Une crise annoncée, prévisible, prévue
“We didn’t know at all, we didn’t see a thing.
You can’t hold us to blame, what could we do?
It was a terrible shame, but we can’t bear the blame.
Oh, no, not us! We didn’t know. ”
— Tom Paxton
En novembre 2005 je citais un extrait d’un document de travail publié par l’Organisation internationale du travail :
L’accroissement du flux financier circulant dans le monde relève plus de mouvements spéculatifs que de réels investissements dans la production. Le secteur financier se déconnecte de l’économie réelle et se présente de plus en plus comme une économie virtuelle. Un crash financier pourrait faire boule de neige et amener l’écroulement de tout le système.
Ce document mérite d’être attentivement relu. Il contient d’autres passages auxquels il aurait fallu prêter plus d’attention, par exemple :
L’une des critiques de fond que nous pouvons émettre [à propos du concept et des retombées de la globalisation] est le fait que pour les principaux acteurs de la globalisation il existe une confusion entre moyen et fin. Ainsi, c’est l’idée de libre circulation qui est érigée en finalité du processus de globalisation alors que la notion d’intérêt public est minimisée : l’intérêt public est censé s’adapter à la nouvelle réalité de la globalisation. (…)
Une deuxième critique de fond qu’il faut émettre est que tout le processus de la globalisation est censé reposer uniquement sur la suprématie des forces économiques – sans intervention politique. Cette idée rejoint celle qui fait de la globalisation un processus naturel et inéluctable, découlant d’une poussée technologique irrésistible.
Il s’agit d’un rapport datant de… mars 1998, intitulé L’impact de la globalisation sur les économies des pays de l’Océan indien. Destiné aux responsables syndicaux, il expose d’abord d’une façon particulièrement pédagogique et synthétique la problématique de la globalisation, tout en définissant clairement les concepts clé. Après une analyse des conséquences de cette globalisation dans la zone géographique étudiée, il conclut en proposant des défis majeurs à la société civile (et en particulier aux syndicats, qu’il recommande de renforcer), tout en préconisant de résister à « la pression des institutions financières internationales à démanteler ce qui est connu comme l’État providence ».
Le ver était dans la pomme.