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18 décembre 2005

« Joins-toi à toi-même »

Classé dans : Judaïsme, Littérature, Philosophie — Miklos @ 3:58

Du livre coule de l’encre, alors qu’on le croit sec, et qui sait le lire y emplit sa plume ; les lettres s’ajoutent ainsi aux lettres, et leur prose s’étire, s’étend siècle après siècle ; tellement que l’écriture aurait noyé le monde en son déluge, si elle ne répétait toujours la même chose. L’encre retourne donc au livre, qui interpelle la plume puis réclame son dû. Certains s’en croient quittes et perdent ainsi le sens de leur propre parole. Alors, de leur égarement, ils battent le rappel : « Joignez-vous à nous, c’est impératif, que nous sachions où nous sommes. » Mais où sommes-nous donc, sinon au beau milieu, à l’endroit de ce dire qui n’en finit pas de s’apprendre, le même toujours, qui nous revient de loin. À cette passion du « rejoignez-moi », les philosophes avaient déjà répondu il y a bien longtemps : « Joins-toi à toi-même. »

Éric Smilévitch : Introduction aux Commentaires du Traité des Pères, traduits et annotés par Éric Smilévitch. Verdier, 1990.

Le soleil lève et le soleil couche, et ahanne pour aller au lieu même où il est levé. Il s’en va contre le midi et retourne contre la bise ; le vent s’en va tout alentour et retourne le même vent à son tour. Toutes rivières vont en la mer, et si n’est pas la mer pleine ; au même lieu que vont les rivières, elles y revont derechef. Toutes choses sont si difficiles qu’homme ne les saurait déchiffrer. L’œil n’est jamais soûl de voir, ni l’oreille pleine d’ouïr. Ce qui a été, sera, et ce qui a été fait, sera fait, et n’y a rien de nouveau sous le soleil. Il y a telle chose qu’on montre comme nouvelle, laquelle toutefois a déjà été au temps passé, qui a été devant nous. Il n’est mémoire des passés ; et, même de ceux qui sont à venir, il n’en sera mémoire vers ceux qui seront après.

L’Ecclésiaste, c’est-à-dire le Prêcheur (1:5-11), in « La Bible nouvellement translatée par Sébastien Castellion » (1555). Bayard, 2005.

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