Grands pianistes pour une grande cause
« Le principal événement à signaler dans le domaine de l’information et du soutien apporté au programme [des Nations Unies pour les réfugiés] a été la mise en vente, en octobre 1964, du disque [microsillon] Festival international de piano [qui] présente un concert d’une heure donné avec le concours de six grands pianistes : Claudio Arrau, Wilhelm Backhaus, Alexandre Brailowsky, Robert Casadesus, Byron Janis et Wilhelm Kempff. À la fin de l’année, 100 000 exemplaires de ce disque avaient déjà été vendus en Europe et au Japon et la vente commence maintenant dans d’autres pays.
J’étais adolescent quand j’ai reçu ce disque. Ce fut un choc : celui de la découverte de certaines œuvres que je ne connaissais pas (je jouerai quelques années plus tard la sonate de Mozart qui m’avait beaucoup marqué) et celui de leur interprétation magistrale par des très grands pianistes, tous disparus maintenant à l’exception de Byron Janis, et dont il ne m’a été donné d’entendre que l’un d’eux (Claudio Arrau) sur scène, mais dont j’écouterai plus tard bien de leurs enregistrements.
Je viens de retrouver le programme de ce festival (qui, à ma connaissance, n’a pas été réédité en disque compact). Il comprenait :
Casadesus interprète le Menuet sur le nom de Haydn de RavelMozart : Sonate n° 13 en si bémol majeur K. 333, par (Robert Casadesus, pianiste français (1899-1972) de l’école française des élèves de Louis Diémer au toucher si clair et sans afféteries. Même s’il n’a pas déplacé dans mon cœur Edwin Fischer, que je considère comme le plus grand mozartien, cette interprétation est restée dans mon souvenir comme la meilleure que j’ai ai entendue.
Schubert : Impromptu en sol majeur op. 90, n° 3, par Wilhelm Kempff (allemand, 1895-1991), fils et petit-fils de musiciens, un des très grands interprètes des classiques et des romantiques allemands (dont on peut retrouver de très beaux enregistrements sur disques compacts, tel ce récital d’œuvres de Bach, de Beethoven et de Schubert).
Arrau interprète Horch, Horch, D.899 de Schubert/LisztSchumann : Aufschwung et In der Nacht, n° 2 et 5 des Fantasiestücke op. 12, par Claudio Arrau. Ce très grand pianiste chilien (1903-1991) est l’un des descendants de l’école de Liszt, où l’on trouve aussi Edwin Fischer et Wilhelm Backhaus.
Backhaus interprète le Moment musical en fa min. op. 94 n° 3 de SchubertBeethoven: Sonate n° 14 en ut dièse mineur op. 27, no. 2 « Clair de lune ». Wilhelm Backhaus (allemand, 1884-1969) représente le« style de Leipzig ». Élève d’Eugen d’Albert de l’école de Liszt, ses interprétations de Beethoven, de Brahms, de Schubert ou de Schumann, mais aussi d’autres compositeurs, sont parmi les grands enregistrements du siècle dernier. J’ai une affection particulière pour ses interprétations de Schubert.
Chopin : Polonaise n°. 6 en la bémol majeur op. 53 « Héroïque ». (Alexander Brailowsky (1896-1976, russe naturalisé français) a été l’élève de Busoni et de Francis Planté (lui-même élève de Marmontel). Ce grand virtuose est surtout connu pour ses interprétations de Chopin.
Liszt : Rhapsodie hongroise n° 6 en ré bémol majeur. Byron Janis, pianiste et compositeur, est le seul survivant des interprètes de ce disque et le plus méconnu d’entre eux en dehors de son pays. Américain d’origine russe (né Yanks – diminutif de Yankelevitch – en 1928), il étudia auprès de Josef et Rosina Lhevinne à l’école Juilliard, tous deux représentants de l’école russe d’où sortiront aussi Rachmaninoff et Scriabine. Il étudie plus tard avec Vladimir Horowitz, lui-même dans la filiation d’Anton Rubinstein.
À quand sa réédition en disque compact ?