nombres décimaux 0 à 7. En d’autres termes, 111 (par exemple) est le codage binaire de 7.

3. Les bandes servant à l’informatique étaient percées (ou non) de 8 trous en largeur, ce qui correspondait à un octet. Les bandes du télex étaient percées de 5 trous en largeur. On peut voir ici ces deux types de bandes.

4. On n’a trouvé nulle référence à une telle suppression, notamment sur le site de l’ITU.

5. Il aurait aussi fallu mentionner dans ce contexte L’Obsolescence de l’homme. Sur l’âme à l’époque de la deuxième révolution indus­trielle de Günther Anders, publié en 1956.

31 octobre 2017

Something to believe in for everyone || Vous y croyez, vous ?

Classé dans : Langue, Littérature, Philosophie, Politique, Religion, Société — Miklos @ 16:38

Some words ending in –ism.
Some words ending in –ism (fuller list below).
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The liberal is your true undying friend
But disagree with him and that’s the end.

The radical, however, claims no friend
Except his catechism, which can bend.

In the revolution there are always cracks:
The Communists killed Trotsky with an ax.

The guns of the Idealists are red-hot:
Whoso commits nonviolence is shot.

Karl Jay Shapiro (1913-2000), ISMs.

Ableism ⋅ Abolitionism ⋅ Absenteeism ⋅ Absolutism ⋅ Abstractionism ⋅ Absurdism ⋅ Academicism ⋅ Academism ⋅ Achromatism ⋅ Acrotism ⋅ Actinism ⋅ Activism ⋅ Adonism ⋅ Adoptianism ⋅ Adoptionism ⋅ Adventism ⋅ Adventurism ⋅ Aeroembolism ⋅ Aestheticism ⋅ Ageism ⋅ Agism ⋅ Agnosticism ⋅ Agrarianism ⋅ Alarmism ⋅ Albinism ⋅ Alcoholism ⋅ Aldosteronism ⋅ Alevism ⋅ Algorism ⋅ Alienism ⋅ Allelism ⋅ Allelomorphism ⋅ Allomorphism ⋅ Alpinism ⋅ Altruism ⋅ Amateurism ⋅ Amoralism ⋅ Amorphism ⋅ Amyraldism ⋅ Anabaptism ⋅ Anabolism ⋅ Anachronism ⋅ Analogism ⋅ Analphabetism ⋅ Anarchism ⋅ Anecdotalism ⋅ Aneurism ⋅ aneurysm ⋅ Anglicanism ⋅ Anglicism ⋅ Animalism ⋅ Animatism ⋅ Animism ⋅ Anisotropism ⋅ Antagonism ⋅ Anthropocentrism ⋅ Anthropomorphism ⋅ Anthropopathism ⋅ Antialcoholism ⋅ Antiauthoritarianism ⋅ Antiblackism ⋅ Anticapitalism ⋅ Anticlericalism ⋅ Anticolonialism ⋅ Anticommercialism ⋅ Anticommunism ⋅ Antielitism ⋅ Antievolutionism ⋅ Antifascism ⋅ Antifeminism ⋅ Antiferromagnetism ⋅ Antihumanism ⋅ Antiliberalism ⋅ Antimaterialism ⋅ Antimilitarism ⋅ Antinepotism ⋅ Antinomianism ⋅ Antiquarianism ⋅ Antiracism ⋅ Antiradicalism ⋅ Antirationalism ⋅ Antirealism ⋅ Antireductionism ⋅ Antiritualism ⋅ Antiromanticism ⋅ Antiterrorism ⋅ Aphorism ⋅ Apocalypticism ⋅ Apocalyptism ⋅ Arabism ⋅ Archaism ⋅ Arianism ⋅ Armirianism ⋅ Asceticism ⋅ Assimilationism ⋅ Associationism ⋅ Asterism ⋅ Astigmatism ⋅ Asynchronism ⋅ Atavism ⋅ Atenism ⋅ Atheism ⋅ Athleticism ⋅ Atomism ⋅ Atonalism ⋅ Atropism ⋅ Atticism ⋅ Autecism ⋅ Auteurism ⋅ Authoritarianism ⋅ Autism ⋅ Autoecism ⋅ Autoeroticism ⋅ Autoerotism ⋅ Automatism ⋅ Automorphism ⋅ Baalism ⋅ Bábism ⋅ Bahaism ⋅ Baptism ⋅ Barbarianism ⋅ Barbarism ⋅ Bathouism ⋅ Behaviorism ⋅ Behmenism ⋅ Benthamism ⋅ Benzhuism ⋅ Biblicism ⋅ Bibliophilism ⋅ Bicameralism ⋅ Biculturalism ⋅ Bidialectalism ⋅ Bilateralism ⋅ Bilingualism ⋅ Bimetallism ⋅ Bimoism ⋅ Binarism ⋅ Biologism ⋅ Bioregionalism ⋅ Bipartisanism ⋅ Bipedalism ⋅ Biracialism ⋅ Blackguardism ⋅ Bogomilism ⋅ Bogyism ⋅ 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23 octobre 2017

Des honnêtes gens d’alors et d’aujourd’hui

Classé dans : Histoire, Philosophie, Politique, Progrès, Religion, Société — Miklos @ 13:03


Sylvain Maréchal : Almanach des honnêtes gens. 1788.
Cliquer pour agrandir.

[En cette période de violences ethniques et religieuses de tous ordres de par le monde et du rejet de l’autre sous prétexte d’une différence quelconque, il est salutaire de relire attentivement l’Almanach des honnêtes gens que Sylvain Maréchal avait publié en 1788, ce pourquoi il avait été emprisonné pendant quatre mois et l’Almanach condamné à être « lacéré & brûlé » selon un Arrêt de la Cour de parlement, qui, lui aussi, mérite d’être lu – on l’a également reproduit ci-dessous : les arguments de la Cour d’alors, à peine plus d’un an avant la Révolution française, sont si semblables à ceux des ultra conservateurs de nos jours ! ne croirait-on pas entendre, ici et là, la voix de la fondatrice contemporaine du Parti chrétien-démocrate ?]

Présentation de l’Almanach par son auteur

Dans ce calendrier tout profane, on n’a pas prétendu faire loi. Mais comme mal­heu­reu­sement les habitants de la terre sont divisés de culte, on a tenté de les rapprocher par un lieu commun de fraternité. Le proverbe dit : Il y a des honnêtes gens partout. C’est d’eux & pour eux qu’on s’est occupé ici. L’Almanach des honnêtes gens pourra être consulté également par le catholique & le protestant, le luthérien & l’anglican, le chrétien & le Mahométan, l’idolâtre & l’hébraïsant. On ne doit cependant regarder ceci que comme le germe informe d’un ouvrage plus important ; comme le portique ébauché d’un édifice de paix, où les hommes se trouveront un jour plus à leur aise que partout ailleurs.

Qu’on ne fasse pas l’injure à l’espèce humaine de croire qu’elle n’a produit de grands hommes que ceux dont les noms se trouvent ici, on n’a inscrit que ceux dont on a pu découvrir la date un peu certaine de la naissance & de la mort, indiquées par une n ou par une m.

Les changements qu’on s’est permis s’expliqueront assez d’eux-mêmes.

On a divisé chaque mois de cet Almanach des honnêtes gens par décades, c’est-à-dire de dix en dix jours en sorte qu’il y a dans l’année 36 décades : les 6 jours excédant les 360 jours, serviront d’Chacun des jours que les anciens Égyptiens ajoutaient à leur année de 360 jours pour la faire coïncider avec l’année solaire.épagomènes & peuvent être consacrés si l’on veut à des solennités purement morales : Par exemple,

Une fête de l’Amour au commen­cement du printemps, le 31 mars ou Princeps,

Une fête de l’Hyménée, au commen­cement de l’été, le 31 mai ou Ter.

Une Fête de la Recon­naissance en automne, le 31 août ou Sextile.

Une fête de l’Amitié, en hiver le 31 décembre.

La fête de tous les grands Hommes, aémères, c’est-à-dire, dont on ne sait point la date de la mort & de la naissance, le 31 janvier ou un-décembre,

Quand au choix des personnages, à l’exemple du rédacteur on sera libre d’y substituer tous ceux qui paraîtront mériter la préférence, ou bien d’imiter chacun dans sa famille, ce que le rédacteur a fait pour la sienne, au 21 d’octobre. Un almanach composé en entier dans cet esprit ne pourrait tourner qu’au profit des mœurs.

Le défaut de place n’a pas permis de citer l’année de la naissance & de la mort des grands Hommes de ce Calendrier. On désirerait aussi que chacun d’eux eût été peint d’un trait. On tâchera d’y suppléer dans un petit livret portatif qui paraîtra dans le cours de l’année sous le titre de Dictionnaire des honnêtes gens.

Sylvain Maréchal, Almanach des honnêtes gens, 1788.


Page de garde de la réédition de 1836 de l’Almanach des Honnêtes Gens.

Avertissement de Génin pour la réédition de cet Almanach en 1836

Le hasard m’ayant fait découvrir dans cet almanach une particularité fort extraordinaire, en la rapprochant des événements qui ont suivi sa publication, je me décide, d’après la demande de Entre autres M. le baron de Vincent dont la mort récente laisse de si justes regrets.plusieurs personnes recommandables, à le faire réimprimer à un très petit nombre d’exemplaires ainsi que l’arrêt du Parlement dont je l’ai trouvé accompagné dans la bibliothèque de M. Moüette, mon beau-père, qui le possédait depuis 1788, époque où il fut publié.

Cet imprimé, confondu avec plusieurs productions de ce temps, n’attira d’abord mon attention que par sa conformité avec le calendrier républicain, décrété quelques années plus tard ; en effet, les mois y sont divisés par décades, et les jours excédant cette division y figurent comme jours complémentaires à la fin de chaque mois de 31 jours ; les noms des saints y sont remplacés par ceux des hommes les plus célèbres de l’antiquité ou des temps modernes, et chacun suivant le jour de sa naissance ou de sa mort ; ainsi Jésus Christ y est porté au 25 décembre, jour de la Nativité, et l’amiral Coligny au 24 août, jour de la Saint Barthélemy… ; mais quelle ne fut pas ma surprise lorsque, parcourant cet almanach avec plus d’attention je remarquai qu’un seul jour de l’année n’était rempli d’aucun nom… et se trouvait être le 15 août !… jour de la naissance de Napoléon !!… Cette lacune est en effet tellement étrange qu’on ne sait à quoi l’attribuer ; serait-ce au hasard?.. ou l’auteur de cet almanach n’a-t-il trouvé aucun nom célèbre à placer à cette date?.. ou enfin voulait-il se la réserver pour lui-même parce qu’il était né le 15 août ?… On ne peut le supposer, puisque rien ne l’empêchait d’user du privilège qu’il accorde à chacun de ses lecteurs, de se substituer à tel nom qu’il voudra, comme il l’a fait au 21 octobre, jour de la naissance de son père…. ; mais, quelque soit la cause ou le motif de cette lacune, toujours est-il qu’elle est si remarquable par l’application qu’on peut lui faire aujourd’hui du nom de Napoléon, qu’elle ne devait pas rester plus longtemps inconnue.

Un ouvrage publié en 1813 par M. Sallier, ancien nombre du parlement de Paris, intitulé Annales françaises depuis 1774 jusqu’en 1789, Page 304 . « Parmi les écrits de ce temps, dit M. Sallier, il y en a un qui ne fut regardé alors que comme une débauche d’imagination, et qui devint par la suite le type d’une loi importante ; il avait été imprimé dès l’année précédente, mais la censure du parlement en avait arrêté la publicité. Il reparut avec éclat, à la faveur de la licence de 1789. C’était un calendrier intitulé Almanach des Honnêtes Gens pour l’an Ier de la raison : les divisions des mois étaient de dix jours appelés décades ; il y en avait trente-six par année et cinq jours laissés dans les mois de trente et un jours. On proposait de a faire de ces cinq jours excédents, que l’on nommait Épagomènes ou intercalaires, des fêtes à l’amour, à l’hymen etc., etc……. Cette feuille portait un nom d’auteur, celui de Pierre-Sylvain Maréchal. »fait bien mention de cet almanach comme ayant été réimprimé en 1789 a la faveur de la licence de ce temps. Mais, l’auteur ne parlant pas de la lacune que je remarque sur l’original (quoiqu’en 1813 Napoléon fût parvenu à l’apogée de sa gloire), je suis porté à croire qu’elle n’existait point dans l’almanach réimprimé que Sallier avait alors sous les yeux, ou plutôt qu’il ne l’a pas aperçue; car je viens de la découvrir encore dans Cette réimpression, qui ne porte point de date et contient exactement la lacune, offre cependant une différence avec l’orignal : c’est la suppression du dernier paragraphe de l’almanach, indiquant la demeure de l’éditeur et finissant, comme le porte l’arrêt du Parlement, par ces mots : soit ployé dans un étui. Aussi l’arrêt, reproduit à la suite de ce petit almanach, pour être d’accord avec cette suppression, porte-t-il que l’imprimé se termine par ces mots : Dictionnaire des Honnêtes Gens, qui sont ceux de l’avant–dernier paragraphe.un de ces almanachs réimprimés depuis avec l’arrêt du Parlement, sous le format d’un almanach de poche. De plus, cette même lacune n’est point signalée dans la Biographie nouvelle des contemporains, qui cependant fournit J’ai cru devoir reproduire cette notice à la suite de l’arrêt du Parlement, pour mieux faire connaître l’auteur de l’Almanach des Honnêtes Gens.une notice assez étendue sur M. P. Sylvain Maréchal ; enfin l’Almanach des Honnêtes Gens y est désigné comme livre, et non comme simple calendrier ou almanach de cabinet en feuille tel que le mien. Sylvain Maréchal aurait-il composé un Almanach des Honnêtes Gens plus développé que celui condamné par le Parlement, et auquel on pouvait donner le nom de livre ? ou C’est tort qu’on attribue à Sylvain Maréchal les Anecdotes peu connues sur les journées des 10 août, 2 et 3 septembre 1793, Paris 1793. J’ai entre les mains une brochure in-16, portant bien la même date et ayant pour titre Almanach des Honnêtes Gens, avec des prophéties pour tous les jours de l’année et des anecdotes peu connues ; mais cet ouvrage est loin d’être l’œuvre de Sylvain Maréchal, car il est composé dans un esprit tout à fait opposé aux idées politiques du temps. Peut-être son auteur a-t-i1 voulu sauver son livre par le titre et se donner, sous l’enveloppe du républicanisme, le droit de le persifler tout à son aise. Je dirai même que le calendrier, donné dans cet almanach, n’est que le calendrier ordinaire et non celui de Sylvain Maréchal ; qu’enfin tout ce qui est traité dans ce petit outrage, sous le titre d’Éclipses, de Prédictions, etc., n’est qu’une suite d’allusions mordantes contre les désordres de l’époque et les auteurs de la révolution.

Il n’en est pas de même de l’Almanach des Républicains, Paris 1793, broch. in-16, par l’auteur de l’Almanach des Honnêtes Gens : on retrouve dans cet ouvrage tout ce que promettait le premier, et de plus le cynisme politique qui avait gagné les plus chauds partisans de ce temps de désordre. Dans cet Almanach des Républicains, pour servir à l’instruction publique, l’auteur avait conservé une grande partie des noms placés dans son almanach de 1788. Mais il avait cherché à leur donner alors quelques titres & l’admiration des républicains. C’est ainsi que dans son commentaire sur Moïse, qu’il place toujours au Ier mars, il dit : « Moïse, ce grand homme possedait à fond la théorie des insurrections, et il sut la mettre en pratique en délivrant les hébreux, qui ne le méritaient guère, de l’aristocratie égyptienne. »

« Turenne, Quel capitaine c’eût été sous la république française ! »

« Ninon de l’Enclos, Citoyens, nous vous demandons grâce pour cette femme, c’était une républicaine en amour et un homme en affaires. »

Ce qu’il dit de Fénelon, de Catinat, de Voltaire, de Washington, de Machiavel et de Sully, n’est pas moins ridicule et bizarre. Je dois aussi faire observer que, dans cet almanach, la lacune laissée au 15 août dans l’almanach de 1788 est remplie par le nom d’Urceus, poète philosophe et critique sévère. Mais ici, l’auteur ne pouvait pas laisser de lacune, puisque chaque jour de l’année devait offrir son commentaire pour l’instruction publique.se trompe-t-on sur la forme et le contenu de cet almanach, faute d’un exemplaire qui appartienne à l’époque même de sa publication ? Dans cette hypothèse, la réimpression de cette pièce et de l’arrêt qui l’accompagne doit offrir un nouvel intérêt, et pourra satisfaire la curiosité des amateurs, jaloux de rechercher les moindres documenta relatifs aux annales de ce temps surtout s’ils se rattachent à l’homme extraordinaire qui a si longtemps rempli le monde de son nom et de sa gloire.

J’ai fait réimprimer l’almanach et l’arrêt du Parlement avec toute la précision d’un fac simile (hors cependant la forme plus perfectionnée des caractères qui servent aujourd’hui à l’impression), afin que ceux qui auraient entre les mains des exemplaires de ces deux pièces puissent juger si elles sont de l’édition primitive ou de celles qui ont paru postérieurement, et ne présenteraient pas dèd lors tous les caractères de l’original que je possède : car ce que j’ai dit dans, une des notes qui précèdent prouve assez le peu d’exactitude des réimpressions qui ont été faites. Au surplus l’arrêt du Parlement, rendu presque aussitôt que la publication de l’almanach, doit nécessairement avoir atteint une très grande partie des exemplaires qui avaient déjà paru ; et le mien, devenu fort rare, se trouvera du moins reproduit par cette réimpression, dont je ne compte disposer qu’en faveur de quelques bibliothèques publiques et particulières, où elle pourra être consultée. Quant à l’original, j’offre très volontiers d’en donner communication aux amateurs qui désireront s’assurer de tous les caractères d’authenticité qu’il présente et y voit la lacune que personne jusqu’ici n’avait encore relevée, et qui rend cette production si extraordinare.

GÉNIN.

Nancy, le 17 Avril 1836.


Page de garde de l’arrêt de la cour du Parlement, 7 janvier 1788.
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« Arrêt de la cour de Parlement, qui condamne un imprimé, sans nom d’imprimeur, ayant pour titre : Almanach des honnêtes gens »

Arrêt de la Cour de Parlement
qui condamne un imprimé, sans nom d’imprimeur, ayant pour titre : Almanach des honnêtes Gens, à être lacéré & brûlé, par l’Exécuteur de la Haute- Justice, dans la Cour du Palais, au pied du grand Escalier d’icelui.

Extrait des registres du Parlement,
Du sept Janvier mil sept cent quatre-vingt- huit.

Ce jour, à l’issue de l’Audience du Rôle, les Gens du Roi sont entrés ; &, Me Antoine-Louis Séguier Avocat dudit Seigneur Roi portant la parole, ont dit :

Messieurs,

Nous venons de prendre communication de l’Imprimé que la Cour nous a fait remettre, dont elle nous a chargés de lui rendre compte, & sur lequel elle nous demande des conduirons.

Nous nous arrêterons d’abord au titre de cet écrit vraiment scandaleux ; il est intitulé Almanach des honnêtes Gens. Pourrait-on se flatter de comprendre quel est le but de l’auteur de cette misérable production ? Veut-il que ce soit un Almanach à l’usage des honnêtes gens seulement, ou plutôt n’a-t-il pas voulu présenter ce catalogue, comme devant servir à remettre sans cesse sous les yeux tous les hommes, prétendus honnêtes, dont il pense que les noms doivent faire époque dans les fastes du genre humain ? Cette question serait un problème, si le rédacteur de cet Almanach n’avait pris la peine de nous instruire lui-même de son intention.

On lit dans une note : Il y a des honnêtes gens partout, & c’est d’eux & pour eux qu’on s’est occupé ici. Cet aveu fait disparaître jusqu’au moindre doute. Ce Calendrier nouveau est fait pour les honnêtes gens, & ne contient que la nomenclature des gens honnêtes : c’est-à-dire, que tous ceux qui y sont compris, ont droit de prétendre au titre d’homme honnête, titre honorable, si prodigué aux sectateurs du matérialisme par les philosophes modernes, & si rare parmi eux en effet, d’après l’absurdité de leurs principes, puisqu’ils ne pourront jamais croire la doctrine qu’ils enseignent.

Si de l’examen du titre, nous descendons dans le détail des noms compris dans ce nécrologe, nous voyons, avec douleur, que cet esprit insensé, sous prétexte d’amuser ou d’intéresser la curiosité publique, s’est: permis de publier une collection bizarre de personnages, étonnés de se trouver réunis, & d’avoir tous le même genre de célébrité. L’auteur place à son gré à chaque jour de l’année combinée suivant le style ancien, les noms les plus respectables à côté des noms les plus dignes de mépris ; ou du moins qui ne sont pas exempts de blâme. On est indigné de voir Moïse rangé dans la même classe que Mahomet. Hobbes, Spinoza, Voltaire & Freret sont sur pris d’être honorés comme Bossuet, Pascal, Fénelon & Bourdaloue. Socrate & Platon ne sont pas plus recommandables qu’Épicure & Démocrite ; Spartacus est égal à Cicéron ; Caton n’est pas plus vertueux que l’assassin de Jules César ; Vespasien ressemble à Marc Aurèle ; Titus est mis en parallèle avec Cromwell ; & Julien se trouve à côté de l’Empereur Trajan.

Quelle idée 1’auteur s’est-il donc fait de ce qu’on peut appeler un honnête homme ? Quelle est sa façon de penser sur ces êtres privilégiés qu’on doit proposer pour modèles aux siècles à venir ? Quel est son système, lorsqu’il place sur la même ligne Plutarque & Boindin, Soliman & Louis IX, Sully & Machiavel, Wolf & Colbert, Bayle & d’Aguesseau ? Que devient l’honneur & la vertu de la plus belle moitié du genre humain, si l’espèce de célébrité honteuse que Ninon Lenclos s’est acquise doit consacrer son nom, & lui attirer l’hommage dû à Eudoxie, épouse infortunée du jeune Théodofe.

Cet assemblage monstrueux de personnages, choisis dans l’étendue des siècles, ce rapprochement de noms également célébrés ou fameux, cette réunion enfin des hommes qui ont fait la gloire & les délices de la Terre avec ceux qui ont fait la honte & le malheur de l’humanité, annonce le projet formé depuis longtemps d’anéantir, s’il était possible, la religion chrétienne, par le ridicule qu’on veut répandre sur ses plus zélés défenseurs.

Peut-on lire sans indignation, que cet Almanach est donné pour l’an premier du règne de la Raison, comme si la raison ne pouvait dater son empire que de l’époque qu’un vil troupeau d’incrédules veut bien lui assigner ; comme si le monde avait été jusqu’à présent dans les ténèbres ; comme si les novateurs du siècle étaient venus l’éclairer du flambeau de la vérité. Mais en quoi consiste donc cette lumière de la raison nouvelle qu’on veut faire briller à nos yeux ? Elle consiste à supprimer de nos anciens calendriers les noms de tous ceux qui se sont distingués par leur piété & leurs vertus, & à substituer à leur place les noms des payens, des athées, des Pyrrhoniens, des incrédules, des comédiens, des courtisanes, en un mot des détracteurs outrés ou des ennemis déclarés de notre religion sainte ; & si ces derniers se trouvent confondus avec des noms respectés & respectables, c’est: pour accorder aux premiers une célébrité politique, qui, dans l’intention de l’auteur, s’allie avec son plan destructeur de toutes les institutions religieuses.

Mais ce que nous ne pourrions jamais croire, si nous n’en avions la preuve entre les mains, c’est de trouver le saint nom de Jésus Christ au milieu de cette foule d’imposteurs & d’impies.

Quel blasphème d’associer le nom de notre divin sauveur, Dieu & Homme tout ensemble, le seul objet de notre culte & de notre adoration, à une multitude d’idolâtres & même de scélérats !

Non seulement les mystères de notre sainte religion sont pour ainsi dire écartés, comme les fruits de l’ignorance & de la crédulité, mais l’auteur propose de substituer à nos fêtes solennelles, la Fête de l’Amour profane, celles de l’Hyménée, celle de la Reconnaissance & de l’Amitié, qu’il érige en divinités païennes, pour nous replonger dans l’aveuglement de l’idolâtrie.

C’est en rougissant que nous rendons compte à la Cour des conséquences absurdes & révoltantes qui résultent de cet ouvrage d’impiété, d’athéisme & de folie. Nous ne pouvons envisager l’auteur que comme un frénétique dont l’imagination ne produit que des idées extravagantes & inconciliables. Mais le scandale inouï qu’un tel Ouvrage peut causer dans le public, & le cri général qui s’est élevé au moment même de sa distribution, nous forcent, malgré nous-mêmes, de proposer à la Cour de lui donner une sorte de publicité par une flétrissure éclatante ; & puisque l’auteur n’a pas craint de mettre son nom à la fin de son Almanach, pour se donner à lui-même le juste tribut de louange qu’il croit mériter, en requérant que cet écrit soit condamné aux flammes, comme scandaleux & blasphématoire, nous nous élèverons contre l’auteur, comme impie & blasphémateur.

C’est l’objet des conclusions par écrit que nous avons prises, & que nous laissons à la Cour avec l’imprimé qu’elle nous a fait communiquer.

Et se sont les Gens du Roi retirés, après avoir laissé sur le bureau ledit imprimé & les conclusions par eux prises par écrit sur icelui.

Eux retirés.

Vu l’imprimé commençant par ces mots : Almanach des Honnétes Gens, & finissant par ceux-ci, soit ployé dans un étui. Conclusions du Procureur Général du Roi. Ouï le rapport de Me Gabriel Tandeau, Conseiller. La matière mise en délibération.

LA COUR ordonne que ledit imprimé sera lacéré & brûlé dans la cour du Palais, au pied du grand escalier d’icelui, par l’exécuteur de la haute justice, comme impie, sacrilège, blasphématoire, & tendant à détruire la religion : Enjoint à tous ceux qui en ont des exemplaires de les apporter au greffe de la Cour, pour y être supprimés : fait inhibitions & défenses à tous libraires, imprimeurs, d’imprimer, vendre & débiter ledit écrit, & à tous colporteurs, distributeurs & autres, de le colporter ou distribuer, à peine d’être poursuivis extraordinairement, & punis suivant la rigueur des ordonnances : Ordonne qu’à la requête du procureur général du Roi, & par-devant le conseiller qui sera commis par la Cour, il sera informé contre les auteurs, imprimeurs ou distributeurs dudit écrit, pour l’information faite, rapportée & communiquée au procureur général du Roi, être par lui requis, & par la Cour ordonné ce qu’il appartiendra : Ordonne que le nommé M. P. Sylvain Maréchal sera pris & appréhendé au corps, constitué prisonnier dans les prisons de la Conciergerie du Palais, pour être ouï & interrogé par-devant le conseiller rapporteur, sur les faits sur lesquels le procureur général du Roi voudra le faire ouïr & interroger ; & où ledit Sylvain Maréchal ne pourrait être pris ni appréhendé, sera, après perquisition faite de sa personne, assigné à quinzaine, ses biens saisis & annotés, & à iceux établi commissaire, jusqu’à ce qu’il ait obéi, suivant l’ordonnance. Ordonne que le présent arrêt sera imprimé, publié & affiché partout où besoin sera, & copies collationnées dudit arrêt envoyées aux bailliages & sénéchaussées du ressort, pour y être lu, publié & registré : Enjoint au substitut du procureur général du Roi au Châtelet de Paris, & aux substituts du procureur général du Roi dans les sièges royaux, de tenir la main à l’exécution dudit arrêt, & d’en certifier la Cour dans le mois. Fait en Parlement, le sept janvier mil sept cent quatre-vingt-huit. Collationné Lutton.

Signé YSABEAU.

Et le Mercredi neuf janvier mil sept cent quatre-vingt-huit, ledit imprimé ci-dessus énoncé, ayant pour titre : Almanach des Honnêtes Gens, a été lacéré & brûlé par l’exécuteur de la haute justice, au pied du grand escalier du palais, en présence de moi Étienne Timoléon Ysabeau, écuyer, l’un des greffiers de la grand’ chambre, assisté de deux huissiers de la Cour.

Signé YSABEAU.

11 décembre 2016

Qu’ont André Comte-Sponville et Guy Bedos en commun ?

Classé dans : Littérature, Médias, Philosophie — Miklos @ 17:47


« Il m’arrive de m’abriter derrière l’humour pour supporter des choses qui pourraient me faire mal. Vous savez, je suis très fidèle à une phrase du philosophe Kirkegaard qui avait écrit “L’humour est la politesse du désespoir”. » (Guy Bedos)

Dans un article de Philomag du 2/10/2013, l’un écrivait : « L’humour, disait Boris Vian, est la politesse du désespoir. » L’autre attribuait aujourd’hui même, sur France 2 lors du « 13h15 Le Dimanche, Les humoristes politiques », cette citation à Søren Kirkegaard, d’un air doctement profond (cf. copie d’écran ci-dessus).

Soit dit en passant, on peut comprendre leurs choix respectifs : pour le premier, on l’imagine mal sur la 2e marche du podium des philosophes, et pour le second, rien de plus valorisant que de citer le philosophe de la vérité de l’existence individuelle et de la subjectivité. La classe, quoi. Surtout dit avec un tel sérieux.

Et justement, même en français (à vrai dire je ne comprends pas le danois, moi ; Bedos peut-être oui), ça me semblait un peu, comment dire, idée reçue ? « Cherchez et vous trouverez », a dit Jacques Lacan (qui cherchait dans les profondeurs), pardon, non, Irène Joliot-Curie (première sous-secrétaire d’État chargée de la recherche), zut, non plus, ah, c’est celui, là, qu’avait qu’un cheveu sur sa tête.

J’ai donc cherché et ai trouvé cet article de Jérôme Garcin, qui dit de Dominique Noguez, « excellent écrivain, qui tient à la fois de l’égyptologue et du détective privé » et auteur de La Véritable origine des plus beaux aphorismes (Payot) :

Il rend, par exemple, à Chris Marker, cette magistrale définition de l’humour : « la politesse du désespoir », que d’aucuns attribuaient à Hugo, Wilde, Duhamel, Vian, Valéry, voire Churchill. L’enquête d’authen­ticité menée par l’inspecteur Noguez fait six pages, elles sont dignes d’un mini-polar.

Et maintenant, attribuée à Kirkegaard aussi, grâce à Bedos. Mais comme le disait si justement celui-qu’a-qu’un-ch’veu, « Il faut rendre à César ce qui est à César », ce que nous illustrerons ainsi :


César : Compression Renault

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