Miklos
« Je donne mon avis non comme bon mais comme mien. » — Michel de Montaigne

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15 janvier 2013

Dis, tu es libre, samedi ? Alors, si ça te dit…

Classé dans : Actualité, Musique — Miklos @ 15:55


Nouvelles chansons yiddish et françaises, nouveaux textes

14 janvier 2013

« Quand le soleil se lève, les ténèbres s’évanouissent. »

Classé dans : Arts et beaux-arts, Histoire, Humour, Littérature, Photographie — Miklos @ 2:14


Albert et Alice Delacour (à gauche) ; Hégésippe Simon
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Cette célèbre lapalissade est due à Hégésippe Simon, dit aussi « Le Précurseur » (cf. Paul Birault, Hégésippe Simon, précurseur. Éditions de L’Éclair, 1914). Enfant, j’avais découvert l’existence de cet illustre personnage dans les w.c. de Monsieur et Madame Delacour : y trônait la petite statue d’un grand homme (puisque corpulent et barbu). Sur le socle, on pouvait lire :

À Hégésippe Simon
Le Précurseur

dénomination qui ne manquait de m’intriguer ; j’aurais été encore plus impressionné si j’avais su qu’on le disait même « prophète, ancêtre et champion de la démocratie ». Quant à son nom, je le confondais avec celui du poète Hégésippe Moreau, mort prématurément (il me semble que je comprenais « précurseur » comme indiquant le fait d’avoir disparu jeune après avoir laissé une œuvre importante, ce qui contribuait à la confusion).

Nés l’un comme l’autre dans les années 70 ou 80 du xixe siècle, les Delacour n’en étaient jamais tout à fait sortis. Monsieur Delacour – Daddy – avait une grande barbe blanche rectangulaire comme l’on pouvait en voir arborées par des présidents du conseil et autres personnages de la iiie république (je ne sais s’il aurait apprécié la comparaison, il me semble me souvenir qu’il était bonapartiste). Au dîner, il nouait une grande serviette blanche autour de son cou, et sirotait une tasse, grande et blanche elle aussi, de vin chaud. Ma mère m’avait dit qu’il avait connu Apollinaire. Madame Delacour – Mammy – épluchait les oranges avec un petit couteau en plastic, et aimait bien boire, de temps à autres, un peu de Marie-Brizard.

Monsieur-et-Madame-Delacour – ils semblaient parfois ne faire qu’un – avaient recueilli ma mère adolescente et avaient été en quelque sorte mes grands-parents. Je me délectais dans leur appartement, lieu paisible qui semblait plongé dans une pénombre et où le temps paraissait suspendu. Il contenait, pour l’enfant que j’étais, une infinité de trésors : manuscrits, livres (du xviie au début du xixe s.) et revues (les tous premiers Je sais tout avec les aventures d’Arsène Lupin !) dans lesquels je me plongeais avec délectation, objets désuets ou mystérieux tel cet appareil à visualiser des photos en 3D, vases aux décorations chinoises, meubles Boulle et directoire, un poêle Salamandre que l’on peut apercevoir dans la photo ci-dessus… Julien Gracq écrit d’ailleurs à son propos dans une lettre à ma mère :

J’ai conservé un souvenir très particulier de cet appartement silencieux qui restait un peu en dehors du monde, et où « Monsieur et Madame Delacour » me semblaient aller et venir à l’arrière-plan à l’état de fantômes (bienveillants) éveillés seulement par la parole. Je dois bien avoir écrit deux ou trois pages sur l’atmosphère singulière de cet appartement, où il était difficile de parler autrement qu’à voix basse.

Gracq avait connu les lieux une dizaine d’années avant moi, mais ils n’avaient pas dû changer depuis des décennies.

Comme je l’ai appris bien plus tard, Hégésippe Simon n’a pas existé : il est le produit d’un canular fort réussi du Paul Birault sus-cité ; prenant comme prétexte le centenaire de la naissance de cette personnalité imaginaire, il était arrivé à convaincre, nous dit La Renaissance en 1914 (un an après les faits), « cinquante parle­mentaires, dénués de méfiance et d’esprit critique » à lui faire ériger une « vraie statue en pied et en redingote […] dans les cinquante bourgs pourris où notre astucieux confrère de L’Éclair, M. Paul Birault, l’inventeur de cette mystification, avait pris la précaution de faire naître son homuncule afin d’intéresser plus sûrement à la célébration quelques mares stagnantes et leurs représentants. »

Quant à la phrase en question qui lui est attribuée, elle reprend peu ou prou une remarque de saint Augustin (De consens. Evang., III, 24) selon laquelle « quand le jour se lève, les ténèbres qui restent encore vont en s’abaissant d’autant plus que la lumière gagne davantage. » (Somme théologique de S. Thomas d’Aquin, trad. F. Lachat, 1859)

Comme quoi, La Palisse avait eu un digne précurseur.

13 janvier 2013

Les bronches de Paris

Classé dans : Photographie, Santé, Sciences, techniques — Miklos @ 10:11


Rue Michelet, près du jardin de l’observatoire (Paris)
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En comparant le cavalier et son bicycle à une locomotive, on peut dire que, dans le premier système, le foyer est la cage thoracique, la grille les poumon, et la chaudière tout le système circulatoire où se produit la chaleur animale.

Association française pour l’avancement des sciences, Compte rendu de la 2e session. Lyon, 1874.

Telle était en effet la largeur de la partie de la voie réservée aux voitures et que nous avions sous les yeux. Ici le trottoir de gauche n’existait plus, mais on en voyait encore la trace par l’alignement des pavés antiques. Il avait été détruit pour d’autres travaux attenant a la porte St-Vincent et remplacé par un béton de cinquante centimètres d’épaisseur, à côté duquel était un squelette fort bien conservé et reconnu pour être celui d’un très-jeune homme. Sa tête, de forme allongée, avait ses mâchoires garnies de toutes leurs dents d’une grande beauté.

E.-C. Martin-Daussigny, « Description de la voie romaine découverte à Lyon dans le quartier du jardin des plantes, en 1854, in Revue du Lyonnais, t. 12. Lyon, 1856.

Égouts publics. Dans chaque rue, devant chaque trottoir, se trouve une conduite dite d’évacuation, située à une profondeur moyenne de trois à quatre mètres. […]

Toutes les bouches sont accompagnées d’un puisard en maçonnerie, fermé en haut par une grille horizontale à charnière et situé au fond du caniveau, contre la bordure du trottoir. […] – Les regards sont de simples cheminées avec échelons, fermées à la partie supérieure par un tampon de 0m51.

La ventilation des égouts se fait à l’air libre par les bouches d’égouts et par les regards. »

P. Pignant, Principes d’assainissement des Habitations des Villes et de la Banlieue, 2e éd. Paris, 1892.

12 janvier 2013

On nous cache quelque chose tout !

Classé dans : Actualité, Cinéma, vidéo, Médias, Santé, Société, Économie — Miklos @ 12:40


La face cachet du cinéma (
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La face cashée des banques (
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La face cachet de l’industrie pharmaceutique (
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La face cachée de la Lune
(Georges Méliès, Le Voyage dans la Lune, 1902)
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6 janvier 2013

Le pays des grandes gueules, ou, le couple de l’année

Classé dans : Actualité, Langue, Médias, Politique — Miklos @ 17:59

Il y a une république où l’on trouve des grandes gueules : la Mordavie. Et pour cause : son nom vient du russe морда, qui signifie « gueule ». L’Express national s’est empressé – son titre l’y incitant – à y remarquer la présence de deux espèces de ces grandes gueules.

La première, celle qui déplaît au pouvoir – non pas celui de la république en question mais de son vrai patron – s’y retrouve pour avoir ouvertement milité pour l’égalité des droits pour tous (même les femmes et les homos, ce que ledit pouvoir trouve tout à fait immoral). Elle y est enfermée pour deux ans (après, on trouve toujours comment en remettre une couche pour éviter qu’elle n’en sorte et ne rouvre sa grande gueule qui aura encore plus d’histoires édifiantes à raconter) dans des conditions que la seconde espèce – autre grande gueule, mais qui semble particulièrement plaire au même pouvoir et pour cause – qualifie de hautement démocratique.

Le seul problème avec cette nouvelle, c’est que la Mordavie n’existe pas (bien qu’elle ait un hymne depuis fort longtemps). Le journaliste de L’Express, dont on ne doute de l’érudition, a dû, oh lapsus calami, se laisser influencer par sa lecture de La tête des autres de Marcel Aymé, pièce grinçante dont on recommande vivement la lecture et qui se tient en Poldavie. Ou peut-être, amateur de la Moldau de Smetana, avait-il pensé au pays que traverse ce fleuve, la Moldavie, autre petite république (dont le nom s’écrit en roumain Moldova… de quoi en perdre son latin, je l’avoue).

Ne tergiversons plus : la république en question s’appelle en fait la Mordovie, et tient son nom de celui du peuple qui habite la région, les Mordves.

Une question, tout de même : pourquoi le sujet de l’article n’a-t-il pas pu recevoir de maison en Russie et a été contraint de s’exiler ainsi dans ses marches, à l’instar de Victor Hugo à Guernesey ? On espère qu’il pourra de temps en temps – quand il y fait trop froid – se réfugier dans sa maison en Belgique, pays très accueillant de par ailleurs, sans pour autant avoir à renoncer à la maison que la Mordavie, pardon, la Mordovie, lui a offerte assortie, on vient de l’apprendre, du poste de ministre de la culture, apparemment compatible avec sa nouvelle nationalité (russe, pas mordve, vous me suivez toujours ?).

Quel culot, de nous avoir ainsi subtilisé un des parangons de notre culture, que rêve d’ailleurs de rejoindre notre B.B. nationale pour y occuper (on le murmure) le poste de ministre des droits des animaux.

Qui se ressemble s’assemble…

L’Express persiste malgré lui

Alerté sans doute par la clameur internationale et les protestations de l’ambassade Mordve, le magazine a corrigé dans le titre et dans le corps de l’article l’orthographe de la nouvelle patrie des deux personnages en question.

Mais pas dans la légende de la photo (qu’on a supprimée par charité pour nos lecteurs ou par respect des droits à l’image, on les en laisse seuls juges), comme on peut le voir plus bas.

Vers une sortie de crise ?

Voilà maintenant que Le Point nous apprend qu’« Un théâtre de Tioumen, grande ville de Sibérie occidentale située à 2.150 km de Moscou, a proposé mercredi à l’acteur français Gérard Depardieu [...] de rejoindre sa troupe pour 400 euros par mois ».

Si notre le Gérard national l’accepte, il n’aura plus aucun problème avec le fisc français, et pourra d’ailleurs se prévaloir du RMI.

On laissera, pour une fois, le dernier mot à…

Philippe Sollers, dont les idées et les combats, sur ce point du moins, ne sont pas si élognés des nôtres. Et quant aux neuf muses du Parnasse dont il parle, elles feront sans doute bien vite oublier à l’Apollon en question celle d’un hôtel américain, aussi luxueux ait-il été.

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