Miklos
« Je donne mon avis non comme bon mais comme mien. » — Michel de Montaigne

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12 avril 2009

« J’aime l’âne si doux… » (Francis Jammes)

Classé dans : Littérature, Nature, Photographie — Miklos @ 21:31


« On a beau le frapper, on ne peut s’en défaire ;
Le ladre sans pudeur avance sous les coups ;
D’un saut victorieux il franchit la barrière ;
Et le voilà dans l’herbe enfin jusqu’aux genoux,
Se vautrant, gambadant et broutant sans rancune. »

(Jean Jacques Boisard, « Le cheval, le bœuf, le mouton et l’âne », in Fables 1757.)
 


« Il réfléchit toujours.
Ses yeux sont en velours. »

(Francis Jammes)
 


« Qu’il ose relever son museau d’écolier
Et se gratter un peu le cou sous son collier… »

(Victor Hugo, L’Âne)
 


« À son réveil, reprit-il, il aura sans doute été épouvanté, il aura perdu la tête, il se sera sauvé. »
(Honoré de Balzac, L’Auberge rouge)
 


« On n’a pas, que je sache, retrouvé la tête d’âne parmi les hiéroglyphes : mais des Égyptiens voyageurs ! des hommes ridiculisés dans cette contrée pour ne l’avoir jamais quitée ! évidemment ce sont là des idées aussi contraires que possible à l’esprit de l’antique Égypte. »
(Lenormant, cité par Frédéric Portal, Les symboles des Égyptiens comparés à ceux des Hébreux. 1840.)
 

De nature, d’art et de pollution

Classé dans : Architecture, Arts et beaux-arts, Environnement, Lieux, Nature, Photographie — Miklos @ 20:10


Vœu pieux. Port Jérôme, face à Quillebeuf-sur-Seine

Le parc naturel régional des boucles de la Seine normande, né en 1974 sous un nom plus court de Parc naturel régional de Brotonne, suit les méandres de la Seine en Haute-Normandie. Les amateurs de nature se promèneront dans le Marais Vernier, bien protégé et accessible (mais un peu trop urbanisé) par la pittoresque route des chaumières, ou dans ses quelques réserves naturelles. Les amateurs d’histoire suivront, sur l’autre rive de la Seine, la route des abbayes : Saint-Martin-de-Boscherville, Jumièges, Saint-Wandrille (que les philatélistes connaissent de longue date, Jumièges à 12f et Saint-Wandrille à 25f), passant devant de beaux châteaux qu’on aurait aimé aussi pouvoir visiter.

Mais attention, ceux qui auront emprunté cette route feront bien de franchir le pont de Brotonne au lieu de poursuivre leur chemin, faute de tomber sur une vision dantesque, celle de Port Jérôme, même si elle rappellera, cette fois aux cinéphiles, certaines vues du Désert rouge d’Antonioni. Quant aux amateurs d’art, ils ne s’étonneront pas, se souvenant qu’en 1832 William Turner avait peint le tableau suivant au même endroit :


William Turner: Between Quillebeuf and Villequier, ca. 1832. Tate.

11 février 2009

Black is beautiful

Classé dans : Lieux, Photographie, Sculpture — Miklos @ 0:02


1. Musée archéologique de Naples


2. Musée archéologique de Naples


3. Musée archéologique de Naples


4. Musée archéologique de Naples


5. Musée archéologique de Naples


6. Musée archéologique de Naples


7. Musée archéologique de Naples

9 février 2009

Les couleurs de la vie

Classé dans : Judaïsme, Lieux, Littérature, Photographie — Miklos @ 21:59


Pris sur le vif, Århus

«N’ayez pas égard à ce que je suis brunette, car le soleil m’a regardée. (…)

— O que tu es belle, m’amie, ô que tu es belle à tout tes yeux de colombe !

— O que tu es beau mon ami ! Ah notre plaisante, ah notre verdoyante couche ! Les poutres de notre maison sont de cèdre, et nos lambris de pin. Je suis la fleur de Saron, je suis la rose des vallées. (…)

— O que tu es belle, m’amie, que tu es belle à tout tes yeux de colombe entre tes tresses, à tout tes cheveux qui semblent un troupeau de chèvres, qui saillent du mont Galaad. Tes dents ressemblent des brebiettes tondues, » qui viennent tout frais d’être lavées, qui ont chacune deux gémeaux, et n’y a celle qui soit stérile. Tes lèvres sont comme un ruban d’écarlate, ton parler plaisant, tes joues comme la coquille d’une grenade logées entre tes tresses.

Le cantique des cantiques, c’est-à-dire la chanson des chansons. Trad. Sébastien Castellion (1555). Éd. Bayard.

«Vous me faites trop d’honneur,
Dit la belle orientale :
Votre éclat que rien n’égale
Mérite mieux que mon cœur.
Mais, las ! je ne suis pas née, »
Pour songer à l’hyménée :
Je renonce à ses douceurs,
Pour être avecque mes sœurs.

Jean de La Fontaine, Le diamant et la perle.

5 février 2009

L’épicerie

Classé dans : Lieux, Littérature, Photographie, Société — Miklos @ 0:43


Épicerie à Den Gamle By (Århus)

« Mais a-t-on bien examiné l’importance de ce viscère indispensable à la vie sociale, et que les anciens eussent déifié peut-être ? Spéculateur, vous bâtissez un quartier, ou même un village ; vous avez construit plus ou moins de maisons, vous avez été assez osé pour élever une église ; vous trouvez des espèces d’habitants, vous ramassez un pédagogue, vous espérez des enfants ; vous avez fabriqué quelque chose qui a l’air d’une civilisation, comme on fait une tourte : il y a des champignons, des pattes de poulets, des écrevisses et des boulettes ; un presbytère, des adjoints, un garde champêtre et des administrés : rien ne tiendra, tout va se dissoudre, tant que vous n’aurez pas lié ce microcosme par le plus fort des liens sociaux, par un épicier. Si vous tardiez à planter au coin de la rue principale un épicier, comme vous avez planté une croix au-dessus du clocher, tout déserterait. Le pain, la viande, les tailleurs, les prêtres, les souliers, le gouvernement, la solive, tout vient par la poste, par le roulage ou le coche ; mais l’épicier doit être là, rester là, se lever le premier, se coucher le dernier ; ouvrir sa boutique à toute heure aux chalands, aux cancans, aux marchands. Sans lui, aucun de ses excès qui distinguent la société moderne des sociétés anciennes auxquelles l’eau-de-vie, le tabac, le thé, le sucre étaient inconnus. De sa boutique procède une triple production pour chaque besoin : thé, café, chocolat, la conclusion de tous les déjeuners réels ; la chandelle, l’huile et la bougie, source de toute lumière ; le sel, le poivre et la muscade, qui composent la rhétorique de la cuisine ; le riz, » le haricot et le macaroni, nécessaires à toute alimentation raisonnée ; le sucre, les sirops et la confiture, sans quoi la vie serait bien amère ; les fromages, les pruneaux et les mendiants, qui, selon Brillat-Savarin, donnent au dessert sa physionomie.

Honoré de Balzac, L’Épicier. 1840.

« Il n’y a pas épicier qui ne sache fort bien qu’il est loin d’avoir fait de l’or avec ses marchandises quand il a donné à leur valeur la forme prix ou la forme or en imagination, et qu’il n’a pas besoin d’un grain d’or réel pour estimer en or des millions de valeurs en marchandises. Dans sa fonction de mesure des valeurs, la monnaie n’est employée que comme monnaie idéale. Cette circonstance a donné lieu aux théories les plus folles. Mais quoique la monnaie en tant que mesure de valeur ne fonctionne qu’idéalement et que l’or employé dans ce but ne soit par conséquent que de l’or imaginé, le prix des marchandises n’en dépend pas moins complètement de la matière de la monnaie. La valeur, c’est-à-dire le quantum de travail humain qui est contenu, par exemple, dans une tonne de fer, est exprimée en imagination par le quantum de la marchandise monnaie qui coûte précisément autant de travail. Suivant que la mesure de valeur est empruntée à l’or, à l’argent, ou au cuivre, la valeur de la tonne de fer est exprimée en prix complètement différents les uns des autres, ou bien est représentée par des quantités différentes de cuivre, d’argent ou d’or. Si donc deux marchandises différentes, l’or et l’argent, par exemple, sont employées en même temps comme mesure de valeur, toutes les marchandises possèdent deux expressions différentes pour leur prix; elles ont leur prix or et leur prix argent qui courent tranquillement l’un à côté de l’autre, tant que le rapport de valeur de l’argent à l’or reste immuable, tant qu’il se maintient, par exemple, » dans la proportion de un à quinze. Toute altération de ce rapport de valeur altère par cela même la proportion qui existe entre les prix or et les prix argent des marchandises et démontre ainsi par le fait que la fonction de mesure des valeurs est incompatible avec sa duplication.

Karl Marx, Le Capital, livre premier, I.3.

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