Miklos
« Je donne mon avis non comme bon mais comme mien. » — Michel de Montaigne

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3 mai 2006

Les mots pour le dire, ou le blog en tant qu’entreprise de crochetage

Classé dans : Langue — Miklos @ 0:14

C’est en feuilletant le Trésor de la langue française que je me suis aperçu que la tenue d’un blog personnel avait tout de même des caractéristiques bien particulières qu’il est difficile de trouver dans un autre mode d’écriture et que certains mots décrivent étrangement bien.

La proximité immédiate de tous les articles permet de passer rapidement d’une époque à une autre, de retrouver un détail ou une impression oubliés, de constater qu’on se répète sur certains sujets ou qu’on en aborde d’autres différemment, et de tisser, au moment de l’écriture, des fils allant du présent au passé ou à l’inverse, du passé au présent.

Au fil du temps émerge ainsi une tapisserie sur laquelle se dessine une image qu’on a rarement le moyen de percevoir autrement ; on en connaît la trame, puisqu’on l’exécute soi-même : on peut donc voir cette tapisserie à l’envers – locution qui signifiait autrefois « savoir ce qui se passe derrière ce qui apparaît ».

Un terme apparenté dénote cette double action : crocheter. Il signifie « exécuter un travail en se servant d’un crochet », n’est-ce pas le fait de cette écriture hypertextuelle qui traverse le temps en faisant fi de sa progression linéaire ? Il a aussi pour sens « essayer d’éviter », ce qui arrive lorsque la vérité se dérobe au regard lorsqu’on essaie de la cerner de trop près ; mais il veut aussi dire « essayer de pénétrer un secret », ce que l’on peut parfois faire en contemplant le travail qui s’est tissé et qui décrit une image que l’on ne pouvait percevoir lorsqu’on n’en contemplait que les détails ici ou là.

2 mai 2006

C’est Trotsky qu’on assassine

Classé dans : Langue — Miklos @ 7:49

Curieuse, l’orthographe hésitante dans l’article « Suicide de l’intel­lectuel Boris Fraenkel, l’homme qui a révélé le passé trotskiste de Lionel Jospin » du Monde d’aujourd’hui – on y trouve trotskiste et trotskyste, trotskisme et trotskysme

Je sais bien que le Trésor de la langue française accepte les deux variantes (et même trotzkiste et trotzkisme, que l’auteur de l’article a omises), mais il serait plus élégant d’effectuer un choix et de s’y tenir. À tout casser et sans entrer dans des considérations de trans­litération (ou de trans­littération, au choix), j’aurais préféré trotskiste à sa variante qui fait trop kyste. Voire trotskyiste, à l’instar de l’anglais.

Je précise que ce n’est pas parce que je suis apparenté à Lev Davidovitch Bronstein que je prends la défense de l’utilisation de son pseudonyme. Je n’ai aucune revendication à son propos.

PS : Comme on le remarquera, les doublons que je signalais ce matin ont été éliminés de l’article en question, ce qui n’est pas sans rappeler la disparition de Trotsky (comme celle de Kamenev) de certains clichés ultérieurement redistribués par l’URSS, comme celui que l’on peut voir ci-dessous. Dans le cas de l’article, un œil avisé remarquera qu’il a été mis à jour le lendemain de sa mise en ligne (par la camarade correctrice Martine Rousseau, en sa qualité de komissar lexicographique du Monde).

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