Miklos
« Je donne mon avis non comme bon mais comme mien. » — Michel de Montaigne

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19 novembre 2004

Ce livre s’autodetruira en 2 jours…

Classé dans : Livre, Sciences, techniques — Miklos @ 21:34

Dans un article de mai 2000 (« La numérithèque entre réalités et fantasmes », Livres Hebdo n° 381), j’écrivais, à propos des livres électroniques du futur : « Les éditeurs, profitant de cette manne, proposeront alors ces cartes à durée déterminée, à lire dans la semaine ou le mois suivant l’achat, leur contenu s’effaçant ce délai passé. »

On s’en rapproche. Le film « Noel », qui n’avait pas attiré l’intérêt des distributeurs au Festival du film de Toronto cette année malgré la présence de stars du moment (Susan Sarandon, Penelope Cruz, Robin Williams), sera vendu par Amazon à un prix assez bas (4,99$) sur des DVD jetables (format EZ-D, produit par Flexplay) : une fois exposés à l’air après ouverture de l’emballage, il reste 48 heures pour les consulter ; passé ce laps de temps, ils noircissent et deviennent illisibles.

Cette invention date de 2003, mais jusqu’ici elle n’avait pas eu un impact réel. Elle commence toutefois à attirer l’attention – une société européenne (alliance franco-helvético-allemande, semble-t-il) a annoncé cette année un autre format de DVD jettable – le DVD-D.

Question impact, cette technologie en aura certainement un – écologique.

[Publié à l’origine dans Biblio-FR. Voir aussi l’article très semblable publié plus d’un an auparavant sur le même sujet.]

10 novembre 2004

Paradis perdus

Classé dans : Littérature, Peinture, dessin, Société — Miklos @ 7:41


Fra Carnevale ou Luciano Laurana: La città ideale, 1490-1505.
Huile sur bois, 80,3 x 219,8 cm.

« Avec la Renaissance se développe une ample réflexion sur la cité idéale, qui fait de la ville, en tant que telle, un objet de l’art. Inauguré par le traité d’Alberti De re aedificatoria, écrit entre 1444 et 1472 et publié en 1485, ce courant s’intéresse avant tout à l’architecture civile, considérant la cité, à la fois ville et société, comme une totalité organique dans laquelle les proportions doivent régner sur les parties, afin qu’elles aient l’apparence d’un corps entier et parfait et non celle de membres disjoints et ina­chevés. »Utopie, la quête de la société idéale en Occident.

Le temps n’est plus aux utopies, manifestation d’un espoir en un monde meilleur en ce bas monde, soit dans une ville parfaite, soit dans une nature idéalisée par Rousseau alors et les Verts d’hier, dans un modèle de société idéale que tous les totalitarismes ont prôné, chacun à sa façon, sans pour autant contribuer au bonheur de tous. Elles ont été remplacées par certaine fiction décrivant des mondes meilleurs mais ailleurs, décadents (La Machine à explorer le temps de H.G. Wells), voire une société totalitaire et hyper-surveillée (1984 de George Orwell ou Le Meilleur des mondes d’Aldous Huxley), ou alors carrément des scénarios catastrophe (tels ceux — remarquables — de J.G. Ballard). Aux peurs millénaristes et eschatologistes se substituent des projections réelles sur le réchauffement de la planète.

L’idéal de la beauté, depuis les Grecs jusqu’aux temps modernes, a été remplacé par les corps fragmentés des cubistes, puis par ceux torturés d’un Francis Bacon, enfin par ceux remodelés de façon permanente par une chirurgie esthétique dans un délire de perfection.

Enfin, le lieu (social) de la cité et le corps (physique) du citoyen s’effacent dans l’utopie de l’être tout-communiquant, branché en permanence sur son téléphone portable et sur l’internet, pris dans la toile de plus en plus paralysante de l’internet mais incapable de socialiser dans la cité avec ses voisins, ses collègues…

10/11/2004

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