Quand on parle de propriété intellectuelle…
… on ne le fait pas forcément intellectuellement, surtout quand il s’agit de la presse qui est pressée, pressée…
Le Monde, comme tout le monde, veut être le premier à parler du rejet, par le parlement européen, du traité destiné à combattre la contrefaçon. Le journaliste – l’article est signé – a dû le pondre à toute berzingue et ne s’est pas relu (voire lu). On y relève des coquilles, telles
– « 478 voix contre, 39 voix pour et 165&nnbsp;abstentions » ; pour les non-informaticiens qui se demanderaient ce que ce dernier mot veut dire, on précisera que (avec l’esperluette et le point-virgule) est un signe typographique destiné à créer une espace insécable (de façon à ce qu’aucun renvoi à la ligne ne sépare intempestivement le 165 du abstentions) et donc autant indivisidible qu’invisible, mais il ne prend qu’un seul n ;
– «très impliqué dans la mobilisation conter ACTA » au lieu de « contre » ; il est vrai que « contre la contrefaçon » fait lourd, mais de là à écrire ainsi…
Mais au-delà de ces points de détails et d’autres lourdeurs de style, la cerise sur le gâteau revient à la phrase « la carte des Internets n’a pas de bordures ». Que ce soit le journaliste ou la personne qu’il cite qui a proféré cette affirmation, on se demande s’il ne s’agit pas simplement d’une charabiaesque traduction de l’anglais borders, qui signifie ici frontières… Ah, ces faux amis (je ne parle pas des journalistes, non)…
Mais où va Le Monde ? On n’en sait rien, mais en tout cas il y va vite.
Plus tard : le journaliste a corrigé son article (quel avantage, finalement, la publication électronique, on peut tout réécrire, et plus facilement que dans 1984) en prenant acte de ces remarques.