Apéro virtuel II.23 – mardi 24 novembre 2020
Place de la Concorde, ca. 1982. Photo : Miklos.
Jean-Philippe, Léo, Françoise (C.) et Sylvie arrivent rapidement l’un après l’autre. La dernière arrivée prend la parole la première pour informer les présents qu’elle devra quitter l’apéro bientôt pour une conférence zoom « Après les élections américaines » sur le site de Jcall ; Léo s’empresse de remarquer qu’elle s’était tenue hier, et qu’il y avait assisté (d’où son absence de cet apéro-là)… Tant pis pour Sylvie (elle pourra tout de même en regarder la vidéo, quand elle sera mise en ligne), tant mieux pour les autres, elle partagera l’intégralité de cet apéro-ci. Elle en profite pour mentionner que le festival du cinéma israélien de Paris aura lieu en ligne du 25 au 29 novembre, mais comment fait-on pour s’inscrire ? La réponse : on choisit un film ici, on clique sur l’imagette, on choisit la séance, et puis on achète sa place.
Entre temps, Léo en profite pour s’affubler d’une petite moustache à la Hercule Poirot, grâce aux effets spéciaux de Zoom. Jean-Philippe suit son exemple par d’autres moyens et se transforme en un des frères Marx. Quant à Michel, il garde la sienne, naturelle(ment). Sur ces entrefaites, Françoise (P.) se joint à l’apéro. Léo explique alors que son arrière-plan est une des illustrations de sa prochaine intervention sur les Lois de la robotique d’Asimov (auteur que Michel avait brièvement évoqué il y a dix jours), et mentionne leur rapport entre les robots, les super héros (d’où l’illustration de Stan Lieber) et le Golem, nom provenant de l’hébreu, apparu pour la première fois dans la Bible (Psaume 126 selon Léo ; non, mais presque) et dont le sens originel était : masse brute, inerte (en hébreu contemporain, le mot sert aussi d’insulte pour qualifier quelqu’un de particulièrement bouché). Il dénote une créature, à l’origine masse inerte de terre ou d’argile, qu’une personne – dotée de pouvoirs ou de savoirs particuliers – peut animer, en général en lui écrivant sur le front un mot (le nom ineffable de Dieu, ou alors le mot hébreu signifiant « vérité ») ; doté de force quasi surhumaine, son rôle est d’aider son inventeur jusqu’à ce que celui-ci efface le mot (ou une partie ; dans le cas du mot « vérité », si on en supprime la première lettre, il se transforme en un autre mot, signifiant « mort »). C’est d’évidence l’illustration du fantasme de l’homme d’égaler son Créateur en en devenant un lui-même en insufflant la vie dans l’inerte… Le personnage du Golem apparaît au fil des siècles dans des légendes, notamment celle du MaharalMot hébraïque composé des initiales de « Notre maître le Rabbin Loew »., chef spirituel de la communauté juive de Prague au XVIe siècle, et qui aurait créé un Golem qu’il pouvait animer selon que de besoin ; dans la littérature, à l’instar du roman éponyme de Gustav Meyrink, publié en 1915, ou celui d’Isaac Bashevis Singer ; et évidemment à l’écran dès le début du XXe siècle et dans les bandes dessinées (on pense à Superman, et plus récemment à Johann Sfar). Quant au mot robot, il a été inventé par l’écrivain tchèque Karel Čapek (1890-1938) pour sa pièce de théâtre R.U.R., à partir d’une racine slave qui veut dire « travail ». Parmi les nombreux personnages inspirés par le Golem, on évoque la créature du Frankenstein de Mary Shelley, ou le balai animé dans le poème L’Apprenti sorcier de Goethe et qui à son tour a inspiré le poème symphonique éponyme de Paul Dukas, qui fait son apparition dans le film d’animation Fantasia de Walt Disney. Enfin, si vous avez peur des robots, lisez ce qu’a écrit Sylvie à ce propos.
À la question de Françoise (C.) sur le noir-et-blanc de son incarnation, Michel explique qu’elle est due à la présentation qu’il va faire, et qu’il illustre par la photo en arrière-plan – une vendeuse de marrons, deux policiers coiffés de képis (ça date) et une camionnette de vente de glaces, qu’il avait prise sur la place de la Concorde vers 1982. Avant que de passer à la présentation en question, il affiche une photo extraordinaire (cf. ci-contre, cliquer pour la source) d’insectes à l’apparence de branches et de feuilles (appelés phasmes, merci Jean-Philippe et Léo), qui leur permet de se dissimuler soit pour se protéger de prédateurs, soit pour attraper une victime ne soupçonnant pas leur présence. Jean-Philippe mentionne qu’on peut en acheter à Paris, à la Ferme Tropicale, 54 rue Jenner dans le 13e arrondissement. À propos d’insectes prédateurs, Françoise (P.) raconte avoir vu une émission qui montrait à quelle point la jolie et gentille (d’apparence !) coccinelle est un terrible prédateur dès son état larvaire.
Michel passe à sa présentation, celle d’une trentaine de photos en noir et blanc – mises en ligne sur Facebook – du Paris des années 1950 de Sabine Weiss, qui, à 96 ans, est la dernière représentante de l’école humaniste, incarnée par Doisneau, Ronis ou Brassaï ; comme on peut le voir sur son site et dans la vidéo ci-dessus – et, comme le signale Jean-Philippe, comme on peut l’entendre dans Boomerang d’il y a une dizaine de jours –, elle est toujours alerte et active, et vient de décrocher le Prix Women In Motion 2020 (attribué par Kering et Les Rencontres d’Arles) pour la photographie. Ces photos, accompagnées de leur titre et d’informations concernant la photographe, ont été mises en ligne par un profil Facebook « John d’Orbigny Immobilier », profil qui ne contient que des photos et des vidéos plus remarquables les unes que les autres du Paris d’époque. Patrick Marsaud, dirigeant de cette agence, s’en explique ici. Pour certaines, elles rappellent à certains des présents des souvenirs d’enfance, par exemple les chaises dans les jardins publics (ci-contre au Jardin du Luxembourg, en 1952) qu’il fallait payer (à une chaisière) pour pouvoir s’y asseoir, la fumée des locomotives dans les gares, les amoureux qui s’bécottent sur les bancs publics… Françoise (P.) se souvient des tentures (de deuil, funèbre, mortuaire…), draperies noires accrochées au-dessus et sur les côtés de la porte d’entre de la maison d’un défunt, avec les initiales de son nom au centre, le registre de condoléances dans le hall… ; des enterrements de 1ère, 2e et 3e classes… : des marchands de glaces qui passaient avec un cheval en criant « Glaces ! Glaces ! Glaces ! »… Michel, lui, se souvient des vitriers (et de la chanson qui en parle). Sylvie mentionne le groupe Facebook « DOISNEAU ou Ce Paris Disparu », avec des photos et des petites histoires du Paris des années 1950. Françoise (C.) mentionne le groupe « J’aime Paris » (mais comme il y en a plusieurs qui portent ce nom, difficile de savoir lequel !). Quant au noir et blanc des photos, pour Michel, il correspond si bien à Paris, ville qui, pour lui, est en noir et blanc et tous les gris intermédiaires, ce qui n’enlève rien à son charme, sa profondeur, sa légèreté ou sa noirceur.
Françoise (P.) présente la petite vidéo ci-dessus, mais tous sauf Léo l’avaient déjà vue (elle date de juin) ; on décide d’un commun accord de la signaler dans le compte-rendu – dont acte – et d’en arrêter la diffusion. Françoise montre alors un livre consacré au Bauhaus (1919-1933), qu’elle a acheté après avoir vu la récente exposition consacrée à ce mouvement qui s’était tenue au Centre Pompidou. Elle mentionne avoir été particulièrement intéressée par les dessins, les objets, qui ont été créés à cette époque, ainsi que le mouvement intellectuel qui l’accompagnait. Après cette exposition, il y en a eu une autre non moins intéressante – mais différemment – sur les cocottes (non, pas l’instrument culinaire) et les endroits mal famés.
La présence d’un camion glaces Place de la Concorde, ne veut pas dire qu’il vendait des glaces à l’instant présent.d’ailleurs, il était femé…!
Commentaire par francoise courcel — 25 novembre 2020 @ 8:59