Miklos
« Je donne mon avis non comme bon mais comme mien. » — Michel de Montaigne

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30 novembre 2005

Ni pub ni soumis

Classé dans : Publicité, Sciences, techniques, Société — Miklos @ 0:13

Je n’ai jamais aimé la publicité. Est-ce par cet esprit de contradiction qui, au dire de ma mère, me caractérisait dans mon enfance et qui, je l’espère, s’est au moins transformé en esprit critique (celle-ci pouvant être élogieuse, comme on aura pu le voir) ? En tout cas, j’ai du mal à apprécier ce que l’on m’impose, il est vrai. En ce qui concerne la publicité, elle est de plus en plus omniprésente : dans les boîtes aux lettres « papier » (à tel point qu’il arrive que l’on perde par mégarde des courriers des impôts, qui ressemblent étrangement à des mailings jetables), sur des affiches sur les trottoirs, sur des voitures, au bord des rues et des routes, dans votre journal favori (si ce n’est pas Le Canard enchaîné), à la radio (sauf sur Radio Classique), à la télévision et au cinéma… et, évidemment, véhiculée par l’internet, sur un nombre croissant de sites, et – pour fermer le cercle – dans les boîtes aux lettres électroniques. À tel point qu’il arrive qu’en y faisant le net on se débarrasse malencontreusement de courriers importants (comme cela m’arrive parfois) : doit-on (et peut-on) s’intéresser à tout, peut-on tout lire pour tout trier ?

Gageure impossible : les modes de communication actuels (internet, mais aussi téléphone portable) nous rendent directement accessible à des millions, voire à des milliards d’individus communicants. C’est bien plus que la surcharge informationnelle des médias de tout ordre – ceux que l’on choisit de lire autant que les autres –, c’est un déferlement potentiellement incessant venu des quatre coins de la planète dans un babil de langues souvent incompréhensibles et sur des myriades de sujets dont la plupart nous est totalement étrangère.

On ne peut plus se prémunir actuellement de ce phénomène, sauf en se renfermant dans un château fort électronique qui ne serait ouvert qu’à un cercle de correspondants connus (mais là aussi, on peut passer outre, pour le moment). Faut-il accepter avec résignation la poubellisation de ce médium, comme l’a été celle des médias précédents, accompagnés d’une noble utopie lors de leur apparition et finalement récupérés pour les finalités des uns et des autres sans égard ni respect pour leurs cibles ?

La loi pour la confiance dans l’économie numérique tentait pourtant d’établir un modus vivendi dans ce domaine où règne une anarchie croissante : l’article 22 ne dit-il pas :

Est interdite la prospection directe au moyen d’un automate d’appel, d’un télécopieur ou d’un courrier électronique utilisant, sous quelque forme que ce soit, les coordonnées d’une personne physique qui n’a pas exprimé son consentement préalable à recevoir des prospections directes par ce moyen.

C’est clair et sans équivoque, et encore plus clair quand on lit le reste du paragraphe. Et pourtant, si cela n’a aucun effet sur les émetteurs situés hors de l’Hexagone, cette loi ne refroidit pas non plus nombre d’organismes français, pour lesquels la fin (même louable) justifie les moyens1, dans un monde où l’on se bat, de façon accrue, pour des ressources financières en perpétuelle diminution. Tous les moyens sont-ils bons ?

Je ne peux, de mon côté, me résigner à ces comportements, qui non seulement handicapent mon utilisation personnelle et professionnelle de l’internet, mais qui risquent d’y entraîner, par retour, sa segmentation en réseaux distincts, comme il en est des chaînes de radio ou de télévision. N’ayant pas le loisir de trier et de lire un à un les dizaines de pourriels qui arrivent parfois chaque jour, je les réexpédie à un service en ligne qui se charge d’envoyer automatiquement une notification au fournisseur d’accès et/ou à l’hébergeur présumé de leurs auteurs.

Qu’en deviendra-t-il de la publicité ? Finira-t-elle par nous envelopper dans un tourbillon de papier, virtuel et physique, et nous y faire disparaître, à l’instar de Robert de Niro dans le film Brazil ? Accroîtra-t-elle par son omniprésence le cycle éperdu de la consommation, comme le décrit J.G. Ballard dans sa nouvelle L’Homme subliminal ?

Je n’ai jamais aimé la publicité. Sauf quand elle est amusante, ironique, intelligente et décalée. Mais même alors, elle ne m’a jamais incité à consommer ce qu’elle promouvait.


1 Comment en serait-il autrement, quand une publicité électronique pour le compte d’un ministre et chef de parti majoritaire est venu récemment donner l’exemple ?

Un commentaire »

  1. [...] attentivement cette offre (que nous n’identifierons pas, nous ne sommes pas une agence de pub) : plus la durée de l’abonnement choisi est longue, plus le coût mensuel – la somme en [...]

    Ping par Miklos » Le monde à l’envers — 31 octobre 2010 @ 14:48

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