Miklos
« Je donne mon avis non comme bon mais comme mien. » — Michel de Montaigne

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10 août 2020

Pourquoi les Américains à Paris souffrent moins de la canicule que les Français

Classé dans : Actualité, Sciences, techniques, Société — Miklos @ 14:42

Hot Weather Sketches. Illustration du The Illustrated London News, 23 juillet 1881..

J’ai deux thermomètres qualifiés de vintage par leur vendeur (« néo-rétro » vend moins bien) : l’un accroché à l’ombre sur l’embrasure externe d’une de mes fenêtres, l’autre au centre de mon appartement.

Pour illustrer la grande diffé­rence de températures hier à 17h30 – 39,5°C sur rue, 28°C en intérieur (sans cli­ma­ti­sa­tion, je précise : je ferme volets et fenêtres), j’ai photo­gra­phié ces deux instru­ments, et ai mis côte à côte, à la même échelle (en alignant les deux gra­duations en Celsius), le résultat, que l’on peut voir ci-contre (cliquer pour agrandir).

C’est alors que j’ai remarqué que les graduations en Farenheit ne correspondaient pas l’une à l’autre, elles. Et si l’on fait un rapide calcul (C = (F-32) x 5 / 9), on constate que c’est le thermomètre de droite qui affiche une échelle plus basse de 10°F que les valeurs correctes.

En regardant de plus près l’ensemble de ce thermomètre (que l’on peut voir ci-contre à gauche, cliquer pour agran­dir), je m’aperçois que le mar­quage en Farenheit disjoncte au-dessus des 50°F : l’indi­cation suivante aurait dû être 70°C, puis 90°, etc. Soit dit en passant, il manque aussi le signe « moins » devant les mesures en-dessous du 0°F.

Et enfin, comble de la contre­façon contre lequel ce thermo­mètre avertit, si l’on compare cet objet à celui d’ori­gine (cf. photos ci-contre, cliquer pour agran­dir), on voit que sur ce dernier les tempé­ratures sont indi­quées en Celsius des deux côtés du tube central. Le rem­pla­cement du marquage de droite par l’échelle Farenheit est destiné, sans nul doute, aux touristes anglo­phones qui utilisent encore cette unité de mesure. On est très curieux de savoir dans quel pays ces contre­fa­çons ther­mo­mè­tres ont été fabriqués.

Ainsi, pour eux, il ne ferait, d’après ce thermomètre, que 92°F (ce qui correspond à 33°C, au lieu des 39,5°C = 102°F). Mais au vu des restrictions sur les vols internationaux du fait de la pandémie, ce type de touristes ne vient pas chez nous. Alors pourquoi ne pas revenir au vintage d’origine ?

3 août 2020

Un remède idéal contre le covid-19 : la poudre de perlimpinpin conspirationniste

Classé dans : Médias, Santé, Sciences, techniques, Société — Miklos @ 12:30

Caricature d’Éric Paratcha. Cliquer pour aggrandir.

Je n’ai aucune expertise scientifique médicale, mais je suis sidéré par ce qu’affirme une généticienne (qui n’est pas épidémiologue) dont je tairai le nom – inutile d’en rajouter à sa visibilité – sur une vidéo YouTube vue sur la page Facebook d’une amie (ces deux sites étant des vecteurs reconnus de la pandémie de fake news et de conspi­ra­tion­nisme, soit dit en passant). J’y reviendrai.

Mais je ne devrai pas être sidéré – cette vidéo est diffusé sur une chaîne YouTube d’extrême-droite, à propos de laquelle Marianne écrivait en 2016 : « ce média alternatif fondé par des anciens du Front national s’est imposé dans la “réacosphère” depuis sa création en 2014. Sous ses allures de chaîne neutre et professionnelle, [cette chaîne] fustige les “commentateurs officiels” et défend une ligne réso­lument identitaire (…) Elle apparaît désormais comme le pendant télé­visuel de la vieillissante Radio Courtoisie, antenne tradi­tion­nelle de l’extrême droite, dont elle a d’ailleurs récupéré plusieurs ani­mateurs. » Cette généticienne « fréquente » aussi au moins deux autres chaînes YouTube, l’une plus confidentielle, dont l’orientation conspirationniste semble assez claire, et l’autre anti « mariage pour tous », PMA, etc.

Pour en revenir à cette généticienne, sa page LinkedIn indique qu’elle est directeur de recherche à l’Inserm – or le site de ce dernier ne la mentionne pas et d’autres sites en parlent au passé. Elle l’a donc bien été, mais il semblerait que les dernières mentions de l’Inserm la concernant datent d’il y a plusieurs années, et je n’ai pas trouvé ce qu’elle a fait depuis, scien­ti­fi­quement parlant. Je rajouterai que ce n’est pas parce qu’elle y aurait fait un travail reconnu dans le passé (dans un autre domaine que celui de l’épidémiologie, si je comprends bien) qu’elle ne pourrait pas disjoncter, comme l’avaient fait d’autres scien­ti­fiques reconnus à l’instar de Linus Pauling (prix Nobel de chimie) à propos de la vitamine C ou de l’immunologue Jacques Benveniste à propos de la mémoire de l’eau.

Dès le début de l’entretien dans la vidéo en question, on voit bien que, sous-jacents à ses thèses, il y a une conspiration – bien qu’elle n’utilise pas le mot explicitement – et des arguments contradictoires en soi, que ce soit à propos de l’origine humaine (dans le fameux laboratoire P4 en Chine) récente du virus (alors qu’elle mentionne en passant qu’il circulait bien avant chez des animaux, et des recherches récentes le montrent bien présent chez la chauve-souris depuis longtemps), le fait que ce ne soit pas une pandémie mais un « épisode », que la courbe en cloche montre bien que les chiffres d’infection et de mortalité n’augmentent plus (ce qui est contraire à ce qui se passe dans divers pays et régions du monde et de la France, que ce soit en Australie, en Afrique, en Belgique, en Espagne…), et que, s’il y a une croissance du chiffre des décès, c’est dû aux comorbidités (seraient-ils donc morts maintenant même s’il n’y avait pas eu de coronavirus?), et que de toute façon, il y a plus de morts de la tuberculose que du covid-19 (sauf qu’elle ne dit pas en combien de temps ! pour la tuberculose, ce sont des chiffres annuels, pour le covid-19, au plus semi-annuels), que le Plaquenil (nom de marque de l’hydroxychloroquine) a montré de l’efficacité (alors que de plus en plus de tests ne le démontrent pas), que les masques ne protègent rien de rien et voire pire (les mailles laissent passer le virus, affirme-t-elle ; or si un virus tout seul passerait partout, il n’est jamais « tout seul » mais transporté par des supports bien physiques ; ce que les masques visent à éviter, ce sont les gouttelettes porteuses du virus prin­ci­pa­lement émises en toussant ou éternuant) et que le confinement n’a que des effets négatifs sur la santé physique, psychique (ce qui n’est pas totalement faux mais il a eu un effet clair et démontrable sur la baisse des cas graves/mortels – je ne doute pas qu’elle l’attribuerait à la « courbe naturelle » de cet « épisode » et non pas à quelque action humaine) et sociale (la commu­ni­cation entre tous), et j’en passe.

Alors, pourquoi « croire » à l’une ou l’autre thèse ? Je répondrai indi­rec­tement : pourquoi croire que la Terre est plate (ou ronde) ? Je ne suis pas vraiment en mesure de le vérifier moi-même (ou si indi­rec­tement que ce n’est pas une preuve). Se peut-il par exemple que toutes les photos de la Terre qui en montrent la rondeur (si je puis dire) soient en fait traficotées, comme l’auraient été celles des chambres à gaz nazies, selon les négationnistes de la Shoah, et donc où aurait-donc disparu une grande partie de ma famille ? Se peut-il que ce ne soit qu’une conspiration des scientifiques à la solde des laboratoires commerciaux qui visent ainsi à pousser la vente de leurs produits, médi­caments et masques ?

Eh bien, pour ma part, je ne « crois » pas un mot de ce que dit cette dame. Il y a des questions bien plus importantes (à mon sens) qui émergent au fil des découvertes scientifiques concernant ce virus, par exemple : on dit (une étude du King’s College de Londres) maintenant que l’immunité acquise par une personne qui aurait été exposée au virus ne durerait que quelques mois, quid de l’efficacité d’un quel­conque vaccin et/ou de l’immunité de groupe ? Et que signifie alors « immunité collective » si c’est le cas ? Réponse intéressante : « Les spécialistes font toutefois remarquer que l’immunité ne repose pas que sur les anticorps, mais aussi sur la réponse cellulaire. “Même si vous vous retrouvez sans anticorps circulants détectables, cela ne signifie pas néces­sairement que vous n’avez pas d’immunité protectrice parce que vous avez proba­blement des cellules mémoire immu­nitaires qui peuvent rapidement entrer en action pour démarrer une nouvelle réponse immunitaire si vous rencontrez à nouveau le virus. Il est donc possible que vous contractiez une infection plus bénigne” avance Mala Maini, (University College de Londres). »

Quant à un vaccin contre le coronavirus : il me semble (je répète, je n’ai aucune compétence dans les sciences de la médecine…) qu’il n’y a pas encore assez de savoir concernant la durée de l’immunité induite soit par la maladie elle-même soit par un éventuel vaccin (mais c’est vrai aussi – différemment – pour la grippe : le vaccin est efficace pendant un temps, et doit, lui aussi, évoluer pour correspondre autant que faire se peut aux mutations du virus). La course au vaccin a des motivations… variées : d’une part, contrer la pandémie et éviter ou réduire le nombre de malades et de morts, mais aussi, pour ceux qui le découvriraient, des rentrées commerciales non négligeables. Ce dernier facteur n’est pas une raison en soi de les suspecter de traficoter les vaccins, ni à l’inverse de faire de l’angélisme : c’est pourquoi il est plus que jamais nécessaire – voire vital – d’avoir des organismes de supervision indépendants (et, je rajouterai, de médias reconnus et indépendants), pour nous renseigner, nous fournir des éléments, qui nous permettraient de décider en meilleure connaissance de cause (le savoir absolu n’existe pas…), et pas selon des idéologies ou des peurs et des suspicions.

Pour finir : il est toujours plus facile de crier au mensonge (ou à la mani­pulation) – cela peut se faire même en quelques mots sur Twitter, comme le démontre le président américain – que de démontrer une thèse, processus bien plus complexe et long à exprimer. Il est donc compré­hensible pourquoi ces types de messages convainquent facilement : par facilité, et se transmettent tout aussi faci­lement – par un clic, même sans l’avoir lu. En ce sens, ils peuvent faire des dégâts réels : ceux qui y adhèrent ne se proté­geront pas et ne proté­geront pas les autres, contribuant ainsi à la (re)diffusion du virus. Et quel masque est efficace à leur encontre ? la vérification des sources.

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