Qu’y a-t-il de commun entre AFGL 3068 et ce qui est arrivé à Baby Jane ?
Qu’est-il arrivé à Baby Jane (1962) est l’un des chefs-d’œuvre de Robert Aldrich, un long « crêpage de chignon entre deux stars hollywoodiennes vieillissantes et hystériques, Joan Crawford et Bette Davis » (source).
De son côté, AFGL 3068 est un « système binaire » fort curieux, situé à quelque 3000 années-lumière de la Terre : cette source de rayonnement infrarouge s’avère être une étoile vieillissante qui sème la mort dans son sillage (source).
Le rapport ? il suffit de faire le rapprochement entre star, étoile en anglais, au figuré pour la scène et au littéral pour le firmament : an aging star est joliment et parfaitement ambigu dans la langue de Shakespeare (qui, pourtant, n’avait probablement pas de connaissances en astrophysique).
À propos de ces étoiles qui tombent de vieillesse, on ne peut s’empêcher de citer le célèbre et très beau poème de John Donne (1573-1631) qui parle du temps qui passe inéluctablement dans la recherche de la femme idéale, tâche aussi impossible que celle de se saisir d’une étoile filante (étoile tombante, en anglais), d’apprendre à écouter le chant d’une sirène, de retrouver le temps passé ou de résister à la morsure de l’envie :
Go and catch a falling star,
Get with child a mandrake root,
Tell me where all past years are,
Or who cleft the Devil’s foot.
Teach me to hear mermaid’s singing,
Or to keep off envy’s stinging,
And find
What wind
Serves to advance an honest mind.
If thou be’st born to strange sights,
Things invisible go see,
Ride ten thousand days and nights
Till Age snow white hairs on thee;
Thou, when thou return’st, wilt tell me
All strange wonders that befell thee,
And swear
No where
Lives a woman true and fair.
If thou find’st one, let me know;
Such a pilgrimage were sweet.
Yet do not; I would not go,
Though at next door we might meet.
Though she were true when you met her,
And last till you write your letter,
Yet she
Will be
False, ere I come, to two or three.
Attrape une étoile filante / Fais qu’une Mandragore enfante, / Dis-moi ou sont les ans passés / Qui du Diable a fendu le pied, / M’enseigne à ouïr les Sirènes, / À parer les dards de la Haine, / M’apprends / Quel vent / Pousse un cœur honnête en avant (in John Donne, l’Age d’Homme, 1983).
[...] prose by the great English poet John Donne (whose magnificent, elegiac, Go and catch a falling star we quoted in extenso a few years ago). Additional surprise, the parallel title of this collection of peculiar [...]
Ping par Miklos » Holy cow! Did you know who the real author of Roget’s Thesaurus is? — 27 juin 2013 @ 14:49