Silence
Après de multiples bouleversements émouvants ou pathétiques, entrecoupés de danses populaires plus lancinantes que vraiment joyeuses, la neuvième symphonie de Mahler s’éteint très graduellement en un infini soupir. Le silence dans la salle est absolu. Claudio Abbado se replie en lui-même, on dirait qu’il entend le prolongement de cette musique qui s’est pourtant tue pour tous et que l’orchestre du Festival de Lucerne vient d’exécuter sous sa direction profondément expressive. Le recueillement est saisissant. Un long moment passe ainsi. Le chef reprend peu à peu son souffle. Puis il se redresse, son visage s’illumine, l’ombre d’un sourire effleure ses lèvres. La salle laisse alors exploser son émotion. (Concert retransmis en direct par Arte sur le web)
dommage d’avoir loupé ça. J’ai souvent l’impression que la musique existe vraiment dans ce silence. Malheureusement, il y a toujours quelqu’un pour le rompre en voulant montrer qu’il est familier avec l’oeuvre
Commentaire par francois75002 — 21 août 2010 @ 12:43
Ce silence, c’est ce qui permet à la musique de continuer à pénétrer notre cerveau, de passer du conscient à la mémoire superficielle puis profonde, et de s’y mieux ancrer ; ce n’est pas la caractéristique des lecteurs mp3 qui jouent sans arrêt de la « musique » à la queue-leu-leu.
Ce silence, transposé à d’autres sens, le goût, par exemple, c’est l’attente après une bouchée ou une gorgée exquise, l’antithèse de la boulimie. Et le regard ? N’arrive-t-il pas qu’on ferme les yeux devant une oeuvre ou un paysage magnifique ?
Quant à rompre le silence pour montrer qu’on est familier, c’est plutôt rare dans les salles de concert où l’on joue de la musique classique.
Commentaire par Miklos — 21 août 2010 @ 15:06