Miklos
« Je donne mon avis non comme bon mais comme mien. » — Michel de Montaigne

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21 février 2010

De quelques rues de Paris aux noms originaux et de l’origine de leurs noms

Classé dans : Lieux, Littérature, Théâtre — Miklos @ 0:21

Voici l’étymologie de quelques-unes des rues de Paris au XVIIe siècle (voir aussi les rues du Paris coquin un siècle plus tôt), selon un extrait du Supplément du Théâtre italien, ou recueil des scènes françaises qui ont été présentées sur le Théâtre italien de l’Hôtel de Bourgogne, lesquelles n’ont point encore été imprimées (1697), où on a rajouté quelques notes pour en faci­liter la lecture. La plupart ont été supprimées.

 

Le vieillard.

Mon ami que vends-tu là ?

Arlequin, vendeur d’Almanachs.

Toute sorte de bons Livres : Pierre de Provence, la Belle Maguelone, Robert le Diable, Richard sans Peur, Roland le Furieux, Tiel l’Espiègle, les quatre fils Aimon, les Rues de Paris en Vers Burlesque et leur étymologie.

Le vieillard.

Voyons, je te prie, ce livre des rues de Paris ?

Arlequin.

Tenez, Monsieur, les voilà. Écoutez :

Rue d’Hablon.

Rue des Coquilles.

Rue des deux Portes.

Rue des Poupées…

Le vieillard.

Dis-moi un peu, d’où vient que ces rues-là se nomment comme cela : me le diras-tu bien ?

Arlequin.

Oui-da, Monsieur, je vous le dirai, avec plaisir.

Le vieillard.

Pourquoi la rue d’Hablon1 ?

Arlequin.

C’est la rue de Paris la plus passante, et comme il y passe beaucoup de Hâbleurs, on la nommée rue d’Hablon.

Le vieillard.

Pourquoi rue des Coquilles2 ?

Arlequin.

C’est une Rue où logeaient beaucoup de menteurs, et lorsqu’ils faisaient leurs mensonges on leur disait ; à qui vendez-vous vos coquilles3. C’est de là qu’est venu ce nom.

Le vieillard.

Rue des deux Portes4 ?

Arlequin.

Cette Rue est où demeurent tous les méchants Payeurs, lesquels ont chacun deux Portes à leurs maisons, et quand on leur vient demander de l’argent par une porte, ils sortent par l’autre, pour éviter leurs créanciers.

Le vieillard.

Et que veut dire celle-ci, Rue Poupée5 ?

Arlequin.

C’est où demeure une partie des Précieuses6 de Paris.

Le vieillard.

Rue Jean Pain-mollet7 : Celle-ci est drôle, vraiment ?

Arlequin.

C’est où demeurait un Garçon Boulanger lequel s’appelait Jean, et ne faisait que du pain mollet ; c’est pourquoi cette rue portait son nom.

Le vieillard.

Rue Princesse8, que veut dire celle-ci ?

Arlequin.

C’est une Rue où demeurait la Maîtresse de Jean Pain-mollet, et Jean Pain-mollet l’appelait toujours, en lui faisant l’amour, ma Princesse ; et ce nom est demeuré à la rue.

Le vieillard.

Oh ! par ma foi, en voici une drôle, je ne sais ce que tu pourrais dire pour son étymologie : Rue Jean Tison9 ?

Arlequin.

Dans cette Rue il y demeurait un garçon qui s’appelait Jean, et portait tous les matins à la Princesse un tison pour allumer son feu, et cette rue fut nommée la Rue Jean Tison.

Le vieillard.

Rue des Andouilles10 : Oh ! oh ! voilà une drôle de Rue ?

Arlequin.

C’est où furent achetées les Andouilles pour donner à la Princesse le jour de la Fête, par Jean Pain-mollet.

Le vieillard.

Rue du Pied de Bœuf11 ?

Arlequin.

C’est où fut acheté le Pied de Bœuf, que jean Tison donna à la Princesse pour sa Fête.

Le vieillard.

Rue Tireboudin12 : Oh ! voilà une plaisante rue ?

Arlequin.

C’est où la Princesse leur donna un bon morceau de bon Boudin pour payer sa Fête, l’un le tira par un bout, l’autre par l’autre : c’est pourquoi cette rue porte le nom de Tireboudin.

Le vieillard.

Rue du Sabot13, que veut dire celle-ci ?

Arlequin.

C’est où Jean Pain-mollet jeta son Sabot à la tête de Jean Tison.

Le vieillard.

Rue des Orties14 : et celle-là que veut-elle dire ?

Arlequin.

C’est que la Princesse passant dans un jardin elle tomba sur des Orties, qui lui piquèrent les fesses.

Le vieillard.

La Rue de la Moignon15 : oh ! en voilà une drôle ?

Arlequin.

C’est où Jean Pain-mollet prit le couperet d’un Boucher dont il coupa le poing à Jean Tison, et ne lui resta que le moignon : c’est pourquoi on la nomme la Rue de la Moignon.

Le vieillard.

Rue du Pet au Diable16 : oh ! foi d’homme d’honneur en voilà une qui est drôle ?

Arlequin.

C’est que la Princesse en courant, cria arrête de par tous les Diables ; en criant elle s’efforça et fit un pet : c’est pourquoi on la nomme la Rue du Pet au Diable.

Le vieillard.

La Rue de la Femme sans Tête17 : oh ! oh ! voilà une drôle de rue ?

Arlequin.

C’est comme Jean Pain-mollet étant aveuglé de colère ne prît pas garde où il frappait, et coupa la tête à la Princesse.

 

1 Il s’agit de la rue d’Ablon (l’auteur a rajouté un h pour justifier l’étymologie fantai­siste qu’il en donne), actuellement rue Saint-Médard. Son nom provient « du territoire d’Ablun, sur lequel il y avait des vignes appar­tenantes à l’Abbaye Sainte Gene­viè­ve » (Dictionnaire historique de la ville de Paris et de ses environs, 1779).

2 Actuellement partie de la rue du Temple. Source : nomenclature officielle des voies publiques et privées, Ville de Paris (NOVP)

3 « On dit proverbialement à un homme qui en veut tromper un autre aussi fin que lui, ou lui débiter quelque chose dont il ne fait pas grand cas, ou lui en faire accroire en des choses qu’il sait mieux que ceux qui lui en parlent. À qui vendez-vous vos coquilles ? portez vos coquilles à d’autres, portez vos coquilles ailleurs. C’est vendre des coquilles à ceux qui viennent de saint Michel. On dit prov. qu’Un homme vend bien ses coquilles, fait bien valoir ses coquilles, pour dire, qu’Il fait bien valoir ses denrées et son travail. Ce Marchand là vend bien ses coquilles. » (Dictionnaire de l’Académie Française, 1694)

4 Actuellement partie de la rue des Archives, entre les rues de Rivoli et de la Verrerie. Dès la fin du XIIIe siècle, on l’appelait rue Entre Deux Portes et rue des Deux Portes, ou aussi rue Percée ; au XVIIe siècle, on la désignait sous le nom de rue de la Galiace. (NOVP)

5 Supprimée par l’ouverture du boulevard Saint-Michel. Elle commençait rue de la Harpe et finissait rue Hautefeuille. Elle avait porté anciennement le nom de Laas ou de Lias. En 1200, on la nommait Popée. En 1300, Poupée. On a aussi écrit Poinpée et Pompée. (NOVP)

6 « Précieuse, est aussi une épithète qu’on a donné ci devant à des filles de grand mérite et de grande vertu, qui savaient bien le monde et la langue : mais parce que d’autres ont affecté et outré leurs manières, cela a décrié le mot, et on les a appelées fausses précieuses, ou précieuses ridicules ; dont Molière a fait une Comédie, et de Pures un roman. » (Antoine Furetière, Dictionnaire universel, 1690)

7 Supprimée par l’ouverture de la rue de Rivoli. Elle commençait rue de la Coutellerie (supprimée) et finissait rue des Arcis (rue Saint-Martin). Avant sa suppression elle avait été réunie à la rue des Ecrivains. Sauval prétend qu’elle s’est appelée rue du Croc. Sur le plan de la Tapisserie on lui donne le nom de la Radrerie. (NOVP)

8 Ouverte en 1630. Doit son nom à une princesse de la maison de Guise. (NOVP)

9 Doit son nom à Jean Tison, bourgeois du XIIIe siècle. Cette voie existait en 1205. Une partie de cette voie, comprise entre la rue de Rivoli et la rue des Fossés Saint-Germain l’Auxerrois (actuellement rue Perrault), a été supprimée pour le dégagement du Louvre et des Tuileries (1854). (NOVP)

10 Il doit s’agir de la rue pavée d’Andouilles, ou Pavée. Actuellement rue Séguier. (NOVP)

11 Supprimée en 1813 pour la formation de la place du Châtelet. Elle commençait rue de la Tuerie (sup.) et finissait rue de la Joaillerie (sup.). Elle se continuait autrefois jusqu’à la rivière et a été souvent confondue avec la rue de la Triperie. (NOVP)

12 Actuellement rue Marie Stuart. (NOVP)

13 Nom tenant son origine d’une enseigne. C’était au XVIe siècle, la rue Copieuse ; rue de l’Arpenteur en 1595 et déjà rue du Sabot sous Louis XIII. En 1723, rue aux Vaches. Elle aurait aussi porté le nom de rue Saunet le Breton. (NOVP)

14 Ou Orties Saint-Honoré. Supprimée par l’ouverture de l’avenue de l’Opéra. Elle commençait rue d’Argenteuil et finissait rue Sainte-Anne. (NOVP)

15 Ou Lamoignon. Supprimée par une ordonnance royale de 1840. Elle était située dans le Palais de Justice. (NOVP)

16 Supprimée par l’agrandissement de l’Hôtel de Ville. Elle commençait rue du Martroi (sup.) et finissait rue de la Tixeranderie (sup.). Elle a porté les noms de rue du Chevet Saint-Jean, du Cloître Saint-Jean, du Sanhédrin. En 1815, elle prit le nom de rue du Tourniquet. (NOVP)

17 Actuellement partie de la rue Le Regrattier (4e arrondt.). (NOVP)

15 février 2010

Le ghetto de Paris

Classé dans : Judaïsme, Langue, Lieux, Littérature, Médias — Miklos @ 19:31

Il n’est jamais trop tard pour bien faire : la revue Livres Hebdo fait découvrir à ses lecteurs Cyrille Fleischman (qu’elle orthographie une fois Fleischman et une autre Fleishman), depuis plus de vingt ans chantre du yiddishland parisien, le quartier du Marais d’antan, celui des immigrés juifs modestes venus ici avant « la » guerre parce dans le vieux pays on disait « heureux comme Dieu en France ».

Ils en avaient apporté leurs vieilles fringues et l’art de les rapiécer à l’infini, leur cuisine typique (celles des pauvres, qui savent accommoder les modestes ingrédients en rajoutant du pain pour donner plus de volume et voilà la carpe farcie) et variée (ce n’est pas la même en Galicie et en Bessarabie, non Monsieur), et recréé dans le Marais – destination des marginaux de tous temps, quartier habité par les Juifs depuis le Moyen Âge1, et où passait la rue des Juifs (actuellement rue Ferdinand-Dival, pardon, Duval) – une sorte de shtetl avec son pletzl, où l’on pouvait encore voir il n’y a pas si longtemps des hommes avec leurs shtreimel et leurs kapote (pas de celles utilisées actuellement dans ce quartier) accompagnés de leurs femmes la tête couverte (c’était avant l’interdiction des niqabs) et d’une ribambelle de rejetons, angelots aux payès étonnement longs et bien graissés de schmaltz.

Les anciens résidents étaient devenus des israélites et s’habillaient comme tout le monde (c’est-à-dire tâchant de paraître Français de souche), tandis que les plus récents n’étaient que des juifs plus reconnaissables encore à leur accent et à leurs habits que s’ils portaient une étoile jaune. Ce sont eux d’ailleurs qui seront raflés, plus tard. Après, ce seront ceux d’Afrique (il est souvent question de fric, chez les Juifs) du nord qui rempliront les vides et déborderont dans d’autres quartiers de Paris, avec leurs accents et leur cuisine si différentes. Puis les homos. On est toujours le Juif de quelqu’un.

Une autre coquille, plus malheureuse, s’est glissée dans l’article de Livres Hebdo : la rue des Écouffes s’y voit appelée « la rue des Étouffes ». De mauvaises langues rajouteront « chrétiens » ; ce qui n’est d’ailleurs pas mieux que le sens original de son nom : escoufle dénote le milan royal, oiseau (fort) rapace, qui servait d’enseigne aux prêteurs sur gage et n’était donc pas très apprécié : au XIVe s., Gilles li Muisis le compare au diable2 :

Escoufles vole haut et souvent apriès frape ;
Or advient a la fois aucuns qu’il en escape,
Et il le voit tantost, si le prend et hape
Plus tost et plus errant qu’uns charpentier se hape.

L’escoufle, c’est Sathan !

Quant à la rue, elle existait déjà au XIIIe s., et René Descartes y avait logé (chez l’abbé Picot, comme quoi il n’y avait pas que des Juifs dans ce quartier) en 1644. Trente ans plus tard, le peintre Philippe de Champaigne y décède au n° 20, maison qui avait appartenu à sa famille, et qui jouxte l’oratoire israélite Roger Fleischman (au 18), fondé par le père de Cyrille. Ses nouvelles méritent d’être lues, si vous aimez le gefilte fisch ou le gâteau au pavot et bien d’autres delicatessen du vieux pays, l’accent d’un Popek (qui parle très bien français quand il ne joue pas) ou, à défaut, Madame Sarfati. C’est tout ce qui reste : le goût et la mélodie d’un monde deux fois disparu. Et de beaux petits textes amusants, tendres et nostalgiques.


1 L’histoire de Jonathas, un Juif de la rue des Jardins, dans le Marais, en est une des traces – tragiques : en 1290, il fut accusé d’avoir fait bouillir une hostie dans une chaudière. Il fut condamné à être brûlé vif et sa maison rasée. Sur son emplacement s’élève l’église et le cloître des Billettes.

2 Source : Jelle Koopmans et Paul Verhuyck, Sermon joyeux et truanderie (Villon – Nemo – Ulespiègle), Rodopi, 1987.

22 janvier 2010

« Dieu, jeune encore au moment de sa mort », ou, La vie de Dieu

Classé dans : Histoire, Lieux — Miklos @ 9:06


Le général Dieu. L’Illustration, journal universel du 14 avril 1860.

La rue Dieu, à Paris, tire son nom non pas du ciel mais de la Terre : il s’agit du général Dieu, « vigoureux et brillant officier », grièvement blessé le 24 juin 1859 à la bataille de Solférino au pied du mamelon des Cyprès et mort neuf mois plus tard de la terrible blessure qu’il avait reçue. Un buste en marbre du personnage se trouve dans les galeries historiques du château de Versailles.

Ce n’est que dans le Journal des instituteurs du 15 avril 1860 que l’on trouve des précisions biographiques sur ce Dieu (la Wikipedia de langue française est muette à son sujet) – tout, sauf son prénom, Charles Prosper, mentionné en passant dans Paris et Île-de-France vol. 36-38… Voici ce que l’on peut lire dans ce Journal :

«Le général Dieu, qui s’est couvert de gloire à Solferino, où il avait élu blessé, vient de mourir à Paris. Ce brave et regretté général a demandé que les honneurs militaires lui soient rendus à son convoi, par le 74e de ligne qu’il conduisait à l’ennemi au moment où il fut frappé d’un coup de feu. Le général Dieu était né en 1813 ; sorti de Saint-Cyr en 1831, il fut promu au grade de lieutenant d’état-major en 1834 ; après avoir servi en Afrique avec une grande distinction, il fut nommé aide de camp du maréchal Baraguay-d’Hilliers qu’il accompagna en Orient. Attaché en 1853 à l’armée ottomane et à son général en chef Omer-Pacha, il contribua puissamment à la belle résistance que les Turcs opposèrent à l’armée russe sur le Danube et les Balkans pendant la première période de la guerre d’Orient. Il commandait à l’armée d’Italie une une brigade du 1er corps, et fut blessé dès le commencement de la bataille de Solferino à l’attaque de la butte des Cyprès. Une auguste visite, dit la Patrie, est venue adoucir ses derniers jours, et il emporte dans la tombe, avec les regrets de toute l’armée, l’affection de ceux qui ont servi sous ses ordres.

Les obsèques du général Dieu ont eu lieu le 11 avril. Toute l’armée, représentée par les maréchaux Magnan, Baraguay-d’Hilliers et un grand nombre de militaires de tous grades, de tous rangs et de tous armes, enfin par ce brave 74e lui-même avec son drapeau, se pressait dans l’église de Saint-Louis-d’Antin et rendait les derniers devoirs à un vaillant frères [sic] d’armes qui, sur vingt-neuf années de services, dont quatre d’écoles, en passa vingt-trois à faire la guerre et fournit une de ses belles pages à l’histoire de l’activité intelligente et dévouée de l’officier d’état-major.

Les cordons du poêle étaient tenus par les généraux de Vaudrimey-Davoust, de Gouyon, de Beaufortd Hautpoul et le colonel Espivent.

Tout le quartier de la Madeleine se montrait vivement ému, car c’est au milieu de sa vive sympathie que le général Dieu passa les longs mois de son martyre. C’est rue de la Victoire, sous le toit hospitalier de la famille Labouret, qu’il fut donné à notre temps de voir la plus sainte amitié disputer à la mort une victime aussi précieuse.

Après la messe et les prières accoutumées, le corps fut transporté à Arcueil, où est le caveau de la famille du général. Le cortège, passant par les boulevards et la rue Royale, gagna la route d’Orléans, où la garde nationale et toute la population d’Arcueil attendaient les restes confiés désormais à leurs soins.

Les derniers moments de cette cérémonie ont été remplis par les paroles prononcées sur sa tombe par ses chefs, par le maréchal Baraguay-d’Hilliers, qui le connaissait depuis son enfance, et ne put, sans une vive émotion, dire un dernier adieu à son aide de camp, à celui dont il avait reçu la preuve la plus rare de dévouement, et par le général Forey, dont les paroles sympathiques trouvèrent un écho dans tous les cœurs.

Le général de Villiers, chef d’état-major du maréchal Magnan et ami du général Dieu, entra dans le récit détaillé de cette existence arrêtée au moment où elle allait réaliser les plus belles espérances.

Il rappela qu’en Afrique, simple capitaine d’état-major, Dieu se présenta seul au maréchal Baraguay-d’Hilliers qui demandait un officier résolu pour porter de nuit un contre-ordre, à travers trente lieues de pays insurgé, à une colonne qui devait coopérer à une attaque qu’une neige abondante tombée dans la soirée rendait impraticable. Enfin M. Labrousse, sous-préfet de Sceaux, vint à son tour assurer l’assistance émue des sentiments de la commune où devaient désormais reposer les restes du général. « On ne pleure pas, dit-il, sur la tombe des héros ; mais chaque année, à l’anniversaire de »la glorieuse victoire de Solferino, nous viendrons, habitants de cette contrée, déposer un laurier sur le mausolée d’une des victimes de noire gloire. » Cette cérémonie, écho éloigné d’une lutte terrible, laissera de nobles et touchants souvenirs dans tous les cœurs.

On conçoit que l’auteur de l’article ait eu à ne jamais omettre le titre du personnage, il n’aurait pu se permettre d’écrire « Les obsèques de Dieu ont eu lieu le 11 avril » vingt-deux ans avant Nietzsche. Et pourtant, on pouvait lire dans L’Illustration, journal universel du 14 avril 1860 (numéro d’où est tiré le portrait de Dieu qui orne ce billet) : « Dieu, jeune encore au moment de sa mort… ».

Dieu a vécu son long calvaire dans un lit que lui avait offert l’impératrice Eugénie (l’« auguste visite » mentionnée ci-dessus était sans doute de son fait ou de celui de son mari). Depuis son décès, Dieu repose au cimetière de Cachan (son frère, l’acteur Ami Hippolyte Dieu, habitait alors Arcueil, dont l’adjoint au maire était un autre Dieu de la même famille), mais on rapporte que la plaque qui portait son nom et donc sans doute son prénom, a disparu de sa tombe délabrée. Quoi qu’il en soit, ayant mérité de la nation (en fait, de l’Empire), Dieu mérite bien sa rue.

20 décembre 2009

Réchauffement (régional) à Copenhague

Classé dans : Actualité, Environnement, Politique — Miklos @ 13:49

On n’a pas encore pris la mesure des conséquences à court et long terme des résultats des débats qui se sont tenus à Copenhague, dans un contexte très contrasté d’attente de prises de décision universelles destinées à influencer radicalement notre mode de vie d’une part, et de contestation du bien-fondé des prémices même de la démarche, l’influence de l’activité humaine sur l’évolution du climat d’autre part.

La presse internationale n’a donc pas encore remarqué un réchauffement qui s’est tenu dans les coulisses de Copenhague, lieux discrets où les grands de ce monde peuvent se retrouver hors de l’œil inquisiteur de leurs collègues, des caméras et du public, et donc de la nécessité de prises de position officielles et autres effets de manche.

Il n’y donc que la presse israélienne (et un hebdomadaire franco-turc, Zaman France) qui rapporte la rencontre entre les présidents turc et israélien, Abdullah Gül et Shimon Peres. Les deux chefs d’État ont annoncé leur intention de renormaliser les relations entre les deux pays. Gül a affirmé vouloir aider à faire progresser le processus de paix dans la région, et a répondu favorablement à l’invitation de Peres de visiter Israël. Encore faut-il que les premiers ministres de ces deux pays, Recep Tayyip Erdogan, très critique à l’égard d’Israël, et Benjamin Netanyahu, dont on connaît les opinions nationales, voire nationalistes, prennent acte de ces déclarations, afin qu’elles ne restent pas lettre morte.

27 septembre 2009

Les yeux d’Athènes

Classé dans : Athènes, Lieux, Peinture, dessin, Photographie, Sculpture — Miklos @ 12:37

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