Miklos
« Je donne mon avis non comme bon mais comme mien. » — Michel de Montaigne

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27 janvier 2008

Une musique qui adoucit les mœurs

Classé dans : Humour, Musique — Miklos @ 15:35

Sid Caesar (célèbre comédien américain) et Nanette Fabray (actrice de vaudeville et de comédies, et activiste pour les droits des sourds et malentendants), dans l’un des sketches de la série télévisée Caesar’s Hour (à laquelle participera Woody Allen).

Futurs antérieurs

Classé dans : Environnement, Religion, Sciences, techniques — Miklos @ 12:13

« Ce qui a été, c’est ce qui sera ; ce qui est arrivé arriva encore. Rien de nouveau sous le soleil. Quand on vous dit de quelque chose : “Venez voir, c’est du neuf”, n’en croyez rien ; la chose dont il s’agit a déjà existé dans les siècles qui nous ont précédés. Les hommes d’autrefois n’ont plus chez nous de mémoire ; les hommes de l’avenir n’en laisseront pas davantage chez ceux qui viendront après eux. » — Eccl. I (trad. Ernest Renan)

«C’est un rêve de scientifiques qui devient de plus en plus réalité : recréer la vie, pièce par pièce, de novo ! Des chercheurs du Craig Venter Institute, à Rockville (Etats-Unis), sont parvenus à fabriquer pour la première fois un génome de manière totalement synthétique. Autrement dit, comme en jouant aux Lego, ils ont réussi à reconstruire brique par brique l’ensemble du matériel génétique d’un organisme, en l’occurrence celui d’une bactérie. Leurs résultats, qualifiés de cruciaux dans le milieu, avaient été évoqués à demi-mot en octobre dernier lors d’une fuite dans la presse britannique. Ils sont publiés aujourd’hui dans la revue Science. Et ouvrent la voie à des applications potentielles phénoménales (Le Temps, 25/1/2008). Comme on peut s’en douter, les recherches entreprises soulèvent de nombreuses questions d’ordre éthique (…), y compris dans le cadre du bioterrorisme (Futura-Sciences).

I.24…il dit : Faisons homme à notre image, semblable à nous, qui seigneuriera et poissons aquatiques, et oiseaux de l’air, et bétail, et toute la terre, et tout ce qui bouge sur terre. 27 Si créa Dieu l’homme à son image. II.15 Si prit le Seigneur Dieu l’homme et le logea au verger d’Eden, pour le cultiver et le garder, 16 et fit le Seigneur Dieu à l’homme un tel commandement : Tu pourras bien manger de tous les arbres du verger ; 17 mais de l’arbre de science de bien et de mal, tu n’en mangeras point, car lorsque tu en mangeras, tu mourras. III.4 Et le serpent dit à la femme : Vous n’en mourrez point, 5 mais Dieu sait bien que, lorsque vous en mangerez, vous aurez les yeux ouverts et serez comme dieux, sachant bien et mal. 6 Et la femme, » voyant que l’arbre était beau à manger, et beau à voir, et plaisant pour faire apprendre, en prit du fruit et en mangea, et en donna aussi à son mari, lequel en mangea (Gen. III, trad. Castellion).

« Lors d’une visite sur le continent de l’Antarctique, Jen Stoltenberg, le premier ministre norvégien, a tenu à rappeler le danger de fonte rapide des glaces du continent qui ferait monter le niveau des océans du globe. « C’est alarmant. Les sonnettes d’alarme retentissent. Les décideurs qui feignent d’ignorer ces signaux sont irresponsables », a estimé M. Stoltenberg dans une entrevue accordée à Reuters dimanche dernier dans la station scientifique norvégienne Troll, dans l’est de l’Antarctique (Canoë Infos, 21/1/2008). Car, si certains ergotent encore sur la réalité du réchauffement climatique, plus personne ne remet en cause la montée des eaux. Les mesures du niveau des océans opérées depuis une cinquantaine d’années montrent, sans aucun doute possible, que ce niveau augmente. Et surtout que cette montée s’accélère sensiblement depuis quinze ans, preuves par images satellites à l’appui (RMC, 22/1/2008). Seulement quelques centaines d’années auraient été suffisantes pour une élévation du niveau des océans de six mètres. Plus précisément, la vitesse estimée est de 1,6 mètre par siècle, ce qui est presque trois fois plus rapide que les estimations fournies par le GIEC pour la montée du niveau des océans à la fin de ce siècle (Futura-Sciences, 3/1/2008).

17 puis fut un tel déluge durant quarante jours sur terre 18 que la force de l’eau emporta l’arche et la leva de terre, 20 et crût l’eau sur terre de telle force que l’arche s’en alla par-dessus l’eau. Et tant et tant crûrent les eaux qu’elles couvrirent toutes les plus hautes montagnes de dessous le ciel universel et les couvrirent de quinze coudées par-dessus. 21 Si fut éteinte toute créature qui bougeait sur la terre, tant volataille que bêtes privées et sauvages, et tout ce qui se traîne sur terre et tous les hommes. 22 Tout ce qui avait au nez haleine de vie, de tout ce qui était en terre, mourut. 23 Parainsi» fut défait et raclé de la terre tout ce qui était, tant hommes que bêtes et serpents, et oiseaux de l’air, sans rester autre que Noé, et ce qui était avec lui en l’arche (Gen. VII, trad. Castellion).

Du vaudeville à la comédie de boulevard

Classé dans : Théâtre — Miklos @ 1:36

« Ils prétendent interpréter quand ils détruisent l’harmonie du texte. » — Paul Valéry, cité par Fabrice Lucchini

Adolescent, j’ai découvert Feydau en lisant ses pièces l’une après l’autre (j’avais de la méthode). J’en ai aussitôt apprécié l’intrigue à tiroirs, les indications de scène détaillées, la mécanique extrêmement précise et l’humour fin et décalé des dialogues qui ne dataient pas vraiment, au point de les voir et de les entendre se dérouler dans mon esprit au fur et à mesure que j’avançais dans le texte. C’était aussi l’époque où je dévorais Allais, de huit ans l’aîné de Feydau, et certains de leurs contemporains humoristes et fantaisistes de la Belle Époque – hydropathes, zutistes, pataphysiciens et autres fumistes pince-sans-rire : Xavier Forneret, Eugène Mouton (magistrat et auteur de L’Invalide à la tête de bois), Charles Cros, Mac-Nab, Franc-Nohain, Alfred Jarry, Cami… – il n’est pas surprenant que j’aie été fasciné plus tard par les dadaïstes, puis par les surréalistes. J’y trouvais – alors comme aujourd’hui – quelque chose d’intemporel en ce qu’ils s’attaquent aux sentiments, aux faiblesses et aux éternels travers humains, ce qui n’est pas le cas pour le théâtre de Courteline, par exemple, qui, s’attachant à critiquer les institutions (l’armée, l’administration…) et les classes sociales qui ont bien changé depuis son temps les unes comme les autres, a mal vieilli.

En tombant hier sur la diffusion de La Dame de chez Maxim de Feydau dans une mise en scène de, et avec, Francis Perrin, je me suis senti floué : ce que je voyais, ce n’était pas une comédie pétillante et légère à l’instar des opérettes enchanteresses d’Offenbach, mais un théâtre de boulevard hystérisé : éclats de voix, hurlements de surprise, intonations exagérément populaires, attitudes outrées. Est-il, de nos jours, si difficile d’entendre ce que dit le texte qu’il faille ainsi l’illustrer de couleurs criardes – sort qu’avait réservé, en son genre, la Comédie-Française à La Mégère apprivoisée de Shakespeare – à l’instar des rires préenregistrés de certaines séries télévisées ?

26 janvier 2008

Ils ont osé

Classé dans : Musique — Miklos @ 20:53

Si d’aucuns – dont nous ne faisons pas partie – doutaient de la capacité du Théâtre de la Ville à se renouveler, à innover et à nous surprendre, c’est bien le concert de cet après-midi qui les aura détrompé. L’heure de son début – 15h au lieu de l’habituel 17h – aurait dû leur mettre la puce à l’oreille, mais la liste des interprètes était tout ce qu’il y a de plus rassurant, pour ce créneau qui attire en général un public d’un certain âge et d’un certain milieu social : un ensemble baroque et trois solistes (deux violonistes, une pianiste) ; or le spectacle, tricoté avec une grande originalité qui s’est révélée au fil du concert, a duré plus de trois heures, et le clou, caché sous un titre baroque innocent (« Chaconne »), en a été une splendide œuvre contemporaine pour le piano, ce qui démontre que les organisateurs n’appréhendaient pas les vapeurs ou les syncopes des habitués.

Le programme était composé en forme de triptyque, dont la pièce centrale – et maîtresse, à tous égards – était la jeune pianiste bulgare Plamena Mangova, qui, à 27 ans, a tout pour devenir une Birgit Nilsson du piano : coffre, puissance et énergie illimitées, virtuosité sans faille, jeu exsudant passion et générosité. La pré­cé­daient la violoniste baroque Amandine Beyer et son ensemble Gli Incogniti, dans un programme de concerti pour violon, cordes et basse continue de Vivaldi et de Bach joués avec entrain et virtuosité. Mais on a plus apprécié l’ensemble que la soliste malgré sa maîtrise de l’instrument – est-ce dû à l’acoustique de la salle ou à la nature de son violon ? – il nous a paru parfois acide ou aigre, limite dissonant et légèrement instable par rapport aux musiciens l’accompagnant.

La seconde partie, avec Plamena Mangova seule au piano, faisait écho, autant par le thème de la première œuvre (des variations de Beethoven sur une aria de Salieri) que le titre de la dernière (la Chaconne de Sofia Goubaï­doulina) à celles, baroques, qui avaient ouvert le concert. Rien de plus différent. L’interprétation du Beethoven initial en annonçait la couleur : pensif, introverti, léger, dansant, virtuose, ténébreux, haletant… Mais ce sont les œuvres suivantes, de plein pied dans le roman­tisme, l’expres­sion­nisme et le contemporain russe : la Valse-caprice n° 6 de Liszt (sur des lieder de Schubert), la transcription de la Mort d’Isolde de Wagner par Liszt, et finalement cette magnifique et décoiffante Chaconne de la compositrice russe Sofia Goubaïdoulina, née en 1931 : s’il ne fallait retenir qu’une seule œuvre de ce concert (ce qui serait dommage), ce serait bien celle-ci, courte (7-8 minutes) aux sonorités, timbres, tonalités et rythmes chatoyants, surprenants, exhilarants. Alliant un jeu solide et stable à un souffle puissant, maîtrisant parfaitement les passages wagnériens déchaînés de ces œuvres et passant de façon fluide d’un extrême à l’autre des registres, Mangova a fait montre d’un jeu plus retenu – comme il se doit – dans le Nocturne de Grieg qu’elle a donné en bis.

La partie centrale du concert était aussi en rapport avec celle qui le clôturait, elle-même en rapport symétrique avec la première, puisqu’on y retrouvait Plamena Mangova qui y accompagnait une jeune violoniste soliste, Alena Baeva. Là aussi, des œuvres romantiques, mais plus introverties (sonates de Schubert et de Brahms pour violon et piano) et, pour aider ceux qui auraient été quelque peu chavirés par le programme remuant à se remettre, La Campanella de Paganini arrangée par Kreisler suivie d’une Mélodie de Tchaïkovski en guise de rappel. Le jeu précis, lyrique et arrondi de Baeva – auquel on pourrait reprocher de n’avoir pas été assez nuancé et incisif, à certains moments (mais à 22 ans elle a toute sa carrière devant elle) – contrastait avec celui de Mangova, qui avait parfois du mal à se retenir, à l’étroit dans son rôle d’accompagnatrice. C’est cette dernière qui a été la charpente de ce concert dont on est sorti enchanté et tout guilleret, des mélodies plein la tête.

24 janvier 2008

Kilomètre Puntila

Classé dans : Théâtre — Miklos @ 1:22

C’est au théâtre de Sartrouville qu’on a découvert, en 2004, le travail original d’Omar Porras, qui y avait mis en scène le tour de chant d’Angélique Ionatos, Alas pa’ volar, consacré à Frida Kahlo. Mais c’est le Théâtre de la Ville qui nous a permis d’en apprécier à sa juste mesure la qualité de magicien dans des pièces de théâtre à la mesure de son talent : La Visite de la vieille dame, la pièce magnifiquement grinçante et discrètement tragique de Friedrich Dürrenmatt et L’Histoire du Soldat, féérique collaboration de Stravinsky et de Ramuz en 2004 puis avec El Don Juan d’après Tirso de Molina en 2005, qui nous a ravi tout autant que sa mise en scène de Pedro et le Commandeur de Lope de Vega à la Comédie-Française en 2007. Il nous était donc difficile d’éviter la montée d’un « plaisir anticipatif » tandis que se rapprochait la date de la représentation de Maître Puntila et son valet Matti de Bertold Brecht, création d’Omar Porras à la salle des Abbesses du Théâtre de la Ville. Que nous venons de voir.

Disons-le tout de suite et très vite : ce qui pèche, dans cette pièce, c’est le texte, qui ne trouve pas sa voix. Il y a là deux registres juxtaposés qui cohabitent mal : d’une part, la critique acerbe de la relation maître-valet que Porras illustre avec ironie et finesse autant par la mimique des acteurs (jeux de physionomie, gestes) que par la chorégraphie du spectacle qui déborde parfois dans la salle sans pour autant tomber dans un burlesque de comédie de boulevard (même s’il joue dangeureusement avec les limites du genre) ; d’autre part, un ton sentencieux, moralisateur et très réalisme socialiste sur la lutte des classes, d’une lourdeur que rien ne peut soulager et sur lequel se termine la pièce avec la libération du prolétariat du joug de l’impérialisme : impossible donc de l’oublier. Le spectacle dure 2h30 : pour un chef-d’œuvre ce serait l’espace d’un instant ou un moment d’éternité ; pour cette pièce mal fagotée, c’est loooooooong, malgré les efforts très louables de Porras. On en ressort avec le sentiment gêné d’avoir revu les interminables façades pondéreuses des édifices de l’ère communiste en Europe de l’Est repeintes de couleurs vives pour tâcher d’en soulager la pesante monotonie.

Quant aux acteurs, on ne peut manquer d’admirer leur performance physique : ils glissent, volent, tourbillonnent, dansent et parviennent ainsi à donner du rythme à la pièce. On a surtout aimé Jean-Luc Couchard dans le rôle de Maître Puntila, qui alterne de façon saisissante entre le débonnaire, amical et généreux quand il est saoul, et l’impitoyable, dur et glaçant quand il est sobre ; quant à Juliette Plumecoq-Mech, surprenante dans celui de Matti, on a bien apprécié son faux air de Pierrot désabusé : sous cette apparence, se cache un personnage lucide qui finira par se révolter. Par contre, la diction d’une partie des acteurs laisse à désirer (accents, débits, timbre, voix qui portent mal même à courte distance, masques qui bloquent le son), ce qui est un handicap dans une pièce où le verbe est très (trop) présent. On vous disait bien que le problème de cette pièce en était le texte…

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