Miklos
« Je donne mon avis non comme bon mais comme mien. » — Michel de Montaigne

This blog is © Miklos. Do not copy, download or mirror the site or portions thereof, or else your ISP will be blocked. 

8 février 2022

Effets singuliers de l’air corrompu dans les appartemens

Classé dans : Santé — Miklos @ 19:20

Cliquer pour agrandir.

M. P…, architecte de Vienne, se rendit pour affaires à la campagne du baron de…. ; l’une des plus belles chambres du château lui fut assignée pour demeure. À peine fut-il couché qu’il crut se sentir enlever de son lit et transporter çà et là dans la chambre ; tantôt il se trouvait sur le lit, tantôt dessous, tantôt près de la porte ou des fenêtres, tantôt au milieu d’une énorme cheminée ; cependant il ne faisait pas assez clair pour que M. P… distinguât tous les objets. Ce n’était point une illusion, il sentait le mouvement, il reconnaissait chaque lieu de la chambre. Le lendemain malin il parut au déjeuner pâle et défait comme après une unit sans sommeil ; mais par une délicatesse naturelle, il ne donna que des réponses évasives aux questions de ses hôtes.

La seconde nuit amena les mêmes apparitions, et le lendemain il se trouva plus pâle et plus abattu, mais n’en vint à aucune explication.

La troisième nuit fut comme les premières ; ses joues décolorées et ses yeux enfoncés excitèrent, le lendemain matin, les inquiétudes de la famille. Le baron prit à part M. P… et le pressa de lui dire franchement s’il n’avait point éprouvé quelque chose de désagréable dans sa chambre à coucher. Alors celui-ci raconta tout, et le baron lui avoua que depuis long-temps cette chambre était réprouvée dans la maison ; que personne n’y voulait habiter, et qu’aucun des domestiques n’osait y entrer seul.

Après cette explication, M. P. demanda la permission d’examiner le local il trouva que la cheminée murée en haut ne laissait point entrer l’air ; les fenêtres d’ailleurs demeuraient toujours fermées, et les portes n’étaient presque jamais ouvertes ; il reconnut également que la chambre, située dans une aile du bâtiment, était surmontée d’un toit auquel ne s’apercevait pas la moindre ouverture. Il conclut que le gaz méphytiqueDont l’exhalaison est malfaisante, toxique, parfois puante, désagréable. – Trésor de la langue française., renfermé dans le grenier, devait pénétrer en partie dans la salle, au travers de vieilles boiseries ; là cet air corrompu, et qui ne pouvait se renouveler, influait sur le cerveau de manière à exciter un délire momentané qui présentait à l’imagination ces visions nocturnes.

M. P… fit un rapport de ses observations,et travailla à remédier au mal. Les portes et fenêtres furent ouvertes ; un courant d’air fut établi dans la cheminée, et une ouverture pratiquée au toit par deux couvreurs. L’air qui sortit de cette ouverture était d’une qualité tellement méphytique, que l’un des ouvriers se trouva mal, et serait tombé sans le secours de son camarade.

Cette nuit même, M. P… coucha dans la chambre ; comme il n’avait pas reposé depuis trois jours, il dormit mieux que jamais, et l’on n’entendit plus parler d’apparitions.

Une scène de ce genre est décrite dans l’Antiquaire de Walter Scott, tom. i, chap. x.

Magasin pittoresque, première livraison – 1834.

Pas de commentaire »

Pas encore de commentaire.

Flux RSS des commentaires de cet article. TrackBack URI

Laisser un commentaire

XHTML: Vous pouvez utiliser ces balises : <a href="" title=""> <abbr title=""> <acronym title=""> <b> <blockquote cite=""> <cite> <code> <del datetime=""> <em> <i> <q cite=""> <strike> <strong>

The Blog of Miklos • Le blog de Miklos