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18 février 2025

La Baya

Classé dans : Humour, Musique, Peinture, dessin, Photographie, Progrès, Sciences, techniques — Miklos @ 19:18

Production ImageFX. Cliquer pour agrandir.

La Baya – chanson chinoise, paroles de Marcel Heurtebise et musique de Henri Christiné, fut créée par Fragson en 1911. Elle eut un succès immédiat, et fut reprise par bien d’autres après lui : Charlus (1911), Elwel1 (1911), Paul Lack2 (1911), Alfred Nohcor3 (1916), Paul Roby (1956), Jean Parédès (1957), Suzy Delair (1958), Christian Borel (1961), Maurice Chevalier (1962), Aimé Doniat (1962), Paolo Poli (1967, en italien), Georgette Plana (1971), Guy Béart (1982), Karen Cheryl4 (1983), Danyel Dorgère et son orchestre (2010), Jules et son limonaire (2010)…

Il existe aussi un enregistrement d’Arletty, sur la même musique, mais avec des paroles tout à fait différentes, sans aucun rapport avec ce que raconte l’original, comme on peut le voir ci-dessous. Cette version est apparue en 1934 dans l’operette Le Bonheur, Mesdames ! de Francis de Croisset (d’après sa pièce éponyme représentée en 1905 au Théâtre des Variétés), musique du même Henri Christiné pour la musique et couplets d’Albert Willemetz, qui y a introduit des adaptations de chansons célèbres de Christiné.

Arletty y tient le rôle de Fernande. En épousant le marquis Adhémar d’Arromanches (Michel Simon, lors de la création), trop âgé pour elle, elle se rend compte qu’elle a fait une bêtise. Son dépit est d’autant plus vif que Georges (René Koval), le meilleur ami de son mari, ne cache pas sa félicité auprès de Paulette (Suzanne Dantès), épouse charmante et dévouée…

Quant au titre de la chanson, inchangé (pour les nombreuses publications de la version Arletty), il semblerait qu’il dénote « une grande dame, noble et distinguée, mais aussi confiante et autoritaire », ce qui pourrait correspondre aux deux personnages dont parlent ces deux versions – la petite Chinoise divine chez Fragson, la marquise dépitée chez Arletty.

Version originale (Fragson)

1
Un jeune officier de marine
Un soir rencontra dans Pékin
Une petite Chinoise divine
Qu’on promenait en palanquin,
En l’apercevant, la toute belle
Arrêta bien vite ses porteurs :
« Mon gentil petit Français, dit-elle,
Veux-tu connaître le bonheur ? »
 
Refrain
Chin’, Chin’, Chin’, Chin’
Viens voir comme en Chine
On sait aimer au pays bleu
Chin’, Chin’, Chin’, Chin’
Je serai câline
Si tu veux bien m’aimer un peu.
Tous deux nous ferons un joli duo
Oh ! Oh ! Oh !
Timélou, lamélou, pan pan timéla
Paddy lamélou, concodou la Baya !
Timélou, lamélou, pan pan timéla
Paddy lamélou, concodou la Baya !
 
2
Dans une tour de porcelaine
Se rendirent les amoureux
Et pendant toute une semaine
Ils vécurent des jours heureux !
La petite Chinoise folichonne
Savait très bien charmer son amant,
Et de sa voix la plus polissonne,
Elle répétait au bon moment :
 
Refrain
Chin’, Chin’, Chin’, Chin’
Voilà comme en Chine
On sait aimer au pays bleu
Chin’, Chin’, Chin’, Chin’
Extase divine,
Qu’il est charmant ce petit jeu,
Répétons encore ce joli duo :
Oh ! Oh ! Oh !
Timélou, lamélou, pan pan timéla
Paddy lamélou, concodou la Baya !
Timélou, lamélou, pan pan timéla
Paddy lamélou, concodou la Baya !
 
3
Avant de partir pour la France
Le marin dit à la mousmé :
« Je suis ravi de ta science,
» De ton amour je suis charmé !
» Dis-moi maintenant chère petite
» Qui donc aussi bien t’apprit l’amour ?
» Est-ce un Japonais, un Annamite ? »
– « Mais non » fit-elle sans détour :
 
Refrain
Chin’, Chin’, Chin’, Chin’
Je n’suis pas d’la Chine
Je suis née au quartier latin
Et j’ai fait
La danse serpentine
Pendant six mois à Tabarin
C’est là que j’ai appris mon petit numéro
Oh ! Oh ! Oh !
Timélou, lamélou, pan pan timéla
Paddy lamélou, concodou la Baya !
Timélou, lamélou, pan pan timéla
Paddy lamélou, concodou la Baya !

Michel Simon et Arletty, in Le Bonheur, mesdames ! Cliquer pour agrandir.

Version Arletty

1
Je trouve cette histoire impayable
Quand je songe aux énormités
Qu’avec un culot d’tous les diables
Nous avons pu leur débiter
Le coup du goûter d’la chanoinesse
Qu’on a vue en train de se gaver
Ça manquait peut-être un peu d’finesse
Mais c’était assez bien trouvé
 
Refrain
Chin’ chin’ chin’ chin’
Je vois que tu chines
C’est toi qu’as l’plus exagéré
Chin’ chin’ chin’ chin’
Je r’vois leurs bobines
Je revois leurs yeux effarés
Y a surtout quèque chose
Qu’ils n’ont pas encore digéré
Le baba, le baba, y n’l’ont pas gobé
L’goûter qu’elle goûta, ils ne l’ont pas goûté
Le porto, le porto, ça n’a pas porté
Et les p’tits gâteaux, c’est ça qu’a tout gâté.
 
2
C’est marrant l’histoire du mariage
Mais où nous nous sommes fourvoyés !
C’est quand j’ai parlé de d’son voyage
Je n’pensais pas qu’c’était l’dernier
Je suis sûre qu’à cette brave chanoinesse
Notre petit tour n’a pas déplu
N’avons-nous pas eu la gentillesse
De la faire vivre un jour de plus ?
 
Refrain
Chin’ chin’ chin’ chin’
Oui tu t’imagines
Que t’es le seul à bien parler
Chin’ chin’ chin’ chin’
Moi je suis plus fine
Mes boniments ont bien collé
Mais t’as dit quèque chose
Qu’ils n’ont pas encore avalé
Le baba, le baba, y n’l’ont pas gobé
L’goûter qu’elle goûta, ils ne l’ont pas goûté
Le porto, le porto, ça n’a pas porté
Et les p’tits gâteaux, c’est ça qu’a tout gâté.


__________________

1. De son vrai nom Eugène Sylvain Besson, connu aussi sous les noms de Elwell, Elvel ou Elvell.

2. De son vrai nom Lucien Callamand.

3. De son vrai nom Alfred Rochon.

4. De son vrai nom Isabelle Morizet.

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