Miklos
« Je donne mon avis non comme bon mais comme mien. » — Michel de Montaigne

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28 avril 2009

La grippe porcine grippe A, un danger pour l’humanité ?

Classé dans : Actualité, Littérature, Photographie — Miklos @ 0:49


La marche de l’homme bloquée par un porc

« Si l’histoire est effectivement, comme la définissait Walter Benjamin, non pas une longue marche de l’humanité vers le progrès mais plutôt une montagne de ruines qui monte au ciel… » — Enzo Traverso, « Rationalité et barbarie », in L’histoire déchirée. Essai sur Auschwitz et les intellectuels. Éd. du Cert, 1997.

«Pour Sylvie» van der Werf, de l’Institut Pasteur (…) “c’est un virus nouveau contre lequel l’ensemble de l’humanité n’a pas d’immunité.” (…) Le virus pourrait devenir “beaucoup plus dangereux”, selon l’OMS.

AFP, 27 avril 2009.

Voir aussi :
• Institut de veille sanitaire (France)
• Center for Disease Control (USA)
• Organisation mondiale de la santé (OMS)

27 avril 2009

Life in Hell: le ministère des affaires étrangères s’en lave les mains

Classé dans : Actualité — Miklos @ 14:14

“The time has come,” the Walrus said,
   “To talk of many things:
Of shoes—and ships—and sealing-wax—
   Of cabbages—and kings—
And why the sea is boiling hot—
   And whether pigs have wings.”

— Lewis Carroll, Alice’s Adventures in Won­der­land

Jeff et Akbar partent à New York. Damned, la grippe porcine grippe A les précède. Ils veulent savoir s’ils peuvent toujours partir. La presse anglophone sérieuse, efficace et fiable, les informe que « la commission euro­péenne recom­mande aux Européens d’éviter tout voyage non-essentiel au Mexique et aux États-Unis ». Elle cite Androulla Vassi­liou, la commis­saire à la santé, qui a déclaré aujourd’hui : « person­nel­lement, j’essai­erais d’éviter les voyages non-essen­tiels dans les régions au centre de la zone » où sont concentrés les cas, « afin de mini­miser les risques personnels ».

Est-ce que tous les États-Unis sont concernés, se demande Akbar ? Il trouve finalement une autre source, suisse, qui indique que Vassiliou aurait précisé « …notamment le Mexique et certains États américains ». Afin de savoir si New York en fait partie ou non, Akbar se rend sur le site du ministère des affaires étrangères, rubrique conseils aux voyageurs. Il y lit :

Un peu interloqué (s’agit-il de porcs volants ?), il appelle la plateforme du ministère en question. Il pose sa question à l’opératrice, qui lui répond : « Nous ne pouvons vous déconseiller de ne pas vous rendre (sic) dans tel ou tel pays ; la seule chose que je peux vous recommander c’est de vous laver les mains. » Et pour savoir quel État est affecté, elle lui conseille d’appeler l’autre plateforme (0825 302 302 – il s’avère que c’était celle mise en place lors de la crise de grippe aviaire, d’où la confusion), ce qu’Akbar fait après s’être soigneusement rincé les doigts. Là, ils sont effectivement bien mieux informés ; on lui dit qu’il s’agit, pour le moment, du Mexique et de la Californie, et on lui conseille de consulter régulièrement le site de l’institut de veille sanitaire : il y lit que c’est en Californie, au Texas et au Kansas où l’on a détecté des cas, non inquiétants. Akbar n’est plus inquiet. Demain est un autre jour.

Voir aussi :
• Center for Disease Control (USA)
• Organisation mondiale de la santé (OMS)

Jeff et Akbar sont les personnages d’une série de bandes dessinées de Matt Groening, qui est aussi le père de la fameuse – et infâme – famille Simpson.

Comment éviter une rupture de couple

Classé dans : Sciences, techniques — Miklos @ 7:40

La solution classique : mettez une très forte résistance à la source pour faire croire au régulateur que la température est trop forte et couper la puissance de chauffe. C’est ce qui se pratique en pyrométrie.

Cette panne est d’autant plus difficile à détecter lorsque qu’il n’y a aucun signe avant-coureur – par exemple, sans montée de température, mais plutôt un refroidissement graduel vers le zéro absolu (qui, comme on sait, change la nature des matériaux), ou quand l’un des deux éléments cesse de fonctionner en paire sans pour autant montrer quelque signe de disfonctionnement (fuite, torsion, bruit…).

Ce genre de problème est souvent impossible à réparer, les déformations subies par l’un ou l’autre des éléments les empêchant de se remboîter de façon adéquate. Les colles, atèles ou autres palliatifs s’avèrent inefficaces sur la durée.

Il est donc primordial de vérifier au préalable la compatibilité des matériaux et de mettre en place, dès leur jointure, un dispositif destiné à éviter leur séparation et que l’on veillera à bien entretenir. Si, malgré tout, l’une des pièces viendrait à faillir, il est préférable de le détecter le plus rapidement possible et de prendre les mesures qui s’imposent.

26 avril 2009

Rendre à Hugo ce qui est à Hugo

Classé dans : Actualité, Littérature — Miklos @ 22:12

« Oui, Monsieur ; mais lorsque l’on cite, il faut citer fidèlement. » —Marmontel, Mémoires, 1818.

Un texte circule sur l’internet depuis un certain temps : présenté comme un extrait continu du pamphlet Napoléon le petit de Victor Hugo (dont la cible était Napoléon III – lisez donc Les Châtiments), il prétend en montrer le côté prémonitoire et d’actualité.

Or si l’on compare attentivement ce texte et la source, on s’aperçoit qu’il est constitué de bribes prises ici et là, parfois lourdement traficotées, tronquées (laisser « passequilles » daterait le texte et lasserait le lecteur contemporain) ou modifiées, voire carrément inventées, pour les besoins de la démonstration. Les victimes en sont – outre la véracité – le style, l’envolée, les périodes, de Victor Hugo. Et si l’on prend le soin de lire le pamphlet dans son intégralité, on s’aperçoit que bien d’autres passages – à propos de « tous ces hommes qui passent si facilement d’un bord à l’autre », de l’économie et du déficit, de « la presse supprimée », de « l’orgie de l’ordre », par exemple – auraient pu être utilisés à ces fins, même si, sous la plume de Victor Hugo et dans le contexte du pamphlet ils n’avaient pas forcément le même sens qu’un lecteur d’aujourd’hui leur accorderait : on peut faire tout dire à un texte, dès qu’on le sort de son contexte.

Le texte qui circule sur l’internet

Le texte de Victor Hugo

Que peut-il ? Tout. Qu’a-t-il fait ? Rien. Avec cette pleine puissance un homme de génie eût changé la face de la France, de l’Europe peut-être.

Que peut-il ? Tout. Qu’a-t-il fait ? Rien. Avec cette pleine puissance un homme de génie eût changé la face de la France, de l’Europe peut-être. (page 61, lignes 3-6)

Seulement voilà, il a pris la France et n’en sait rien faire.

Il a pris la France et n’en sait rien faire. (page 61, ligne 23).

Dieu sait pourtant que le Président se démène : il fait rage, il touche à tout, il court après les projets ; ne pouvant créer, il décrète ; il cherche à donner le change sur sa nullité ; c’est le mouvement per­pétuel ; mais, hélas ! cette roue tourne à vide.

Certes, ce dictateur s’agite, rendons-lui cette justice ; il ne reste pas un moment tranquille (…). Il fait rage, il touche à tout, il court après les projets ; ne pouvant créer, il décrète ; il cherche à donner le change sur sa nullité ; c’est le mouvement perpétuel ; mais hélas ! cette roue tourne à vide. (page 61, lignes 26-33)

L’homme qui, après sa prise du pouvoir a épousé une princesse étrangère est un carrié­riste avantageux.

(absent du texte de Victor Hugo)

Il aime la gloriole, les paillettes, les grands mots, ce qui sonne, ce qui brille, toutes les verroteries du pouvoir.

Il aime la gloriole, le pompon, l’aigrette, la broderie, les paillettes et les passe­quilles, les grands mots, les grands titres, ce qui sonne, ce qui brille, toutes les ver­ro­teries du pouvoir. (page 22, lignes 15-18)

Il a pour lui l’argent, l’agio, la banque, la Bourse, le coffre-fort.

Il a pour lui désormais l’argent, l’agio, la banque, la bourse, le comptoir, le coffre-fort, et tous ces hommes qui passent si facilement d’un bord à l’autre quand il n’y a à enjamber que de la honte. (p. 28, lignes 5-9)

Il a des caprices, il faut qu’il les satisfasse.

Non, cet homme ne raisonne pas ; il a des besoins, il a des caprices, il faut qu’il les satisfasse. (page 140, lignes 13-14)

Quand on mesure l’homme et qu’on le trouve si petit et qu’ensuite on mesure le succès et qu’on le trouve énorme, il est impossible que l’esprit n’éprouve pas quelque surprise.

Quand on mesure l’homme et qu’on le trouve si petit, et qu’ensuite on mesure le succès, et qu’on le trouve si énorme, il est impossible que l’esprit n’éprouve pas quelque surprise. (page 30, lignes 3-6)

On y ajoutera le cynisme car, la France, il la foule aux pieds, lui rit au nez, la brave, la nie, l’insulte et la bafoue !

Quoi ! il la foule aux pieds, il lui rit au nez, il la raille, il la brave, il la nie, il l’insulte, il la bafoue ? (page 37, lignes 23-25)

Triste spectacle que celui du galop, à travers l’absurde, d’un homme médiocre échappé

Ce que nous voyons depuis le 2 décembre, c’est le galop, à travers l’absurde, d’un homme médiocre échappé. (page 63, lignes 10-12)

« L’individualisme de masse, narcissisme pathétique de cette fin de siècle » (Dominique Lecourt)

Classé dans : Photographie, Sciences, techniques, Société — Miklos @ 11:44

«L’individualisme de masse nourrit par réaction les formes les plus aliénantes du communautarisme qui, sur divers autres modes, anéantissent les capacités de l’être humain comme être individuel. (…) L’individualisme de masse qui verrouille les individus sur un « eux-mêmes » de confection est en lui-même violence. Il est grand temps que nous en finissions avec le narcissisme pathétique qui s’est imposé dans le monde occidental depuis quelques décennies pour s’accommoder de la tyrannie du marché. Il faudra bien un jour rouvrir la voie d’une pensée politique inventive qui se donnera pour tâche de prendre la solidarité pour base afin de maîtriser toujours davantage par un effort commun les nécessités naturelles, ainsi que les impératifs de la vie sociale, lesquels ne se résument pas à la bonne gestion. La communication universelle électronique de Londres à Tokyo, de Paris à Honolulu, et le cosmopolitisme d’aéroport des cadres branchés ne constituent nullement une telle ouverture : l’illusion de la toute-puissance et de l’omniscience n’a jamais rompu aucun isolement, il porte plutôt à la folie. » Et il y a une certaine manière transcontinentale de rester chez soi et entre soi qui est un déni de la passion pour l’humanité que désignait le beau nom de cosmopolitisme.

Dominique Lecourt, « Après le sursaut, le réveil », Marianne, 20 mai 2002.

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