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17 avril 2020

Apéro virtuel XXVI : Lecture de recettes, recette de lecture ; Peau d’âne

Classé dans : Arts et beaux-arts, Cinéma, vidéo, Cuisine, Littérature, Musique — Miklos @ 1:02

Arrière-plan de Michel

Jeudi 16/4/2020

Ce soir – ou plutôt hier soir, vu l’heure –, nous avons débuté notre apéritif avec quelques considérations sur la bouteille de Tia Maria, délicieuse liqueur de café originaire de Jamaïque, qui se trouvait derrière Michel (et moins imposante que ne le laisseraient croire les apparences), suivies d’un débat avec Sylvie (qui avait reconnu, à un petit détail, l’aéroport d’où provenait la bouteille) sur l’éventuelle réalisation d’une vidéo d’une performance musicale de plusieurs participants (chant et/ou instrument), chacun se filmant séparément à la maison, en écoutant ou regardant un enregistrement qui donne la mesure et la tonalité.

Recette de Souppe despourveue.

Souppe despourveue
Aliter, a jour de char. Prenez du chaudeau de la char et ayez pain trempé ou maigre de l’eaue de la char, puis broyez, et .vi. oeufz; puiz coulez et mec­tez en ung pot avec de l’eaue grasse, espices, vertjus, vinaigre, saffran. Faictes boulir ung boullon, puis dre­ciez par escuelles.

Passant à du plus consistant, Sylvie a partagé avec les présents sa recette de la Souppe despourveue, provenant du Ménagier de Paris: traité de morale et d’économie domestique composé vers 1393 par un bourgeois de Paris pour sa très jeune épouse (on doute que les bourgeois d’aujourd’hui acceptent de manger un tel potage) – principalement en simplifiant des recettes d’un recueil antérieur, le Viandier de Taillevent (cf. aussi un article à son propos). Sylvie nous a d’abord lu la recette dans la langue et avec l’accent (on le suppose) d’alors, puis en français d’aujourd’hui sans accent (ce qui veut dire avec l’accent des auditeurs). [On peut voir ici le folio comprenant cette recette dans un manuscrit du Ménagier datant du XVe s. et là la page correspondante dans une édition de 1846, quelque peu plus facile à lire ; enfin, une version contemporaine, plus pratique.]) Elle a poursuivi en donnant la recette du brouet de canelle à chair selon Taillandier (que l’on trouve ici en français contemporain).

L’actualité ayant détourné Jean-Philippe du sujet de l’apéro, il nous fit la lecture à deux voix (les siennes) d’un dialogue, entre un fonctionnaire et Antonio José Bolivar qui découvre la lecture ; le désir, le besoin de lire ;le livre, les livres :

Il passa toute la saison des pluies à ruminer sa triste condition de lecteur sans livre, se sentant pour la première fois de sa vie assiégé par la bête nommée solitude. Une bête rusée. Guettant le moindre moment d’inat­tention pour s’approprier sa voix et le condamner à d’inter­minables confér­ences sans auditoire. Il lui fallait de la lecture, ce qui impliquait qu’il sorte d’El Idilio. [...]

Ce passage est tiré du roman Le vieux qui lisait des romans d’amour de Luis Sepúlveda, mort du Covid-19 le jour-même de l’apéro. Autre rapport avec l’actualité : une partie du roman se déroule à Guayaquil en Équateur, ville terriblement affectée par la pandémie.

Michel a commencé par montrer la photo d’une plante luxuriante qui avait poussé dans l’une de ses jardinières (au 3e étage sur rue), que les efforts combinés de Jean-Philippe et de Sylvie ont permis d’identifier comme des potimarrons, qui est au cœur de la recette qu’il allait présenter. En en utilisant souvent, il a fini par en jeter des graines dans une jardinière, et voilà que sont apparus graduellement les pousses, les feuilles – plus grandes que sa main, les très belles fleurs et finalement le fruit. À ce propos, Jean-Philippe a signalé que l’on pourrait signaler cette initiative à Parisculteurs, qui vise à développer l’agriculture urbaine sur les toits-terrasse, dans les jardinières, au pied des arbres dans les rues, dans les jardins publics, dans les délaissés urbains…

Puis Michel a donné la recette du potage Aurore, qu’il fait chaque hiver en utilisant du potimarron (ce qui obvie à la nécessité d’éplucher ce cucurbitacé, dont la fine peau est tout à fait comestible, même crue). Au fil de la semaine et de la consommation de ce potage, il y rajoute les eaux de cuisson de légumes et légumineuses qu’il lui arrive de cuisiner (lentilles, pois cassés, ratatouille, etc.), ce qui la transforme en permanence.

Nous ayant précédemment parlé du cake d’amour, Françoise (P.) a raconté s’être replongée dans l’histoire de Peau d’Âne de Perrault et dans le film qui avait été si merveilleusement joué par Catherine Deneuve, toute jeune et magnifique. Elle l’a aussi vu deux fois en spectacle l’année dernière au Théâtre Marigny (qui a bien souffert pendant les grèves des gilets jaunes), avec Claire Chazal comme récitante, spectacle qu’elle a adoré et que la presse aussi a bien apprécié.

Françoise n’avait pas eu le temps de se préparer à l’apéro de ce soir, s’étant lancée dans ce travail monu­mental consistant à trier des cartons entiers de photos… Bienvenue au club ! Michel a dit qu’il n’arrivait pas à trier ses livres et ses papiers, à quoi Françoise a dit que, pour les livres, c’est épou­vantable : on en a parfois tellement qu’on ne relira sans doute jamais mais qu’on aime trop pour s’en séparer.

Sylvie a alors dit que, depuis deux ans, empruntant des livres à la bibliothèque, elle n’en achetait quasiment plus. Étant arrivée à la fin de ceux qu’elle avait pris avant le confinement, elle s’était entendue avec un voisin que chacun déposerait sur le paillasson de l’autre un livre. François ayant remarqué qu’on pouvait en lire sur une tablette, elle a répondu que si elle le faisait durant la journée, le soir au lit elle préférait un livre papier. Jean-Philippe a alors mentionné que nombre de bibliothèques – et certains éditeurs – mettaient en ligne des livres en accès gratuit (ou fournissaient des liens pour accéder à de tels contenus. Mais attention : certains étant sous licence, le nombre d’« emprunts numériques » simultanés peut être limité, tout comme pour les livres papier…

Sur ce, après avoir levé le coude, on leva la séance.

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