La dictée édictée (presque) parfaite, perdue et (presque) retrouvée
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«Monsieur Lamère a épousé Mademoiselle Lepère. De ce mariage, est né un fils aux yeux pers. Monsieur est le père, Madame est la mère. Les deux font la paire. Le père, quoique père, est resté Lamère, mais la mère, avant d’être Lamère était Lepère. Le père est donc le père sans être Lepère, puisqu’il est Lamère et la mère est Lamère, bien que née Lepère.
Aucun des deux n’est maire. N’étant ni maire ni mère, le père ne commet donc pas d’impair en signant Lamère. Le fils aux yeux pers de Lepère deviendra maire. Il sera le maire Lamère, aux yeux pers, fils de Monsieur Lamère, son père, et de Mademoiselle Lepère, sa mère. La mère du maire meurt et Lamère, père du maire, la perd.
Aux obsèques, le père de la mère du maire, le grand-père Lepère, vient du bord de mer, et marche de pair avec le maire Lamère, son petit-fils. Les amis du maire, venus pour la mère, »cherchent les Lamère, ne trouvent que le maire et Lepère, père de la mère du maire, venu de la mer, et chacun s’y perd !
Les références les plus récentes de cette amusante dictée – presque parfaite, il y manque amer – datent de 2009, certaines précisant l’avoir trouvé dans « un vieil almanach », voire dans « un vieil almanach des années 1930 ».
Or il s’avère qu’il en existe nombre de citations bien plus anciennes dans la presse. La première qu’on ait trouvée (grâce à Retronews) dans le Journal de Seine-et-Marne du 24 septembre 1890, dit ceci :« Nous trouvons l’insanité suivante dans le journal Le Luxembourg, qui paraît à Arlon. »
On n’a pas trouvé trace de ce dernier journal dans les moteurs de recherche populaires (Gallica, Google Books, Internet Archive…). Arlon étant le chef-lieu de la province belge de Luxembourg, on a effectué une recherche dans le portail BelgicaPeriodicals de la KBR (Bibliothèque royale de Belgique), qui est censé « donner accès à 347 revues et parutions périodiques publiées sur quatre siècles, de 1622 à nos jours » : sans succès. On a donc écrit à la KBR, et on attend leur réponse.
En attendant, voici une variante, publiée le 11 janvier 1912 dans L’Épatant :