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12 novembre 2020

Apéro virtuel II.11 – jeudi 12 novembre 2020

Classé dans : Arts et beaux-arts — Miklos @ 23:59

Le Mont Ararat vue de Tegher (Arménie). © Michel Fingerhut 2012Le Mont Ararat vu de Tegher (Arménie). Cliquer pour agrandir.

Bien que les répétitions de sa chorale ont lieu le jeudi soir, Sylvie se joint à l’apéro : depuis le couvre-feu, les répétitions ont été avancées, et avec l’arrivée du reconfinement, elles ont lieu par Zoom… : après s’être interpelés et échangés des « salut machin comment tu vas ? », les choristes font de l’échauffement des voix, micros coupés (ils n’entendent donc que le chef et personne ne les entend), aujourd’hui par vocalises sur des noms de fromage1 (genre, « ca-a-mem-bert, saint-mar-ce-lin ») ; puis passant à l’œuvre répétée, qu’ils chantent soit voix après voix soit ensemble, sans entendre personne d’autre que le chef au piano, les micros étant toujours coupés. Ce soir, où ils répétaient le Domine ad adjvandum me festina, Rv 593 d’Antonio Vivaldi, Sylvie a participé à la première phrase (musicale) qu’elle maîtrise parfaitement, mais étant larguée après le début de la seconde, elle est partie rejoindre l’apéro de ce soir.

Pour faire suite aux précédents épisodes où l’on avait évoqué Belle­ville, Sylvie lit ensuite un passage de sa thèse de doctorat en urba­nisme et amé­na­gement, publiée en 2001 sous le titre de Paris-gouver­nance, ou les malices des politiques urbaines (J.Chirac/J.Tibéri). L’extrait en question est consacré au Bas Belleville, quartier historique et haut lieu du Paris populaire, dont elle brosse brièvement les métamorphoses successives depuis les années 1850 – La Courtille, lieu de bacchanales et de bambocheurs ; une barricade de la Commune ; l’arrivée des « classes dangereuses », les déshérités chassés des autres quartiers par les travaux haussmanniens les chassant d’ailleurs ; juifs de Russie et de Pologne fuyant les pogroms ; Arméniens et Grecs chassés par les Turcs ; républicains espagnols chassés par les franquistes ; le groupe de résistance Manouchian ; juifs rescapés de l’Holocauste ; Algériens, Marocains, Tunisiens durant « les événements d’Afrique du Nord », juifs comme musulmans ; Maliens, Portugais, Asiatiques… « autant de minorités ethniques et culturelles qui font de Belleville l’un des quartiers les plus hauts en couleurs de la capitale ». Quant à la couverture de l’édition de sa thèse (qui concerne Paris), elle est illustrée d’un tableau représentant Jérusalem (!) par le peintre Michel Haddad (frère de Hubert Haddad).

Elle poursuit en brossant les tentatives de raser, dans les années 1980, les immeubles vétustes et insalubres du quartier pour les replacer par un pendant à l’est de Paris du palais des Congrès de l’ouest, et de la mobilisation d’une association, La Bellevilleuse, pour s’y opposer, et éviter destructions et évictions. La Ville renoncera à la ZAC Ramponeau-Belleville fin 1995. Jean-Philippe précise alors que ce projet de création de « grands équipements » dans l’est de Paris a tout de même laissé quelques traces : les tours de la porte de Bagnolet, le Palais omnisport de Paris-Bercy et le Ministère des finances (et ultérieurement, la nouvelle BnF dans le XIIIe). Sylvie précise que tous ces réaménagements de l’est parisien (et pas que de l’est) découlent du « Plan programme de la Ville de Paris », élaboré en 1993, et qui a donné naissance à toutes sortes d’associations voulant éviter cette politique de tabula rasa.

En écho de la triste actualité qui frappe l’Arménie, Michel présente quelques photos de son voyage à Yerevan en 2012 pour raisons professionnelles – non pas de la ville elle-même qui n’a pas eu beaucoup de charme à ses yeux – mais de deux villages : Tegher, complexe monastique datant du XIIIe siècle, dont ses collègues et lui ont pu visiter l’église sobre et y entendre un chant impressionnant, situé au pied de l’Aragats (plus haute montagne de l’Arménie, s’élevant à plus de 4000 m, à ne pas confondre avec l’Ararat – montagne sacrée pour les Arméniens mais maintenant en Turquie, et que l’on aperçoit de bien des endroits) ; puis Khor Virap, autre monastère (fortifié) et premier lieu saint de l’Arménie, d’où l’on aperçoit d’encore plus près – la frontière n’est plus qu’à 200 m – le mont Ararat. Ensuite Michel montre quelques splendides manuscrits anciens dans une variété de langues, que l’on peut voir au Matenadaran (à Yerevan) parmi une impressionnante collection de documents anciens, puis quelques-uns des objets étranges et merveilleux conçus par Sergey Parajanov (1924-1990), grand réalisateur (entre autres de La Couleur de la grenade) d’origine arménienne né en Géorgie, objets présents dans le musée qui lui est consacré (également à Yerevan). L’Arménie est – hélas – connue principalement par ses exilés ou leurs descendants, à l’instar d’Aram Khachaturian, Gurdjieff, Komitas, William Saroyan, Cathy Berberian, Calouste Gulbenkian, Charles Aznavour, Andre Agassi, Cher, Patrick Fiori…

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1. Comme il y en a quelque 1200 variétés rien qu’en France, cela fait concurrence en longueur avec les opéras de Wagner !

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