Miklos
« Je donne mon avis non comme bon mais comme mien. » — Michel de Montaigne

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30 octobre 2005

Livres, encore et toujours

Classé dans : Littérature, Livre — Miklos @ 8:09

Je jette toujours un coup d’œil sur les bibliothèques des gens chez qui je suis invité. Il semble que je suis parfois trop cavalier, trop insistant ou inquisiteur, on m’en fait le reproche. Mais les bibliothèques sont passionnantes parce que révélatrices. L’absence de bibliothèque aussi, l’absence de livres dans un lieu de vie, qui en devient mortel.

Jorge Semprun,
Le Mot qu’il faut

Écriture

Classé dans : Récits — Miklos @ 1:35

La table était faiblement éclairée par une bougie à la flamme flageolante. La main racée comme celle d’un pianiste tenait un stylo avec lequel elle remplissait fiévreu­sement la page d’une écriture fine et régulière. Les lignes, si rapprochées les unes des autres que les lettres de l’une effleuraient celles de ses voisines, recouvraient gradu­ellement le papier blanc cassé d’une dentelle délicate. Parfois, la main s’arrêtait brièvement, comme hésitante, pour reprendre sa course de plus belle. Il lui arrivait, rarement, de barrer nerveusement ce qu’elle venait d’écrire, rajoutant ainsi une arabesque mystérieuse à la broderie sobre du texte. À d’autres moments, elle posait le stylo ; les doigts se tendaient puis se repliaient, esquissaient le pianotement d’une mélodie silencieuse, le pouce frottait le bout de l’index d’un air pensif, puis ils s’immobilisaient, détendus. Une fois la page remplie, la main la rajoutait à une pile que l’on devinait croissante hors du pâle halo, prenait une feuille vierge qu’elle disposait rapidement à la place de la précédente ; celle-ci s’éclairait alors soudainement de la douce lueur de la bougie pour s’obscurcir au fur et à mesure que la main poursuivait son œuvre, comme une fenêtre lorsque l’on ouvre les volets à l’aube et devant laquelle on baisse un voilage diaphane. Lorsque la flamme allait s’éteindre, la main prit une autre bougie, qu’elle alluma en la rapprochant du bout de chandelle disparaissant. À la lumière qui se fit alors, je vis qu’il n’y avait personne dans la pièce : il n’y avait que la table et cette main qui écrivait, qui écrivait.

28 octobre 2005

La Star Académie Française sur France Télévision, ou Alagna est-il en mauvaise compagnie ?

Classé dans : Langue — Miklos @ 14:06

Lors de l’entretien avec Roberto Alagna sur France 2 à propos de son disque de succès de Luis Mariano, Olivier Galzi, qui présentait aujourd’hui le journal télévisé de 13h, lui demande : « Un dernier mot sur vos compagnons et heu… compagnonne de duo, Arielle Dombasle, Elie Semoun, Jean Reno… ».

Je doute que compagnonne ait été utilisé dans son acception « Vx, p. plaisant. », comme l’indique l’incontournable Trésor de la langue française, qui donne pour exemple : Ces deux aimables compagnonnes [la luxure et la mort] voyagent toujours ensemble. Est-ce alors avec le second sens, celui de Femme laide, masculine qu’a été qualifiée Arielle Dombasle, la compagne (de chant) d’Alagna ?

26 octobre 2005

Wikipedia redux, ou l’amateurisme a un coût

Classé dans : Livre, Sciences, techniques — Miklos @ 9:01

Contrairement à ce qu’affirment certains, l’amateurisme n’exclut pas forcément la recherche de rentabilité. Pour preuve, on vient d’apprendre, toujours d’après Nicholas Carr, que Wikipedia se lance dans une entreprise commerciale à but lucratif dans un accord avec answer.com. There is no free lunch.

24 octobre 2005

Antioxydants à la rescousse

Classé dans : Livre, Sciences, techniques — Miklos @ 19:55

On le savait depuis une centaine d’années1, l’encre métallogallique (appelée ainsi parce qu’elle est composée à base de noix de galle, entre autres), utilisée surtout depuis le Moyen-Âge jusqu’au XXe siècle mais connue depuis (au moins) la période des Manuscrits de la Mer morte, détruit lentement les documents sur lesquels elle est présente (manuscrits tels que les carnets de Léonard de Vinci ou les partitions de Jean-Sébastien Bach, enluminures, peintures de Michelange ou de Rembrandt…).

Le groupe de recherche InkCor, dans le cadre d’un projet financé par l’Union européenne, vient de conclure que ces transformations sont dues non seulement aux radicaux libres de fer présents dans la composition de cette encre, mais aussi à d’autres métaux (notamment le cuivre, encore plus nocif) et acides (l’encre est composée aussi de vitriol) qui entraînent le changement de sa couleur et son attaque par oxydation du support, qui tourne au marron et perd de ses propriété mécaniques. Il semble naturel de vouloir contrer cet effet par des anti-oxydants et des alkalis, mais ceux connus à ce jour sont susceptibles de colorer le document. Cette équipe vient de développer un procédé de traitement qui utilise des sels haloïdes incolores et susceptibles de prolonger la durée de vie du papier de façon très significative. Elle espère pouvoir le commercialiser l’année prochaine.


1 Ce phénomène a été documenté pour la première fois à St Gallen (remarquez l’ironie du nom) en Suisse, en 1899.

Source : Wired News

Référence : Site sur la corrosion par l’encre métallogallique.

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