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« Je donne mon avis non comme bon mais comme mien. » — Michel de Montaigne

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9 juin 2014

Un bon coup, pour le coup

Classé dans : Langue, Littérature — Miklos @ 19:53


(Source)

« Les négociants, les gens d’affaires disent qu’ils ont fait un bon coup, un beau coup, lorsqu’ils ont fait un marché, une négociation dont ils retirent beaucoup d’avantage ou de profit. Des voleurs disent qu’ils ont fait un bon coup, quand ils ont dévalisé des voyageurs, c’est-à-dire, un coup qui leur est profitable. » (Charles Nodier et Victor Vergé, Dictionnaire universel de la langue française, 6e éd., 1833.)

Contrairement à ce qu’en pensent certains, la locution du coup n’est ni un néologisme, ni un barbarisme. Le Trésor de la langue française en donne ainsi le sens et un exemple d’un auteur qui n’est ni des moindres ni né de la dernière pluie :

Du coup. À la suite de quoi :

… les hasards d’une conversation avec sa mère l’amenèrent à en faire l’aveu, et le lièrent ainsi à une fantaisie de gosse, qu’il eût si facilement abandonnée, qu’il était du coup dans l’obligation de poursuivre. Aragon, Les Beaux quartiers,1936, p. 239.

et permet de ne pas le confondre avec :

Du même coup. En conséquence de quoi. Synon. par voie de conséquence :

Lorsque toutes mes créatures vivront, que j’aurai donné tout mon fruit, qu’il ne restera plus que de me répéter, alors peut-être, s’il est temps encore, songerai-je sérieusement à désarmer le dieu impitoyable de M. Singlin et de la tante Sainte-Thècle, et éviterai-je du même coup d’écrire, à la fin de ma carrière, d’aussi mauvaises tragédies que celles du vieillard Corneille. Mauriac, La Vie de Jean Racine,1928, p. 64.

ni avec Du premier coup, D’un coup, Pour un (ou le) coup, etc. Un peu casse-cou, mais on s’y retrouve finalement.

Pour en revenir à Du coup, on en a trouvé aussi des usages un siècle avant Aragon, dans La Nuit du meurtre, drame en cinq actes d’Albert et de Labrousse, représenté pour la première fois à Paris sur [sic] le théâtre de l’Ambigu-Comique, le 3 août 1839. Mathurin (un jeune paysan) dit à Thérèse (paysanne, nièce de Jérôme, ce dernier intendant de Launay, un riche propriétaire – vous suivez ?) :

Quand j’aperçois ça, je vous fais un bond de joie… que du coup… je vous envoie cet animal de sergent… les quatre fers en l’air, au milieu de la salle.

Si vous vous demandez ce qui l’a fait bondir à ce point, eh bien c’est d’avoir tiré un bon numéro à une loterie destinée à sélectionner les jeunes conscrits pour un service de huit ans dans la milice, tandis qu’il envisageait d’épouser Thérèse sur le coup.

Sauf que le malheureux s’était trompé : il croyait avoir tiré le numéro 61, or c’était le 19, et la limite étant 20… Un mauvais coup, pour le coup !

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