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13 octobre 2011

Un autre inventeur de l’Internet (et d’IMDb, pour les cinéphiles)

Classé dans : Cinéma, vidéo, Médias, Sciences, techniques — Miklos @ 18:01

Libération rencontre Col Needham, à qui l’on doit l’invention et le déve­lop­pement d’IMDb (Internet Movie Database), phénoménale base de données concernant le film – cinéma, télévision ; fiction, documentaires, séries… – librement accessible sur l’Internet. Vous voulez savoir quels sont les films de votre réalisateur favori (où l’on voit qu’il n’est pas que réalisateur), retrouver le titre d’un film tchèque sorti à la fin des années 1960 (zut, on ne l’a pas trouvé, mais attendez voir), quel est le compo­siteur de la musique d’un certain film (ah bon, il a aussi écrit celle de ce film-là ?)… Que du plaisir.

IMDb n’est pas la seule grande base de données consacrée au film ; en français, il y a évidemment Allo Ciné, qui fournit, en sus des programmes de toutes des informations plus éditoriales : synopsis et biographies, par exemple, y sont plus visibles et mieux organisées, mais on n’y trouve pas la multiplicité des critères parfois très fins des recherches avancées proposées par IMDb, autant pour retrouver un titre qu’une personne (acteur, réalisateur…). Et surtout on y trouve bien moins de films (est-ce dû au fait qu’elle répertorie surtout les sorties françaises ou francophones ?). Ainsi, la « filmographie détaillée » de Ján Kadár ne comprend que quatre films dans la base française contre dix-neuf dans la base américaine. IMDb est exhaustive, facile à utiliser et gratuite bien qu’appartenant désormais à Amazon (mais elle propose un service « pro » payant). Que demande le peuple ?

C’est dans cette dernière que se trouve le film qu’on recherchait, intitulé en anglais Adrift (litté­ralement : « à la dérive »), un magnifique film onirique de Ján Kadár (que l’on peut le voir inté­gra­lement sur YouTube). Sa réalisation, commencé en 1968 en Tché­co­slovaquie, s’était interrompue avec l’in­va­sion soviétique et s’est achevée en Suède, où le film est sorti en 1971… Comment l’a-t-on retrouvé, demandez-vous ? On l’avait vu à l’époque en Israël et on s’est finalement souvenu du titre en hébreu (המערבולת, qui signifie « le tourbillon », et n’a pas plus à voir qu’Adrift avec le titre original, en tchèque Touha zvaná Adana, « un désir nommé Anada »). On avait toujours présent à l’esprit l’affiche en noir et blanc – qui montre cette très belle femme émergeant de l’eau qui, telle une sirène, charmera un pauvre pêcheur dont la vie conjugale périclite – et la musique lancinante du film (composée, on le voit maintenant, par le fort prolifique Zdenek Liska), mais difficile de retrouver un film rien qu’avec ce type d’information ! Allo Ciné n’en parle pas, tandis qu’une autre base de données française, Encyclociné, le référence avec une affiche en couleur et en français sauf pour le titre (qui, dans la fiche, est indiqué comme La Dérive), ce qui laisserait penser qu’il est tout de même passé dans des salles françaises ou francophones.

Lancée sur l’Internet en 1990 peu après l’invention du Web, IMDb s’est développé d’une façon vertigineuse. J’avais découvert – je ne sais comment – ce trésor à l’époque, je l’avais signalé à plusieurs reprises dans les années 1990, et m’en sers depuis périodiquement.

Ce qui me chiffonne, tout de même, dans cet article de Libé c’est de lire :

« Je travaillais pour Hewlett-Packard à cette époque et j’ai regroupé cette base de données sur un fichier que j’échangeais avec des contacts. Cela se faisait par mail. J’en profite pour dire que j’ai été un des premiers à posséder une adresse électronique », ajoute-t-il, un sourire jusqu’aux prémolaires. Nous sommes en 1993 (…)

Faisons un calcul rapide : les adresses électroniques (de mail, c’est ce qui est précisé) existent depuis les années 1960, et se sont normalisées surtout en 1978 avec l’arrivée du réseau uucp (intégré plus tard dans l’Internet). Pour ma part, j’ai eu ma première adresse de mail en 1979 (aux États Unis) et on retrouve d’ailleurs encore certains de mes messages dans les archives des forums Usenet (récupérées, je ne sais comment, par Google et disponible dans ses « groups »). Je précise que je ne revendique pas d’avoir été l’un des premiers à en posséder.

Col Needham précise qu’il utilisait le mail lorsqu’il travaillait chez Hewlett-Packard ; né en 1967, il ne doit tout de même pas avoir commencé à y travailler avant – disons – 1985 (on ne peut que deviner : il ne mentionne pas son passage chez HP dans son profil professionnel), date à laquelle il devait déjà y avoir des centaines de milliers – voire beaucoup plus – d’utilisateurs de mail. Et qui plus est en 1993. De toute façon, il n’aurait pu être l’« un des premiers à posséder une adresse électronique », donc dans les années 1960 ou 1970 : il ne devait avoir que des dents de lait (et encore !) et pas les pré­molaires qu’il a arborées en faisant cette déclaration (qu’on lui souhaite malgré tout d’être vraies, au regard de l’expression américaine as false as his teeth).

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