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« Je donne mon avis non comme bon mais comme mien. » — Michel de Montaigne

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20 octobre 2012

Alla breve. XXXIX.

Classé dans : Actualité, Alla breve, Musique — Miklos @ 16:15

[271] Ce compositeur et pianiste engagé qu’on veut faire dégager. Fazil Say est un compositeur et pianiste de renommée internationale – rien qu’en France il a été en résidence deux fois à Radio France et une fois au Théâtre des Champs-Élysées –, ce qui ne l’empêche pas d’avoir des opinions, voire des valeurs, sociales et politiques, notamment en ce qui concerne la laïcité, et de les défendre vigoureusement, par la musique et par l’écrit. Problème : cette tête de turc est Turc, et donc dans le collimateur de la justice de son pays pour « atteinte aux valeurs religieuses » pour quelques tweets ironico-littéraires (il cite Omar Khayyam dans l’un d’eux). Il avait déjà eu certaines de ses œuvres interdites dans son pays. Il vient d’annoncer qu’il prévoit de quitter son pays pour le Japon. On peut le voir (et surtout l’entendre) ici dans les premières minutes de Musique et compagnie d’Alain Duault (en 1996) : le Bach qu’il y interprète – malheureusement tronqué dans cet extrait – chante bien plus que celui d’un Gould, auquel on l’aurait comparé. (Source)

[272] Des manipulateurs pas si délirants ni éhontés que cela. Le journal d’informations culturelles La Terrasse, que tout spectateur se voit fourrer dans la main en entrant dans une salle de concert ou de théâtre et où il découvre parfois avec plaisir des événements fort intéressants – ce qu’il peut aussi faire sans bouger de chez luinous incite vivement à aller voir Caligula, opéra baroque – dont le titre complet est tout un programme: Caligula Delirante – créé en 1672 à Venise et jamais remonté depuis le 17e s. (et non pas depuis sa création comme l’affirme La Terrasse) du compositeur Giovanni Maria Pagliardi (1637-1702). Cette production est fort originale et dans l’air du temps d’alors : elle mêle des marionnettes aux interprètes – Le Poème Harmonique sous la direction de Vincent Dumestre. Elle a été récemment créée au Festival mondial de théâtres de marionnettes de Charleville-Mézières, ville qui est le siège de l’Institut international de la marionnette (dont l’École nationale supérieure des arts de la marionnette), à qui l’on doit Portail des arts de la marionnette. Quant à l’œuvre en question, le Magazine de l’opéra baroque nous fournit des renseignements bien plus détaillés à son sujet, synopsis y compris : il vaut son pesant de cacahuètes, on rêve de voir cette « scène magistrale de délire » !

[273] Swinging Bach. Bach inspire les jazzmen : plusieurs récents disques compacts de musique de jazz le démontrent : Think Bach avec le pianiste Édouard Ferlet s’inspire de dix œuvres du Cantor (qu’on peut écouter ici), tandis que le saxophoniste Lenny Popkin en adapte trois autres, dans Time Set, et que les guitaristes Elios et Boulou Ferré incluent dans le leur un Blues for Bach (qu’on peut entendre aussi sur un CD sorti déjà en 2005). Ce n’est pas récent : bien avant, il y avait eu le Jazz Sébastien Bach des célébrissimes Swingle Singers ou le trio Bach to Bach de Jacques Loussier… (Source)

[274] Les Musiciens du Louvre Grenoble à trente ans. Cette formation, créé par Marc Minkowski sur une demande de son père, avait commencé avec la musique baroque, puis découvre le classique, le XIXe s. romantique, Debussy et Wagner… À cette allure, ils vont bientôt investir le XXe. À l’occasion de leurs trente années d’existence, un gala Mozart ouvrira le « Domaine privé » que la Cité de la musique consacre à Minkowski, du 23 octobre au 1er décembre, et qui comprendra des œuvres de Bach à Offenbach (tiens, ça rime). (Source)

[275] Hommage à Jean Françaix. Une série de neuf concerts en hommage au compositeur Jean Françaix (1912-1997), dont l’année était le centenaire de sa naissance, a eu lieu au cours du Festival international de musique de chambre 2012, qui s’est terminé dimanche dernier avec une conférence de Claude Françaix, fille du compositeur. (Source)

[276] À la (re)découverte de Malcolm Arnold. Sir Malcolm Arnold était un compositeur britannique connu surtout pour la musique du film Un Point sur la Rivière Kwaï pour laquelle il a reçu un Oscar et de celle de Whistle Down the Wind (devenu plus tard une comédie musicale d’Andrew Lloyd Webber, un échec), mais aussi de nombreuses œuvres de facture plus classique et « accessibles » : études symphoniques, ouvertures, suites, concertos, symphonies… (1921-2006). Et malgré sa célébrité et le succès de ses œuvres, ce n’est que 60 ans après sa composition qu’est créé (ce soir) son opéra comique The Dancing Master, adapté de la pièce de théâtre The Gentleman Dancing Master de William Wycherley (1640-1716) ; ce dernier était connu pour son anti-puritanisme qui avait valu un silence de près de deux siècles pour une autre de ses œuvres, la pièce de théâtre La Provinciale (ou L’Épouse campagnarde). Quant à l’opéra d’Arnold, la BBC trouvait trop grivoise pour le public d’alors et Granada pas assez sérieuse, d’où ce silence plus court que celui qu’a subi l’œuvre qui l’a inspiré. (Source)

[277] Portraits de musiciens. Clive Barda photographie des (grands) musiciens depuis plus de quarante ans. Le Royal Opera House vient de lui consacrer une courte exposition rétrospective qui se termine aujourd’hui. À cette occasion, le Guardian publie douze clichés qu’il a choisis ; comparez par exemple Placido Domingo en 1972 et en 2003, ou Sir Adrian Boult en 1976 et Riccardo Muti en 2007

[278] John Williams tue le père. Le célèbre guitariste virtuose John Williams, élève du grand Andrés Segovia, déclare dans une biographie qu’un de ses amis a rédigée « avec son entière collaboration » que son maître contraignait tous ses élèves à l’imiter jusqu’au plus infime détail – doigté, phrasé, inflexion… – sans leur laisser aucune initiative. Il s’en prend aussi au conservatisme et au snobisme de Segovia qui, dit-il, n’appréciait pas la Cavatine qui avait rendu Williams mondialement célèbre : ce « morceau musique mélancolique qui rappelle la vie tranquille et languissante de Clairton » (dixit la Wikipedia), thème musical principal du film Voyage au bout de l’enfer (1978), avait été composé par Stanley Myers (1933-1993), très prolifique compositeur de ce genre de musique. On en revient au débat musique classique vs. musique classique… Le guitariste classique Graham Wade, auteur de plusieurs ouvrages consacrés à Segovia (ainsi qu’à Joaquin Rodrigo, Gina Bachauer et Julien Bream, et plus généralement à la tradition de la guitare classique), a contredit les affirmations de Williams, qu’il qualifie de « guitariste le plus techniquement accompli que le monde ait connu » (est-ce une pointe british ?) : les élèves de Segovia jouaient tous différemment les uns des autres (et donc de leur maître). (Source)

2 commentaires »

  1. Bonjour,

    concernant la partie « Swinging Bach », Raphaël Imbert a fait un album superbe qui s’appelle « Bach Coltrane »

    Commentaire par Thierry Bouchet — 19 novembre 2012 @ 17:17

  2. Merci pour l’information. La nature même de ces Brèves étant d’être… brèves, je ne pouvais mentionner bien des albums qui l’auraient mérité. Ici, je visais à en signaler deux, récents – Bach Coltrane date de 2008 – et, pour mémoire, deux des plus anciens que je connaisse.

    Commentaire par Miklos — 19 novembre 2012 @ 18:14

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