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1 mai 2020

Apéro virtuel XL : voyons rouge.

Classé dans : Actualité, Arts et beaux-arts, Médias, Sciences, techniques — Miklos @ 10:39

Rouges dans le répertoire des couleurs (cf. ci-dessous). Cliquer pour agrandir.

Jeudi 30/4/2020

Inspiré par l’actualité, Jean-Philippe nous avait proposé comme thématique du jour « rouge, vert ». Dont acte.

Françoise (P.) a commencé, annonçant qu’elle s’était cantonné au rouge pour aujourd’hui – se réservant le vert pour demain –, sujet quasi inépuisable (on ne parle pas de boisson, là) qu’elle a brossé : le rouge dans la religion (le fameux rouge cardinal, dérivée autrefois du carmin de cochenille), les robes de mariées (qui, à partir du Moyen-Âge et jusqu’au mariage de la reine Victoria, n’étaient plus blanches mais rouges, couleur qui tient longtemps et est symbole de richesse), le vin, les interdictions (à l’instar du feu de signalement), le sang, le maquillage, le cinéma et la littérature (comment ne pas citer Le Rouge et le Noir). Puis Françoise a mentionné le très intéressant Répertoire des couleurs pour aider à la détermination des couleurs des fleurs, des feuillages et des fruits, publié en 1905 par la société française des chrysanthémistes avec la collaboration principale de Henri Dauthenay. Dans la discussion qui a suivi, Michel lui a dit que, puisqu’elle se mettrait demain au vert, elle pourrait mentionner l’agréable vinho verde portugais, à quoi Françoise a répondu qu’en France, l’expression « vin vert » dénote un vin qui n’est pas si agréable que cela…

Sylvie, rappelant que demain était le 1er mai, a dit que le rouge était, pour elle, intimement associé à ce jour, qui est non pas la fête du travail, mais celle des travailleurs, dont elle s’est empressée de nous en relater l’histoire (la date du 1er mai fut fixée aux États-Unis en 1886) et pourquoi le rouge lui est associé (symbole du sang versé lors des premières manifestations accompagnés de répression violente à Chicago). Comme le rappellent Sylvie et Jean-Philippe, ce drapeau de la révolte apparaît aussi dans une scène des Temps Modernes de Chaplin (où il y a d’évidence confusion entre la couleur rouge du drapeau comme fanion signalétique de danger pendant des travaux ou comme signal de manifestation ou de révolte). De nos jours, nombre de calendriers qualifient ce jour de « fête du travail ».

Michel a répondu par une devinette au défi du « rouge vert », en montrant l’image ci-contre (cliquer pour agrandir), constituée de deux lignes en rouge et trois en vert, sur un fond où l’on aperçoit des lettres sur de l’herbe (verte) formant des mots dont manquent… les voyelles, remplacées par des pots de fleurs. La réponse à la devinette se trouve ici. À propos de jeu avec des mots, Françoise (P.) fait remarquer que « souche à virus » est l’anagramme de « chauve-souris » (comme le fait entre autres l‘historienne Catherine Malaval).

Jean-Philippe nous a d’abord montré les livres dont il ne lira pas des extraits : une édition du Coran à la couverture verte, le roman Mon nom est Rouge d’Orhan Pamuk… Il a préféré lire un long extrait de L’intelligence collective de Joseph Henrich, qui décrit comment la connaissance, ou la perception des couleurs s’est manifestée dans diverses langues, certaines (sans préciser lesquelles) n’ayant dans leur vocabulaire que deux ou trois mots (voire aucun) pour dénoter des couleurs de base, d’autres beaucoup plus. Dans l’ordre de « préséance » : le noir et le blanc, le rouge, le jaune, le vert-bleu. Dans le débat qui a suivi, Michel s’est étonné de ce manque : la variété des couleurs existant partout – d’abord par les arcs-en-ciel, mais aussi dans de nombreuses autres facettes de la nature – comment se fait-il que des humains ne se soient donné aucun moyen d’en parler ? En sus, quelles distinctions faire entre nuances d’une même couleur, et couleurs distinctes, et tout l’entre-deux ? À ce propos, on voit bien la richesse des termes dans le dictionnaire qu’avait cité Françoise (P.), vid. sup. et dont l’index pour les termes dénotant la variété des rouges illustre ce compte-rendu. Du fait de son métier dans l’impression, elle a beaucoup travaillé avec les couleurs, et connaît donc bien des deux gammes de quatre couleurs de base – la GEU (gamme européenne unifiée), et la GFU (gamme française unifiée). Les affiches mises sur la voie publique (par exemple, les publicités dans les abribus) ayant tendance à tourner au bleu-vert, du fait que, au soleil, le rouge est la couleur qui passe le plus rapidement (Michel a mentionné qu’on peut aussi le voir sur les tapisseries d’antan), elle les faisait imprimer avec un léger surcroît de rouge.Le nuancier Pantone sert à décrire précisément les nuances souhaitées par les clients, les verts étant le couleurs les plus difficiles à reproduire en combinant les quatre couleurs de base, ce qui était un défi pour les publicités de Fleury Michon… : il était nécessaire de créer une encre verte spécifique pour ce faire. À l’époque du passage à l’informatique, s’il était plus facile de transmettre les demandes et les propositions de conception numériquement, à l’impression il pouvait y avoir des différences du fait de la diversité des supports (écrans – qui génèrent la lumière, et différant entre eux par leurs technologies –, papiers – de consistance et surface variées – qui la reflètent, etc.), d’où la nécessité de faire valider des épreuves sur le support final souhaité avant son impression finale.

Durant la levée de coudes finale, Françoise (P.) a remarqué que Jean-Philippe avait de la chance ces temps-ci : anniversaire, Saint Jean, Saint Philippe, à défaut de Saint Jean-Philippe… à quoi il a rétorqué que ces jours n’existaient pas pour lui, bien qu’il avait un faible pour la Saint-Jean et ses feux.

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Et la réponse est… Ces cinq lignes sont extraites du poème Les Voyelles d’Arthur Rimbaud – d’où la photo en arrière plan, qui est celle du jardin des voyelles, au domaine de Chaumont-sur-Loire –, et dont le premier vers est : « A noir, E blanc, I rouge, U vert, O bleu ». On peut voir le poème en entier dans l’image ci-contre (cliquer pour agran­dir). Cette association de couleurs et de lettres fait penser à la synesthésie.

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