« Ce menton fait comme un paysage, ce nez accidenté… »
Il commande aux yeux, qui jettent de temps en temps, vers lui, un coup d’œil apeuré, et se hâtent de remonter. Au front, qui n’est qu’une minorité de lui-même. Il les tient bien en mains. Tout le monde joue son jeu.
Il s’amuse parfois à se cacher sous une barbe. Il ne nous trompe pas. Il transperce le camouflage. Il est comme une femme nue sous son manteau. Comme un crapaud sous une feuille de salade.
Ce n’est pas un menton banal. C’est plus que tant de chair sur tant d’os. C’est une exposition, une mise à nu, une confession publique.
Un chaos intelligent, un assassin sentimental, une mère de famille sadique. Un menton. Le menton de Michel Simon. Pourri de talent.
René Barjavel, « Michel Simon », Le Merle Blanc,
n° 244 , 3.12.1938.
Le titre de ce billet est tiré de Claude Gauteur et André Bernard, Michel Simon. PAC Éditions, 1975.
belle qualité d’écriture
Commentaire par francois75002 — 16 juin 2011 @ 0:17